Question d'origine :
Quel est la différence entre un mouchoir et une serviette? Car j'ai retrouvé plusieurs pièces de tissu plus ou moins travaillées mais dont je ne connais pas la fonction/ leur utilisation.
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 10/02/2011 à 14h37
Réponse du service Guichet du Savoir
Bonjour,
Tout d'abord, un petit point d'histoire :
C'est à Rome qu'apparaît la serviette, ou plutôt deux types de petites serviettes à usages différents : le "sudarium", avec lequel on éponge la sueur du visage et ancêtre de notre mouchoir de poche, et la "mappa" qu'on utilise à table. Le convive l'apporte lui-même et à l'issue du repas, sur l'invitation du maître de maison, elle sert souvent à emporter quelques friandises.
source : Rêves de blanc : la grande histoire du linge de maison de Françoise de Bonneville
Deux autres articles sur l'origine commune de ces deux pièces de tissu :
- Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio : mantele
- Revue item
Il n'est pas évident de répondre à votre question tant ces deux pièces de tissus ont évolué et peuvent se décliner en taille, matières, coloris différents...
Parfois d'allure très proche, seul l'usage pourrait les différencier.
Voici quelques extraits de l'ouvrage intitulé "Dans les armoires de nos grands-mères" de Inès Heugel et Christian Sarramon qui vous aideront peut-être à y voir plus clair.
À partir du XVIe siècle , l'usage de la serviette individuelle se généralise. On le
doit à un caprice de la mode. Désireux de cacher une cicatrice qu'il porte au cou,
Henri II lance la fraise, ce col de dentelle tuyauté large et haut. Manger sans tacher ce précieux accessoire est un exploit. Pour éviter les accidents, la solution est de se nouer une serviette autour du cou. L'habitude est vite prise.La serviette est alors de grande dimension ; outre la fraise, elle doit protéger le torse et les genoux.
[...]
Le XVIIIe siècle marque un retour à la raison : [...] l'accent est mis sur l'aspect de la serviette, toujours de grande taille mais délicatement travaillée . Après s'être largement étalée, la serviette fait un court passage sur les genoux sous le règne de Louis XIV avant de remonter sur le buste : les femmes l'attachent avec une épingle et les hommes l'accrochent à la boutonnière. Elle retourne ensuite sur les genoux, d'abord déployée, puis à peine dépliée.
Jusqu'au début du XIXe siècle , les serviettes, comme les nappes, se font en damas ; les motifs tissés s'admirent sur l'endroit comme sur l'envers. Au XIXe siècle , on n'assortit pas systématiquement nappes et serviettes : des serviettes en fil peuvent accompagner une nappe damassée. Mais leur couleur est, tout comme celle de la nappe, toujours la même : blanche, avec dentelle blanche, monogramme blanc et broderie blanche (quelques motifs rouges sont tolérés, uniquement pour le déjeuner). Dans les trousseaux de la fin du XIXe siècle, il n'est pas rare de trouver vingt-quatre à trente-six serviettes assorties à une seule nappe, car il faut pouvoir en changer au cours du repas.
Au XXe siècle, les serviettes sont toujours assorties à la nappe ; les couleurs pâles apparaissent dans les années 1930. Après la Seconde Guerre mondiale, la serviette se fait plus petite. Les couleurs, les imprimés, les tissus synthétiques et même le papier envahissent peu à peu l'univers de la table.
[...]
Le mouchoir existe déjà en Grèce au siècle de Périclès (Ve siècle avant J.-C.) et à Rome sous le nom de sudarium : ce morceau de tissu sert à s'éponger le front. Bien que les Chinois aient inventé le mouchoir jetable dans l'Antiquité (un morceau de papier de riz), les Occidentaux se contentent de se moucher dans la manche de leur vêtement ou dans leur main jusqu'à la Renaissance - les moralistes exigent que ce soit la main gauche.
Le mouchoir se démocratise en France à partir du XVIe siècle sous la forme d'un morceau de tissu ou d'un haillon que l'on désigne d'abord sous le nom de pleuroir.Jusqu'au XVIIIe siècle, le mouchoir est rond, rectangulaire ou triangulaire. Louis XIV est le premier à posséder une collection de mouchoirs carrés . Marie-Antoinette ayant fait valoir l'esthétique de cette forme, Louis XVI promulgue en 1785 des lettres patentes réglementant la forme et les dimensions des mouchoirs.
[...]
En un siècle, le mouchoir devient un objet de luxe ; aucune élégante ne s'en sépare. Il sert à se moucher, mais remplit aussi le rôle de confident : les femmes s'en tamponnent les yeux lorsqu'elles pleurent et dissimulent derrière eux bâillements, soupirs et rires.
[...]
Ces objets de coquetterie des femmes de la bonne société sont des petites merveilles desoie, de linon et de fine batiste , grande spécialité française; ils sont chiffrés, brodés de blanc ou de fils d'or et d'argent, et souvent décorés de perles ou bordés de dentelles. Ces marques de richesse figurent en nombre - on en compte souvent au moins six douzaines - dans le trousseau de la jeune fille. Ils se transmettent de génération en génération. À la campagne, les femmes ne sortent leurs mouchoirs que les jours de fête.
[...]
Mais le mouchoir n'est pas toujours ce modèle de finesse. Ainsi, avec l'arrivée du tabac à priser au début du XVIIIe siècle, les hommes comme les femmes utilisent de grands mouchoirs bruns ou rouges pour masquer les taches de tabac. Cette mode va durer jusqu'au milieu du siècle, époque où la cigarette fait son apparition. Quant aux manufactures de Jouy-en-Josas, elles fabriquent des mouchoirs en coton imprimé imité des indiennes (notamment les motifs paisley, ou bandanas).
Des mouchoirs fantaisie sont vendus dans les campagnes par les marchands ambulants : il s'agit decarrés de coton imprimé représentant des caricatures ou des événements politiques ou religieux . Le mouchoir sert à tout : il intervient dans des jeux comme colin-maillard ou le jeu du mouchoir, il accompagne certaines danses. Pour bébé, il existe en forme d'animal, attaché au hochet.
Si les hommes de la ville possèdent des mouchoirs presque aussi précieux que ceux des femmes, il n'en va pas de même pourles mouchoirs des paysans, de grande taille, en coton d'Egypte à carreaux. Lorsqu'ils travaillent aux champs, ils les portent autour du cou pour absorber la sueur, ou sur la tête pour se protéger du soleil.
Pour plus de précisions, nous vous conseillons de contacter des spécialistes qui, avec quelques précisions (taille, matière, ornementation, couleur, date approximative, etc.) ou une photo, pourront peut-être répondre à votre question :
- Site du musée du textile choletais.
- Site du musée du textile de Jouy-en-Josas.
Bonjour,
Tout d'abord, un petit point d'histoire :
C'est à Rome qu'apparaît la serviette, ou plutôt deux types de petites serviettes à usages différents : le "sudarium", avec lequel on éponge la sueur du visage et ancêtre de notre mouchoir de poche, et la "mappa" qu'on utilise à table. Le convive l'apporte lui-même et à l'issue du repas, sur l'invitation du maître de maison, elle sert souvent à emporter quelques friandises.
source : Rêves de blanc : la grande histoire du linge de maison de Françoise de Bonneville
Deux autres articles sur l'origine commune de ces deux pièces de tissu :
- Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio : mantele
- Revue item
Il n'est pas évident de répondre à votre question tant ces deux pièces de tissus ont évolué et peuvent se décliner en taille, matières, coloris différents...
Parfois d'allure très proche, seul l'usage pourrait les différencier.
Voici quelques extraits de l'ouvrage intitulé "Dans les armoires de nos grands-mères" de Inès Heugel et Christian Sarramon qui vous aideront peut-être à y voir plus clair.
doit à un caprice de la mode. Désireux de cacher une cicatrice qu'il porte au cou,
Henri II lance la fraise, ce col de dentelle tuyauté large et haut. Manger sans tacher ce précieux accessoire est un exploit. Pour éviter les accidents, la solution est de se nouer une serviette autour du cou. L'habitude est vite prise.
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Le mouchoir se démocratise en France à partir du XVIe siècle sous la forme d'un morceau de tissu ou d'un haillon que l'on désigne d'abord sous le nom de pleuroir.
[...]
En un siècle, le mouchoir devient un objet de luxe ; aucune élégante ne s'en sépare. Il sert à se moucher, mais remplit aussi le rôle de confident : les femmes s'en tamponnent les yeux lorsqu'elles pleurent et dissimulent derrière eux bâillements, soupirs et rires.
[...]
Ces objets de coquetterie des femmes de la bonne société sont des petites merveilles de
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Des mouchoirs fantaisie sont vendus dans les campagnes par les marchands ambulants : il s'agit de
Si les hommes de la ville possèdent des mouchoirs presque aussi précieux que ceux des femmes, il n'en va pas de même pour
Pour plus de précisions, nous vous conseillons de contacter des spécialistes qui, avec quelques précisions (taille, matière, ornementation, couleur, date approximative, etc.) ou une photo, pourront peut-être répondre à votre question :
- Site du musée du textile choletais.
- Site du musée du textile de Jouy-en-Josas.
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