Léo Ferré

Réponse du département Musique :


Voici, extraits d'un site personnel consacré à Léo Ferré, quelques éléments qui semblent apporter un éclairage sur l'épisode en question :

"Ce texte est, comme d'autres chansons de Léo (FLB, Les étrangers, Christie...), extrait d'un long poème écrit au printemps 68 quand Léo se cache en Bretagne après la séparation, violente et douloureuse, d'avec son épouse Madeleine. L'adultère est alors une infraction pénale et Léo vit en effet avec Maria Cristina (la bonne espagnole du couple...) une relation qu'il lui faut garder secrète. Plus tard, il l'épousera et vivra avec elle jusqu'à sa mort en 1993.
C'est l'exemple type du texte "Ferréien" qu'on dit hermétique. En fait, c'est un texte tellement intime que nous n'y avons guère accès, sinon par le peu que nous pouvons connaître de cet épisode très particulier de sa vie. Mais il y a cette langue admirable qui en fait, selon moi, un des plus beaux textes de la chanson française.

Comprendre est souvent secondaire chez Léo. Dans sa biographie, Belleret raconte ceci : un passant reconnait Léo en rue, il va le saluer et lui demande ce que telle chanson (celle-ci, peut-être) signifie. Alors, Léo, gentiment, lui met la main sur l'épaule et lui dit "qu'as-tu compris, toi ?". L'homme lui donne explication, qu'il écoute à peine, Léo lui sourit alors d'un air entendu et répond "c'est ça, c'est exactement ça, tu as tout compris"."

Complément d'information du département Musique :


Lors d’un enregistrement public en 1990 (« Alors Léo », Volume 2, EPM, 1993), Léo Ferré explique « vaguement » le contexte d’écriture de sa chanson « la mémoire et la mer ». Cette chanson fait référence à la période de sa vie sur l’île Du Guesclin et sa relation avec sa femme Madeleine.
Voici ce qu’il dit avant de la chanter :

Vous savez, il y a des années, un jour, j’avais acheté, avec peu d’argent d’ailleurs, j’avais pas beaucoup de sous, j’avais emprunté de l’argent un peu partout - un peu partout, enfin – aux gens qui pouvaient m’en prêter, j’ai acheté une île, en Bretagne, entre Saint Malo et Cancale, et, quand je suis arrivé là-bas, je me suis agenouillé, j’ai regardé cette maison, c’était fantastique, c’était le crépuscule qui s’épanouissait, enfin, c’était extraordinaire. Et après, j’ai fait un jour, j’ai fait une chanson, je ne comprends pas les gens aiment beaucoup cette chanson, elle est, elle n’est compréhensible que pour les gens qui ont connu ma vie à cette époque là et – enfin – je peux vous en raconter là-dessus, vraiment y’a des choses qui se passent dans la vie qui sont pas très belles…

Apparemment la chanson a été écrite en 1969/1970, après une période charnière et difficile dans sa vie. A la fin des années soixante, le couple Madeleine-Léo connaît de violents soubresauts. La rupture a lieu dans le drame en avril 68 lorsque Madeleine fait abattre leurs animaux dans la propriété de Perdrigal dans le Lot, propriété qu’ils avaient acheté pour héberger leur importante ménagerie qui prenait trop de place sur l’île Du Guesclin. Parmi ces animaux se trouvait Pépée, une guenon à laquelle le chanteur était attaché comme à une enfant.
Dans la période d’errances qui fait suite à cette tragédie, Léo, pourtant très politisé, vit de loin les évènements de mai 68 et part s’installer avec sa nouvelle compagne Marie Christine en Ardèche, puis en Italie dans une propriété en Toscane où il vivra jusqu’à la fin de sa vie.

Vous pouvez aussi consulter une biographie détaillée de Léo Ferré sur ce site

Un grand merci à deux de nos collègues fans de Léo.