Question d'origine :
Bonjour.
Je recherche une ou des listes des victimes du bombardement américain du 26 mai 1944 à Lyon. Ces listes existent-elle dans la presse locale ?
Merci de votre aide.
J.J. DEHAN
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 29/08/2014 à 12h46
Un certain nombre de réponses déjà fournies par le Guichet vous fourniront une bibliographie non exhaustive concernant le bombardement américain sur Lyon en mai 1944 :
bombardement de l'avenue Berhelot
Accident de "tramway" en 1944
Lyon sous les bombes.
Marius Vivier Merle
Bombardement du 26 mai 1944
La presse de l’époque est rare et généralement succincte, et l’espoir d’y trouver une liste des 717 victimes recensées de ces bombardements nous parait très faible.
Le cardinal Gerlier a présidé la cérémonie religieuse lors du premier enterrement de victimes (328 cercueils en lices), à la cathédrale Saint-Jean : une liste des victimes a-t-elle été rendue publique à l’occasion ?
Dictionnaire historique de Lyon revient sur les jours qui suivirent le bombardement, et sur ses conséquences dramatiques ; Y est évoquée notamment la réaction des deux principaux titres de presse quotidienne qui paraissaient encore à cette époque troublée…
Une fois la violence du bombardement terminée, vient le temps des sauveteurs et des pompiers. La première chose qu’ils font est de repérer les bombes qui n’ont pas explosé et qui peuvent être des bombes à retardement. Un fanion jaune est posé sur chacune d’entre elles. Si la gare de Vaise est entièrement détruite et, avec elle, la ligne de chemin de fer de Paris coupée en dix endroits, les gares de la Guillotière, de Perrache ou de Vénissieux ne le sont que partiellement. En revanche, les quartiers environnant les gares, mais aussi les canalisations et les infrastructures sanitaires sont très durement éprouvés. Les Câbles de Lyon, les ateliers de la Mouche et de "Gerland, l’usine à gaz de la Mouche qui prive ainsi Lyon de gaz pendant quelques jours, les établissements Olida à Gerland, Milliat frères, Progil et Rhodiacéta à Vaise font partie des usines victimes du bombardement. Certains îlots d’habitation sont détruits à cent pour cent : le Grand Trou, l’avenue Berthelot sur plus de trois kilomètres, la place Jean-Macé, le quai Perrache et une grande partie du quartier de Vaise.
Parmi les immeubles atteints, quelques-uns méritent un éclairage particulier. Situés le long de l’avenue Berthelot, des bâtiments de l’Ecole du Service de santé militaire, siège de la Gestapo, sont atteints et, en partie, incendiés. Il en va de même de l’Ecole de chimie et de l’Institut Pasteur, distants de plus de cinq cents mètres de la gare de triage de la Guillotière. Plusieurs églises ont reçu des bombes, en particulier celles de l’Annonciade à Vaise et de Saint-Michel, avenue Berthelot, qui sont entièrement détruites. La mairie du 7e arrondissement, dont l’horloge s’est arrêtée à dix heures cinquante, témoignant ainsi du moment de l’attaque aérienne, a également souffert. Les autorités font le constat suivant sur les destructions et les victimes : dans le secteur Sud, cent quatre-vingt-treize immeubles et quatre usines détruits totalement, cent six immeubles et seize usines touchés à plus de cinquante pour cent, quarante-huit immeubles et trente-trois usines endommagés à moins de cinquante pour cent et six péniches sur la "Saône coulées ; dans le secteur Nord : quatre-vingt-huit immeubles et dix usines détruits à cent pour cent, cent soixante-cinq immeubles et deux usines touchés à plus de cinquante pour cent et trois cent cinquante-six immeubles et sept usines endommagés à moins de cinquante pour cent.
Le bilan humain fait état de sept cent dix-sept morts et mille cent vingt-neuf blessés, auxquels il faut ajouter vingt-cinq mille sinistrés. Le cas de l’usine de pâtés Olida, à Gerland, est à souligner, puisqu’une bombe, et une seule, est tombée sur l’usine et a tué soixante-huit personnes. Parmi les morts célèbres, il faut citer le syndicaliste résistant de la Confédération générale du travail (CGT), Marius Vivier-Merle, mais aussi le professeur Anthelme Rochaix, à l’Institut Pasteur. Durant ce bombardement, des scènes tragiques ont lieu. Des personnes, réfugiées sur les bas-ports, sont projetées par le souffle de la bombe dans les eaux du fleuve et se noient. Place Jean-Macé, une tranchée d’abri reçoit une bombe de plein fouet, qui tue tous ses occupants, parmi lesquels des passagers du tramway n° 23 ayant trouvé refuge dans cet abri, une fois l’alerte donnée. D’autres scènes révèlent le désarroi ou l’inconscience des rescapés, comme cet homme qui remonte dans son immeuble qui commence à brûler pour récupérer son paquet de cigarettes. Les incendies ne sont éteints qu’après plusieurs jours. Les sauveteurs, sapeurs-pompiers et défense passive paient un lourd tribut avec deux morts et treize blessés pour les pompiers et une vingtaine de morts pour la défense passive, en particulier ceux de la défense passive de l’air. Parmi les secours, il faut noter la présence de la Croix-Rouge, des scouts, des services techniques de la Ville de Lyon, des mineurs de Saint-Etienne (Loire) et de Sain-Bel (Rhône), des compagnons du tour de France et des bénévoles. Les blessés, transportés dans les hôpitaux de Lyon, surtout celui de Grange-Blanche, ont des plaies sur le corps et la face, des fractures ouvertes, des écrasements de la cage thoracique, des arrachements de membres, voire des éclatements d’organes par compression. Le bilan final doit être, après plusieurs jours, obligatoirement plus lourd, car de nombreux blessés ne survivent pas à leurs blessures. A l’occasion de l’évacuation des prisonniers de la Gestapo, installée dans l’Ecole du Service de santé militaire avenue Berthelot, vers le fort Montluc, André Frossard (1915-1995), détenu dans cette prison, voit des SS venir chercher des juifs, dont le champion de hockey Tola Vologe, pour exhumer les cadavres des officiers allemands de la Gestapo, parmi lesquels le commandant Werner Knab et le docteur Schauber. Le bombardement est d’abord exploité par Le Nouvelliste, presse favorable à Vichy. Il note que «sur un pan de mur reste debout comme par miracle apparaissent un crucifix et une Vierge». En somme, Dieu est du côté des victimes, ceux qui bombardent sont des «antéchrists».
Jusqu’au 5 juin, jour de prières pour les morts à Fourvière, Le Nouvelliste continue, mais de façon moins nourrie, à évoquer cette litanie autour du drame du bombardement du 26 mai 1944. Quant au Lyon-Républicains, il place en première page le 28 mai 1944 un article intitulé « Villes martyres » où le journaliste Louis Darrès parle des « généraux de Londres et de Washington [m] qui créent pour l’avenir un climat inexpiable», d’accumulation « de cadavres et de ruines pour un résultat illusoire ». Un peu plus loin, un autre journaliste, Victor Duparc, titre son article : «Non, ce n’est pas la guerre». Il développe la thèse, qui va faire son chemin après-guerre et alimenter l’anti-américanisme, des bombardements qui n’atteignent pas la puissance occupante, mais condamnent la France à la misère. Il avance l’idée que ces bombardements sont donc plus politiques que militaires ! Dans son numéro du 1er juin 1944, ce journal évoque la «Volonté de destruction ». Il cite le maire de New York, Fiorello-Henry La Guardia (1882-1947), qui aurait dit le 1er juillet 1943 : « Non seulement en Italie et en Allemagne, mais encore dans les pays occupés, nous frapperons jusquîz la fin, sans miséricorde» ; et d’ajouter les propos d’un conseiller du président Franklin Delano Roosevelt (1882-1945) : «La France ne pourra sortir de la guerre qu’en ruines Les deux journaux insistent sur l’opinion publique, heurtée, voire indignée, par de telles méthodes qui font des victimes civiles et peu de destructions durables, car peu de temps après les réseaux fonctionnent à nouveau. Il est vrai qu’excepté Radio Londres qui peut expliquer le pourquoi de ces bombardements, la seule source d’information pour les Lyonnais de l’époque réside dans les journaux locaux et les actualités officielles au cinéma. Les Renseignements généraux confirment cette désapprobation populaire en déclarant : «La réprobation s’élève de tous les milieux contre les aviateurs anglo-américains ». Le lendemain du bombardement, les miliciens inscrivent sur les murs noircis : « Signé RAF » (Royal Air Force, britannique), ce qui est faux puisque le bombardement vient des Américains ; mais qu’importe, cette inscription cherche à conforter une vieille opinion française, celle de la perfidie anglaise tirée de l’histoire des relations franco-britanniques et confirmée par les attaques de Dunkerque (Nord) et Mers el-Kébir (Algérie). Les obsèques des victimes, qui durent plusieurs jours, entretiennent la colère de la population locale contre les Alliés et leurs bombardements aveugles qui font des victimes civiles. Le débat s’ouvre au sein de la population pour savoir si le sabotage ne serait pas plus efficace et économe en vies humaines. Un tel événement avec un tel bilan ne peut, également, laisser sans voix les autorités en place. La municipalité lyonnaise, dirigée par Pierre Bertrand et nommée par Vichy en janvier 1943, prend des mesures pour marquer l’importance de la tragédie et faire face à la catastrophe : les spectacles sont interdits pendant trois jours pour marquer le deuil ; un service d’ordre important est mis en place pour isoler les zones bombardées et éviter les pillages, mais aussi pour écarter les badauds, voire les occupants qui voudraient récupérer des objets, face aux risques d’éboulement et d’explosion des bombes à retardement ; des centres d’accueil sont ouverts pour les sinistrés dans les 2°, 5° et 7° arrondissements ; des appartements vacants sont réquisitionnés pour loger les sinistrés et des repas sont servis par le Secours national et diverses organisations caritatives. La municipalité a fait creuser au cimetière de Loyasse une vaste fosse collective. Le jour du premier enterrement, le 29 mai, soit le lundi de Pentecôte, trois cent quatre-vingt-huit cercueils sont alignés place Saint-jean sur le parvis de la cathédrale, couvert de fleurs et de drapeaux. Le cardinal Pierre-Marie Gerlier, primat des Gaules, préside la cérémonie religieuse. Il fait une homélie où l’esprit de Pentecôte, porteur de salut, s’oppose à l’esprit de guerre, porteur de mort. Il insère dans son message d’amour ces mots «Pourquoi tant de sang brutalement versé ? Notre raison se déconcerte devant une telle régression de l’humanité ».
(Renseignement principalement tiré de l’article « Bombarder Lyon en 1944 » de Bruno Benoit paru dans « Les Bombardements aériens de la Seconde Guerre Mondiale », Michyèle Battesti)
Comme les réponses précédentes citées en début d’article nous vous conseillerons de vous adresser au Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation (CHRD) de Lyon, rue Berthelot, qui occupe aujourd’hui le site de l’ancienne l’Ecole du Service de santé militaire alors occupée par la Gestapo, détruite justement par le bombardement de mai 1944.
bombardement de l'avenue Berhelot
Accident de "tramway" en 1944
Lyon sous les bombes.
Marius Vivier Merle
Bombardement du 26 mai 1944
La presse de l’époque est rare et généralement succincte, et l’espoir d’y trouver une liste des 717 victimes recensées de ces bombardements nous parait très faible.
Le cardinal Gerlier a présidé la cérémonie religieuse lors du premier enterrement de victimes (328 cercueils en lices), à la cathédrale Saint-Jean : une liste des victimes a-t-elle été rendue publique à l’occasion ?
Dictionnaire historique de Lyon revient sur les jours qui suivirent le bombardement, et sur ses conséquences dramatiques ; Y est évoquée notamment la réaction des deux principaux titres de presse quotidienne qui paraissaient encore à cette époque troublée…
Une fois la violence du bombardement terminée, vient le temps des sauveteurs et des pompiers. La première chose qu’ils font est de repérer les bombes qui n’ont pas explosé et qui peuvent être des bombes à retardement. Un fanion jaune est posé sur chacune d’entre elles. Si la gare de Vaise est entièrement détruite et, avec elle, la ligne de chemin de fer de Paris coupée en dix endroits, les gares de la Guillotière, de Perrache ou de Vénissieux ne le sont que partiellement. En revanche, les quartiers environnant les gares, mais aussi les canalisations et les infrastructures sanitaires sont très durement éprouvés. Les Câbles de Lyon, les ateliers de la Mouche et de "Gerland, l’usine à gaz de la Mouche qui prive ainsi Lyon de gaz pendant quelques jours, les établissements Olida à Gerland, Milliat frères, Progil et Rhodiacéta à Vaise font partie des usines victimes du bombardement. Certains îlots d’habitation sont détruits à cent pour cent : le Grand Trou, l’avenue Berthelot sur plus de trois kilomètres, la place Jean-Macé, le quai Perrache et une grande partie du quartier de Vaise.
Parmi les immeubles atteints, quelques-uns méritent un éclairage particulier. Situés le long de l’avenue Berthelot, des bâtiments de l’Ecole du Service de santé militaire, siège de la Gestapo, sont atteints et, en partie, incendiés. Il en va de même de l’Ecole de chimie et de l’Institut Pasteur, distants de plus de cinq cents mètres de la gare de triage de la Guillotière. Plusieurs églises ont reçu des bombes, en particulier celles de l’Annonciade à Vaise et de Saint-Michel, avenue Berthelot, qui sont entièrement détruites. La mairie du 7e arrondissement, dont l’horloge s’est arrêtée à dix heures cinquante, témoignant ainsi du moment de l’attaque aérienne, a également souffert. Les autorités font le constat suivant sur les destructions et les victimes : dans le secteur Sud, cent quatre-vingt-treize immeubles et quatre usines détruits totalement, cent six immeubles et seize usines touchés à plus de cinquante pour cent, quarante-huit immeubles et trente-trois usines endommagés à moins de cinquante pour cent et six péniches sur la "Saône coulées ; dans le secteur Nord : quatre-vingt-huit immeubles et dix usines détruits à cent pour cent, cent soixante-cinq immeubles et deux usines touchés à plus de cinquante pour cent et trois cent cinquante-six immeubles et sept usines endommagés à moins de cinquante pour cent.
Le bilan humain fait état de sept cent dix-sept morts et mille cent vingt-neuf blessés, auxquels il faut ajouter vingt-cinq mille sinistrés. Le cas de l’usine de pâtés Olida, à Gerland, est à souligner, puisqu’une bombe, et une seule, est tombée sur l’usine et a tué soixante-huit personnes. Parmi les morts célèbres, il faut citer le syndicaliste résistant de la Confédération générale du travail (CGT), Marius Vivier-Merle, mais aussi le professeur Anthelme Rochaix, à l’Institut Pasteur. Durant ce bombardement, des scènes tragiques ont lieu. Des personnes, réfugiées sur les bas-ports, sont projetées par le souffle de la bombe dans les eaux du fleuve et se noient. Place Jean-Macé, une tranchée d’abri reçoit une bombe de plein fouet, qui tue tous ses occupants, parmi lesquels des passagers du tramway n° 23 ayant trouvé refuge dans cet abri, une fois l’alerte donnée. D’autres scènes révèlent le désarroi ou l’inconscience des rescapés, comme cet homme qui remonte dans son immeuble qui commence à brûler pour récupérer son paquet de cigarettes. Les incendies ne sont éteints qu’après plusieurs jours. Les sauveteurs, sapeurs-pompiers et défense passive paient un lourd tribut avec deux morts et treize blessés pour les pompiers et une vingtaine de morts pour la défense passive, en particulier ceux de la défense passive de l’air. Parmi les secours, il faut noter la présence de la Croix-Rouge, des scouts, des services techniques de la Ville de Lyon, des mineurs de Saint-Etienne (Loire) et de Sain-Bel (Rhône), des compagnons du tour de France et des bénévoles. Les blessés, transportés dans les hôpitaux de Lyon, surtout celui de Grange-Blanche, ont des plaies sur le corps et la face, des fractures ouvertes, des écrasements de la cage thoracique, des arrachements de membres, voire des éclatements d’organes par compression. Le bilan final doit être, après plusieurs jours, obligatoirement plus lourd, car de nombreux blessés ne survivent pas à leurs blessures. A l’occasion de l’évacuation des prisonniers de la Gestapo, installée dans l’Ecole du Service de santé militaire avenue Berthelot, vers le fort Montluc, André Frossard (1915-1995), détenu dans cette prison, voit des SS venir chercher des juifs, dont le champion de hockey Tola Vologe, pour exhumer les cadavres des officiers allemands de la Gestapo, parmi lesquels le commandant Werner Knab et le docteur Schauber. Le bombardement est d’abord exploité par Le Nouvelliste, presse favorable à Vichy. Il note que «sur un pan de mur reste debout comme par miracle apparaissent un crucifix et une Vierge». En somme, Dieu est du côté des victimes, ceux qui bombardent sont des «antéchrists».
Jusqu’au 5 juin, jour de prières pour les morts à Fourvière, Le Nouvelliste continue, mais de façon moins nourrie, à évoquer cette litanie autour du drame du bombardement du 26 mai 1944. Quant au Lyon-Républicains, il place en première page le 28 mai 1944 un article intitulé « Villes martyres » où le journaliste Louis Darrès parle des « généraux de Londres et de Washington [m] qui créent pour l’avenir un climat inexpiable», d’accumulation « de cadavres et de ruines pour un résultat illusoire ». Un peu plus loin, un autre journaliste, Victor Duparc, titre son article : «Non, ce n’est pas la guerre». Il développe la thèse, qui va faire son chemin après-guerre et alimenter l’anti-américanisme, des bombardements qui n’atteignent pas la puissance occupante, mais condamnent la France à la misère. Il avance l’idée que ces bombardements sont donc plus politiques que militaires ! Dans son numéro du 1er juin 1944, ce journal évoque la «Volonté de destruction ». Il cite le maire de New York, Fiorello-Henry La Guardia (1882-1947), qui aurait dit le 1er juillet 1943 : « Non seulement en Italie et en Allemagne, mais encore dans les pays occupés, nous frapperons jusquîz la fin, sans miséricorde» ; et d’ajouter les propos d’un conseiller du président Franklin Delano Roosevelt (1882-1945) : «La France ne pourra sortir de la guerre qu’en ruines Les deux journaux insistent sur l’opinion publique, heurtée, voire indignée, par de telles méthodes qui font des victimes civiles et peu de destructions durables, car peu de temps après les réseaux fonctionnent à nouveau. Il est vrai qu’excepté Radio Londres qui peut expliquer le pourquoi de ces bombardements, la seule source d’information pour les Lyonnais de l’époque réside dans les journaux locaux et les actualités officielles au cinéma. Les Renseignements généraux confirment cette désapprobation populaire en déclarant : «La réprobation s’élève de tous les milieux contre les aviateurs anglo-américains ». Le lendemain du bombardement, les miliciens inscrivent sur les murs noircis : « Signé RAF » (Royal Air Force, britannique), ce qui est faux puisque le bombardement vient des Américains ; mais qu’importe, cette inscription cherche à conforter une vieille opinion française, celle de la perfidie anglaise tirée de l’histoire des relations franco-britanniques et confirmée par les attaques de Dunkerque (Nord) et Mers el-Kébir (Algérie). Les obsèques des victimes, qui durent plusieurs jours, entretiennent la colère de la population locale contre les Alliés et leurs bombardements aveugles qui font des victimes civiles. Le débat s’ouvre au sein de la population pour savoir si le sabotage ne serait pas plus efficace et économe en vies humaines. Un tel événement avec un tel bilan ne peut, également, laisser sans voix les autorités en place. La municipalité lyonnaise, dirigée par Pierre Bertrand et nommée par Vichy en janvier 1943, prend des mesures pour marquer l’importance de la tragédie et faire face à la catastrophe : les spectacles sont interdits pendant trois jours pour marquer le deuil ; un service d’ordre important est mis en place pour isoler les zones bombardées et éviter les pillages, mais aussi pour écarter les badauds, voire les occupants qui voudraient récupérer des objets, face aux risques d’éboulement et d’explosion des bombes à retardement ; des centres d’accueil sont ouverts pour les sinistrés dans les 2°, 5° et 7° arrondissements ; des appartements vacants sont réquisitionnés pour loger les sinistrés et des repas sont servis par le Secours national et diverses organisations caritatives. La municipalité a fait creuser au cimetière de Loyasse une vaste fosse collective. Le jour du premier enterrement, le 29 mai, soit le lundi de Pentecôte, trois cent quatre-vingt-huit cercueils sont alignés place Saint-jean sur le parvis de la cathédrale, couvert de fleurs et de drapeaux. Le cardinal Pierre-Marie Gerlier, primat des Gaules, préside la cérémonie religieuse. Il fait une homélie où l’esprit de Pentecôte, porteur de salut, s’oppose à l’esprit de guerre, porteur de mort. Il insère dans son message d’amour ces mots «Pourquoi tant de sang brutalement versé ? Notre raison se déconcerte devant une telle régression de l’humanité ».
(Renseignement principalement tiré de l’article « Bombarder Lyon en 1944 » de Bruno Benoit paru dans « Les Bombardements aériens de la Seconde Guerre Mondiale », Michyèle Battesti)
Comme les réponses précédentes citées en début d’article nous vous conseillerons de vous adresser au Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation (CHRD) de Lyon, rue Berthelot, qui occupe aujourd’hui le site de l’ancienne l’Ecole du Service de santé militaire alors occupée par la Gestapo, détruite justement par le bombardement de mai 1944.
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