Question d'origine :
Bonjour,
J'aimerais savoir s'il existe un mot pour désigner une action de langage que j'ai remarquée.
Le contexte est le suivant. Il est difficile à transcrire par écrit. Je vais essayer d'être clair.
Lors d'une réunion, une personne qui fait une présentation déclare une chose sur un fait.
Des personnes dans l'auditoire interviennent et font remarquer que cette déclaration est incorrecte concernant ce fait et propose une interprétation qui est le contraire de celle déclarée par la personne faisant la présentation.
La personne qui présente approuve les commentaires des personnes de l'auditoire et dit que c'est bien ce qu'elle a dit. Elle essaie de faire croire aux personnes de l'auditoire qu'elle a dit la même chose qu'eux.
Les personnes de l'auditoire lui disent que non, et que maintenant elle dit le contraire de ce qu'elle a dit la première fois.
La personne qui présente affirme de nouveau qu'elle a bien dit la même chose lors de sa première et de sa deuxième déclaration et que c'est le même chose que ce qu'ont dit les personnes de l'auditoire lors de leur remarque.
Toutes les personnes de l'auditoire lui font à nouveau remarquer que ce n'est pas le cas mais la personne faisant la présentation n'en démord et essaie de convaincre les personnes de l'auditoire que c'est bien elle qui a raison et qu'elle a toujours dit la même chose que lors de sa deuxième déclaration.
Cette action n'est pas un simple mensonge. Ce n'est pas à mon avis un déni non plus. La personne qui présente essaie par cette action de rattraper une erreur ou de corriger le fil d'une discussion qui prenait une tournure qui ne lui était pas favorable pour la suite des échanges.
Quel est le mot qui définit cette action? En psychologie, est-ce qu'il y a une notion qui définit cette attitude? Il existe peut-être un terme dans le domaine de la justice.
Merci.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 20/09/2014 à 13h05
Bonjour,
Pour ce qui est du langage, il nous semble que votre personnage est pris en flagrant délit de contradiction :
« se contredire, emploi pronominal
entrer en contradiction avec soi-même, dire le contraire de ce que l'on a dit auparavant »
Définition sur Reverso
En psychologie, on pourrait dire qu’il fait preuve de mauvaise foi si l’on en croit ces articles du magazine Psychologies :
« La mauvaise foi est sans doute le plus irritant, mais aussi le mieux partagé des défauts : tous coupables ! Nos petits arrangements avec la vérité et la logique ont toujours une fonction inconsciente : se protéger, dominer, déculpabiliser... Pour le psychanalyste Gérard Bonnet, elle n’est pas tant une infraction à la morale qu’une stratégie plus ou moins consciente de défense du moi. « Nier, dissimuler, manipuler sont, la plupart du temps, une façon de préserver l’image que nous avons de nous-mêmes, en évitant de nous confronter à une vérité ou à une réalité qui viendrait menacer notre intégrité. Il est certain que plus notre moi est fragile, plus notre narcissisme est blessé, plus nous aurons recours à la mauvaise foi pour nous protéger et nous défendre. »
A quoi vous sert la mauvaise foi ?
« « À petite dose, la mauvaise foi est un signe de santé mentale », affirme Alain Braconnier, puisque les délirants, qui croient à une autre réalité, sont incapables de ce jeu d’esprit. « Volontiers pratiquée par les enfants entre 3 et 7 ans, quand l’image de soi se construit dans l’amour des parents, elle fait partie du développement humain », ajoute le psychiatre et psychanalyste. Mais utilisée régulièrement par les adultes comme stratégie de défense, elle trahit une faille narcissique. « Ceux qui s’estiment aimables même avec leurs manquements acceptent la critique, observe Frédéric Fanget, psychiatre et psychothérapeute comportementaliste. Sont de mauvaise foi ceux qui craignent d’être rejetés s’ils se montrent faillibles. » »
D’où vient notre mauvaise foi ?, Cécile Guéret
Voir aussi :
Je suis souvent de mauvaise foi, Anne-Laure Gannac
Face aux gens de mauvaise foi, Hervé Magnin
En droit, il existe ce qu’on appelle L’interdiction de se contredire au détriment d’autrui, pour laquelle la jurisprudence peut se fonder sur la mauvaise foi du contractant.
Enfin, la notion de mauvaise foi existe aussi en philosophie :
« La mauvaise foi fait violence à la vérité, mais d'une manière qui en fait une espèce particulière de mensonge. Tout mensonge, en effet, n'est pas manifestation de mauvaise foi, et sans doute faut-il commencer par tenter de saisir ce qui est propre à cette dernière.
Le terme de "foi" nous indique probablement où chercher : du côté de ce qui a trait à la confiance, et sans doute aussi à la reconnaissance et à l'aveu. Le mensonge prend la forme de la mauvaise foi lorsqu'il est refus entêté de reconnaître une évidence, quelque chose qui, manifestement, est. C'est précisément ce genre de choses : ce qui se voit immédiatement, ce qui peut seulement se constater, qui paraît bien constituer l'objet propre de la mauvaise foi ; autrement dit, ce qui appelle comme attitude adéquate la reconnaissance, l'admission et/ou l'aveu : ce à quoi l'on peut et doit se fier. La mauvaise foi est peut-être même la seule façon de ne pas admettre l'évidence sans sombrer pour autant dans la pathologie. Elle consiste à refuser ce qui ne peut pas l'être, en une sorte d'ultime recours contre le désagrément imposé par la réalité, la volonté opposant son entêtement à l'entêtement des faits. »
Mauvaise foi, site Invitation à la philosophie.
A noter qu’elle n’est pas l’unique moyen de ne pas perdre la face. Si vous voulez connaître d’autres stratégies, parfois plus retorses, n’hésitez pas à lire L’art d’avoir toujours raison, d’Arthur Shopenhauer .
Pour ce qui est du langage, il nous semble que votre personnage est pris en flagrant délit de contradiction :
« se contredire, emploi pronominal
entrer en contradiction avec soi-même, dire le contraire de ce que l'on a dit auparavant »
Définition sur Reverso
En psychologie, on pourrait dire qu’il fait preuve de mauvaise foi si l’on en croit ces articles du magazine Psychologies :
« La mauvaise foi est sans doute le plus irritant, mais aussi le mieux partagé des défauts : tous coupables ! Nos petits arrangements avec la vérité et la logique ont toujours une fonction inconsciente : se protéger, dominer, déculpabiliser... Pour le psychanalyste Gérard Bonnet, elle n’est pas tant une infraction à la morale qu’une stratégie plus ou moins consciente de défense du moi. « Nier, dissimuler, manipuler sont, la plupart du temps, une façon de préserver l’image que nous avons de nous-mêmes, en évitant de nous confronter à une vérité ou à une réalité qui viendrait menacer notre intégrité. Il est certain que plus notre moi est fragile, plus notre narcissisme est blessé, plus nous aurons recours à la mauvaise foi pour nous protéger et nous défendre. »
A quoi vous sert la mauvaise foi ?
« « À petite dose, la mauvaise foi est un signe de santé mentale », affirme Alain Braconnier, puisque les délirants, qui croient à une autre réalité, sont incapables de ce jeu d’esprit. « Volontiers pratiquée par les enfants entre 3 et 7 ans, quand l’image de soi se construit dans l’amour des parents, elle fait partie du développement humain », ajoute le psychiatre et psychanalyste. Mais utilisée régulièrement par les adultes comme stratégie de défense, elle trahit une faille narcissique. « Ceux qui s’estiment aimables même avec leurs manquements acceptent la critique, observe Frédéric Fanget, psychiatre et psychothérapeute comportementaliste. Sont de mauvaise foi ceux qui craignent d’être rejetés s’ils se montrent faillibles. » »
D’où vient notre mauvaise foi ?, Cécile Guéret
Voir aussi :
Je suis souvent de mauvaise foi, Anne-Laure Gannac
Face aux gens de mauvaise foi, Hervé Magnin
En droit, il existe ce qu’on appelle L’interdiction de se contredire au détriment d’autrui, pour laquelle la jurisprudence peut se fonder sur la mauvaise foi du contractant.
Enfin, la notion de mauvaise foi existe aussi en philosophie :
« La mauvaise foi fait violence à la vérité, mais d'une manière qui en fait une espèce particulière de mensonge. Tout mensonge, en effet, n'est pas manifestation de mauvaise foi, et sans doute faut-il commencer par tenter de saisir ce qui est propre à cette dernière.
Le terme de "foi" nous indique probablement où chercher : du côté de ce qui a trait à la confiance, et sans doute aussi à la reconnaissance et à l'aveu. Le mensonge prend la forme de la mauvaise foi lorsqu'il est refus entêté de reconnaître une évidence, quelque chose qui, manifestement, est. C'est précisément ce genre de choses : ce qui se voit immédiatement, ce qui peut seulement se constater, qui paraît bien constituer l'objet propre de la mauvaise foi ; autrement dit, ce qui appelle comme attitude adéquate la reconnaissance, l'admission et/ou l'aveu : ce à quoi l'on peut et doit se fier. La mauvaise foi est peut-être même la seule façon de ne pas admettre l'évidence sans sombrer pour autant dans la pathologie. Elle consiste à refuser ce qui ne peut pas l'être, en une sorte d'ultime recours contre le désagrément imposé par la réalité, la volonté opposant son entêtement à l'entêtement des faits. »
Mauvaise foi, site Invitation à la philosophie.
A noter qu’elle n’est pas l’unique moyen de ne pas perdre la face. Si vous voulez connaître d’autres stratégies, parfois plus retorses, n’hésitez pas à lire L’art d’avoir toujours raison, d’Arthur Shopenhauer .
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