la "maison" de Louise Labé rue Paufique
LYON, MÉTROPOLE ET RÉGION
+ DE 2 ANS
Le 01/11/2010 à 21h08
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Question d'origine :
Une plaque apposée au-dessus de la porte d'entrée d'une maison de la rue Paufique porte le texte suivant : "la poétesse Louise Labé, la belle cordière, vécut en ces lieux au XVIème siècle. Salon des poètes de Lyon. 2 mai 1980". Que sait-on exactement de cette maison ? date de construction, propriétaires successifs ? L'imposte date-t-elle de la même époque que la maison ? Est-ce le visage de Louise Labé qui décore l'imposte ? Que représente le visage aux allures de satyre situé au dessous ? Quelles sont les lettres qui composent le monogramme de cette imposte et que sait-on de leur signification ?
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 04/11/2010 à 14h59
Bonjour,
La vie de Louise Labé reste encore très mystérieuse de nos jours. Depuis 2006 et la sortie d’un ouvrage ayant fait sensation, son existence même semblerait diviser les spécialistes.
En effet, Mireille Huchon, dans son ouvrage Louise Labé : une créature de papier prétend démontrer que la belle cordière ne serait en fait qu’un personnage inventé par un groupe de littérateurs lyonnais du XVIe siècle dont Maurice Scève (1501-1564).
Quoiqu’il en soit, si l’on se réfère aux quelques éléments biographiques consultés, Louise Labé serait née à Lyon entre 1515 et 1526, fille de Pierre Charly (dit aussi Labé), un riche cordier (marchand de cordes) lyonnais.
Louise Labé épouse Ennemond Perrin, artisan cordier d'au moins vingt-cinq ans son aîné. Elle va habiter dans la demeure de ce dernier, une « maison haulte et basse en la rue Confort, de costé de vent et un gardin dernier joignant au tennement Nostre Dame de Confort, la ruelle, entre deux, devers soir et la maison de Claude Barbarin et Loys Teynet, troilleur devers matin », qu'il a héritée de son père en 1515 ; elle donne sur la rue Notre-Dame de Confort
Cette demeure a été détruite au XVIIe siècle ou au XIXe siècle suivant les auteurs, comme par exemple Adolphe VACHET dans son ouvrage À travers les rues de Lyon :
La maison de Louise Labé et l’ancienne rue de la Belle-Cordière ont disparu par le percement de la rue de la République en 1855 sous le nom de rue Impériale. |
Il est donc difficile de rattacher les éléments architecturaux telle l’imposte de la maison à la demeure d’Ennemond Perrin et sa femme plus connue sous le patronyme de Louise Labé. Nous n'avons trouvé que peu de précisions sur l’imposte de ce numéro 28 de la rue Paufique dans les ouvrages que nous avons consulté.
L’entrée du 28 de la rue Paufique et donc l’imposte sont décrites (et photographiées, enfin !) ainsi par Bernard DELOCHE et Madeleine BUNEVOD en page 48 de leur ouvrage Guide des portes et impostes [lyonnaises] :
28, rue Confort, porte à pentures du XVIIe siècle, imposte ajustée dans une réserve de pierre circulaire, elle est au chiffre de « La Belle Cordière ». |
Pas d’autre précision, hélas !
Voici enfin la version de Louis MEYNARD dans son ouvrage de référence Dictionnaire de lyonnaiseries , version qui ne contredit pas celle d’Adolphe VACHET mais est en contradiction avec les tenants de la demeure détruite et reconstruite au XVIIe siècle :
Voici enfin la version de Louis MEYNARD dans son ouvrage de référence Dictionnaire de lyonnaiseries , version qui ne contredit pas celle d’Adolphe VACHET mais est en contradiction avec les tenants de la demeure détruite et reconstruite au XVIIe siècle :
Louise Labé légua à deux neveux de son mari […] sa maison de la rue Confort [Confort en 1902, Paufique aujourd’hui][…]. Vendue à un sieur Berthier, conseiller au Parlement de Grenoble, elle devint ensuite la propriété d’un sieur Courtine, puis de Louis Dupé, marchand cartonnier. Elle resta fort longtemps dans cette famille, puis c’est vers 1825 que Mme Ravier de Magny, femme du président du Tribunal civil de Lyon, et fille de Mme Tavernier, née Dupré, la vendit. |
Louis MEYNARD ne précise pas si cette maison existe encore lorsqu’il rédige son ouvrage (1932).
Alors cette demeure de Louise Labé, est elle détruite et reconstruite au XVIIe siècle, avec une imposte de porte en souvenir d’une poétesse disparue au siècle précédent ? Alors que certains ouvrages semblent indiquer que la renommée de Louise Labé ne reviendra qu’un peu plus tard ? Est-elle détruite qu’au milieu du XIXe siècle avec le percement de la rue Impériale ? Alors ne serait-ce donc pas la maison sise à l’emplacement actuel du 28 rue Paufique s’il est attesté qu’elle date du XVIIe siècle ?
A ce stade, nous ne pouvons conclure clairement sur l’histoire de cette demeure de Louise Labé.
Nous pouvons par ailleurs vous donner un descriptif de la maison où Louise Labé aurait « tenu salon » après son mariage avec Ennemond Perrin (donc qui n’existe plus de nos jours ?), noté dans l’ouvrage d’Emmanuel VINGTRINIER, Vieilles pierres lyonnaises, pp 102-103. En voici le début :
Alors cette demeure de Louise Labé, est elle détruite et reconstruite au XVIIe siècle, avec une imposte de porte en souvenir d’une poétesse disparue au siècle précédent ? Alors que certains ouvrages semblent indiquer que la renommée de Louise Labé ne reviendra qu’un peu plus tard ? Est-elle détruite qu’au milieu du XIXe siècle avec le percement de la rue Impériale ? Alors ne serait-ce donc pas la maison sise à l’emplacement actuel du 28 rue Paufique s’il est attesté qu’elle date du XVIIe siècle ?
A ce stade, nous ne pouvons conclure clairement sur l’histoire de cette demeure de Louise Labé.
Nous pouvons par ailleurs vous donner un descriptif de la maison où Louise Labé aurait « tenu salon » après son mariage avec Ennemond Perrin (donc qui n’existe plus de nos jours ?), noté dans l’ouvrage d’Emmanuel VINGTRINIER, Vieilles pierres lyonnaises, pp 102-103. En voici le début :
Après ses épousailles, [Louise Labé] vint habiter, près du Grand-Hôpital, la maison que son mari avait hérité de son père, Gillet Perrin, à l’angle de la rue Notre-Dame-de-Confort et de la « ruelle tendant à Bellecour (67 rue de la République) ». Cette maison valait 4 000 livres tournois. Le principal corps de logis comprenait deux étages au-dessus du rez-de-chaussée ; sur la rue Confort, s’ouvraient trois fenêtres à chaque étage ; au bas, deux portes ou arcs de boutique donnaient accès au magasin du cordier. |
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Nous avons joint en dernier ressort le Salon des poètes, auteur de la plaque commémorative selon vos indications et attendons une réponse éventuelle. Souhaitons qu’ils possèdent quelques précisions supplémentaires sur l’endroit. Dans l’affirmative, nous vous rapporterons toute nouvelle information par le biais de notre Guichet du Savoir.
Cordialement.
Bibliographie :
Bernard DELOCHE et Madeleine BUNEVOD. Guide des portes et impostes [lyonnaises], 1980.
Emmanuel VINGTRINIER. Vieilles pierres lyonnaises, 1987 (Reprod. en fac-sim. de l'éd. de 1909).
Gérard CORNELOUP, Office de tourisme du Grand Lyon. Les itinéraires du patrimoine mondial : Lyon, 1999.
R. BRUN de la VALETTE. Lyon et ses rues, 1969.
Louis MAYNARD. Dictionnaire de lyonnaiseries, T 1., 1932.
Laure RAFAELLI-FOURNEL. Le piéton de Lyon, 2002.
Madeleine LAZARD. Louise Labé, lyonnaise, 2004.
Mireille HUCHON. Louise Labé, une créature de papier, 2006.
Louise Labé, femme trompeuse. In Libération, article du 16 juin 2006.
Nous avons joint en dernier ressort le Salon des poètes, auteur de la plaque commémorative selon vos indications et attendons une réponse éventuelle. Souhaitons qu’ils possèdent quelques précisions supplémentaires sur l’endroit. Dans l’affirmative, nous vous rapporterons toute nouvelle information par le biais de notre Guichet du Savoir.
Cordialement.
Bibliographie :
Bernard DELOCHE et Madeleine BUNEVOD. Guide des portes et impostes [lyonnaises], 1980.
Emmanuel VINGTRINIER. Vieilles pierres lyonnaises, 1987 (Reprod. en fac-sim. de l'éd. de 1909).
Gérard CORNELOUP, Office de tourisme du Grand Lyon. Les itinéraires du patrimoine mondial : Lyon, 1999.
R. BRUN de la VALETTE. Lyon et ses rues, 1969.
Louis MAYNARD. Dictionnaire de lyonnaiseries, T 1., 1932.
Laure RAFAELLI-FOURNEL. Le piéton de Lyon, 2002.
Madeleine LAZARD. Louise Labé, lyonnaise, 2004.
Mireille HUCHON. Louise Labé, une créature de papier, 2006.
Louise Labé, femme trompeuse. In Libération, article du 16 juin 2006.
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