Question d'origine :
J'ai le vague souvenir que Charlemagne a entretenu des relations diplomatiques avec le calife des 1001 nuits, Haroun-al-Rachid : pourriez-vous préciser ce souvenir ? merci
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 14/10/2004 à 14h11
Concernant les relations entre Charlemagne et Haroun-al-Rachid, vous souvenez-vous aussi d’un éléphant blanc ?
Car voici l’histoire, telle qu ‘elle nous est racontée dans le livre de Jean Favier sur Charlemagne :
« Les relations diplomatiques avec le calife Haroun-al-Rachid – dont les Francs transforment le nom en Aaron –appartiennent encore plus aux démonstrations de prestige. Depuis son expédition de 787 en Italie, Charles se proclamait défenseur de la Terre Sainte. Apprenant que le calife laissait se multiplier les comportements hostiles de ses sujets à l’égard des chrétiens de Palestine, il lui dépêcha en 797 un messager, le juif Isaac, puis en 799 une véritable ambassade. Calife depuis 786, Haroun-al-Rachid n’avait aucune responsabilité dans les vexations dont se plaignait le roi des Francs. En revanche, il multipliait les assauts contre Byzance et n’avait toujours pas reconnu l’Omeyyade de Cordoue, ce qui n’était pas pour déplaire à Charles. On s’entendit donc sans peine.
Au passage, les envoyés de Charles avaient distribué aux Lieux Saints des aumônes assez généreuses pour que le patriarche de Jérusalem trouvât intérêt à resserrer les relations. Lorsque l’ambassade revint en Occident et retrouva le roi à Rome à la veille du couronnement impérial, deux moines l’accompagnaient. Ils apportaient, fort opportunément le 23 décembre 800, de somptueux cadeaux de la part du patriarche, et ces cadeaux étaient chargés de symbole : les clés de la montagne de Sion, celles du Calvaire et du Saint-Sépulcre, l’étendard de Jérusalem. Cela ne voulait évidemment pas dire que le roi des Francs devenait le maître des Lieux Saints. C’était signifier que les chrétiens de Terre Sainte comptaient sur la protection des Francs. (…)
Le fastueux Haroun-al-Rachid – qui allait demeurer le personnage central des Mille et une Nuits – ne pouvait se montrer en reste. L’année suivante, il envoya son ambassade qui débarqua à Pise en 801 alors qu’après son couronnement Charlemagne était à Pavie sur le chemin du retour . Les envoyés du calife, un Persan et un Africain, le rejoignirent à l’approche du Val d’Aoste et, avec lui, gagnèrent Aix-la-Chapelle à petites journées. On avait cependant confié au juif Isaac, qui revenait après quatre ans d’absence, le soin de convoyer les cadeaux. Le plus spectaculaire était un éléphant. (…) L’éléphant que l’on appelait Aboul-Abass, restera dans l’histoire : on raconta à Aix que c’était le seul animal de la sorte dont disposât le calife. (…)
Un nouvel échange d’ambassades eut lieu en 807, l’année même où Haroun-al-Rachid était aux portes de Byzance. »
Un autre biographe de Charlemagne évoque également ces relations diplomatiques : « Et le puissant Charlemagne, à partir de 780, noua bien quelques contacts officiels et culturels avec le monde arabe et son califat de Bagdad : en 787 et 801 les envoyés du calife apportèrent à Charles des présents et celui-ci, en retour, leur fournit du blé, du vin et de l’huile.»
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