Question d'origine :
Bonjour, j'ai pu voir dans le catalogue de la BML l'Atlas de la Création, de Harun Yahya, qui avait fait parler de lui dans les bibliothèques françaises en 2008. Je voulais savoir les raisons pour lesquelles la BML a conservé ce don, même si par prudence apparemment, il a été mis au silo et disponible uniquement en consultation sur place.
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 02/07/2015 à 13h35
Bonjour,
Les bibliothécaires lyonnais ont décidé de garder cet ouvrage pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, rappelons que cet ouvrage n'a pas été frappé d'interdiction. Les bibliothèques sont par ailleurs tenues de veiller à une bonne représentation de l'ensemble des pensées. La Charte des bibliothèques préconise en effet le pluralisme en bibliothèque :
Article 7 :
"Les collections des bibliothèques des collectivités publiques doivent être représentatives, chacune à son niveau ou dans sa spécialité, de l’ensemble des connaissances, des courants d’opinion et des productions éditoriales. Elles doivent répondre aux intérêts de tous les membres de la collectivité à desservir et de tous les courants d’opinion, dans le respect de la Constitution et des lois."
Comme vous l'avez dit vous même, cette opération marketing de l'éditeur ayant créé l'évènement, les bibliothécaires ont estimé utile d'en garder une trace.
Pour finir, il peut être utile de conserver ce type de documents afin de les confronter à la critique.
Voici un extrait du Carnet de notes de Bertrand Calenge à propos de la censure :
Les titres ne sont pas bons ou mauvais, ils ne doivent pas être considérés comme immanents, mais transformés par leur appropriation collective. Transformés parce qu’offerts à la critique, au débat, à la digression, à la digestion ! Même si, pour la préservation du bien commun, nous demandons quand même à nos lecteurs ce que demandait Léonce Bourliaguet « Ne crayonnez pas dans les marges d’un livre les bêtises que l’auteur a oubliées dans le texte ».
La fonction bibliothécaire est de provoquer ces relectures critiques et transformatives. Gabriel Naudé le demandait déjà : « ne point négliger toutes les œuvres des principaux hérésiarques ou fauteurs de religions nouvelles et différentes de la nostre plus commune et révérée ».
Et de façon plus contemporaine, je salue cette collègue qui recevant comme nous tous « l’Atlas de la création », célèbre volume créationniste largement distribué aux bibliothèques dans un souci de prosélytisme, n’a pas condamné l’ouvrage à l’oubli de la poubelle, mais a entrepris de s’en servir pour provoquer débats, confrontations à d’autres textes, etc. !
source : Carnet de notes de Bertrand Calenge
Pour en savoir plus, quelques lectures :
- Bibliothèques et pluralisme / Catherine Muller. Bulletin des bibliothèques de France, n° 3, 1998
- Une république documentaire dont vous pourrez consulter le sommaire sur le site de la BPI.
- Une approche du livre litigieux en bibliothèque : le cas des pamphlets de Louis-Ferdinand Céline
- Question/Réponse de l'ENSSIB : Suite à plusieurs demandes récentes de prêt de "Mon Combat" de Hitler. J'aimerais connaître la législation concernant cet ouvrage.
Bonne journée.
Les bibliothécaires lyonnais ont décidé de garder cet ouvrage pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, rappelons que cet ouvrage n'a pas été frappé d'interdiction. Les bibliothèques sont par ailleurs tenues de veiller à une bonne représentation de l'ensemble des pensées. La Charte des bibliothèques préconise en effet le pluralisme en bibliothèque :
"Les collections des bibliothèques des collectivités publiques doivent être représentatives, chacune à son niveau ou dans sa spécialité, de l’ensemble des connaissances, des courants d’opinion et des productions éditoriales. Elles doivent répondre aux intérêts de tous les membres de la collectivité à desservir et de tous les courants d’opinion, dans le respect de la Constitution et des lois."
Comme vous l'avez dit vous même, cette opération marketing de l'éditeur ayant créé l'évènement, les bibliothécaires ont estimé utile d'en garder une trace.
Pour finir, il peut être utile de conserver ce type de documents afin de les confronter à la critique.
Voici un extrait du Carnet de notes de Bertrand Calenge à propos de la censure :
Les titres ne sont pas bons ou mauvais, ils ne doivent pas être considérés comme immanents, mais transformés par leur appropriation collective. Transformés parce qu’offerts à la critique, au débat, à la digression, à la digestion ! Même si, pour la préservation du bien commun, nous demandons quand même à nos lecteurs ce que demandait Léonce Bourliaguet « Ne crayonnez pas dans les marges d’un livre les bêtises que l’auteur a oubliées dans le texte ».
La fonction bibliothécaire est de provoquer ces relectures critiques et transformatives. Gabriel Naudé le demandait déjà : « ne point négliger toutes les œuvres des principaux hérésiarques ou fauteurs de religions nouvelles et différentes de la nostre plus commune et révérée ».
Et de façon plus contemporaine, je salue cette collègue qui recevant comme nous tous « l’Atlas de la création », célèbre volume créationniste largement distribué aux bibliothèques dans un souci de prosélytisme, n’a pas condamné l’ouvrage à l’oubli de la poubelle, mais a entrepris de s’en servir pour provoquer débats, confrontations à d’autres textes, etc. !
source : Carnet de notes de Bertrand Calenge
Pour en savoir plus, quelques lectures :
- Bibliothèques et pluralisme / Catherine Muller. Bulletin des bibliothèques de France, n° 3, 1998
- Une république documentaire dont vous pourrez consulter le sommaire sur le site de la BPI.
- Une approche du livre litigieux en bibliothèque : le cas des pamphlets de Louis-Ferdinand Céline
- Question/Réponse de l'ENSSIB : Suite à plusieurs demandes récentes de prêt de "Mon Combat" de Hitler. J'aimerais connaître la législation concernant cet ouvrage.
Bonne journée.
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