Question d'origine :
Bonjour,
Pouvez-vous me renseigner SVP sur le nombre de personnes qui composaient la Cour sous Louis XIV, Louis XV et Louis XVI ? Comme les règnes ont été longs, au moins pour les deux premiers, j'imagine que ce nombre a fluctué, une fourchette ou à défaut un maxi m'intéresserait.
D'avance merci et cordiales salutations.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 20/09/2014 à 08h39
Bonjour,
Pas facile de répondre à votre question car personne ne s’entend vraiment sur ceux qu’il faut compter comme courtisans ! Pour résumer on pourrait donner une fourchette de 3 000 à 10 000 …
« Sous Louis XIV, on estime que la cour comptait environ dix mille courtisans pour un budget évalué entre 5 et 10 % du budget total (loin derrière le budget de la guerre). C'était un lieu de pouvoir, d'intrigues et de représentation, où l'étiquette joua un rôle sans cesse grandissant. En instituant un code complexe autour de ses moindres faits et gestes, le roi se mettait en scène et peuplait de symboles chaque étape de la vie quotidienne.[ …]Louis XV se réinstalle à Versailles en 1723 où la cour devient numériquement la plus importante […]La cour coûtant très cher au roi, les dépenses ont été réduites avec l'arrivée de Louis XVI. Mais le gaspillage restait important. Le total des dépenses de la Cour en 1789 était de plus de 35 millions de livres, soit le quinzième de l'ensemble des revenus de l'État. »
La Cour de France, Wikipedia
« « Toute la France regroupée autour du Roi .» A Versailles, les espaces permettent à une Cour nombreuse de vivre à demeure auprès du Roi. Selon les jours, 3 000 à 10 000 personnes s'y pressent et forment une société très hétéroclite et hiérarchisée. Certains sont là par droit de naissance, d'autres par obligation sociale, d'autres encore par intérêt ou par curiosité, d'autres enfin pour gagner leur vie. La haute noblesse y est assidue, briguant les faveurs du maître de Versailles. »
Versailles au cours des siècles
« L’installation de 1682 [à Versailles] fait enfler la Cour qui compte près de dix mille personnes, à la fois gens de passage et courtisans. Les familiers du château sont moins nombreux – peut-être la moitié – et loin d’être également traités. Etre logé au château est un privilège envié, à la fois marque de faveur et encouragement à faire sa cour. Ces heureux bénéficiaires – quelque trois mille personnes -, nommés alors « logeants », deviennent une sorte de catégorie sociale, à mi-chemin entre le riche courtisan propriétaire et le « galopin » en visite à Versailles le jour et contraint de regagner Paris chaque soir. »
Article Cour, Dictionnaire de l’Ancien régime, Jean-François Solnon.
Voir aussi, du même auteur La Cour de France
« Combien de personnes vivaient à Versailles ?
De nombreuses informations ont circulé sur les heureux élus vivants à la Cour […]. La seule information fiable reste le recensement du commissaire Pierre Narbonne lors du retour de la Cour à Versailles en 1722, ce qui doit correspondre à peu de choses près au nombre d’habitants à la fin du règne de Louis XIV. Voici ce qu’il en ressort : 4000 personnes pour le Chapitre « Dans le château et son enceinte, princes, seigneurs, officiers et domestiques » et, pour les dépendances en ville, 400 à la Grande Ecurie et autant à la petite, 1500 au Grand Commun, 200 à l’hôtel du chenil, 30 à l’hôtel du Grand-Maître, ci-devant hôtel de Conti, 100 à l’hôtel de Limoges, 30 à la butte Montbauron, 80 dans les écuries des gardes du corps et 100 au château de Clagny […] ; outre cela, 15720 habitants se répartissent entre la ville neuve et le vieux Versailles et environ 1000 personnes « dans les chambres garnies, et gens qui vont et viennent ». S’ajoutent à cela 1434 hommes de la garde simple du roi […]. On peut donc compter, sous le règne de Louis XIV, au maximum 6740 personnes logées directement par les soins du roi, les gardes devant se loger à leurs dépens « dans les cabarets » […]. Ce sont donc près de 7000 courtisans qui peuvent prétendre à être logés aux frais du roi et à faire partie de la catégorie enviée des « logeants ». »
Versailles pour les nuls, Matthieu Da Vinha, Raphaël Masson
« Définir avec précision la société de cour s’avère être une tâche ardue. En effet, les différentes estimations de la population de la cour de Versailles oscillent entre 3 000 et 8 000 personnes selon les critères retenus. Faut-il intégrer au comptage l’ensemble de son personnel ? Faut-il considérer tous les courtisans ? Quelle part de cette population est-elle directement concernée par le fonctionnement quotidien de la cour ?
Il faut exclure, du groupe des familiers, la noblesse qui bénéficie des honneurs de la cour, étudiés par François Bluche. Cette noblesse, souvent originaire de province, ne vit pas à la cour de manière permanente, et le fait même de s’y montrer et d’en exiger un certificat montre en soi que ce privilège est inhabituel. Cette petite noblesse, présentée épisodiquement à la cour, constitue le cercle externe de la société de cour. Elle n’en fait pas partie, mais contribue à en diffuser le modèle. Il faut considérer au même titre ce qu’on pourrait appeler les courtisans épisodiques : magistrats des cours supérieures et membres de l’Université ou du corps de ville, banquiers et financiers, grands bourgeois et marchands qui viennent à Versailles deux à trois fois par an, pour y entretenir des relations ou traiter des affaires. Ceux-ci ne font pas partie de la société de cour, même s’ils en dépendent étroitement.
Le fonctionnement de la cour de Versailles, Frédérique Leferme-Falguières
Pour approfondir :
« La base de données Curia recense les membres des maisons royales tels qu’ils apparaissent dans les États de la France, livres édités aux 17e et 18e siècles.
Elle permet de :
vérifier si une personne a servi à la cour, à quelle charge et à quelle période,
vérifier la présence à la cour de parents ou d’alliés d’un personnage,
suivre la carrière d’un individu ou d’une famille sur la longue durée,
suivre l’évolution d’une charge ou d’un service.
Personnes figurant actuellement dans la base de données :
1663, maison du roi : 831
1663, maison de la reine mère : 820
1663, maison de la reine : 443
1674, maison du roi : 1139
1674, maison de la reine : 562
1683, maison du roi : 1868
1683, maison de la reine : 609
1702, maison du roi : 3309
1727, maison du roi : 3644 »
Projet de recherches Curia
Cour de France.fr
Les courtisans : une société de spectacle sous l’Ancien Régime, Frédérique Leferme-Falguières
Louis XV et sa cour, Bernard Hours
Bonnes lectures !
Pas facile de répondre à votre question car personne ne s’entend vraiment sur ceux qu’il faut compter comme courtisans ! Pour résumer on pourrait donner une fourchette de 3 000 à 10 000 …
« Sous Louis XIV, on estime que la cour comptait environ dix mille courtisans pour un budget évalué entre 5 et 10 % du budget total (loin derrière le budget de la guerre). C'était un lieu de pouvoir, d'intrigues et de représentation, où l'étiquette joua un rôle sans cesse grandissant. En instituant un code complexe autour de ses moindres faits et gestes, le roi se mettait en scène et peuplait de symboles chaque étape de la vie quotidienne.[ …]Louis XV se réinstalle à Versailles en 1723 où la cour devient numériquement la plus importante […]La cour coûtant très cher au roi, les dépenses ont été réduites avec l'arrivée de Louis XVI. Mais le gaspillage restait important. Le total des dépenses de la Cour en 1789 était de plus de 35 millions de livres, soit le quinzième de l'ensemble des revenus de l'État. »
La Cour de France, Wikipedia
« « Toute la France regroupée autour du Roi .» A Versailles, les espaces permettent à une Cour nombreuse de vivre à demeure auprès du Roi. Selon les jours, 3 000 à 10 000 personnes s'y pressent et forment une société très hétéroclite et hiérarchisée. Certains sont là par droit de naissance, d'autres par obligation sociale, d'autres encore par intérêt ou par curiosité, d'autres enfin pour gagner leur vie. La haute noblesse y est assidue, briguant les faveurs du maître de Versailles. »
Versailles au cours des siècles
« L’installation de 1682 [à Versailles] fait enfler la Cour qui compte près de dix mille personnes, à la fois gens de passage et courtisans. Les familiers du château sont moins nombreux – peut-être la moitié – et loin d’être également traités. Etre logé au château est un privilège envié, à la fois marque de faveur et encouragement à faire sa cour. Ces heureux bénéficiaires – quelque trois mille personnes -, nommés alors « logeants », deviennent une sorte de catégorie sociale, à mi-chemin entre le riche courtisan propriétaire et le « galopin » en visite à Versailles le jour et contraint de regagner Paris chaque soir. »
Article Cour, Dictionnaire de l’Ancien régime, Jean-François Solnon.
Voir aussi, du même auteur La Cour de France
« Combien de personnes vivaient à Versailles ?
De nombreuses informations ont circulé sur les heureux élus vivants à la Cour […]. La seule information fiable reste le recensement du commissaire Pierre Narbonne lors du retour de la Cour à Versailles en 1722, ce qui doit correspondre à peu de choses près au nombre d’habitants à la fin du règne de Louis XIV. Voici ce qu’il en ressort : 4000 personnes pour le Chapitre « Dans le château et son enceinte, princes, seigneurs, officiers et domestiques » et, pour les dépendances en ville, 400 à la Grande Ecurie et autant à la petite, 1500 au Grand Commun, 200 à l’hôtel du chenil, 30 à l’hôtel du Grand-Maître, ci-devant hôtel de Conti, 100 à l’hôtel de Limoges, 30 à la butte Montbauron, 80 dans les écuries des gardes du corps et 100 au château de Clagny […] ; outre cela, 15720 habitants se répartissent entre la ville neuve et le vieux Versailles et environ 1000 personnes « dans les chambres garnies, et gens qui vont et viennent ». S’ajoutent à cela 1434 hommes de la garde simple du roi […]. On peut donc compter, sous le règne de Louis XIV, au maximum 6740 personnes logées directement par les soins du roi, les gardes devant se loger à leurs dépens « dans les cabarets » […]. Ce sont donc près de 7000 courtisans qui peuvent prétendre à être logés aux frais du roi et à faire partie de la catégorie enviée des « logeants ». »
Versailles pour les nuls, Matthieu Da Vinha, Raphaël Masson
« Définir avec précision la société de cour s’avère être une tâche ardue. En effet, les différentes estimations de la population de la cour de Versailles oscillent entre 3 000 et 8 000 personnes selon les critères retenus. Faut-il intégrer au comptage l’ensemble de son personnel ? Faut-il considérer tous les courtisans ? Quelle part de cette population est-elle directement concernée par le fonctionnement quotidien de la cour ?
Il faut exclure, du groupe des familiers, la noblesse qui bénéficie des honneurs de la cour, étudiés par François Bluche. Cette noblesse, souvent originaire de province, ne vit pas à la cour de manière permanente, et le fait même de s’y montrer et d’en exiger un certificat montre en soi que ce privilège est inhabituel. Cette petite noblesse, présentée épisodiquement à la cour, constitue le cercle externe de la société de cour. Elle n’en fait pas partie, mais contribue à en diffuser le modèle. Il faut considérer au même titre ce qu’on pourrait appeler les courtisans épisodiques : magistrats des cours supérieures et membres de l’Université ou du corps de ville, banquiers et financiers, grands bourgeois et marchands qui viennent à Versailles deux à trois fois par an, pour y entretenir des relations ou traiter des affaires. Ceux-ci ne font pas partie de la société de cour, même s’ils en dépendent étroitement.
Le fonctionnement de la cour de Versailles, Frédérique Leferme-Falguières
Pour approfondir :
« La base de données Curia recense les membres des maisons royales tels qu’ils apparaissent dans les États de la France, livres édités aux 17e et 18e siècles.
Elle permet de :
vérifier si une personne a servi à la cour, à quelle charge et à quelle période,
vérifier la présence à la cour de parents ou d’alliés d’un personnage,
suivre la carrière d’un individu ou d’une famille sur la longue durée,
suivre l’évolution d’une charge ou d’un service.
Personnes figurant actuellement dans la base de données :
1663, maison du roi : 831
1663, maison de la reine mère : 820
1663, maison de la reine : 443
1674, maison du roi : 1139
1674, maison de la reine : 562
1683, maison du roi : 1868
1683, maison de la reine : 609
1702, maison du roi : 3309
1727, maison du roi : 3644 »
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Les courtisans : une société de spectacle sous l’Ancien Régime, Frédérique Leferme-Falguières
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