Question d'origine :
pourquoi fumer du canabis donne t-il faim? Si le cannabis agit sur la partie du cerveau controlant la satiété , des études ont-elles été faites en relation avec les maladies liées à la faim -boulimie ou anorexie- ?
merci d'avance
helene
Réponse du Guichet
bml_sci
- Département : Sciences et Techniques
Le 12/02/2005 à 15h14
"Le cerveau fabrique des substances similaires aux molécules psychoactives du cannabis. En les étudiant, les neurobiologistes devraient préciser les mécanismes de la douleur, de l'anxiété ou encore des troubles du comportement alimentaire.
Les découvertes récentes faites dans ce domaine sont passionnantes.
La drogue a des propriétés médicales bénéfiques avérées. Elle diminue la douleur et l'anxiété. La consommation de cannabis supprime les vomissements et stimule l'appétit, des propriétés utiles pour les personnes qui maigissent beaucoup lors d'une chimiothérapie.
Il a fallu très longtemps pour comprendre comment la drogue exerce tous ces effets. En 1964, Raphaël Mechoulam, de l'université hébraîque de jérusalem (THC) a identifié le delta-9-tétrahydrocannabinol (THC) comme étant le composé responsable de la quasi-totalité de l'activité pharmacologique du cannabis. Il a fallu ensuite identifier le ou les récepteurs du THC. Les récepteurs sont de petites protéines implantées dans la membrane de toutes les cellules, y compris des neurones. Lorsque des molécules spécifiques s'encastrent dans ces protéines, des changements surviennent dans les neurones. Certains récepteurs sont des pores ou des canaux, qui permettent aux ions d'entrer ou de sortir de la cellule. Ces lux d'ions modifient la différence de potentiel entre l'intérieur et l'extérieur de la cellule. D'autres récepteurs sont couplés à des protéines dites protéines G, qui permettent l'activation de diverses cascades de signalisation biochimique à l'intérieur des cellules.
En 1988, Allyn Howlett et ses collègues de l'Université Saint-Louis ont synthétisé un dérivé chimique radioactif du THC pour étudier la répartition de la substance dans les cerveau de rat. Ils découvrirent que le THC se lie à ce que l'on nomma plus tard le récepteur cannabinoïde, ou encore récepteur CB1.
En poursuivant leurs travaux sur le CB1, les neurobiologistes ont découvert qu'il s'agit d'un des récepteurs à protéines G les plus abondants dans le cerveau. Il est exprimé en grande quantité dans le cortex cérébral, l'hippocampe, l'hypthalamus, le complexe amygdalien, les ganglions de la base, le cervelet, le tron cérébral et la moelle épinière. Cette répartition explique les divers effets du cannabis : ses propriétés psychotropes s'expliquent par sa présence dans le cortex cérébral. La détérioration de la méméoire résulte de son action sur l'hippocampe, une structure essentielle pour la formation des souvenirs. La drogue provoque des dysfonctionnements moteurs en agissant sur les centres de contrôle des mouvements. C'est par cette action sur le tron cérébral et la moelle épinière qu'elle abaisse leseuil de la douleur, et par son action sur le tronc cérébral, qui commande le réflexe de vomissement qu'elle empêche les nausées.
Source : le numéro 327 de janvier 2005 de la revue Pour la science intitulé Le cerveau : une usine à cannabis
Pour connaître tous les effets du cannabis sur le comportement et la santé nous conseillons cette étude de l'Inserm : Cannabis : Quels effets sur le comportement et la santé ?.
Réponse du Guichet
bml_sci
- Département : Sciences et Techniques
Le 15/02/2005 à 15h24
La revue du praticien consacre son tome 55 n°1 du 15 janvier 2005 au cannabis. Le titre est "L'approche doit être scientifique".
Concernant le cannabis et les troubles du comportement alimentaire, nous trouvons :
"
L'analyse des publications montre que les sujets boulimiques cannabinophiles ont un trouble plus sévère, ont plus recours aux laxatifs, font plus de tentative de suicide avec plus d'hospitalisations et de décompensations anxieuses ou dépressives.
Les troubles du comportement alimentaire, la boulimie, l'anorexie, l'augmentation des cas d'obésité chez les jeunes Occidentaux sont des motifs fréquents de consultation. Le cannabisme et le tabagisme sont-ils suffisamment pris en compte chez ces consultants ? Les effets du cannabis sur le comportement alimentaire sont méconnus des patients, d'autant plus que l'association très fréquente du tabac au cannabis masque les effets de celui-ci sur l'appétit. Un raisonnement simpliste serait d'estimer que les effets orexigènes a été recherché par certains patients sidéens cachectiques qui ont repris leur consommation de "joints". Cet effet est confirmé a contrario par les essais cliniques actuels des antagonistes des récepteurs aux cannabinoïdes comme d'éventuels anorexigènes chez les obèses. Il est donc souhaitable, devant un trouble du comportement alimentaire de rechercher les modalités de consommation tabagique et cannabique. Pour chaque patient, une analyse précise de la chronologie des consommations de cannabis et de tabac, du comportement alimentaire et des courbes de poids peut être très instructive. Devant une prise de poids non souhaitée, un patient peut arrêter l'usage du cannabis, ce qui est doublement bénéfique pour sa santé."
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