les écoles ménagères du Rhône
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 17/02/2010 à 20h51
268 vues
Question d'origine :
Bonjour,
Merci pour votre dernière réponse, précieuse et précise comme les fois précédentes.
Ma mère, née en 1920 à Chessy (69) a quitté l'école après le certificat d'études. Puis elle a intégré ce qu'elle appelle "l'école ménagère". Elle en parle avec reconnaissance pour y avoir appris des règles de gestion de la vie quotidienne qui ont encadré toute sa vie et la nôtre en conséquence. Règles d'hygiène, d'équilibre des repas, de soins aux nourrissons, de tenue des comptes, etc. Elle a toujours religieusement conservé son carnet de recettes.
Pourriez-vous me fournir des précisions :
- qui a organisé ces écoles ne relevant apparemment pas de l'éducation nationale ?
- qui y enseignait ?
- à quelle date sont-elles apparues ?
- etaient-elles gratuites ?
- pourquoi ont-elles disparu (la soeur de ma mère de deux ans sa cadette n'a pas pu en profiter) ?
- avait-on prévu une organisation du même ordre pour les garçons ?
- est-ce une institution propre au département du Rhône ou à ce qui n'était pas encore la région Rhône-Alpes ?
Existe-t'il des ouvrages qui en feraient l'historique ?
Merci par avance de votre réponse.
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 19/02/2010 à 13h50
Réponse du service Guichet du Savoir
Non seulement l'école ménagère n'était pas une institution propre au département du Rhône, mais elle n'était même pas d'origine française.
Voici un extrait du livre Propre en ordre : habitation et vie domestique (1850-1930) : l'exemple vaudois (vous pouvez lire des extraits de cet ouvrage sur Google books) :
Les artisans de l'école ménagère
[...]
La plupart des écoles pionnières furent créées à l'initiative de femmes, véritables apôtres de la cause ménagère, qui financèrent elles-mêmes leur fondation, et assurèrent personnellement la formation de leurs élèves. Lina Morgenstern à Berlin est un exemple remarquable : elle ouvrit en 1869 la première académie berlinoise pour le "perfectionnement scientifique" de la femme. Elle créa ensuite le Berliner Hausfrauenverein, une association qui défendait les intérêts de la ménagère (association chargée entre autres de la lutte contre le renchérissement, d'un bureau de placement pour les domestiques, et d'écoles de cuisine). L. Morgenstern écrivit aussi plusieurs ouvrages et créa le périodique, Die deutsche Hausfrauenzeitung.
Quelques écoles furent ouvertes sous le patronage de souverains, par exemple la
duchesse de Bade à Karisruhe (1873), ou le prince de Thimay dans le Hainaut en Belgique ; ce dernier fonda dix écoles ménagères entre 1874 et 1876. En 1874, le gouvernement britannique créa à Londres Thé National Training School of Cookery, école destinée à former des enseignants capables de vulgariser "de saines notions d'une cuisine peu coûteuse" dans les hôpitaux, les casernes, la marine, les prisons, à l'assistance publique, parmi les domestiques, etc.
Certains patrons d'industrie furent aussi à l'origine d'écoles ménagères. Inquiets de la misère des familles de leurs ouvriers, ils choisirent de sortir la ménagère de son ignorance.
Enfin, si l'on se souvient des ramifications sociales de l'incompétence de la femme face à sa mission, il n'est pas étonnant de rencontrer diverses associations à la base de l'école ménagère : ligues contre l'alcoolisme, Société d'utilité publique, Société d'agriculture, etc. Les congrès internationaux d'agriculture, d'hygiène alimentaire, d'assainissement et de salubrité de l'habitation, se prononcèrent en faveur de l'enseignement ménager.
Dans les années 80 et au-delà, de nombreuses écoles ou cours itinérants furent mis sur pied dans les différents pays du centre et du nord de l'Europe*, grâce à l'initiative privée.
*"L'enseignement ménager n'est guère florissant que dans les pays froids et l'approche du midi lui semble fatal." (Congrès international de l'enseignement, 1908)
Il semble, d'après nos recherches, que l'histoire des écoles ménagères en France, n'ait pas encore été écrite. Tous les ouvrages sur la question datent du début du 20e siècle.
Nous vous renvoyons donc à quelques documents trouvés sur internet, qui vous donneront un aperçu de la situation locale, il y a un siècle :
- « Ni bas-bleu, ni pot-au-feu » : la conception de « la » femme selon Augusta Moll-Weiss (France, tournant des XIXe-XXe siècles)
- Economie domestique
- Ménager (enseignement)
- Presse d'instituteurs dans l'enseignement professionnel (revues anciennes se trouvant à la BNF)
Pour en savoir plus, essayez de vous adresser à la bibliothèque de l'INRP (Instituit national de recherche pédagogique).
Non seulement l'école ménagère n'était pas une institution propre au département du Rhône, mais elle n'était même pas d'origine française.
Voici un extrait du livre Propre en ordre : habitation et vie domestique (1850-1930) : l'exemple vaudois (vous pouvez lire des extraits de cet ouvrage sur Google books) :
[...]
La plupart des écoles pionnières furent créées à l'initiative de femmes, véritables apôtres de la cause ménagère, qui financèrent elles-mêmes leur fondation, et assurèrent personnellement la formation de leurs élèves. Lina Morgenstern à Berlin est un exemple remarquable : elle ouvrit en 1869 la première académie berlinoise pour le "perfectionnement scientifique" de la femme. Elle créa ensuite le Berliner Hausfrauenverein, une association qui défendait les intérêts de la ménagère (association chargée entre autres de la lutte contre le renchérissement, d'un bureau de placement pour les domestiques, et d'écoles de cuisine). L. Morgenstern écrivit aussi plusieurs ouvrages et créa le périodique, Die deutsche Hausfrauenzeitung.
Quelques écoles furent ouvertes sous le patronage de souverains, par exemple la
duchesse de Bade à Karisruhe (1873), ou le prince de Thimay dans le Hainaut en Belgique ; ce dernier fonda dix écoles ménagères entre 1874 et 1876. En 1874, le gouvernement britannique créa à Londres Thé National Training School of Cookery, école destinée à former des enseignants capables de vulgariser "de saines notions d'une cuisine peu coûteuse" dans les hôpitaux, les casernes, la marine, les prisons, à l'assistance publique, parmi les domestiques, etc.
Certains patrons d'industrie furent aussi à l'origine d'écoles ménagères. Inquiets de la misère des familles de leurs ouvriers, ils choisirent de sortir la ménagère de son ignorance.
Enfin, si l'on se souvient des ramifications sociales de l'incompétence de la femme face à sa mission, il n'est pas étonnant de rencontrer diverses associations à la base de l'école ménagère : ligues contre l'alcoolisme, Société d'utilité publique, Société d'agriculture, etc. Les congrès internationaux d'agriculture, d'hygiène alimentaire, d'assainissement et de salubrité de l'habitation, se prononcèrent en faveur de l'enseignement ménager.
Dans les années 80 et au-delà, de nombreuses écoles ou cours itinérants furent mis sur pied dans les différents pays du centre et du nord de l'Europe*, grâce à l'initiative privée.
*"L'enseignement ménager n'est guère florissant que dans les pays froids et l'approche du midi lui semble fatal." (Congrès international de l'enseignement, 1908)
Il semble, d'après nos recherches, que l'histoire des écoles ménagères en France, n'ait pas encore été écrite. Tous les ouvrages sur la question datent du début du 20e siècle.
Nous vous renvoyons donc à quelques documents trouvés sur internet, qui vous donneront un aperçu de la situation locale, il y a un siècle :
- « Ni bas-bleu, ni pot-au-feu » : la conception de « la » femme selon Augusta Moll-Weiss (France, tournant des XIXe-XXe siècles)
- Economie domestique
- Ménager (enseignement)
- Presse d'instituteurs dans l'enseignement professionnel (revues anciennes se trouvant à la BNF)
Pour en savoir plus, essayez de vous adresser à la bibliothèque de l'INRP (Instituit national de recherche pédagogique).
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