Question d'origine :
Bonjour,
Dans le cadre d'un dossier en histoire je cherche des livres sur la période de la préhistoire mais en ce qui concerne la recherche. Comment a évolué la recherche sur la préhistoire et comment se présente t'elle à nos jours ? J'ai trouvé beaucoup de livres sur la préhistoire en cherchant sur internet mais je n'ai rien trouvé de très "sérieux" donc si vous avez des liens je suis preneuse. Merci beaucoup déjà de votre réponse !
Manon.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 28/01/2015 à 13h10
Bonjour,
« Datant de plus d'un siècle, la préhistoire doit en partie à sa jeunesse une progression rapide dans l'évolution de ses méthodes, mais aussi une fructueuse instabilité.
Après avoir longtemps été considérées comme des « pierres de foudre » (céraunies, silex), haches polies et pointes de flèches en pierre dure firent l'objet, au cours de la première moitié du xixe siècle, de recherches et de spéculations, mais les principes philosophiques et religieux alors en vigueur n'ont cédé qu'à grand-peine, vers 1850, devant les preuves de la très grande ancienneté de l'homme, de sa contemporanéité avec les espèces animales fossiles. Restes ostéologiques et silex taillés par l'homme quaternaire furent alors dispersés dans les musées du monde entier pour que tous puissent se rendre compte d'un travail humain réalisé durant l'époque diluvienne.
Le stade suivant marque réellement le début d'une archéologie préhistorique, née en France. Une base chronologique dans laquelle s'inséreraient les différentes époques préhistoriques devenait nécessaire. Elle fut d'abord fondée sur la seule paléontologie (fin du xixe s.), puis sur des ensembles d'outils de pierre ou d'os d'après leur position dans la stratigraphie géologique, dont les grandes subdivisions étaient les glaciations quaternaires. Ce principe n'a pas changé à l'heure actuelle. Parallèlement, les préhistoriens se livraient alors à des comparaisons nombreuses et osées avec les connaissances ethnographiques de l'époque, et l'art préhistorique était enfin universellement reconnu. On doit à cette période du début du xxe siècle les grandes classifications qui servent encore de référence, sans cesser toutefois d'être aménagées et affinées.
Entre les deux guerres mondiales, les fouilles deviennent plus précises, les études d'outillages plus poussées, les données quantitatives se multiplient et l'apport des sciences de la terre et des sciences de la vie en tant que disciplines « utiles » se fait plus efficace.
C'est depuis 1950 que l'étude typologique des outils de pierre a vraiment progressé, d'abord par l'utilisation de listes de types suivant une classification où interfèrent technologie, morphologie, style et fonction, puis par l'application à cet outillage de méthodes statistiques et informatiques. Faisant de plus en plus appel aux disciplines utiles, disposant de moyens sophistiqués (mécaniques, optiques, physiques, chimiques, électroniques), le préhistorien veut maintenant tenter une approche de l'homme préhistorique et de son environnement, juger de ses comportements, estimer les interactions homme-milieu (paléoécologie).
Au stade actuel de l'évolution des concepts théoriques, en préhistoire comme en toute discipline, correspond un état des recherches méthodologiques et épistémologiques. Il s'agit, simultanément, d'une quête de l'homme dans son environnement immédiat (campement de plein air, abri naturel ou aménagé, grotte...) et général (région, grande aire géographique, voire la terre tout entière pour la paléoclimatologie des glaciaires et interglaciaires), et d'une quête de l'homme dans son comportement, ses activités domestiques, ses modes, ses traditions, ses réponses adaptatives, sa culture spirituelle, sa phylogenèse.
La préhistoire moderne est une préhistoire palethnologique dont la connaissance première s'acquiert, aux sites privilégiés que sont les emplacements d'habitats préhistoriques, par la fouille. Toute préhistoire commence par le terrain et continue par le laboratoire. »
Extrait de l’article « Préhistoire-Méthodologie », Jean-Philippe RIGAUD, Jacques TIXIER, Encyclopædia Universalis, consultable en ligne sur les postes de la Bml.
L’ouvrage Inventer la préhistoire, Nathalie Richard (voir sa recension), répond quasi exhaustivement à toutes vos questions.
Ressources en ligne :
Faire l’histoire de la préhistoire, Arnaud Hurel, présente un excellent résumé et les ouvrages essentiels avec leurs résumés (voir menu gauche)
Trois ouvrages sont proposés largement en ligne par Google Livres, sauf certaines pages exclues de la consultation mais vous pouvez aussi les trouver à la Bibliothèque :
Pour une histoire de la Préhistoire, Marc Groenen
La préhistoire, Marcel Otte
Préhistoire : la fabrique de l’homme, François Bon
Plus complexe : La préhistoire en paroles et en actes, Noël Cye
La préhistoire et le CNRS, Françoise Audouze, La revue pour l’histoire du CNRS [En ligne], 8 | 2003
Enfin, cette bibliographie de la BNF : 1859 : naissance de la préhistoire, bibliographie sélective
Bonnes lectures !
« Datant de plus d'un siècle, la préhistoire doit en partie à sa jeunesse une progression rapide dans l'évolution de ses méthodes, mais aussi une fructueuse instabilité.
Après avoir longtemps été considérées comme des « pierres de foudre » (céraunies, silex), haches polies et pointes de flèches en pierre dure firent l'objet, au cours de la première moitié du xixe siècle, de recherches et de spéculations, mais les principes philosophiques et religieux alors en vigueur n'ont cédé qu'à grand-peine, vers 1850, devant les preuves de la très grande ancienneté de l'homme, de sa contemporanéité avec les espèces animales fossiles. Restes ostéologiques et silex taillés par l'homme quaternaire furent alors dispersés dans les musées du monde entier pour que tous puissent se rendre compte d'un travail humain réalisé durant l'époque diluvienne.
Le stade suivant marque réellement le début d'une archéologie préhistorique, née en France. Une base chronologique dans laquelle s'inséreraient les différentes époques préhistoriques devenait nécessaire. Elle fut d'abord fondée sur la seule paléontologie (fin du xixe s.), puis sur des ensembles d'outils de pierre ou d'os d'après leur position dans la stratigraphie géologique, dont les grandes subdivisions étaient les glaciations quaternaires. Ce principe n'a pas changé à l'heure actuelle. Parallèlement, les préhistoriens se livraient alors à des comparaisons nombreuses et osées avec les connaissances ethnographiques de l'époque, et l'art préhistorique était enfin universellement reconnu. On doit à cette période du début du xxe siècle les grandes classifications qui servent encore de référence, sans cesser toutefois d'être aménagées et affinées.
Entre les deux guerres mondiales, les fouilles deviennent plus précises, les études d'outillages plus poussées, les données quantitatives se multiplient et l'apport des sciences de la terre et des sciences de la vie en tant que disciplines « utiles » se fait plus efficace.
C'est depuis 1950 que l'étude typologique des outils de pierre a vraiment progressé, d'abord par l'utilisation de listes de types suivant une classification où interfèrent technologie, morphologie, style et fonction, puis par l'application à cet outillage de méthodes statistiques et informatiques. Faisant de plus en plus appel aux disciplines utiles, disposant de moyens sophistiqués (mécaniques, optiques, physiques, chimiques, électroniques), le préhistorien veut maintenant tenter une approche de l'homme préhistorique et de son environnement, juger de ses comportements, estimer les interactions homme-milieu (paléoécologie).
Au stade actuel de l'évolution des concepts théoriques, en préhistoire comme en toute discipline, correspond un état des recherches méthodologiques et épistémologiques. Il s'agit, simultanément, d'une quête de l'homme dans son environnement immédiat (campement de plein air, abri naturel ou aménagé, grotte...) et général (région, grande aire géographique, voire la terre tout entière pour la paléoclimatologie des glaciaires et interglaciaires), et d'une quête de l'homme dans son comportement, ses activités domestiques, ses modes, ses traditions, ses réponses adaptatives, sa culture spirituelle, sa phylogenèse.
La préhistoire moderne est une préhistoire palethnologique dont la connaissance première s'acquiert, aux sites privilégiés que sont les emplacements d'habitats préhistoriques, par la fouille. Toute préhistoire commence par le terrain et continue par le laboratoire. »
Extrait de l’article « Préhistoire-Méthodologie », Jean-Philippe RIGAUD, Jacques TIXIER, Encyclopædia Universalis, consultable en ligne sur les postes de la Bml.
L’ouvrage Inventer la préhistoire, Nathalie Richard (voir sa recension), répond quasi exhaustivement à toutes vos questions.
Ressources en ligne :
Faire l’histoire de la préhistoire, Arnaud Hurel, présente un excellent résumé et les ouvrages essentiels avec leurs résumés (voir menu gauche)
Trois ouvrages sont proposés largement en ligne par Google Livres, sauf certaines pages exclues de la consultation mais vous pouvez aussi les trouver à la Bibliothèque :
Pour une histoire de la Préhistoire, Marc Groenen
La préhistoire, Marcel Otte
Préhistoire : la fabrique de l’homme, François Bon
Plus complexe : La préhistoire en paroles et en actes, Noël Cye
La préhistoire et le CNRS, Françoise Audouze, La revue pour l’histoire du CNRS [En ligne], 8 | 2003
Enfin, cette bibliographie de la BNF : 1859 : naissance de la préhistoire, bibliographie sélective
Bonnes lectures !
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