Question d'origine :
j'ai entendu dire que les animaux protègent les petits, du moins ne s'y attaquent pas, même ceux des autres especes ; est ce une question de phéromones universelles ?
merci par avance
Réponse du Guichet
gds_se
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 23/10/2014 à 15h01
Bonjour,
En effet, nous avons tous entendu parler d’animaux adoptant un ou des petits d’une autre espèce que la leur : lionne et antilope, chien et chat, chimpanzé et chien … (voir 20 preuves que ces animaux ont un grand cœur et qu’ils n’hésitent pas à sauver d’autres espèces / Daily Geek Show)
Toutefois, la réalité n’est pas aussi simple comme nous l’explique cet article paru dans Sciences Humaines :
Quoi de plus attendrissant qu'une mère allaitant son enfant ? Qu'une chatte appelant désespérément ses petits disparus ? Charles Darwin partageait cette conviction. En témoignent ces propos du professeur Whewhell, qu'il cite dans La Filiation de l'homme : « Lorsqu'on lit les exemples touchants d'affection maternelle, rapportés si souvent au sujet des femmes de toutes les nations, et des femelles de tous les animaux, comment douter que le mobile de l'action ne soit le même dans les deux cas ? » Et ce mobile, c'est l'instinct maternel. Et Darwin de citer le chagrin des guenons lorsqu'elles perdent leur bébé ou le zèle qu'elles peuvent mettre parfois dans l'adoption de petits singes orphelins : « Une femelle babouin avait un coeur si grand qu'elle adoptait non seulement les jeunes singes d'autres espèces, mais volait aussi de jeunes chiens et chats, qu'elle emportait partout avec elle. » Fort de ces ressemblances évidentes entre les comportements des mères dans de nombreuses espèces animales et humaine, Darwin en concluait que l'affection maternelle faisait partie des instincts sociaux les plus puissants, et qu'elle poussait les mères humaines et animales à nourrir, laver, consoler et défendre leurs petits. […]
Les chercheurs ont mis en évidence chez les mammifères une zone spécifique du cerveau (située dans l'hypothalamus) qui stimule les comportements d'élevage. Cette zone cérébrale est sous la dépendance d'une famille de gènes appelés « gènes fos ». Une souris dépourvue du gène fosB ne sait pas s'occuper de ses petits et les délaisse. Le mécanisme est en fait plus subtil. C'est l'odeur des petits qui déclenche l'activation de ce gène, qui lui-même participe à la production d'hormones spécifiques stimulant la réaction maternelle. Un élément intermédiaire est donc à prendre en compte : l'odeur des petits. Tous les gens qui ont vécu à la ferme savent qu'il ne faut pas toucher les lapereaux tout juste nés. Imprégnés d'une odeur étrangère, ils ne seront plus reconnus par leur maman, qui les tuera sans pitié. Inversement, si l'odeur familiale est appliquée à un rejeton d'une autre espèce, la mère va s'attacher amoureusement à lui. C'est ainsi qu'une chatte pourra s'occuper d'un petit lapin ou d'un chiot. On a vu récemment une femelle lion s'amouracher d'une petite antilope, sa proie favorite habituelle ! Un autre mécanisme déclencheur du comportement maternel provient de la prolactine, une hormone qui produit la lactation chez les jeunes mères. La montée de lait déclenche chez les jeunes mères des pulsions maternantes. Il arrive que des jeunes femmes qui n'avaient jusque-là éprouvé aucun sentiment particulier pour les bébés, et redoutaient même de devoir s'en occuper, changent complètement à la naissance d'un enfant. […]
L'auteur a été une des premiers chercheurs à montrer l'importance de l'infanticide dans le monde animal : scarabées, araignées, souris, écureuils, ours, hippopotames, loups pratiquent l'infanticide. Le plus souvent, il s'agit de meurtres commis par des mâles qui viennent de s'emparer d'un harem et se débarrassent des enfants présents. Mais l'infanticide est aussi le fait de mères qui opèrent un choix dans leur portée et abandonnent ou dévorent certains de leurs petits. L'infanticide est aussi présent dans les sociétés humaines. […]
Les cris de bébé, tout comme les miaulements du petit chat, provoquent spontanément des réactions de compassion. De même, plus tard, la physionomie du nourrisson : grands yeux, visage rond, petite main potelée sont des prototypes qui stimulent chez l'adulte l'attendrissement. Et ce mécanisme ne touche pas que la mère mais aussi les personnes alentour.
Cette stratégie est payante. Beaucoup d'enfants délaissés par leur mère pourront être adoptés et recueillis par des « alloparents » (tantes, grands-parents) ou des étrangers. La nature a donc pourvu les nourrissons de défense contre les défaillances possibles de leur mère. Il est à remarquer que, dans beaucoup de sociétés de mammifères, les alloparents jouent un rôle important dans la prise en charge des petits. Chez les chimpanzés, les femelles et les mâles se disputent pour prendre un nourrisson, le petit exerçant sur eux une force quasi magnétique.
(Source : Y a-t-il un instinct maternel ? / Jean-François Dortier)
Pourquoi les primates adoptent des petits plus facilement que les brebis
Le monde entier a été charmé et émerveillé par l’altruisme de Binti Jua, une mère gorille du zoo de Chicago qui, en 1996, avait gentiment ramassé un petit garçon tombé dans sa cage. […] Binti Jua a aussitôt remis l’enfant tombé du ciel à son gardien et cet heureux dénouement a été un grand soulagement. […]
Chez tous les primates, les femelles trouvent les bébés fascinants ; certaines plus que d’autres. […]
Trouver les bébés attirants est un luxe que peuvent s’offrir les primates, parce que les chances sont très faibles qu’une femelle confonde son enfant avec celui d’une autre et nourrisse cet autre enfant aux dépens du sien. […] Pour une mère d’une telle espèce, la tolérance envers les bébés serait un désastre évolutionnaire : son lait nourrirait les enfants des autres et non pas le sien. Aussi les mères de ces espèces, les brebis par exemple, ont-elles été sélectionnées pour imprégner de leur odeur leur propre nourrisson dans les minutes suivant la naissance, et donc rejeter tout petit qui ne sentirait pas exactement cette odeur.
(Source : Les instincts maternels / Sarah Blaffer Hrdy)
Le National Geographic nous explique également pourquoi les animaux « adoptent » :
D’après certains comportementalistes du monde animal, dans ces adoptions, les deux parties en retirent des bénéfices mutuels ; ce qui les pousseraient à « s’associer ». De plus, certains animaux seraient capables d’empathie envers ceux qui souffrent, qui ont faim ou sont seuls.
(Source : Why animals « adopt » others, including different species : odd alliances often form due to instinct – but empathy may be involved / Christine Dell'Amore)
Bonne journée
En effet, nous avons tous entendu parler d’animaux adoptant un ou des petits d’une autre espèce que la leur : lionne et antilope, chien et chat, chimpanzé et chien … (voir 20 preuves que ces animaux ont un grand cœur et qu’ils n’hésitent pas à sauver d’autres espèces / Daily Geek Show)
Toutefois, la réalité n’est pas aussi simple comme nous l’explique cet article paru dans Sciences Humaines :
Quoi de plus attendrissant qu'une mère allaitant son enfant ? Qu'une chatte appelant désespérément ses petits disparus ? Charles Darwin partageait cette conviction. En témoignent ces propos du professeur Whewhell, qu'il cite dans La Filiation de l'homme : « Lorsqu'on lit les exemples touchants d'affection maternelle, rapportés si souvent au sujet des femmes de toutes les nations, et des femelles de tous les animaux, comment douter que le mobile de l'action ne soit le même dans les deux cas ? » Et ce mobile, c'est l'instinct maternel. Et Darwin de citer le chagrin des guenons lorsqu'elles perdent leur bébé ou le zèle qu'elles peuvent mettre parfois dans l'adoption de petits singes orphelins : « Une femelle babouin avait un coeur si grand qu'elle adoptait non seulement les jeunes singes d'autres espèces, mais volait aussi de jeunes chiens et chats, qu'elle emportait partout avec elle. » Fort de ces ressemblances évidentes entre les comportements des mères dans de nombreuses espèces animales et humaine, Darwin en concluait que l'affection maternelle faisait partie des instincts sociaux les plus puissants, et qu'elle poussait les mères humaines et animales à nourrir, laver, consoler et défendre leurs petits. […]
Les chercheurs ont mis en évidence chez les mammifères une zone spécifique du cerveau (située dans l'hypothalamus) qui stimule les comportements d'élevage. Cette zone cérébrale est sous la dépendance d'une famille de gènes appelés « gènes fos ». Une souris dépourvue du gène fosB ne sait pas s'occuper de ses petits et les délaisse. Le mécanisme est en fait plus subtil.
L'auteur a été une des premiers chercheurs à montrer l'importance de l'infanticide dans le monde animal : scarabées, araignées, souris, écureuils, ours, hippopotames, loups pratiquent l'infanticide. Le plus souvent, il s'agit de meurtres commis par des mâles qui viennent de s'emparer d'un harem et se débarrassent des enfants présents. Mais l'infanticide est aussi le fait de mères qui opèrent un choix dans leur portée et abandonnent ou dévorent certains de leurs petits. L'infanticide est aussi présent dans les sociétés humaines. […]
Les cris de bébé, tout comme les miaulements du petit chat, provoquent spontanément des réactions de compassion. De même, plus tard, la physionomie du nourrisson : grands yeux, visage rond, petite main potelée sont des prototypes qui stimulent chez l'adulte l'attendrissement. Et ce mécanisme ne touche pas que la mère mais aussi les personnes alentour.
Cette stratégie est payante. Beaucoup d'enfants délaissés par leur mère pourront être adoptés et recueillis par des « alloparents » (tantes, grands-parents) ou des étrangers. La nature a donc pourvu les nourrissons de défense contre les défaillances possibles de leur mère. Il est à remarquer que, dans beaucoup de sociétés de mammifères, les alloparents jouent un rôle important dans la prise en charge des petits. Chez les chimpanzés, les femelles et les mâles se disputent pour prendre un nourrisson, le petit exerçant sur eux une force quasi magnétique.
(Source : Y a-t-il un instinct maternel ? / Jean-François Dortier)
Le monde entier a été charmé et émerveillé par l’altruisme de Binti Jua, une mère gorille du zoo de Chicago qui, en 1996, avait gentiment ramassé un petit garçon tombé dans sa cage. […] Binti Jua a aussitôt remis l’enfant tombé du ciel à son gardien et cet heureux dénouement a été un grand soulagement. […]
Chez tous les primates, les femelles trouvent les bébés fascinants ; certaines plus que d’autres. […]
Trouver les bébés attirants est un luxe que peuvent s’offrir les primates, parce que les chances sont très faibles qu’une femelle confonde son enfant avec celui d’une autre et nourrisse cet autre enfant aux dépens du sien. […] Pour une mère d’une telle espèce, la tolérance envers les bébés serait un désastre évolutionnaire : son lait nourrirait les enfants des autres et non pas le sien. Aussi les mères de ces espèces, les brebis par exemple, ont-elles été sélectionnées pour imprégner de leur odeur leur propre nourrisson dans les minutes suivant la naissance, et donc rejeter tout petit qui ne sentirait pas exactement cette odeur.
(Source : Les instincts maternels / Sarah Blaffer Hrdy)
Le National Geographic nous explique également pourquoi les animaux « adoptent » :
D’après certains comportementalistes du monde animal, dans ces adoptions, les deux parties en retirent des bénéfices mutuels ; ce qui les pousseraient à « s’associer ». De plus, certains animaux seraient capables d’empathie envers ceux qui souffrent, qui ont faim ou sont seuls.
(Source : Why animals « adopt » others, including different species : odd alliances often form due to instinct – but empathy may be involved / Christine Dell'Amore)
Bonne journée
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