Question d'origine :
Bonjour Dans la religion catholique, on parle souvent des mystères de la Foi, relatifs à Dieu (mystère de la sainte Trinité, mystère de la viriginité de la Mère de Dieu, mystère de l'Eucharistie, ....) qui ne peuvent pas être complètement compris par l'intelligence humaine. (C'est pourquoi la vertu de foi est importante) Est-ce qu'on trouve chez les Pères de l'Eglise grecque/latine dans les premiers siècles après J.-C. une pareille affirmation, à savoir que les mystères divins dépassent l'entendement humain? Merci Réponse attendue le 15/05/2021
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 14/05/2021 à 15h55
Bonjour,
La notion de «mystère » appliquée à la religion chrétienne apparaît déjà dans l’Ancien Testament, notamment dans les textes rédigés dans la période hellénistique, c'est-à-dire rédigés directement en grec, et dans les Ecrits intertestamentaires de la Bible comme les écrits de Qumrân, par exemple. De nombreuses occurrences de ce terme y sont indexées en fin d’ouvrage, au singulier comme au pluriel.
Dans le Nouveau Testament le terme mystère fait directement référence à la personne de Jésus le Christ et concerne le projet divin de salut. Ce plan ne peut pas être appréhendé par la sagesse, mais par la foi.
Vous pourrez vous reporter au Catéchisme de l’Eglise catholique en ligne sur le site du Vatican pour une première définition de la foi, et de la notion de « mystère » : Les mystères de la vie du Christ et La célébration du mystère chrétien.
- Le « mysterion » chez saint Paul et les Pères grecs, cet article d’Edouard Jeauneau, de l’Encyclopaedia Universalis en ligne, expose la conception de Paul de Tarse. Les « textes du judaïsme tardif annoncent, en quelque sorte, la notion de mysterion qu'on trouve dans les épîtres de saint Paul. Dans le langage paulinien, « mystère » désigne le dessein rédempteur, conçu par la sagesse du Père, de « tout rassembler dans le Christ. Le mystère, selon Paul de Tarse, englobe donc toute l'histoire du salut : la venue du Christ sur terre, sa mort et sa résurrection, sa croissance dans l'Église qui est son corps mystique, son retour (parousie) à la fin des temps. »(…) « Le grec mysterion a été traduit, très tôt, en latin chrétien par sacramentum, mot qui désignait le serment, en particulier le serment militaire. Nous appelons donc « sacrements » ce que les Pères grecs appellent « mystères ».
Cet article est consultable à la Bibliothèque Municipale de Lyon et à distance pour ses abonnés.
Le Dictionnaire critique de théologie offre une bonne introduction à la conception du/des mystère(s) dans l’Antiquité.
L’articleFoi de ce dictionnaire comporte sous le titre Théologie historique et systématique un alinéa Patristique dans lequel sont exposées les conceptions de Clément d’Alexandrie, d’Origène concernant l’opposition entre foi et raison (ou connaissance) : la foi comme assentiment volontaire, voie d’accès à la gnôsis. Puis, « Pour Tertullien la foi est un rapport à la vérité, mais la rationalité du croyable est niée (…) : la mort du Fils de Dieu est croyable parce que c’est insensé et sa résurrection certaine parce que c’est impossible ». Augustin, lui, « voit dans la foi le préalable de toute connaissance. « Si vous ne croyez pas, vous ne comprendrez pas ». La rationalité de la foi est entière, mais sur un mode qui transcende l’usage mondain de la raison.
Sens et contre-sens de la notion de mystère l’article de Jean-Marie Brauns publié dans la revueNouvelle revue théologique , 2019/4 (Tome 141), pages 569 à 582 et accessible en ligne sur Cairn, nous permet de cerner l’histoire de la notion de mystère depuis l’Antiquité. « Le mot mustèrion se trouve dans la LXX [lire Septante], la version grecque de l’Ancien Testament, composée au IIe siècle av. J.-C. Il se trouve aussi mentionné dans les évangiles, dans l’Apocalypse et surtout dans le corpus paulinien, où l’on trouve dix-huit occurrences. » (…)
« Le mystère chrétien n’est donc pas une énigme qu’un esprit bien fait finira par résoudre. Il n’est pas davantage un secret gardé jalousement des profanes, une connaissance réservée. Il n’a pas de sens directement cultuel et ne dépend en rien de la compréhension païenne du même terme au pluriel strict. Il désigne l’essence même de la religion chrétienne. La religion chrétienne est un mystère. »
Avant d’aborder dans cet article le chapitre intitulé L’étendue du mystère chez les Pères qui semble répondre à votre demande, vous pouvez vous reporter, pour une première approche des Pères de l’Eglise, à ce tableau récapitulatif sur Wikipedia.
« Au cours des IIe et IIIe siècles, la notion paulienne de mustèrion reçoit un développement qui mérite d’être remarqué. Elle est, chez Ignace d’Antioche déjà, et ensuite chez Justin et Origène, appliquée aux évènements de la vie du Christ (mystères de sa naissance et de sa mort, mais aussi de la virginité de Marie) ainsi qu’aux préfigurations vétérotestamentaires (mystère de l’eau, du rocher, du bois, du linteau des portes etc.). Ensuite, il est appliqué au fur et à mesure, chez Origène et Méliton de Sardes surtout, aux éléments liturgiques voire à la liturgie elle-même : mystère du baptême, mystère de l’onction, mystères eucharistiques. » (…) « Toutes les réalités qualifiées de « mystères de la foi », qu’il s’agisse des mystères de l’Ancienne Alliance (institutions, évènements, prophéties) ou de ceux de la Nouvelle (L’Eglise, les sacrements), sont en rapport de dépendance essentielle, et non pas seulement formelle, à l’égard de l’économie – cette économie elle-même étant commandée par l’éternel dessein bienveillant de réunir toutes choses dans le Christ. » (Sens et contresens de la notion de mystère, p.579 .). Economie étant ici à entendre comme économie du salut.
Sur les relations entre foi et raison à l'époque des Pères de l'Eglise, les relations entre philosophie et christianisme, notamment entre hellénisme et théologie chrétienne, voir aussi
Christianisme et philosophie de Sébastien Morlet dont vous pouvez écouter une présentation dans l’émission Orthodoxie.
Bonnes lectures !
La notion de «
Dans le Nouveau Testament le terme mystère fait directement référence à la personne de Jésus le Christ et concerne le projet divin de salut. Ce plan ne peut pas être appréhendé par la sagesse, mais par la foi.
Vous pourrez vous reporter au Catéchisme de l’Eglise catholique en ligne sur le site du Vatican pour une première définition de la foi, et de la notion de « mystère » : Les mystères de la vie du Christ et La célébration du mystère chrétien.
- Le « mysterion » chez saint Paul et les Pères grecs, cet article d’Edouard Jeauneau, de l’Encyclopaedia Universalis en ligne, expose la conception de Paul de Tarse. Les « textes du judaïsme tardif annoncent, en quelque sorte, la notion de mysterion qu'on trouve dans les épîtres de saint Paul. Dans le langage paulinien, « mystère » désigne le dessein rédempteur, conçu par la sagesse du Père, de « tout rassembler dans le Christ. Le mystère, selon Paul de Tarse, englobe donc toute l'histoire du salut : la venue du Christ sur terre, sa mort et sa résurrection, sa croissance dans l'Église qui est son corps mystique, son retour (parousie) à la fin des temps. »(…) « Le grec mysterion a été traduit, très tôt, en latin chrétien par sacramentum, mot qui désignait le serment, en particulier le serment militaire. Nous appelons donc « sacrements » ce que les Pères grecs appellent « mystères ».
Cet article est consultable à la Bibliothèque Municipale de Lyon et à distance pour ses abonnés.
Le Dictionnaire critique de théologie offre une bonne introduction à la conception du/des mystère(s) dans l’Antiquité.
L’article
Sens et contre-sens de la notion de mystère l’article de Jean-Marie Brauns publié dans la revue
« Le mystère chrétien n’est donc pas une énigme qu’un esprit bien fait finira par résoudre. Il n’est pas davantage un secret gardé jalousement des profanes, une connaissance réservée. Il n’a pas de sens directement cultuel et ne dépend en rien de la compréhension païenne du même terme au pluriel strict. Il désigne l’essence même de la religion chrétienne. La religion chrétienne est un mystère. »
Avant d’aborder dans cet article le chapitre intitulé L’étendue du mystère chez les Pères qui semble répondre à votre demande, vous pouvez vous reporter, pour une première approche des Pères de l’Eglise, à ce tableau récapitulatif sur Wikipedia.
« Au cours des IIe et IIIe siècles, la notion paulienne de mustèrion reçoit un développement qui mérite d’être remarqué. Elle est, chez Ignace d’Antioche déjà, et ensuite chez Justin et Origène, appliquée aux évènements de la vie du Christ (mystères de sa naissance et de sa mort, mais aussi de la virginité de Marie) ainsi qu’aux préfigurations vétérotestamentaires (mystère de l’eau, du rocher, du bois, du linteau des portes etc.). Ensuite, il est appliqué au fur et à mesure, chez Origène et Méliton de Sardes surtout, aux éléments liturgiques voire à la liturgie elle-même : mystère du baptême, mystère de l’onction, mystères eucharistiques. » (…) « Toutes les réalités qualifiées de « mystères de la foi », qu’il s’agisse des mystères de l’Ancienne Alliance (institutions, évènements, prophéties) ou de ceux de la Nouvelle (L’Eglise, les sacrements), sont en rapport de dépendance essentielle, et non pas seulement formelle, à l’égard de l’économie – cette économie elle-même étant commandée par l’éternel dessein bienveillant de réunir toutes choses dans le Christ. » (
Sur les relations entre foi et raison à l'époque des Pères de l'Eglise, les relations entre philosophie et christianisme, notamment entre hellénisme et théologie chrétienne, voir aussi
Christianisme et philosophie de Sébastien Morlet dont vous pouvez écouter une présentation dans l’émission Orthodoxie.
Bonnes lectures !
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