Question d'origine :
Pourquoi les femmes portent elles des talons? D'ou vient l'origine?
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 06/06/2011 à 09h54
Réponse du service Guichet du Savoir
Bonjour,
[Au XVIe siècle,] Venise crée la chopine, curieuse et très élégante chaussure à l'usage des belles Vénitiennes qui en tiraient un avantage de taille non négligeable. En effet, ces chopines, la plupart du temps en velours, juchées sur des sortes de hauts patins en bois recouverts de la même matière que le dessus, pouvaient ajouter à la taille de leur utilisatrice jusqu'à quarante-cinq centimètres.
Il a existé une variante surprenante de la chopine : un très curieux soulier à deux talons, lui aussi vénitien.
Cette mode atteindra la France et l'Angleterre, malgré, une fois encore, les foudres de l'Eglise qui ne manquera pas de fustiger ces excès dans les termes les plus durs, vouant aux gémonies les femmes dépravées qui portaient ces chopines recouvertes de brocarts rehaussés d'or et d'argent. [...]
D'où venait la mode de la chopine ? On s'accorde à penser qu'elle vint de l'autre côté de la Méditerranée : les belles Turques, dans leur harem, portaient pour aller au bain des espèces de sabots sur une très haute semelle. Les chopines s'en seraient directement inspirées. Certains proposent une autre explication : Venise, depuis le XIe siècle, était la porte obligée de tout commerce avec l'Orient, Proche comme Extrême. Cette cité était très ouverte aux influences raffinées et nouvelles. Comme pour les pâtes, «inventées» en Italie, mais en réalité rapportées de Chine par un commerçant vénitien, on a noté des ressemblances entre la chopine et une certaine chaussure traditionnelle chinoise que Marco Polo, quelques siècles plus tôt, avait probablement pu admirer. De là à dire que ces très européennes, très italiennes, très vénitiennes et très subtiles chaussures étaient au fond d'inspiration chinoise...
A ce stade de l'histoire, survient une innovation tout à fait importante et capitale dans l'historique de la chaussure : c'est l'apparition du talon. A la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle, on peut remarquer, exclusivement sur la chaussure d'homme la présence d'un talon. Comme dans ces souliers de type bottine, qui datent de 1630. On s'est longtemps perdus en conjectures, échafaudant de nombreuses théories, agitant telle ou telle thèse, aussitôt battue en brèche par une autre, mais l'opinion la plus souvent admise faisait dériver le talon de la chopine vénitienne et y trouvait une explication dans le simple désir féminin de se rehausser. Or, il n'en était rien. Tout d'abord, il est important de noter que le premier talon en temps que tel apparaît sur une chaussure masculine, plus précisément sur une botte. Et cela pour une raison toute simple et toute pratique : les hommes utilisant pour leurs déplacements de plus en plus souvent leur monture, se servaient du talon pour bloquer le pied dans l'étrier et adopter ainsi une position plus confortable.
Par ailleurs, comme les bottes étaient fort difficiles à retirer, les cavaliers prirent l'habitude, entre deux chevauchées, de marcher avec ce talon. Tout de suite on s'aperçut que la chaussure, ainsi surélevée à l'arrière de trois ou quatre centimètres, cambrait le pied, faisait bomber le torse, et creuser les reins. Les vaillants hussards prenaient ainsi une apparence infiniment plus martiale en faisant ressortir des pectoraux particulièrement belliqueux.
Les femmes, fines mouches et observatrices en diable, comprirent tout de suite le parti que leur silhouette tirerait de l'usage du talon sur leurs chaussures.
Si le talon rendait le dragon redoutable, il mettait aussi en valeur poitrines et croupes ! Le talon fut donc adopté et cela eut des conséquences considérables sur le costume féminin. Jusqu'à cette date, en effet, les robes montaient pudiquement
autour du cou, souvent enserré d'une fraise, mais à partir du moment où la poitrine était mise en valeur, sans complexe il fallait la montrer. Ce fut la création du décolleté, conséquence imprévisible, mais certaine, de l'utilisation du talon.
Pour tout connaître de la passionnante histoire de la chaussure, vous pouvez consulter l'ouvrage dont est extrait ce texte : 5000 ans de chaussures de Bertrand Heyraud
Voir aussi :
- Wikipedia : chopine
- www.servicevie.com
- L'art de la chaussure / Marie-Josèphe Bossan
- Haute pointure, histoires de chaussures / Colin McDowell
Bonjour,
[Au XVIe siècle,] Venise crée la chopine, curieuse et très élégante chaussure à l'usage des belles Vénitiennes qui en tiraient un avantage de taille non négligeable. En effet, ces chopines, la plupart du temps en velours, juchées sur des sortes de hauts patins en bois recouverts de la même matière que le dessus, pouvaient ajouter à la taille de leur utilisatrice jusqu'à quarante-cinq centimètres.
Il a existé une variante surprenante de la chopine : un très curieux soulier à deux talons, lui aussi vénitien.
Cette mode atteindra la France et l'Angleterre, malgré, une fois encore, les foudres de l'Eglise qui ne manquera pas de fustiger ces excès dans les termes les plus durs, vouant aux gémonies les femmes dépravées qui portaient ces chopines recouvertes de brocarts rehaussés d'or et d'argent. [...]
D'où venait la mode de la chopine ? On s'accorde à penser qu'elle vint de l'autre côté de la Méditerranée : les belles Turques, dans leur harem, portaient pour aller au bain des espèces de sabots sur une très haute semelle. Les chopines s'en seraient directement inspirées. Certains proposent une autre explication : Venise, depuis le XIe siècle, était la porte obligée de tout commerce avec l'Orient, Proche comme Extrême. Cette cité était très ouverte aux influences raffinées et nouvelles. Comme pour les pâtes, «inventées» en Italie, mais en réalité rapportées de Chine par un commerçant vénitien, on a noté des ressemblances entre la chopine et une certaine chaussure traditionnelle chinoise que Marco Polo, quelques siècles plus tôt, avait probablement pu admirer. De là à dire que ces très européennes, très italiennes, très vénitiennes et très subtiles chaussures étaient au fond d'inspiration chinoise...
A ce stade de l'histoire, survient une innovation tout à fait importante et capitale dans l'historique de la chaussure :
Par ailleurs, comme les bottes étaient fort difficiles à retirer, les cavaliers prirent l'habitude, entre deux chevauchées, de marcher avec ce talon. Tout de suite on s'aperçut que la chaussure, ainsi surélevée à l'arrière de trois ou quatre centimètres, cambrait le pied, faisait bomber le torse, et creuser les reins. Les vaillants hussards prenaient ainsi une apparence infiniment plus martiale en faisant ressortir des pectoraux particulièrement belliqueux.
Les femmes, fines mouches et observatrices en diable, comprirent tout de suite le parti que leur silhouette tirerait de l'usage du talon sur leurs chaussures.
Si le talon rendait le dragon redoutable, il mettait aussi en valeur poitrines et croupes ! Le talon fut donc adopté et cela eut des conséquences considérables sur le costume féminin. Jusqu'à cette date, en effet, les robes montaient pudiquement
autour du cou, souvent enserré d'une fraise, mais à partir du moment où la poitrine était mise en valeur, sans complexe il fallait la montrer. Ce fut la création du décolleté, conséquence imprévisible, mais certaine, de l'utilisation du talon.
Pour tout connaître de la passionnante histoire de la chaussure, vous pouvez consulter l'ouvrage dont est extrait ce texte : 5000 ans de chaussures de Bertrand Heyraud
Voir aussi :
- Wikipedia : chopine
- www.servicevie.com
- L'art de la chaussure / Marie-Josèphe Bossan
- Haute pointure, histoires de chaussures / Colin McDowell
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