Question d'origine :
Actuellement, toute la littérature sur les huiles essentielles développe les propriétés de celles-ci en regard des composés chimiques extraits.
Cependant, on peut expliquer certaines propriétés curatives par la raison d'être de l'huile essentielle dans la plante. Par exemple les H.E. de pins et sapins ont une action différente de celles des Eucalyptus dans le traitement des affections bronchiques. Si l'on regarde la "façon de vivre" de ces végétaux, on comprend la réponse diversifiée que nous avons dans le traitement de ces affections.
Connaissez vous des études ou des publications traitant de ce sujet ?
Merci pour votre aide
Pierre NINGRE
Réponse du Guichet
bml_sci
- Département : Sciences et Techniques
Le 24/04/2015 à 14h18
Bonjour,
La nécessité d'une connaissance approfondie des constituants chimiques des huiles essentielles est fondamentale pour un thérapeute.
Le Chémotype ou la Race chimique est une forme de classification chimique, biologique et botanique désignant la molécule majoritairement présente dans une huile essentielle.
Cette classification dépend des facteurs liés directement aux conditions de vie spécifiques de la plante à savoir le pays, le climat, le sol, l'exposition des végétaux, les facteurs phytosociologiques et la période de récolte qui peuvent influencer la composition de l'huile essentielle.
On parle d'une HUILE ESSENTIELLE CHEMOTYPEE "H.E.C.T".
La composition chimique d’une Huile Essentielle est complexe et chaque classe chimique est étroitement liée à une réponse thérapeutique précise.
Les composés aromatiques ne sont cependant pas immuables pour une même plante aromatique. Afin de différencier, dans une même espèce, cette variation chimique, on utilise le terme de : Chémotype ou Chimiotype.
La mise en évidence du chémotype s'explique par le fait qu'une même plante aromatique, botaniquement définie, synthétise une essence qui sera biochimiquement différente en fonction du biotope dans lequel elle se développera. Ainsi la nature du sol, l'altitude, le soleil, les conditions climatiques jusqu'aux populations avoisinantes sont autant d'éléments qui influenceront l'essence fabriquée par la plante. Une plante aromatique fournira des huiles essentielles totalement différentes en fonction de son lieu de récolte ou d'origine.
Le chémotype est dû aux conditions d'existence de la plante. Botaniquement il s'agit de la même plante, mais chimiquement tout se passe comme si elles étaient différentes.
La différenciation botanique ne peut pas toujours être réalisée visuellement, aussi des techniques analytiques complémentaires sont nécessaires.
En effet, la plante se prêtant le mieux à l'explicitation de la notion de chémotype est assurément le Thymus vulgaris, une des cinquante espèces de thym prospérant autour du Bassin Méditerranéen :
- cueilli dans la région de Saint-Tropez, ce thym vulgaire dégage, lorsqu'il est froissé, une odeur forte et phénolée caractéristique
- récolté en arrière-pays, il garde cette même odeur mais avec des nuances qui la rapproche de celle de la sarriette, le pèbre d'ail des provençaux
- en Haute-Provence par contre, sa fragrance est totalement différente ; elle est devenue douce et suave et rappelle celle de la lavande vraie, voire même, dans certaines zones très localisées, celle du géranium rosat
- en Haut-Languedoc, le thym dégage une odeur encore différente rappelant celle de la marjolaine des jardins, et dans quelques endroits des Corbières, son parfum épicé évoque le poivre
- en Espagne, dans certaines régions, il imite la senteur de l'eucalyptus officinal, et dans d'autres celle de la verveine citronnée.
Dans tous les cas, il s'agit bien de la même plante, les fleurs et les feuilles sont identiques, mais tout se passe comme s'il s'agissait, au plan aromatologique, de plantes différentes tant au plan olfactif que chimique.
Toutes les huiles essentielles distribuées dans le réseau officinal, sont analysées et chémotypées par des laboratoires spécialisés et qui délivrent ensuite un certificat d'analyse. Ce dernier doit pouvoir être consultable pour une transparence optimale entre le distributeur (pharmacien) et le client (patient).
Pour aller plus loin, vous pouvez consulter les documents suivants :
- Plantes aromatiques, par Eberhard Teuscher.
Notamment le chapitre 2 : Quelques constituants caractéristiques des plantes aromatiques : paramètres importants influençant leur composition qualitative et quantitative.
- L'Aromathérapie exactement, par Pierre Franchomme.
Un chapitre est consacré aux chémotypes.
- La connaissance des huiles essentielles : qualitologie et aromathérapie, par Jacques Kaloustian.
- Prescription et conseil en aromathérapie, par Jean Raynaud.
- Manuel pratique d'aromathérapie au quotidien, par Patrice de Bonneval.
Vous pouvez également consulter en ligne :
- Les huiles essentielles à l'officine, par Laurent Duval (Thèse pour l'obtention du diplôme d'Etat de Docteur en Pharmacie)
Résumé : Les huiles essentielles sont encadrées par autant de législations que d'utilisations possibles : produits chimiques, cosmétiques, spécialités pharmaceutiques, préparations et compléments alimentaires. Elles doivent répondre à de nombreux critères de qualité que ce soit au niveau de la dénomination botanique, de la méthode d'extraction et de la conservation. Tous ces critères de qualité sont contrôlés par des méthodes bien réglementées. Le respect de la qualité à l'officine est assuré par le pharmacien. Il doit pour cela s'appuyer sur la pharmacopée, la législation en cours et s'approvisionner chez des fournisseurs respectant des cahiers des charges stricts. Les huiles essentielles peuvent être administrées par les différentes voies classiques (sauf oculaire). Elles ne doivent pas être utilisées sans précautions, eu égard aux nombreuses toxicités qui ont pu leur être imputées.
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