Question d'origine :
Bonjour,
Je souhaiterai avoir une définition et connaître la différence entre les phénomènes psychiques suivants:
- psychose collective,
- illusion collective,
- hallucination collective,
- hystérie collective.
Auriez-vous aussi le titre d'un ouvrage ou je pourrais avoir d'autres informations sur ces notions ?
Un grand merci pour vos réponses, toujours pertinentes, aux questions que j'ai déjà posées.
Réponse du Guichet
gds_se
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 30/10/2014 à 12h11
Bonjour
Commençons par quelques définitions des différents termes que vous proposez :
Hallucination
Expérience perceptive s’accompagnant d’une croyance absolue en la réalité d’un objet pourtant faussement perçu puisque le sujet ne reçoit pas de stimulation sensorielle correspondant à cet objet.
Hystérie
Névrose caractérisée par l’hyperexpressivité des idées, des images et des émotions inconscientes.
Illusion
Phénomène manifestant une discordance entre une expérience perceptive et des propriétés physiques de la stimulation.
Classiquement, les illusions sont décrites comme des erreurs, des perceptions qui ne correspondent pas à la réalité, comme une tromperie de nos sens.
Psychose
Maladie mentale grave atteignant globalement la personnalité du patient et justifiant le plus souvent une prise en charge thérapeutique intensive avec parfois la nécessité d’une hospitalisation contre le gré du patient.
(Source : Dictionnaire fondamental de la psychologie)
Hallucination
Perception éprouvée par une personne ou un groupe sans que soient réunis les conditions objectives pour la réaliser. Cette expérience psychique est en général intense, amenant la personne à se comporter comme si elle ressentait cette perception pourtant impossible.
Psychose
Affection mentale réputée grave, qui atteint la personnalité du malade. […] Toutes les psychoses ont cliniquement en commun l’absence de conscience de la bizarrerie des troubles, les difficultés de communication qui en découlent et le repli sur soi (autisme).
(Source : Dictionnaire critique des termes de psychiatrie et de santé mentale)
Le site Psychologies nous donne une définition de la Psychose collective :
Ensemble pathologique assez disparate, réuni par l'adhésion partagée, dans une population donnée, à un discours ou à des rumeurs délirants, devenus la propre réalité psychique de la population.
Selon J. Delay, la collectivité concernée se comporte comme une cellule nouvelle, unique et cohésive, véritable "personnalité en plusieurs personnes". Chacun des participants contribue au délire commun, dont le thème est généralement la persécution.
Seront seulement citées : les "épidémies" de possession démoniaque ou de délire mystique (ce dernier ayant p. ex. suscité le suicide collectif de Guyana en 1978) ; les hallucinations collectives ; les psychoses de quartier (avec surtout incrimination du comportement de certaines ethnies) ; dans certains cas, les désignations de boucs émissaires et les lynchages (notamment après une catastrophe).
Les prédispositions individuelles, la nature et l'intensité du ou des facteurs déclenchants, la fragilité psychique du groupe en soi, l'identification de chacun à celui-ci et à un chef, agissent de façon très variée dans ces troubles et leur évolution. Quand il est possible, le retour à la vie sociale est habituellement difficile et douloureux.
Hystérie collective
Un autre phénomène fascinant est caractérisé par le déclenchement à grande échelle de comportements extravagants. Ces épisodes continuent encore à ce jour à déconcerter les historiens et les praticiens de la santé mentale. Durant le Moyen Age, ils servaient à appuyer la thèse de la possession. En Europe, des groupes entiers de personnes étaient pris d’une compulsion soudaine et simultanée à se précipiter dans les rues, danser, pousser des cris hystériques, délirer, gesticuler et faire des bonds dans tous les sens comme s’ils étaient en train de participer à ce genre de soirée que nous appelons aujourd’hui rave partie (rave venant de l’anglais : « faire la bringue »), mais sans musique. Ce type de délire collectif était connu sous plusieurs noms dont « la danse de Saint Guy » et la « tarentelle ». Le plus intriguant était que beaucoup de personnes étaient saisies de ces comportements étranges simultanément. Outre la possession, plusieurs explications furent proposées. L’une d’elles désignait les piqûres d’insectes comme sa cause. Une autre possibilité pouvait relever de ce que nous appelons aujourd’hui un épisode d’hystérie collective.
L’hystérie collective pourrait simplement être la manifestation du phénomène de contagion d’une personne à d’autres s’exprimant par la diffusion du vécu émotionnel (Hatfield, Cacioppo & Rapson, 1994). Si quelqu’un dans notre entourage exprime de la frayeur ou de la tristesse, il y a des chances que nous partagions ces mêmes émotions. Dans la mesure ou ce genre de vécu s’intensifie jusqu’à se transformer en panique, une communauté entière peut en être affectée (Barlow, 2002). Les personnes en état de tension émotionnelle intense sont également très suggestives. Ainsi, si quelqu’un identifie une « cause » à son problème, d’autres identifieront leurs propres réactions émotionnelles à la même cause. Dans le langage populaire, cette réaction commune est souvent évoquée sous le nom de psychologie des masses.
(Source : Psychopathologie : une perspective multidimensionnelle / David H. Barlow et V. Mark Durand)
Attention, toutefois à l’utilisation excessive du terme de « psychose collective » dans les médias. Le magazine Cerveau & Psycho consacrait dans son numéro de Janvier-Février 2006, un article à ce phénomène : Grippe aviaire et psychose collective ? :
Cerveau & Psycho : En octobre, les reportages sur la grippe aviaire se sont multipliés et les rumeurs les plus diverses ont circulée. Le public s’est précipité sur les doses d’antiviral Tamiflu, épuisant les stocks en pharmacie. Est-ce un phénomène de psychose collective ?
Bruno Verrechia : Ce terme a été largement galvaudé. Remettons les choses au point. Dans le contexte de la grippe aviaire, nous avons affaire à une angoisse collective à propos de l’arrivée possible du virus en France. Une angoisse partagée par de nombreuses personnes, certes, mais pas une psychose.
Qu’est-ce qu’une psychose ? Il s’agit d’une maladie mentale que le malade est incapable de reconnaître en tant que telle. Une névrose, par opposition, est une maladie que le malade peut identifier et dont il peut avoir conscience. Certaines psychoses donnent lieu à des délires, et c’est ce qui nous intéresse ici. Lorsqu’une personne délire, elle invente une histoire et une vision du monde, le plus souvent déconnectées de la réalité. […]
C&P : Ceci qualifie un délire individuel et donc une psychose individuelle, mais dans quel cas parle-t-on de psychose collective. ?
Bruno Verrechia : Lorsque ce délire personnel commence à être « partagé » par d’autre personnes. Le psychiatre français Henri Legrand du Saulle (1830-1886) a décrit, le premier, une telle forme de « délire partagé », le délire à deux ou trois personnes. Le plus souvent, c’est le conjoint ou un proche de l’individu délirant qui finit par être contaminé par les idées de ce dernier, et les prend à son compte, parfois en le modifiant légèrement, de sorte qu’au bout du compte, l’un et l’autre construisent une vision délirante de la réalité. Puis le délire peut se propager à une tierce personne, un voisin ou un ami. La psychose s’étend : elle devient collective. […]
Dans leur étude de 1877, Lassègue et Falret avaient signalé que trois conditions devaient être réunies pour que la contagion du délire s’installe. Premièrement, que ce délire ait un caractère de vraisemblance (pour prendre l’exemple précédent, il est matériellement possible de placer des micros sur un mur) ; deuxièmement que le délire repose sur des faits passés similaires ( par exemple, les multiples affaires d’écoute de la Maison Blanche), ou troisièmement, que ce délire ait un rapport avec des peurs ou des espoirs concernant l’avenir.
Vous trouverez plus d’informations sur la psychose collective dans l’ouvrage Psychoses collectives et suicides collectifs de Georges Heuyer : les psychoses collectives sont des troubles mentaux au sens le plus général. Elles sont des délires quand les acteurs sont en nombre limité et localisés dans une famille, une maison, un quartier. Sans être délirantes, elles ont un caractère passionnel dans une foule ou un groupement et les acteurs n’ont pas conscience de leur état pathologique.
Vous pourrez également consulter avec profit les ouvrages suivants :
• Les peurs collectives / sous la direction de Sylvain Delouvée, Patrick Rateau et Michel-Louis Rouquette
• La peur et ses miroirs / sous la direction de Michel Viegnes
• Psychologie des foules / Gustave Le Bon
En ce qui concerne les hallucinations collectives, c’est le dictionnaire des sceptiques qui nous en donne une définition :
Une hallucination collective est une hallucination sensitive induite par le pouvoir de suggestion du groupe sur les gens. Cela se produit généralement lors de situations à fort potentiel émotionnel, particulièrement lors d’évènements de dévotion religieuse. L’espoir d’être témoin d’un miracle, combiné avec de longues heures d’attentes, font que certaines personnes voient des choses telles que des statues en pleurs, des icônes flottantes ou des vierge Marie dans le ciel.
Bonne journée
Commençons par quelques définitions des différents termes que vous proposez :
Expérience perceptive s’accompagnant d’une croyance absolue en la réalité d’un objet pourtant faussement perçu puisque le sujet ne reçoit pas de stimulation sensorielle correspondant à cet objet.
Névrose caractérisée par l’hyperexpressivité des idées, des images et des émotions inconscientes.
Phénomène manifestant une discordance entre une expérience perceptive et des propriétés physiques de la stimulation.
Classiquement, les illusions sont décrites comme des erreurs, des perceptions qui ne correspondent pas à la réalité, comme une tromperie de nos sens.
Maladie mentale grave atteignant globalement la personnalité du patient et justifiant le plus souvent une prise en charge thérapeutique intensive avec parfois la nécessité d’une hospitalisation contre le gré du patient.
(Source : Dictionnaire fondamental de la psychologie)
Perception éprouvée par une personne ou un groupe sans que soient réunis les conditions objectives pour la réaliser. Cette expérience psychique est en général intense, amenant la personne à se comporter comme si elle ressentait cette perception pourtant impossible.
Affection mentale réputée grave, qui atteint la personnalité du malade. […] Toutes les psychoses ont cliniquement en commun l’absence de conscience de la bizarrerie des troubles, les difficultés de communication qui en découlent et le repli sur soi (autisme).
(Source : Dictionnaire critique des termes de psychiatrie et de santé mentale)
Le site Psychologies nous donne une définition de la Psychose collective :
Selon J. Delay, la collectivité concernée se comporte comme une cellule nouvelle, unique et cohésive, véritable "personnalité en plusieurs personnes". Chacun des participants contribue au délire commun, dont le thème est généralement la persécution.
Seront seulement citées : les "épidémies" de possession démoniaque ou de délire mystique (ce dernier ayant p. ex. suscité le suicide collectif de Guyana en 1978) ; les hallucinations collectives ; les psychoses de quartier (avec surtout incrimination du comportement de certaines ethnies) ; dans certains cas, les désignations de boucs émissaires et les lynchages (notamment après une catastrophe).
Les prédispositions individuelles, la nature et l'intensité du ou des facteurs déclenchants, la fragilité psychique du groupe en soi, l'identification de chacun à celui-ci et à un chef, agissent de façon très variée dans ces troubles et leur évolution. Quand il est possible, le retour à la vie sociale est habituellement difficile et douloureux.
Un autre phénomène fascinant est caractérisé par le déclenchement à grande échelle de comportements extravagants. Ces épisodes continuent encore à ce jour à déconcerter les historiens et les praticiens de la santé mentale. Durant le Moyen Age, ils servaient à appuyer la thèse de la possession. En Europe, des groupes entiers de personnes étaient pris d’une compulsion soudaine et simultanée à se précipiter dans les rues, danser, pousser des cris hystériques, délirer, gesticuler et faire des bonds dans tous les sens comme s’ils étaient en train de participer à ce genre de soirée que nous appelons aujourd’hui rave partie (rave venant de l’anglais : « faire la bringue »), mais sans musique. Ce type de délire collectif était connu sous plusieurs noms dont « la danse de Saint Guy » et la « tarentelle ». Le plus intriguant était que beaucoup de personnes étaient saisies de ces comportements étranges simultanément. Outre la possession, plusieurs explications furent proposées. L’une d’elles désignait les piqûres d’insectes comme sa cause. Une autre possibilité pouvait relever de ce que nous appelons aujourd’hui un épisode d’hystérie collective.
L’hystérie collective pourrait simplement être la manifestation du phénomène de contagion d’une personne à d’autres s’exprimant par la diffusion du vécu émotionnel (Hatfield, Cacioppo & Rapson, 1994). Si quelqu’un dans notre entourage exprime de la frayeur ou de la tristesse, il y a des chances que nous partagions ces mêmes émotions. Dans la mesure ou ce genre de vécu s’intensifie jusqu’à se transformer en panique, une communauté entière peut en être affectée (Barlow, 2002). Les personnes en état de tension émotionnelle intense sont également très suggestives. Ainsi, si quelqu’un identifie une « cause » à son problème, d’autres identifieront leurs propres réactions émotionnelles à la même cause. Dans le langage populaire, cette réaction commune est souvent évoquée sous le nom de psychologie des masses.
(Source : Psychopathologie : une perspective multidimensionnelle / David H. Barlow et V. Mark Durand)
Attention, toutefois à l’utilisation excessive du terme de « psychose collective » dans les médias. Le magazine Cerveau & Psycho consacrait dans son numéro de Janvier-Février 2006, un article à ce phénomène : Grippe aviaire et psychose collective ? :
Cerveau & Psycho : En octobre, les reportages sur la grippe aviaire se sont multipliés et les rumeurs les plus diverses ont circulée. Le public s’est précipité sur les doses d’antiviral Tamiflu, épuisant les stocks en pharmacie. Est-ce un phénomène de psychose collective ?
Qu’est-ce qu’une psychose ? Il s’agit d’une maladie mentale que le malade est incapable de reconnaître en tant que telle. Une névrose, par opposition, est une maladie que le malade peut identifier et dont il peut avoir conscience. Certaines psychoses donnent lieu à des délires, et c’est ce qui nous intéresse ici. Lorsqu’une personne délire, elle invente une histoire et une vision du monde, le plus souvent déconnectées de la réalité. […]
C&P : Ceci qualifie un délire individuel et donc une psychose individuelle, mais dans quel cas parle-t-on de psychose collective. ?
Dans leur étude de 1877, Lassègue et Falret avaient signalé que trois conditions devaient être réunies pour que la contagion du délire s’installe. Premièrement, que ce délire ait un caractère de vraisemblance (pour prendre l’exemple précédent, il est matériellement possible de placer des micros sur un mur) ; deuxièmement que le délire repose sur des faits passés similaires ( par exemple, les multiples affaires d’écoute de la Maison Blanche), ou troisièmement, que ce délire ait un rapport avec des peurs ou des espoirs concernant l’avenir.
Vous trouverez plus d’informations sur la psychose collective dans l’ouvrage Psychoses collectives et suicides collectifs de Georges Heuyer : les psychoses collectives sont des troubles mentaux au sens le plus général. Elles sont des délires quand les acteurs sont en nombre limité et localisés dans une famille, une maison, un quartier. Sans être délirantes, elles ont un caractère passionnel dans une foule ou un groupement et les acteurs n’ont pas conscience de leur état pathologique.
Vous pourrez également consulter avec profit les ouvrages suivants :
• Les peurs collectives / sous la direction de Sylvain Delouvée, Patrick Rateau et Michel-Louis Rouquette
• La peur et ses miroirs / sous la direction de Michel Viegnes
• Psychologie des foules / Gustave Le Bon
En ce qui concerne les hallucinations collectives, c’est le dictionnaire des sceptiques qui nous en donne une définition :
Une hallucination collective est une hallucination sensitive induite par le pouvoir de suggestion du groupe sur les gens. Cela se produit généralement lors de situations à fort potentiel émotionnel, particulièrement lors d’évènements de dévotion religieuse. L’espoir d’être témoin d’un miracle, combiné avec de longues heures d’attentes, font que certaines personnes voient des choses telles que des statues en pleurs, des icônes flottantes ou des vierge Marie dans le ciel.
Bonne journée
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