trinquer, son origine
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 08/08/2006 à 18h09
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Question d'origine :
bonjour,
d'ou vient l'origine de porter un toast et trinquer?
d'ou est venue l'idée de lever le verre généralement rempli d'alcool en souhaitant quelques chose ou la santé de quelqu'un?
merci bien
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 09/08/2006 à 14h09
Daniel Lacotte nous précise ci-dessous l'origine de cette coutume :
Chacun aura remarqué cette curieuse habitude qui consiste à entrechoquer les verres avant de commencer à boire. Et certains jettent un œil sévère à celui qui enfreint la règle en portant directement la coupe à ses lèvres. Un peu comme si cette précipitation trahissait la peur de trinquer. Et nous touchons là au cœur de l’explication.
Pendant le Moyen Âge et la Renaissance, sous couvert d’un métier honnête (par exemple joaillier ou parfumeur), des aigrefins se lancent à l’assaut d’une clientèle huppée (notables, seigneurs, gentilshommes et gens de cour). Mais ces filous ne proposent pas seulement de guérir : ils peuvent aussi tuer. Soit par l’envoûtement, soit en vendant des potions magiques, c’est-à-dire du poison.
Ainsi, dans ce contexte où rôdent et se mêlent ésotérisme, religion, superstition, dénonciations et peur de l’autre, chacun se sent à la merci d’un hypothétique ennemi. Même lorsqu’il doit partager avec lui un repas. Car lors d’une rencontre entre seigneurs, les accolades pouvaient se muer en coups de poignards. À moins que l’hôte ait l’idée d’offrir à son invité un breuvage... empoisonné.
Une amusante parade va donc s’installer. Afin de prouver sa bonne foi, le maître des lieux prendra l’habitude de verser une petite quantité de sa boisson dans le « verre » (récipient d’argent ou de terre) de son interlocuteur. Celui-ci devant répondre par le même geste en signe de confiance réciproque. Dans ces conditions, plus de doute possible sur la teneur inoffensive du breuvage. Car si l’un des deux récipients contenait à l’origine une potion mortelle, ce rituel anodin avait mélangé le poison dans les deux ustensiles. Ne restait plus qu’à boire simultanément la première gorgée en se regardant droit dans les yeux.
Par la suite, les protagonistes se contentèrent de cogner l’ustensile voisin. Objectif : que le liquide, souvent rempli à ras bord, éclabousse et atteigne l’autre récipient. Là encore, pour obtenir le but recherché, chacun devait frapper la coupe opposée à tour de rôle. Aujourd’hui encore, certaines personnes ne se contentent pas d’un petit tintinnabulement simultané des verres, elles tiennent à marquer clairement « leur » choc et attende le vôtre en retour. À la bonne vôtre !
Le Pourquoi du Comment vol. 2 / Daniel Lacotte.- Éditions Albin Michel, 2006
Le Trésor de la Langue française (dictionnaire CNRS) donne les définitions et les origines suivantes pour les mots "toast" et "trinquer":
Par métonymie discours prononcé à cette occasion; par extension, discours prononcé à la fin d'un repas. Improviser, réciter un toast. "À un dîner donné à la campagne de la comtesse, un toast de Taigny, contenant un compliment pour chaque personne présente, eut un grand succès "(GONCOURT, Journal, 1887, p. 703). "On ne peut pas en lisant ce toast se rendre compte de l'effet qu'il a produit, prononcé et détaillé à merveille par le roi" (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 463).
Remarque. Toasteur, substantif masculin Synonyme de grille-pain. "Si l'on consomme régulièrement du pain grillé, un toasteur fera gagner du temps et, s'il est automatique, évitera de manger parfois du pain brûlé" (R. MONTIGNY, La Cuis. sans souci, 1974, p. 24).
TRINQUER
2. Boire avec d'autres personnes. "J'ai été fâché de ne pas trinquer ensemble avant mon départ, d'autant plus que je t'avais donné la veille une assez pitoyable idée de moi, en ne buvant pas et en ne mangeant pas "(FLAUBERT, Correspondance, 1841, p. 86).
3. Familier [Sans complément prépositionnel] Boire ; boire avec excès. "Bien sûr, il buvait en chemin. Il trinquait à toutes les portes presque. Beaucoup lui payaient le port d'un paquet d'un coup de vin "(PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 84). "Il aurait pas fallu qu'il en parle de politique, surtout quand il avait bu un peu, et ça lui arrivait. Il était même noté pour trinquer, c'était son faible "(CÉLINE, Voyage, 1932, p. 574).
2. Populaire [Le sujet désigne une personne] Se heurter. "Une brune frénétique aux cheveux droits, en fichu jaune, venue telle quelle, en automobile, d'une place voisine, trinquait du ventre avec un distant ouvrier, qui la tenant aux reins semblait ne pas la voir" (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p. 61).
[Avec un complément] Être sanctionné, mis à contribution de. "Si nous ne sommes pas rendus à notre poste à heure fixe et que nous trinquions de quinze jours de prison, qui c'est qui les fera ?" (COURTELINE, Train 8 h. 47, 1888, p. 182). "Je rentrais bredouille, victime du krach du « Banco di Sconte », ce scandale financier international (...) à l'aube du régime de Mussolini (...) Personnellement, je trinquais pour 8 000 livres Sterling, soit 1 250 000 francs en chiffres ronds". (CENDRARS, Homme foudr., 1945, p. 173).
Remarque : Lorsque trinquer s'emploie, comme dans l'exemple de Courteline, avec le sens de « écoper », il ne peut plus aujourd'hui se construire avec complément, même introduit par de. Voir la formule publicitaire : "Quand les parents boivent, les enfants trinquent" (DUPRÉ 1972).
2. Subir une dure atteinte physique et, par analogie, subir des dégâts, des dommages, une avarie. Trinquer lors d'une opération; sa moto a trinqué. (Dict. XXe s.). [...]
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