la belle allemande

Réponse de la Documentation Lyon et Rhône-Alpes

Le lieu-dit "la belle allemande" tire son nom de la Tour dite "de la Belle Allemande", sise impasse d'Ypres, au début du siècle.

Cette tour faisait partie d'une "maison d'été", construite par un "bienfaiteur" anonyme, étranger à la Ville de Lyon, que, pendant plus de trois siècles, les habitants du quartier de Bourgneuf honorèrent, sous le nom de "bon allemand" ou "homme de la Roche", par une statue d'abord en bois (plusieurs fois renouvelée pour cause de vétusté), puis remplacée par la statue inaugurée en 1849, dûe au sculpteur lyonnais Pierre Toussaint, que l'on peut voir encore aujourd'hui, sous la voûte rocheuse du quai Pierre-Scize.

Qui était donc ce "bon allemand" ou "homme de la Roche", si réputé parmi les lyonnais?

De fait, le 24 juin 1820, alors qu'on inaugurait une nouvelle statue du "bon allemand", on parla de Kléberger et non plus de l"homme de la Roche" : des recherches avaient identifié Kléberger comme étant ce "bon alllemand", bienfaiteur de Lyon. La Ville participa à la souscription et la nouvelle statue, en pierre de Cruas, fut confiée au sculpteur Bonnaire, qui en fit un "Kléberger" digne du portrait que Dürer en avait fait en 1526.

Kléberger ou Cléberger ou encore Cléberg, naquit vers 1485, à Nuremberg, et mourut à Lyon le 6 septembre 1546. Il travaillait dans la finance. Richissime, tout lui réussissait sauf sa vie de famille. Accusé d'avoir empoisonné son épouse, en 1530, il s'enfuit à Lyon, où il débarqua en 1531. Ayant épousé Pélonne de Bouzin, il devint l'un des plus riches marchands de Lyon, mais aussi l'un des plus charitables.
A la suite d'une épidémie de peste, les bourgeois de l'Hôtel-Dieu, ouvrent une souscription pour aider les enfants malheureux. Kléberger inscrit sur la première ligne "un marchand allemand, 500 livres" et gagne alors son surnom de "bon allemand" qui le suivra partout. Il prête aux rois, donne aux pauvres et emploie de grosses sommes, pour doter les filles pauvres et méritantes du quartier de Bourgneuf et de Saint-Paul.

..."Cléberger avait acquis, au nord de la ville, un domaine sis au-dessus de l'actuel quai de Serin, donc en rive gauche de la Saône, qu'il dominait. De sa maison d'été, il ne resta rien, sinon une tour cylindrique très haute et de fière allure qui fut dite "de la Belle Allemande"
Vint la Révolution et l'idée que toute construction dépassant la hauteur des maisons du commun offensait le principe d'égalité cher aux Sans-Culottes. Tours, clochers et châteaux furent voués à la destruction. Cela ne s'accomplit pas sans résistances locales...
Vinrent la deuxième guerre mondiale puis les "Trente glorieuses" de notre économie. Lyon s'étendait de toutes parts.
Nombre de grandes propriétés disparaissaient, laissant place à de vastes ensembles résidentiels.
Les bords de Saône étaient particulièrement convoités, surtout au droit des coteaux de Cuire et de la Croix-Rousse.
Ainsi, en 1973, la haute tour de la Belle Allemande disparut, rasée par un promoteur impitoyable, avec l'approbation d'un prince du béton : Louis Pradel, maire de Lyon..."

Ce texte est tiré de l'article Henri Hoquiné, qui indique en note :
"Le quartier prit le nom de la tour et il y eut même une rue de la Belle Allemande qui, le 30 novembre 1914, en hommage aux combattants de Flandre, fut dénommée rue d'Ypres. En réalité, la belle Pélonne de Bouzin n'était devenue allemande qu'à son mariage. Native de Flandre, elle était devenue Dame d'Ars en Dombes. Par testament, son époux Hans Kléberger lui légua le domaine et sa haute tour.

Quelques détails supplémentaires, concernant la vie de Jean Cléberg ont été également recueillis dans la
Notice sur Jean Cléberg, qui précise :
"...Jean Cleberg est rappelé dans le registre de l'année 1542, avec le surnom de "bon allemand", que lui mérita sa charité ; dénomination populaire qui explique le nom donné à la tour de la terre de Champ, appartenant alors à la dame de Challiouvres, dame qui fut appelée la Belle Allemande, à cause de sa beauté, et parce qu'elle était l'épouse du "bon allemand Jean Cleberg"...