Question d'origine :
Comment définir le design ? Est-ce qu'il y a une historique ?
Réponse du Guichet
bml_art
- Département : Arts et Loisirs
Le 24/04/2014 à 09h43
Vastes questions ! Il n’existerait pas un mais "des designs"...Par ailleurs, la définition comme l’histoire sont liées à des données géographiques, typologiques, temporelles. En témoigne la série d’ouvrages de Charlotte et Peter Fiell qui
L’ouvrage synthétique mais néanmoins substantiel « Le design : histoire, principaux courants » d’Anne Bony dans la collection « Reconnaître comprendre » offre une définition de la discipline dans sa globalité et un aperçu historique pertinent :
« Le design, qui vient du latin designare signifie à la fois « marquer, tracer, représenter, dessiner, indiquer, montrer, désigner, signifier, disposer, ordonnancer, régler, produire quelques chose d’inhabituel ». Dans sa définition commune, le design est une discipline visant à une harmonisation de l’environnement humain, depuis la conception des objets usuels jusqu’à l’urbanisme.
Pour le designer français Roger Tallon : « Ce n’est ni un art, ni un mode d’expression, mais une démarche créative méthodique qui peut être généralisée à tous problèmes de conception. »
Le mot design est introduit dans la langue française à partir des années 60, et accepté par l’Académie française en 1971. Ce terme vient de Grande-Bretagne, mais il est proche des vocables français dessiner et désigner ; on y décèle à la fois un sens propre lié au dessin et au dessein, à la forme et à la finalité.
Le design pose la problématique d’un « faire » qui se confronte aux matériaux et à leur processus de transformation. Le designer s’attache à procurer un surcroît de sens ou de beauté à un objet fonctionnel, qui s’inscrit dans une dialectique entre idée et matière. Le cahier des charges prend, grâce à lui, une dimension formelle ou esthétique. En ne dissociant pas l’utilitaire et l’esthétique, le designer ajoute une valeur à l’objet. Le débat sur la distinction entre l’utile et le beau est entretenu depuis le milieu du XIXe siècle par les mouvements européens avant-gardistes et par les artistes.
Le processus de création et d’innovation prend aussi en compte le consommateur. L’objet est le révélateur privilégié de l’homme. Il n’est pas un simple accessoire de la civilisation, il en est le fondement. Dans l’optique d’une archéologie de notre temps, les objets constituent les signes les plus probants pour l’étude anthropologique. Ils fournissent des informations sur la civilisation, à travers la maîtrise des matériaux, la méthodologie de fabrication, la stratégie de commercialisation. Du vase primitif à la roue, l’objet a toujours été un outil, une prothèse de l’homme, une victoire de l’humanité et le signe de sa maîtrise du monde. Il est le symbole des grandes époques qui se succèdent.
Plus encore, les objets évoquent une présence, ils sont comme des fantômes du corps, et des témoins indestructibles. Ils sont là comme des stèles, ou des reliques de la création humaine. A l’ère du marketing et de la consommation de masse, l’objet est considéré comme un ensemble de messages auxquels correspondent des codes conventionnels.
le système des objets (1968), décrit cette relation entre la mise en scène de la vie sociale et la combinatoire symbolique des objets. Mais son analyse se réfère alors à la sémiologie (la science des signes). Il structure une classification des objets selon un système comparable à celui de la langue.
Le design est né du projet de synthèse entre forme et fonction appliqué aux objets industriels. Il apparaît précisément avec la révolution industrielle. L’ensemble des facteurs sociaux, économiques et productifs amorcent alors une révolution rapide sans précédent. Le design prend tout son sens lorsque la production utilitaire auquel il ajoute une valeur esthétique répond aux exigences de la production industrielle. Il s’introduit alors dans le domaine de l’équipement domestique et préconise, dans son projet et sa pratique, une réconciliation du beau et de l’utile. Il est porteur d’un véritable enjeu social, car partie prenante du système de production-consommation.
Dans l’ouvrage « un siècle de design » de David Hanks, il est rappelé qu’à la question « qu’est-ce que le design moderne ? », le directeur du Département de design industriel du Museum de Modern Art de News York proposait : «
Beaucoup plus analytique... nous vous conseillons vivement la lecture de Design, essai sur des théories et pratiques qui fédère des grands noms de la discipline et aborde autant
La simple introduction couvre les problématiques de l’histoire et une définition de la discipline.
Nous vous invitons particulièrement à la lecture du texte de Boris Groys "le devoir de l’autodesign" et celui de Edith Heurgon "design et prospective du présent pour co-construire des futurs souhaitables".
L’appareil critique et notamment la bibliographie regorge de documents incontournables parmi lesquels, sans exhaustivité ni ordre particulier:
Dessein dessin design de Jacquie Barral et Joël Gilles
Design: Anthologie d’Alexandra Midal
Court traité du design de Stéphane Vial
Qu’est-ce qu’un designer ? Objets, lieux, messages de Norman Potter
Design pour un monde réel de Victor Papanek
L'invention du quotidien, arts de faire de Michel de Certeau
et un petit dernier, en cours d'achat: Jean Baudrillard la passion de l'objet de Anne Sauvageot
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