Question d'origine :
Bonjour,
J'aimerais savoir si le raisonnement suivant est exact :
"Les jus de légumes fraichement pressés ont une action anti-cancer, car ils contiennent de nombreux sels minéraux, lesquels ont un ph basique, et l'on sait que les cellules cancéreuses ne peuvent pas survivre en milieu basique."
Merci pour votre réponse.
Réponse du Guichet
bml_san
- Département : Médiathèque du Bachut Santé
Le 11/02/2015 à 14h05
Bonjour,
Votre question nous rappelle étrangement celle qui portait sur la fiabilité des informations du site de Thierry Casasnovas et de ses cures de jus de légumes crus. Ce dernier n’a pour l’instant pas très bonne presse, un article de rue 89 met en avant sa « très juteuse générosité». Cependant, votre question rejoint des allégations santé reprise sur le forum de son site « Quand il y a cancer, le corps est en acidose massive, et les chimio successives ont accentué ce phénomène, il semble donc important de veiller à supprimer toute source d'acidité supplémentaire (dans ce qu'on mange et ce qu'on "se mange", au quotidien, c'est à dire notre mode de vie) et au contraire augmenter les apports alcalins : soleil, massages, repos, relations paisibles avec les autres, et une alimentation riche en éléments alcalins, jus de légumes, fruits à la croque, salade et légumes crus, tout ce qui participe au calme, au contact, est bienvenu. »
Nous n’avons cependant trouvé aucune corrélation entre l’équilibre acido-basique et rémission du cancer. Par contre, nous avons trouvé plusieurs médecins, comme le Docteur Michel Lallement ou le docteur Servan-Schreiber, qui portent un regard attentif et éclairé sur la relation entre le type d’aliments ingérés et le bien-être procuré au corps malade. Effectivement, bien manger quand on est malade est très important (malgré l’absence d’appétit bien souvent). Et boire du jus de légumes n’est pas nocif, bien au contraire, il apporte des nutriments, des fibres et des bonnes choses qui peuvent aider le corps à se défendre contre la maladie. Mais, ça ne peut pas être un unique remède absolu. Il peut être complémentaire à un traitement médical préconisé par un professionnel. D’ailleurs, dans les cas de cancer du côlon, des régimes particuliers peuvent être mis en place pour faciliter la rémission. D'un autre côté, une résistance de certains professionnels face aux apports d’une bonne nutrition dans les avancées face au cancer est soulignée par le docteur Servan-Schreiber. En effet, difficile de s’éloigner de la prise en charge uniquement médicamenteuse pour certains médecins.
Informations tirées de :
- Les clés de l'alimentation-santé : intolérances alimentaires et inflammation chronique : cancer, Alzheimer, fibromyalgie, fatigue chronique, ostéoporose, dépression, arthrose, obésité... / Michel Lallement
- Anticancer : les gestes quotidiens pour la santé du corps et de l'esprit / David Servan-Schreiber
Par ailleurs, voici des recommandations validées sur les bienfaits de la consommation de fruits et légumes lorsqu’on a un cancer de la Société canadienne du cancer, et Comment s’alimenter lorsqu’on suit un traitement anti-cancer ? de la Ligue contre le cancer
D'autre part, l'INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale), précise :
« Fruits et légumes
Une consommation régulière de légumes et de fruits diminue le risque de cancer de la bouche, du pharynx, du larynx, de l’œsophage, de l’estomac et du poumon (pour les fruits seulement). Leur effet protecteur serait associé à leur teneur en divers nutriments et constituants tels que les fibres, capables d’agir sur des mécanismes potentiellement protecteurs contre le cancer. Une alimentation riche en fibres (céréales complètes, fruits, légumes, légumineuses) semble par exemple associée à un moindre risque de cancer colorectal. En France, 57 % des adultes consomment insuffisamment de fruits et légumes (moins de 5 portions par jour) et 35 % sont de petits consommateurs (moins de 3,5 portions par jour). »
Concernant l’équilibre acido-basique, on trouve dans le livre du docteur Lallement, les précisions suivantes :
« L’équilibre acide-base au quotidien
Le caractère acide ou basique d’une substance se définit et se mesure grâce au potentiel hydrogène, ou Ph. Il dépend de la concentration en ions H+, et varie de 1 (acidité maximale) à 14 (basicité ou alcalinité maximale). Le Ph neutre est égal à 7.
Il est facile d’estimer le niveau d’acidité de notre organisme par la mesure (avec un simple rouleau de papier ph, disponible dans toutes les pharmacies), de notre ph urinaire. Des mesures répétées sur plusieurs jours sont nécessaires. Un ph trop acide (inférieur à 7) doit conduire à une alcalinisation, un ph trop alcalin, beaucoup plus rare, peut nécessiter une acidification.
L’équilibre acido-basique de notre organisme dépend essentiellement de deux grandes fonctions :
- la respiration : par l’intermédiaire du gaz carbonique, précurseur des ions bicarbonate. Une respiration rapide et superficielle est responsable d’une acidification des tissus, une respiration lente et profonde permet de corriger cette acidose.
- L’alimentation :
o Il existe des aliments responsables d’une acidification du milieu intestinal : tous les corps gras (composés d’acides gras), la plupart des protéines animales (composées d’acides aminés), le sucre et les céréales raffinées, tous les sodas et eaux gazeuses.
o D’’autres aliments sont alcalinisants : la quasi-totalité des fruits et légumes, crus ou cuits (à l’exception des tomates et des fruits rouges), toutes les épices et les herbes aromatiques : fenouil, anis, cumin…
Un milieu intérieur acide se manifeste la plupart des symptômes du questionnaire MSQ, dont ils sont en partie responsables : fatigue, fragilité des muqueuses…
Au stade de maladie chronique inflammatoire déclarée, l’acidose est systématique ; elle doit être combattue sans relâche par des exercices respiratoires et des aliments adaptés.
Causes de l’hyper-perméabilité intestinale :
- la mauvaise assimilation de certains aliments par le tube digestifs (des enzymes pas assez adaptées)
- une porosité intestinale dûe à l’alcool, médicaments, chimiothérapies, métaux lourds, stress
- l’importance de la flore intestinale : les bactéries sont nos amies ! de nos jours, ces déséquilibres de la flore seraient soit constitutionnels (on parle alors de dysbiose), soit favorisés par une alimentation trop sucrée ou trop riche en viandes, un traitement antibiotique ou des médicaments anti-acides gastriques (l’acidité de l’estomac étant une barrière naturelle contre la colonisation intestinale par les germes ingérés avec les aliments)
il est nécessaire de lutter contre l’acidité intestinale (source de candidoses), en consommant beaucoup de légumes cuits, des salades, des plantes et épices douces (cumin, anis, fenouil…), en évitant de manger trop sucré et en mâchant consciencieusement : la salive possède un ph basique, et elle prépare la digestion. »
Cordialement,
L’équipe Cap’Culture Santé.
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