A qui appartient le Mont-Blanc ?
LYON, MÉTROPOLE ET RÉGION
+ DE 2 ANS
Le 23/05/2011 à 12h28
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Question d'origine :
Bonjour,
J'ai bien vu votre réponse du 17/08/2005 sur le thème "A quel pays (France ou Italie ou les deux) appartient le Mont Blanc".
Cependant, si je peux me le permettre, certains points d'ombre persistent notamment sur le sujet : A quelle ville française appartient le Mont Blanc. Partant du dernier paragraphe de votre réponse :
"En guise de codicille, signalons que les communes de Chamonix et de Saint-Gervais-les-Bains se sont longuement disputées la propriété du sommet, l'une arguant de sa proximité géographique, l'autre du fait que la voie traditionnelle d'ascension partait de son territoire. Un différend qui a persisté jusqu'à la publication, en 1944, d'un arrête préfectoral faisant courir une ligne de copropriété le long de l'arête sommitale, comme figuré dans l'extrait de la carte IGN, la partie « française » du versant « italien » étant attribué à la commune de Saint-Gervais-les-Bains."
J'aimerais le compléter par ceci, après discussion avec le journal mensuel Géo Voyage, il apparait que l'Etat ait tranché en faveur de Chamonix en 1934 (sauf erreur de ma part vous n'en faîtes pas allusion dans votre réponse).
Peut on donc conclure que le versant français appartient à la ville de Chamonix et la partie française du versant "Italien" à la ville de Saint Gervais les Bains ?
Ou 1944 étant postérieur à 1934, le sommet du Mont Blanc appartient à la ville de Saint Gervais ?
Je reste consciente du fait qu'il n'existe pas forcément de réponse claire et précise à ce sujet, je vous remercie du moins par avance de vos investigations.
Cordialement
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 25/05/2011 à 11h30
Nous avons contacté les municipalités de Chamonix et de Saint-Gervais sur l’appartenance du sommet du Mont-Blanc et avons constaté que cette question, déjà ancienne, fait toujours polémique.
Plusieurs documents, que possède la bibliothèque, la relatent.
Ainsi, le livre Mont Blanc : conquête du toit de l’Europe mentionne que l’Italie et la France se sont disputés la cime du Mont-Blanc. Avant 1860, la Savoie appartenait au royaume Sarde ; et le Mont Blanc était savoyard. Dans le traité d’annexion de la Savoie en 1860, l’Italie et la France se partagent le sommet. Mais quelques années plus tard, une nouvelle carte (établie par la France…) fait passer la frontière entre les deux pays par le Mont Blanc de Courmayeur, et de ce fait, le sommet de l’Europe se retrouve en territoire français, à cheval sur les communes de Saint-Gervais et de Chamonix.
Le livre Chamonix-Mont-Blanc : 1860-2000, les coulisses de l’aménagement évoque aussi cette rivalité. En voici quelques extraits :
L’histoire et la nature avaient donné à Chamonix un avantage considérable sur les autres villages qui cernent le massif du Mont-Blanc. Le paysage y est plus spectaculaire ; les glaciers y sont plus proches du fond de la vallée ; les sommets principaux y sont très visibles…La renommée du Mont-Blanc fut dès le milieu du XVIII siècle associée à celle du bourg de Chamonix. L’œuvre de Saussure, celle de Bourrit, le voyage de Napoléon III consacrent cette suprématie. Tant que les retombées financières liées à l’activité touristique restent marginales, la renommée de Chamonix ne fait pas trop d’ombre aux communes voisines. Mais à partir de 1860, l’ampleur de la fréquentation touristique augmente considérablement. Les appétits suscités par cette manne économique …gagnent également les vallées voisines. Cette concurrence d’appétits va se cristalliser sur deux enjeux principaux : l’accès au Mont Blanc d’une part, la propriété du massif d’autre part……….
Longtemps perçus comme domaine stérile sans ressources, les glaciers et rochers du massif ne sont l’objet d’aucune tentative d’appropriation. Le cadastre en vigueur …remonte à 1730. Il ne fait pas mention de ce domaine ni dans les registres de propriétés ni sur les cartes du parcellaire.
Mais à partir de 1860, la question de la propriété de cette zone glaciaire se pose véritablement. Le rattachement de la Savoie à la France rend nécessaire la confection d’un nouveau cadastre conçu sur le modèle dit « napoléonien » en vigueur pour toutes les autres communes de l’Empire…. En 1888, la municipalité de Saint-Gervais demande la délimitation communale des zones glaciaires. Entre 1888 et 1896, une négociation serrée entre Chamonix, Saint-Gervais et Les Houches permet de confronter les points de vue. Bien évidemment ces points de vue sont contradictoires : chaque municipalité met en avant des documents historiques qui sont susceptibles de lui voir attribuer le sommet du Mont Blanc….
La délimitation à laquelle on aboutit en 1896 fait prévaloir un critère topographique : chacune des communes se voit reconnaître la propriété des glaciers dont l’écoulement est orienté en direction de son territoire traditionnel. En 1945, le nouveau cadastre est définitivement adopté.
Le dernier épisode de cette querelle d’appropriation de Mont Blanc porte sur l’utilisation du nom lui-même. En 1921, la préfecture municipale de Chamonix obtient l’autorisation de changer le nom officiel de la commune. Chamonix devient Chamonix-Mont-Blanc.
Dans le document Saint-Gervais-Val Montjoie, un paragraphe s’intitule : et si Saint-Gervais-les-Bains devenait St-Gervais Mont-Blanc ?. Il nous précise que le 1er janvier 1868, la commune de Saint-Gervais obtint par décret impérial signé de la main de Napoléon, l’appellation officielle de Saint-Gervais-les-Bains. Titre de noblesse mérité car la notoriété de l’établissement thermal était reconnue dans toute l’Europe. Mais aujourd’hui beaucoup préféreraient que la station porte le nom de Mont-Blanc comme sa voisine.
Actuellement les deux municipalités ont toujours des arguments contradictoires, notamment concernant le cadastre. Vous pouvez contacter la mairie de Saint-Gervais afin d’obtenir un extrait cadastral avec photographie.
Les Archives départementales de la Haute-Savoie pourront certainement vous apporter d’autres renseignements ainsi que ce site.
Enfin deux livres nous permettant d’admirer le Mont-Blanc !
- Mont Blanc de Mario Colonel,
- Mont Blanc de Stefano Ardito.
DANS NOS COLLECTIONS :
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