Question d'origine :
Peut-on réellement affirmer à ce jour que l'essence est moins chère aujourd'hui qu'il y a 50 ans?
Doit-on tenir compte de l'évolution des classes sociales et de la banalisation, la nécessité de la voiture?
Doit-on parler de prix ou de valeur relatif ou absolu?
Y a t -il plusieurs angles d’appréhender la simple vision des chiffres?
Merci d'avance pour votre réponse.
Meilleurs vœux pour cette nouvelle année.
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 03/01/2014 à 13h35
Bonjour,
A chaque hausse des prix du carburant, les médias s’interrogent sur l’impact de cette montée des prix sur le niveau de vie des français. C’est alors que surviennent les comparaisons avec les décennies précédentes et la surprise est souvent au rendez-vous car d’après les calculs des économistes et chercheurs, l’essence serait moins chère maintenant qu’il y a 30 ou 40 ans.
L’émission de radio de France info « Le vrai du faux » de février 2013 propose une réponse claire pour comprendre ce constat :
« Vrai
Le prix de l'essence que nous voyons sur les panneaux, c'est un prix en euros (autrefois en francs) "courants", alors qu'il doit être analysé en euros et en francs "constants", c'est à dire en tenant compte de l'inflation.
Surprise
En 1973, le prix du litre d'essence est de 1,69 franc, d'après les chiffres de l'UFIP, l'Union française des industries pétrolières. Ce qui fait 25 centimes d'euro. C'est peu certes, mais il faut appliquer à ce montant l'inflation cumulée en France pendant 40 ans. Ce qui fait ressortir le litre à 1,60 euro ! C'est à dire trois centimes de plus que la moyenne constatée il y a une semaine sur le sans plomb 95 (1,57 euro). Le prix de l'essence est donc aujourd'hui très légèrement inférieur à celui de 1973 en euros constants.
Smic/Essence
L'essence est encore moins chère si l'on se base sur le pouvoir d'achat d'une personne payée au Smic. Yves Crozet, membre du Laboratoire d'économie des transports et professeur à l'Université de Lyon explique qu'avec "une heure de Smic il y a 40 ans, on pouvait acheter trois litres d'essence. Aujourd'hui avec une heure de Smic, on achète six litres d'essence".
En 1973, le Smic horaire brut était à 5,43 francs et le litre d'essence à 1,69 franc. C'est bien trois fois plus (3,2 fois exactement).
Aujourd'hui, le Smic horaire brut est à 9,43 euros. Le litre d'essence à 1,57 euro. C'est bien six fois plus.
Voitures moins voraces
Il ne faut pas oublier que les voitures consomment moins. Yves Crozet ajoute qu'en 1970, "une voiture pouvait consommer dix litres au 100 km ; si cette voiture consomme aujourd'hui cinq litres aux 100, c'est deux fois moins. Donc, non seulement on a deux fois plus d'essence, mais ont peu faire deux fois plus de kilomètres qu'en 1970".
Déplacements en hausse
Mais aujourd'hui, les Français roulent beaucoup plus qu'au début des années 70 en raison de changements de mode de vie. Pour évaluer ce volume de déplacements, on compte en milliards de véhicules/kilomètres parcourus.
1970 : 162 milliards de véhicules/km avec un parc automobile de 12 millions de voitures privées.
En 2011 : 400 milliards de véhicules/kilomètres pour plus de 31 millions d'unités.
Forcément, avec un tel volume de déplacement, le passage à la pompe fait toujours aussi toujours mal. »
Un article du journaliste du Monde, Olivier Razemon propose lui aussi les explications chiffrées des économistes :
« Idée reçue.Las, le prix de l’essence n’augmente pas, ou alors marginalement. C’est ce qu’affirment plusieurs experts, chiffres à l’appui. "L’essence à la pompe est moins chère aujourd’hui qu’il y a 30 ans", constate ainsi l’économiste Vincent Renard, directeur de recherche au CNRS. Le spécialiste compare la variation, depuis plusieurs décennies, de quatre données en euros constants : le revenu disponible par habitant, le prix des logements anciens, les loyers et le prix du carburant. Les chiffres sont ceux de l’Insee. Le graphique, reproduit ci-dessous, comprend des données antérieures à 2006, mais l'économiste assure que la tendance est depuis, demeurée la même. Alors que le prix de l’immobilier grimpe en flèche, celui du revenu moyen progresse raisonnablement, celui des loyers suit et le prix du carburant stagne, voire baisse à certaines périodes.
L’économiste Yves Crozet, qui intervenait vendredi 25 janvier au Forum des vies mobiles organisé par la SNCF, avance un calcul similaire :"contrairement à l'idée reçue, le prix de l'essence n'arrête pas de baisser. On pouvait acheter 3 litres avec le salaire d’une heure de SMIC en 1973, et on peut en acquérir 6 aujourd’hui", a-t-il affirmé. Jean-Pierre Orfeuil, professeur à l’Institut d’urbanisme de Paris, partage peu ou prou ce point de vue. Lors du même Forum des vies mobiles, il a fait ce constat : "depuis 20 ans, le prix du carburant vendu aux ménages a considérablement augmenté, mais le poids du carburant dans le budget des ménages reste stable, autour de 3,7% du revenu". Ingénieur et statisticien de formation, M. Orfeuil explique ce paradoxe de la façon suivante : "En gros, dans les dernières décennies, les foyers ont continué à s’enrichir un peu. Par ailleurs, les voitures que l’on vend aujourd’hui consomment deux fois moins qu’il y a 25 ans, et les ménages préfèrent, de nos jours, s’équiper en logements et en smartphones plutôt que de dépenser de l’argent pour leur voiture". »
Pour aller plus loin, vous pouvez consulter les dossiers de l’INSEE sur l'indice des prix et le pouvoir d'achat.
Bonne journée.
A chaque hausse des prix du carburant, les médias s’interrogent sur l’impact de cette montée des prix sur le niveau de vie des français. C’est alors que surviennent les comparaisons avec les décennies précédentes et la surprise est souvent au rendez-vous car d’après les calculs des économistes et chercheurs, l’essence serait moins chère maintenant qu’il y a 30 ou 40 ans.
L’émission de radio de France info « Le vrai du faux » de février 2013 propose une réponse claire pour comprendre ce constat :
« Vrai
Surprise
Smic/Essence
L'essence est encore moins chère si l'on se base sur le pouvoir d'achat d'une personne payée au Smic. Yves Crozet, membre du Laboratoire d'économie des transports et professeur à l'Université de Lyon explique qu'avec "une heure de Smic il y a 40 ans, on pouvait acheter trois litres d'essence. Aujourd'hui avec une heure de Smic, on achète six litres d'essence".
En 1973, le Smic horaire brut était à 5,43 francs et le litre d'essence à 1,69 franc. C'est bien trois fois plus (3,2 fois exactement).
Aujourd'hui, le Smic horaire brut est à 9,43 euros. Le litre d'essence à 1,57 euro. C'est bien six fois plus.
Voitures moins voraces
Il ne faut pas oublier que les voitures consomment moins. Yves Crozet ajoute qu'en 1970, "une voiture pouvait consommer dix litres au 100 km ; si cette voiture consomme aujourd'hui cinq litres aux 100, c'est deux fois moins. Donc, non seulement on a deux fois plus d'essence, mais ont peu faire deux fois plus de kilomètres qu'en 1970".
Déplacements en hausse
Mais aujourd'hui, les Français roulent beaucoup plus qu'au début des années 70 en raison de changements de mode de vie. Pour évaluer ce volume de déplacements, on compte en milliards de véhicules/kilomètres parcourus.
1970 : 162 milliards de véhicules/km avec un parc automobile de 12 millions de voitures privées.
En 2011 : 400 milliards de véhicules/kilomètres pour plus de 31 millions d'unités.
Forcément, avec un tel volume de déplacement, le passage à la pompe fait toujours aussi toujours mal. »
Un article du journaliste du Monde, Olivier Razemon propose lui aussi les explications chiffrées des économistes :
« Idée reçue.
L’économiste Yves Crozet, qui intervenait vendredi 25 janvier au Forum des vies mobiles organisé par la SNCF, avance un calcul similaire :
Pour aller plus loin, vous pouvez consulter les dossiers de l’INSEE sur l'indice des prix et le pouvoir d'achat.
Bonne journée.
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