christophe plantin et sebastien gryphe
LYON, MÉTROPOLE ET RÉGION
+ DE 2 ANS
Le 27/01/2015 à 23h04
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Question d'origine :
Bonjour !!
Voici mes questions concernant l'imprimeur anversois C. Plantin à la vie assez mystérieuse.
Sait-on pourquoi le père de C. Plantin qui habitait dans les environs de Tours est venu à Lyon après le décès de sa femme? (famille ? frère? ...)
A quel âge Christophe Plantin a-t- il quitté Lyon ?
Aurait-t-il pu avoir un fils qu'il aurait laissé à Lyon?
Les deux imprimeurs, C. Plantin et S. Gryphe, ont-ils été en contact à Lyon ou ont - ils correspondu par la suite ?
C. Plantin est - il revenu à Lyon après son départ avec son père ?
Par avance : merci!§
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 30/01/2015 à 13h25
Bonjour,
Votre question comportant cinq questions en une, et de surcroît, tout à fait précises, avouons qu'il était difficile de vous répondre en 72h. Si vous le pouvez, merci de davantage nous épargner...
Il n’existe effectivement pas de biographie sur Christophe Plantin. Ceci expliquerait-il le mystère qui entoure encore ce personnage ? Les imprimeurs, notamment à cette période, étaient des personnalités qui circulaient, correspondaient, influençaient. Comme tous les personnages historiques, des zones d’ombre existent, car tout n’est pas consigné dans des documents.
A la lecture du très intéressant ouvrage Christophe Plantin : architypographe du roy, on ne peut par exemple pas retrouver les informations que vous recherchez.
Le service de documentation du Musée de l'Imprimerie et de la communication grpahique, que nous remercions vivement ici, a bien voulu nous aider dans le temps imparti. Le musée a en effet attiré notre attention sur l’une des lettres publiées dans la Correspondance de Christophe Plantin, (publiée par M. J. Denucé, conservateur du Musée Plantin-Moretus de l’époque).
"[…] Or ce n’est pas tout, car il a fallu que je luy aye recité, de point en point, la cause de nostre fraternité et si grande amytié, et comme nous avons estés nourris ensemble dès la grande jeunesse. Je luy ay récité comme feu vostre père avoit servy aux escolles un mien oncle qui s’appelloit Claude Porret, lequel a despuys esté obéancier de St Just de Lion, avec l’aide d’une sienne seur, qui estoit mariée à Chapelles, païs de Forês, à un nommé Anthoine Puppier.
[…] C’est celluy que vous avés servi à Paris et Orléans, lorsque feu vostre père vous amena chez ledcit obédiencier, fuiant la peste quand tous mouroient en vostre maison. Vous estiés bien jeune et n’aviés aulcune cognoissance de jamays avoyr veu vostre mère. Nous feusmes deux ou troys ans ensemble chez mondict oncle, avant que monsieur le docteur Pierre Puppier allast à Orléans ou en ceste ville, et, pour aultant que feu vostre père, qui governoit entièrement la maison, me donoit tousjours des friandises et qu’il m’apelloit son fils, je l’appelloys mon père comme vous.
[…] Mais il s’en alla sans vous, ce que voyant, vous vous en allastes à Caen servir un libraire, et puys, quelques ans après, vous vous mariastes audict lieu et moy je me mys aprentif appotiquère. Puis vous amenastes vostre mesnage en ceste ville, où nous avons toujours estés ensemble, et en l’an 1548 ou 49 vous allastes à Anvers, où vous estes encores.
[…] J’ay esté despuys quqlues moys à Lion où vis je vostre cousin Jacques Plantin, fort vieux […]"
Comme toujours, les documents historiques doivent se prêter à la critique, en tant que source de l’histoire. Dans la revue Bibliothèque d'Humanisme et Renaissance (1956), un article « Sur le séjour à Lyon de Christophe Plantin », on trouve les commentaires précis de V. L. Saulnier sur la lettre de Pierre Porret, mis en relation avec les autres sources d’archives et les travaux d’historiens du clergé.
" Etant donné les habitudes du XVIème siècle, et le fait que Pierre Porret évoque des souvenirs anciens et plusieurs événements connus de lui par ouï-dire, des variantes de (de prénom) ou des erreurs dans son texte n’ont d’ailleurs rien de particulièrement étonnant.
Le chanoine protecteur de Plantin, et que Pierre Porret prénomme Claude, semble bien ne faire qu’un avec l’Antoine Porret de notre deuxième généalogie. Il semble être né vers 1465, et être mort en 1548. Rien, dans sa carrière, ne nous permet de préciser les dates du séjour de Plantin à Lyon.
En revanche, Porret nous dit que le père de Plantin (qui à Orléans et Paris « gouvernait entièrement la maison » de Pierre Pupier) rentre à Lyon (laissant son fils à Paris) quand Pupier obtient un canonicat. « Après que son maistre fust chanoyne, il se retira à Lion. » Or nous avons vu que Pierre Pupier est installé chanoine en 1534. C’est donc à cette date qu’il regagne Lyon, et apparemment le père de Plantin l’accompagne.
Le séjour de Pierre Pupier et des Plantin à Orléans et à Paris doit donc se placer environ 1530-1534. Dès lors les « deux ou trois » années lyonnaises de Christophe Plantin devraient trouver place autour de 1530. Puis Orléans. Puis Paris : où il demeure après le départ de Pupier et de son père. Et Caen ensuite (vers 1540 ?)
[…]
Le père de Plantin revint à Lyon en 1534. On ne sait pas trop ce qu’il devint ensuite. Mais, à ce qu’il paraît c’est à Lyon, qu’il mourut et fut inhumé, avant 1562 […] "
Voici donc comment nous pourrions formuler des réponses à vos questions, en nous appuyant également sur ce que le Musée de l'Imprimerie et de la Communication graphique nous a communiqué :
Sait-on pourquoi le père de C. Plantin qui habitait dans les environs de Tours est venu à Lyon après le décès de sa femme? (famille ? frère? ...)
Christophe Plantin, jeune, et son père furent contraint de quitter Saint-Aventin à proximité de Tours pour échapper à la peste.
> lorsque feu vostre père vous amena chez ledcit obédiencier, fuiant la peste quand tous mouroient en vostre maison.
> Je luy ay récité comme feu vostre père avoit servy aux escolles un mien oncle qui s’appelloit Claude Porret
Claude ou Antoine Porret (les prénoms de naissance et d’usage pouvaient être différents à l’époque), chanoine, est le protecteur du père de Christophe Plantin. C’est lui qui fait ce lien entre Saint-Aventin et Lyon.
A quel âge Christophe Plantin a-t-il quitté Lyon ?
Nous n’avons pas de date exacte relative à cette période mais selon Saulnier il serait resté 2 ou 3 ans à Lyon aux alentours de 1530 avant de suivre son père à Orléans. Le manque de données exactes concernant cette période vient du fait que la lettre écrite par son ami Pierre Porret en mars 1567 donne ces renseignements s’avère être la seule source à ce sujet, aussi évasive soit elle.
L’article de wikipedia que vous avez pu lire mentionne un retour à Lyon, mais le Musée de l’Imprimerie et de la communication graphique comme nous-mêmes n’avons trouvé de document mentionnant un retour à Lyon.
Au contraire, on lit dans Chritophe Plantin's childhood at Saint Just de Natalie Zemon Davis :
“Christophe Plantin had, of course, many business dealings with printers and booksellers of Lyons, but he never returned there.”
Le Musée de l’Imprimerie nous a apporté les informations suivantes : Plantin serait arrivé à Paris vers 1545 et son premier enfant, une fille, naquît en 1547. Il quitte alors la capitale et la France pour Anvers en 1548.
Après le départ de Christophe et la mort de son père et d'après la lettre de Pierre Porret, il reste à Lyon le cousin de Christophe (Jacques Plantin). Rien ne nous permet de dire si cette personne a eu une descendance ou non. Jacques Plantin était-il déjà à Lyon et a-t-il ainsi contribué à faire venir le père de Christophe Plantin à Lyon ?
> J’ay esté despuys quelques moys à Lion où vis je vostre cousin Jacques Plantin, fort vieux
Dans la correspondance se trouve une seule lettre de Christophe Plantin à Antoine Griphius, le 22 novembre 1575. Il est question d’édition du Thesaurus linguae sanctae de Pagnini, les deux imprimeurs semblent en désaccord.
Si toutefois dans vos questions résidait la supposition sous-jacente d’une descendance de Christophe Plantin et de l’éventuel lien avec votre nom de famille, nous préférons inverser la méthode.
En faisant des recherches généalogiques, on peut trouver d’illustres ancêtres ; mais il convient la plupart du temps de remonter le temps ou du moins de s'appuyer sur des actes d'état civil.
Il faut dépouiller les registres d’état civil et paroissiaux, travail de longue haleine qui force l’humilité, mais tout à fait captivant.
Enfin, nous vous signalons l’institution Musée Plantin-Moretus, très certainement le lieu qui concentre le plus d’informations au sujet de cette personne.
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