Question d'origine :
Bonjour,
est-il vrai que les dérivés du paraben présent dans les cosmétiques sont cancerigènes? Où peut-on acheter des produits sans paraben?
Merci...
Réponse du Guichet
bml_san
- Département : Médiathèque du Bachut Santé
Le 11/03/2005 à 12h45
Les parabens sont très largement utilisés en cosmétologie, à concentration faible et associés avec d'autres conservateurs (phénoxyéthanol). Ils sont en général bien tolérés et ne donnent que rarement une dermatite de contact dermatologique :
Les études concernant les réactions cutanées aux cosmétiques sont souvent des études rétrospectives. Cependant, quelques travaux permettent d'évaluer l'incidence de cette pathologie. En 1983, Blondeel [5] rapporte les résultats d'une étude portant sur 2 028 sujets testés : 5,2 % se sont révélés allergiques à un cosmétique. Cette sensibilisation pouvait être associée à une autre source d'exposition à l'allergène (médicament ou produit professionnel) qui aurait pu favoriser l'allergie au cosmétique.
Adams et al [1], du groupe nord-américain, ont rapporté une étude débutée en 1982. Les auteurs (11 dermatologues) trouvent, en 5 ans, 5,4 % de dermites dues aux cosmétiques sur 13 216 patients testés. Parmi ceux-ci, 80 % sont allergiques et 16 % ont des réactions d'irritation. Si l'on rapporte ces chiffres à la population examinée par ces mêmes dermatologues durant cette période (281 100 patients), l'incidence n'est que de 0,3 %. La majorité des cas était due aux produits de soins cutanés, aux produits capillaires et de maquillage. Par ordre de fréquence, les auteurs ont trouvé des réactions aux parfums, aux conservateurs (quaternium 15, formaldéhyde, imidazolidinyl urée et parabens), à la paraphénylendiamine et au glycéryl monothioglycolate (GMTG). Chez un patient sur deux, l'allergie cosmétique n'était pas suspectée ni par le patient ni par le médecin traitant.
En 1983, Romaguera et al [51] font la même constatation : 460 patients se révèlent allergiques à un cosmétique, soit 8,3 % des 5 539 patients testés, et 0,8 % des 58 128 sujets examinés pendant la même période ; moins de la moitié des cas étaient suspectés d'allergies aux cosmétiques.
Dans une étude rétrospective portant sur 5 ans, 1 609 sujets ont été interrogés : 12,3 % ont déclaré avoir eu des réactions cutanées dues aux cosmétiques. La plupart sont des femmes qui se plaignent de réactions surtout de type irritatif [13]. Les femmes (tableau I) accusent le plus souvent les savons (41 %), les crèmes pour le visage (33 %), les déodorants (25 %), les shampooings (16 %) et les ombres à paupières (11 %). Les hommes mettent en cause les savons (49 %), les après-rasages (22 %), les déodorants (19 %) et les gels douche. Dans les deux sexes, la plupart des réactions sont localisées au visage (60 % des femmes, 33 % des hommes), suivi des mains (19 % des femmes, 21 % des hommes) et des creux axillaires (18 % des femmes, 14 % des hommes) (tableau II). Pour la plupart des patients, la dermatose a disparu en arrêtant l'utilisation du produit en cause et en changeant de marque. Néanmoins, plus de 30 % des sujets ont consulté un médecin.
Les résultats de ces études ne sont qu'une approche de la réelle fréquence des intolérances cutanées aux cosmétiques. Il est difficile de quantifier la fréquence d'utilisation des produits : des dizaines de millions de pièces sont achetées chaque année, destinées aux adultes, aux enfants et aux nourrissons. De nombreux cas d'allergie échappent aux statistiques médicales : le médecin traitant ou le patient se contentent d'un traitement symptomatique et d'un changement de marque. Enfin, la pertinence des résultats des tests épicutanés est souvent mal établie, car il peut s'agir d'une sensibilisation ancienne ou d'une polysensibilisation, faite de réactions à des cosmétiques et à des produits médicamenteux et/ou professionnels.
Les sels de parabens (parahydroxybenzoates de méthyle, de propyle, de butyle et d'éthyle) sont les conservateurs les plus utilisés dans l'industrie des cosmétiques. Ils sont actifs contre les champignons et les germes à Gram positif, mais pas contre les germes à Gram négatif comme les Pseudomonas. Compte tenu de leur large utilisation, ils sont bien tolérés. Hannuksella et al [32] détectent 0,3 % de sujets positifs aux parabens sur 4 097 patients testés, mais dans cette étude, 3,6 % des sujets porteurs d'ulcères de jambes ou de dermites de stase réagissent au test aux parabens. Meynadier et al [43] ont testé les parabens à 15 % dans la vaseline et détectent 1,9 % de réactions positives chez 475 sujets eczémateux.
La revue Vigilance n°21 de l’affssaps vient de paraître (lien en bas de page), une information sur les parabens intéressera particulièrement les allergologues car ces parabens (présents dans 80% des cosmétiques et particulièrement ceux indiqués hypo-allegéniques) sont suspectés de toxicité induisant des cancers du sein (Darbre et al., J. Appl.Toxicol.).
L’Affsaps a donc ré-examiné le cas du parabens dans cet étude et conclu que " l’étude, compte tenu des biais méthodologiques soulevés par les experts, ne permet pas de mettre en évidence un lien possible entre l’exposition aux parabens via un usage cosmétique et la présence de ces molécules dans des échantillons de tumeur du sein."
L’Afssaps indique également qu’elle va poursuivre les recherches sur les effets endocriniens possibles de cette substance.
Pour acheter des produits sans paraben, nous vous conseillons de vous adresser à votre pharmacien.
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