Question d'origine :
Dans les ancêtres de ma famille, on trouve un sieur Gérard BOTTEE, qui fut échevin de La Fère dès 1504, et dont les fils furent, l'un quatre fois juré de La Fère (1587 à 1590), l'autre neuf fois.
En quoi consistait cette fonction, à cette époque, en Picardie ?
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 24/07/2014 à 11h25
Bonjour,
Dans L’Armorial général de la France, de Louis-Pierre D'Hozier, où vos ancêtres apparaissent, notamment Gérard Bottée (p. 228) : qui « fut Juré (Echevin) de La Fére en 1504 », un note de bas de page (b) précise :
« Les jurés étaient alors membres du Conseil municipal et remplissaient en outre, sous la présidence du Mayeur, les fonctions de juge civil et même criminel. »
Certaines sources confirment que « juré » est un autre nom pour « échevin » dans certaines communes :
« À l'époque carolingienne, les échevins (scabini) étaient les notables désignés par le peuple pour assister le comte à son tribunal. On appela ainsi à partir du xiie siècle les notables élus par les habitants et en fait, le plus souvent, par l'oligarchie dirigeante pour former autour du maire le conseil des villes de commune, c'est-à-dire d'un grand nombre de villes du nord de la France et des futurs Pays-Bas. Certaines constitutions urbaines leur donnaient le nom de jurés, de syndics ou de pairs (Rouen). » (« Echevin », Encyclopaedia Universalis ).
D’autres sources distinguent « échevin » et « jurés ». A Liège, dont les institutions sont inspirées pour partie de l’exemple français, les échevins « s'adjoignent déjà des « jurés » qui représentent la communauté » (« Liège », Encyclopaedia Universalis ). Il ne semble pas d’ailleurs que les jurés existent dans toutes les communes.
A Saint Quentin, le Mayeur et ses jurés formaient le conseil communal, tandis que les échevins représentaient le pouvoir royal :
« Les échevins (treize en 1292, nombre inchangé jusqu'au XVIe siècle) forment initialement le tribunal du comte, compétent sur la vicomté de Saint-Quentin, soit la ville, les faubourgs et la banlieue (réserve faite des fiefs). Ils sont choisis par le comte ou son vicomte, qui préside le tribunal. Depuis 1215 (peu après le rattachement au domaine royal) la nomination des échevins est confiée au maire et aux jurés. Les échevins s'intègrent progressivement aux instances communales. Toutefois, s'ils siègent désormais aux côtés des mayeurs et jurés pour gérer les affaires communales et exercer la justice civile et criminelle, ils n'en sont pas pour autant assimilés à la commune et conservent jalousement leurs attributions propres. » Dans cette ville « Les jurés veillent jalousement à ce que les autres pouvoirs, royaux et ecclésiastiques n’empiètent pas sur leurs propres pouvoirs. » :
« L'appellation de jurés donnée aux magistrats de la ville n'est pas commune et ne se rencontre pas dans beaucoup de villes de France. Quentin de la Fons dit «qu'il ne connaît pas d'autre ville que celle de Bordeaux où il y ait des jurés comme à Saint-Quentin». Dans la plupart des communes, c'étaient seulement des échevins ou des pairs, comme à Poitiers, à Beauvais et à Crépy. » (Saint Quentin : ville d'Histoire et d'Architecture).
Cette disparité dans les appellations et les rôles s’explique par le fait que depuis le Moyen-Age et jusqu’à la Révolution française dont l'Assemblée nationale décrète le 12 novembre 1789 « qu'il y aura une municipalité dans chaque ville, bourg, paroisse ou communauté de campagne », l’administration communale est diverse. Il existe des Communautés, des paroisses et des seigneuries, avec des rôles et périmètres différents pour un même village : « La paroisse ecclésiastique concernait le domaine religieux. Elle servait de base à l'administration du culte et à la levée de la dîme. […]. Mais il existait deux autres entités territoriales de base. D'une part la seigneurie, circonscription judiciaire et fiscale pour les impôts seigneuriaux comme le champart. D'autre part la communauté, ou paroisse fiscale, ou collecte, ou taillable. Elle avait été créée à la fin du Moyen Âge pour la levée de l'impôt royal, la taille. Dans certaines provinces, ses limites avaient été calquées sur celles de la paroisse, mais dans d'autres, c'était les seigneuries qui avaient servi de référence. […] Les communautés étaient souvent administrées par des représentants de la population élus ou cooptés annuellement (consuls, échevins, jurats, etc.) et parfois par des conseils.» (Wikipédia)
A ces trois niveaux d’administration s’ajoutent les Villes, constituées de plusieurs paroisses et tenant un statut d’autonomie du roi, du comte ou du duc local et régies par une Charte locale différente, donc une organisation différente, incluant notamment parmi les notabilités le Prévôt des marchands. Ces sources sur l’administration de la Picardie, vous aideront à déterminer si les fils de votre ancêtre jouaient ou non le même rôle que leur père :
- L’administration communale face aux pouvoirs concurrents dans les villes de communes du nord du royaume de France au XIIIe siècle
- Histoire de l’administration territoriale de la France : XVIe siècle à nos jours
- L'Administration Provinciale et Communale en France et en Europe (dont le premier chapitre est consacré à la Picardie)
Pour approfondir :
Histoire des communes de France et législation municipale depuis la fin du XIe siècle jusqu'à nos jours
Dans L’Armorial général de la France, de Louis-Pierre D'Hozier, où vos ancêtres apparaissent, notamment Gérard Bottée (p. 228) : qui « fut Juré (Echevin) de La Fére en 1504 », un note de bas de page (b) précise :
« Les jurés étaient alors membres du Conseil municipal et remplissaient en outre, sous la présidence du Mayeur, les fonctions de juge civil et même criminel. »
Certaines sources confirment que « juré » est un autre nom pour « échevin » dans certaines communes :
« À l'époque carolingienne, les échevins (scabini) étaient les notables désignés par le peuple pour assister le comte à son tribunal. On appela ainsi à partir du xiie siècle les notables élus par les habitants et en fait, le plus souvent, par l'oligarchie dirigeante pour former autour du maire le conseil des villes de commune, c'est-à-dire d'un grand nombre de villes du nord de la France et des futurs Pays-Bas. Certaines constitutions urbaines leur donnaient le nom de jurés, de syndics ou de pairs (Rouen). » (« Echevin », Encyclopaedia Universalis ).
D’autres sources distinguent « échevin » et « jurés ». A Liège, dont les institutions sont inspirées pour partie de l’exemple français, les échevins « s'adjoignent déjà des « jurés » qui représentent la communauté » (« Liège », Encyclopaedia Universalis ). Il ne semble pas d’ailleurs que les jurés existent dans toutes les communes.
A Saint Quentin, le Mayeur et ses jurés formaient le conseil communal, tandis que les échevins représentaient le pouvoir royal :
« Les échevins (treize en 1292, nombre inchangé jusqu'au XVIe siècle) forment initialement le tribunal du comte, compétent sur la vicomté de Saint-Quentin, soit la ville, les faubourgs et la banlieue (réserve faite des fiefs). Ils sont choisis par le comte ou son vicomte, qui préside le tribunal. Depuis 1215 (peu après le rattachement au domaine royal) la nomination des échevins est confiée au maire et aux jurés. Les échevins s'intègrent progressivement aux instances communales. Toutefois, s'ils siègent désormais aux côtés des mayeurs et jurés pour gérer les affaires communales et exercer la justice civile et criminelle, ils n'en sont pas pour autant assimilés à la commune et conservent jalousement leurs attributions propres. » Dans cette ville « Les jurés veillent jalousement à ce que les autres pouvoirs, royaux et ecclésiastiques n’empiètent pas sur leurs propres pouvoirs. » :
« L'appellation de jurés donnée aux magistrats de la ville n'est pas commune et ne se rencontre pas dans beaucoup de villes de France. Quentin de la Fons dit «qu'il ne connaît pas d'autre ville que celle de Bordeaux où il y ait des jurés comme à Saint-Quentin». Dans la plupart des communes, c'étaient seulement des échevins ou des pairs, comme à Poitiers, à Beauvais et à Crépy. » (Saint Quentin : ville d'Histoire et d'Architecture).
Cette disparité dans les appellations et les rôles s’explique par le fait que depuis le Moyen-Age et jusqu’à la Révolution française dont l'Assemblée nationale décrète le 12 novembre 1789 « qu'il y aura une municipalité dans chaque ville, bourg, paroisse ou communauté de campagne », l’administration communale est diverse. Il existe des Communautés, des paroisses et des seigneuries, avec des rôles et périmètres différents pour un même village : « La paroisse ecclésiastique concernait le domaine religieux. Elle servait de base à l'administration du culte et à la levée de la dîme. […]. Mais il existait deux autres entités territoriales de base. D'une part la seigneurie, circonscription judiciaire et fiscale pour les impôts seigneuriaux comme le champart. D'autre part la communauté, ou paroisse fiscale, ou collecte, ou taillable. Elle avait été créée à la fin du Moyen Âge pour la levée de l'impôt royal, la taille. Dans certaines provinces, ses limites avaient été calquées sur celles de la paroisse, mais dans d'autres, c'était les seigneuries qui avaient servi de référence. […] Les communautés étaient souvent administrées par des représentants de la population élus ou cooptés annuellement (consuls, échevins, jurats, etc.) et parfois par des conseils.» (Wikipédia)
A ces trois niveaux d’administration s’ajoutent les Villes, constituées de plusieurs paroisses et tenant un statut d’autonomie du roi, du comte ou du duc local et régies par une Charte locale différente, donc une organisation différente, incluant notamment parmi les notabilités le Prévôt des marchands. Ces sources sur l’administration de la Picardie, vous aideront à déterminer si les fils de votre ancêtre jouaient ou non le même rôle que leur père :
- L’administration communale face aux pouvoirs concurrents dans les villes de communes du nord du royaume de France au XIIIe siècle
- Histoire de l’administration territoriale de la France : XVIe siècle à nos jours
- L'Administration Provinciale et Communale en France et en Europe (dont le premier chapitre est consacré à la Picardie)
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