Question d'origine :
Bonjour,
Je cherche à savoir quels droits les femmes avaient dans l'Entre-deux guerres sur la question de la finance :
- pouvaient-elles gérer des sociétés ?
- les femmes mariées avaient-elles les mêmes droits que leurs maris d'ouvrir des comptes, de spéculer, d'épargner, de participer à des entreprises, d'acheter des actions ?
- les femmes non mariées avaient-elles davantage ou moins de droits que les femmes mariées ?
- pouvaient-elles par exemple reprendre une entreprise familiale avec les mêmes droits que les hommes ?
Je vous remercie mille fois de votre aide
Bien cordialement
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 07/07/2015 à 12h32
Quels droits les femmes avaient dans l'Entre-deux guerres sur la question de la finance (gestion des sociétés, ouverture de comptes en banque, reprise d’une entreprise familiale…) ?
Nous vous renvoyons au chapitre intitulé « Entre-deux-guerres. Les rôles féminins en France et en Angleterre », écrit par Anne-Marie Sohn , dans Histoire des femmes en Occident. T 05. Le XXe siècle, éd. sous la dir. de Georges Duby, Michelle Perrot, Françoise Thébaud .
Notamment p 109 :
Les commentateurs ont longtemps souligné en France le caractère sexiste du Code civil qui fait de la femme mariée une mineure et ne conçoit les femmes qu’en fonction d’une tutelle masculine, celle du père ou de l’époux. Un premier toilettage avait cependant été effectué avant 1914, mais la France restait en retard sur l’Angleterre. Ainsi, ce n’est qu’en 1907 que la femme dispose librement de son salaire alors qu’une mesure analogue a été prise dès 1870 outre-Manche. Dans l’entre-deux-guerres, le statut civil des femmes est remanié dans les deux pays et de façon similaire, afin de légaliser une émancipation entrée dans les mœurs.
C’est ainsi qu’en France, une femme peut désormais adhérer à un syndicat sans l’autorisation de son époux (1920), conserver sa nationalité en cas de mariage avec un étranger ‘ 1927). Les droits de la veuve dans la succession de son mari sont renforcés face à la parentèle, soulignant l’importance croissante du couple face à la lignée. Mais surtout la loi du 18 février 1938 supprime l’incapacité civile de la femme mariée, abrogeant de fait l’article 215 et la puissance maritale. La femme mariée peut dès lors ester, contracter, ouvrir un compte, poursuivre des études et passer un examen, demander un passeport sans en référer à son époux. Toutefois, ce dernier reste le chef de famille, fixe, comme tel le domicile conjugal, peut interdire à sa femme l’exercice d’un métier, mais elle peut faire appel de ces décisions auprès des tribunaux. Enfin, il exerce seul l’autorité parentale, limitée cependant, par la déchéance paternelle et le délit d’abandon de famille(1924) qui sanctionne le non-paiement de pension en cas de divorce. Ces réaménagements importants sur le plan du droit ont eu un impact concret pour les bourgeoises, les classes populaires ayant toujours ignoré ces préceptes du Code.»
Pour en savoir plus :
Des chronologies des droits des femmes plus ou moins détaillées :
- Genrimages,
- Education féministe,
En ce qui concerne plus précisément les domaines économie/banque/entreprise, vous pouvez vous reporter à :…
- Histoire des femmes et de la banque,
- Le rôle des veuves-entrepreneures dans les entreprises familiales, Paulette Robic, Maître de conférences en sciences de gestion,LEMNA, IEM de Nantes, IAE, Université de Nantes
- Femmes, dots et patrimoines, Clio n° 7, 1998/1 ,
- Veuves et veuvages de la première guerre mondiale. Lyon (1914-1924), Bette Peggy, Vingtième Siècle. Revue d'histoire 2/2008 (n° 98) , p. 191-202
- Femmes, genre et guerre. La guerre de 14 a-t-elle émancipé les femmes ? Michelle Zancarini-Fournel, Peggy Bette, le 16 décembre 2014. Une conférence filmée à la bibliothèque municipale de Lyon.
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