guy edern de la fontenelle
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 07/07/2015 à 09h25
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Question d'origine :
qui était-il ?, merci !!!
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 07/07/2015 à 11h48
Bonjour,
Voici une courte biographie du « loup » de La Fontenelle, disponible sur le portail du Finistère sud :
Guy de La Fontenelle
Ce brigand se caractérise tout d'abord par sa noblesse : de son vrai nom Guy Eder de Beaumanoir de la Haye n'aura pas vécu plus d'une trentaine d'années, entre 1572-1573 et 1602. En dépit du manque de source exacte sur son lieu de naissance, La Fontenelle est certainement né dans les Côtes d'Armor. Très jeune, il profite de la confusion qu'engendrent les Guerres de la Ligue pour commencer son parcours de pilleur, de voleur, de violeur et de meurtrier. (Les Guerres de la Ligue ? Ce sont des guerres civiles et de religion entre les partisans de "la Ligue", une branche du catholicisme, et les autres, partisans du protestantisme, qui se composent de huit conflits majeurs ayant ravagé le royaume de France dans la seconde moitié du XVIème siècle.)
Prenant tantôt le parti des catholiques, tantôt celui des protestants, et plus tard celui même des Espagnols, les lignes de conduite religieuse ou patriotique n'ont d'égal, chez La Fontenelle, que l'appât du pouvoir ou de l'argent.
Sa façon de procéder aura fonctionné toute sa vie : du Trégor à ses débuts jusque dans les Montagnes Noires ou en Cornouaille, il fédère autour de lui de plus en plus de brigands locaux, de pauvres perdus assoiffés d'argent et de femmes, de rapineurs ou même, à de multiples reprises, de seigneurs en quête de pouvoir. Il s'installe, par la ruse ou la force, dans quelque manoir, château ou église et de là, pille, vole, viole, fait prisonnier contre rançon, tue ou massacre tout opposant, qu'il ait eu le temps ou non de dire un mot ...
Dans ce contexte de guerre civile, de manque d'autorité de l'Etat et de pauvreté, c'est à de véritables pillages que se livre la troupe de La Fontenelle : Tréguier, Pontrieux, Lannion, Callac, Morlaix, Châteauneuf-du-Faou en 1590.
Dès 1592, il s'attaque aux Montagnes Noires depuis son repaire en forêt de Laz, puis au château de Laz, au Sud de Châteauneuf. Des récits d'époque retranscrivent la peur que ses troupes suscitent chez les paysans, qui préférent tout quitter et aller vivre dans la forêt parmi les loups plutôt que d'être soumis à ce tyran. A Collorec, un peu plus au Nord, 800 paysans sont massacrés. Un peu plus tard, à la suite d'une attaque contre eux, les troupes de La Fontenelle menacent et tuent les vivants qui tentent de récupérer les corps de leurs défunts, lesquels sont rapidement mangés par les chiens ou les loups.
En 1595, il s'installe sur l'Ile Tristan, où il rassemble une garnison de 800 hommes. Il oblige certains habitants de Douarnenez à détruire leur propre maison pour lui construire un rempart sur l'île. Les habitants, excédés et dépourvus, font appel à un noble voisin qui se munit de 2000 paysans pour venir assiéger l'île. C'est un désastre et, à 400 seulement, les hommes de La Fontenelle quittent leur île et tuent environ 1500 de ces paysans. L'armée royale vient le défier, l'assiégeant à plusieurs reprises sur l'Ile Tristan ou ailleurs, mais La Fontenelle en sort toujours vainqueur, ou vaincu, mais libre grâce à des promesses d'alliance avec les seigneurs locaux ou l'Etat...
Depuis l'Ile Tristan, il pille la Cornouaille entière et notamment Penmarc'h où il assiège les habitants dans l'église, près du grand autel. Ils s'y sont réfugiés (Penmarc'h étant trop étendue pour posséder des fortifications) et s'y voient massacrés. Penmarc'h ne retrouvera jamais plus sa grandeur d'antan.
Continuant à fortifier son île, qu'il renomme l'Ile Guyon, La Fontenelle commet l'erreur : il est accusé d'avoir pactisé avec les Espagnols, au détriment du royaume de France, et est cette fois arrêté, jugé brièvement et condamné à être rompu vif en Place de Grève, à Paris. On est en 1602, sa tête sera exposée au sommet de la porte de Toussaint à Rennes pendant quelques jours.
Source : L’île Tristan, finisteresud.com
On trouve une version plus détaillée, accompagnée de références bibliographiques, sur Wikipedia. Il y est notamment fait mention de son épouse, Marie Le Chevoir :
L’enlèvement de Marie Le Chevoir
Louis-Guillaume Moreau raconte :
« Le sieur de Percevaux, seigneur de Mézarnou [en Plounéventer], (...) habitait un des plus beaux manoirs de l'évêché de Léon. (...) L'entrée de Mézarnou était alors défendue par deux petits pavillons où logeaient les gardes du château. À peine La Fontenelle eut-il fait connaître à ceux-ci son nom que (...) monsieur de Mézarnou vint le recevoir avec beaucoup d'empressement. (...) Le sieur de Mézarnou, après avoir fait entrer La Fontenelle dans la grande salle d'honneur située au rez-de-chaussée, fit conduire les gens de sa suite dans les cuisines et donna l'ordre de leur servir des rafaîchissements. La pièce (...) était éclairée par de grandes croisées de pierres, garnies extérieurement de forts barreaux de fer entrecroisés comme les grilles d'une prison. Le feu pétillait dans l'immense cheminée de la salle du manoir. Une longue table de chêne qui, suivant l'usage du temps, occupait le milieu de l'appartement, était déjà recouverte d'une nappe de toile d'une grande finesse, sur laquelle resplendissaient de superbes pièces d'argenterie et une riche vaisselle attestant la richesse des propriétaires du lieu. »
Guy Éder de La Fontenelle, trompant la confiance de son hôte, enleva par surprise Marie Le Chevoir, riche héritière, en particulier du manoir de Coadelan dans la paroisse de Prat (dans les Côtes-d'Armor actuellement) et fille d'un premier mariage de Renée de Coëtlogon, seconde épouse d'Hervé de Parcevaux, alors âgée de 9 à 12 ans selon les sources, qu'il emmena peut-être dans un couvent d'Ursulines à Saint-Malo (le fait est contesté) avant de l'épouser quelque temps plus tard, malgré son jeune âge bien avant ses 14 ans (âgée de 11 ans probablement) dans l'île Tristan.
Une gwerz, dont plusieurs versions différentes existent d'ailleurs, dont certaines collectées par François-Marie Luzel, fait allusion à ces évènements. Toutefois, un document datant de 1619, prétend que ce sont Hervé de Parcevaux et Renée de Coëtlogon qui « baillèrent prodvitoirement et livrèrent ladicte Le Chevoir de leur propre auctorité à Messire Guy Eder, sieur de La Fontenelle pour la luy faire espouser sans advis de parents ni décret de justice ». Est-ce par contrainte ou par nécessité, on ne le saura jamais. De manière surprenante, Guy Éder de La Fontenelle réussit à se faire aimer de sa jeune épouse.
Du côté des références bibliographiques, on peut citer deux travaux historiques dédiés à ce personnage :
- La Fontenelle, Seigneur de la Ligue : 1572-1602 : "Brigands d'autrefois", Jean Lorédan
- La Fontenelle, le ligueur, et le brigandage en Basse-Bretagne pendant la Ligue (1574-1602), J. Baudry
(le livre de J. Baudry est aussi disponible en intégralité en ligne)
Bonne journée.
Voici une courte biographie du « loup » de La Fontenelle, disponible sur le portail du Finistère sud :
Ce brigand se caractérise tout d'abord par sa noblesse : de son vrai nom Guy Eder de Beaumanoir de la Haye n'aura pas vécu plus d'une trentaine d'années, entre 1572-1573 et 1602. En dépit du manque de source exacte sur son lieu de naissance, La Fontenelle est certainement né dans les Côtes d'Armor. Très jeune, il profite de la confusion qu'engendrent les Guerres de la Ligue pour commencer son parcours de pilleur, de voleur, de violeur et de meurtrier. (Les Guerres de la Ligue ? Ce sont des guerres civiles et de religion entre les partisans de "la Ligue", une branche du catholicisme, et les autres, partisans du protestantisme, qui se composent de huit conflits majeurs ayant ravagé le royaume de France dans la seconde moitié du XVIème siècle.)
Prenant tantôt le parti des catholiques, tantôt celui des protestants, et plus tard celui même des Espagnols, les lignes de conduite religieuse ou patriotique n'ont d'égal, chez La Fontenelle, que l'appât du pouvoir ou de l'argent.
Sa façon de procéder aura fonctionné toute sa vie : du Trégor à ses débuts jusque dans les Montagnes Noires ou en Cornouaille, il fédère autour de lui de plus en plus de brigands locaux, de pauvres perdus assoiffés d'argent et de femmes, de rapineurs ou même, à de multiples reprises, de seigneurs en quête de pouvoir. Il s'installe, par la ruse ou la force, dans quelque manoir, château ou église et de là, pille, vole, viole, fait prisonnier contre rançon, tue ou massacre tout opposant, qu'il ait eu le temps ou non de dire un mot ...
Dans ce contexte de guerre civile, de manque d'autorité de l'Etat et de pauvreté, c'est à de véritables pillages que se livre la troupe de La Fontenelle : Tréguier, Pontrieux, Lannion, Callac, Morlaix, Châteauneuf-du-Faou en 1590.
Dès 1592, il s'attaque aux Montagnes Noires depuis son repaire en forêt de Laz, puis au château de Laz, au Sud de Châteauneuf. Des récits d'époque retranscrivent la peur que ses troupes suscitent chez les paysans, qui préférent tout quitter et aller vivre dans la forêt parmi les loups plutôt que d'être soumis à ce tyran. A Collorec, un peu plus au Nord, 800 paysans sont massacrés. Un peu plus tard, à la suite d'une attaque contre eux, les troupes de La Fontenelle menacent et tuent les vivants qui tentent de récupérer les corps de leurs défunts, lesquels sont rapidement mangés par les chiens ou les loups.
En 1595, il s'installe sur l'Ile Tristan, où il rassemble une garnison de 800 hommes. Il oblige certains habitants de Douarnenez à détruire leur propre maison pour lui construire un rempart sur l'île. Les habitants, excédés et dépourvus, font appel à un noble voisin qui se munit de 2000 paysans pour venir assiéger l'île. C'est un désastre et, à 400 seulement, les hommes de La Fontenelle quittent leur île et tuent environ 1500 de ces paysans. L'armée royale vient le défier, l'assiégeant à plusieurs reprises sur l'Ile Tristan ou ailleurs, mais La Fontenelle en sort toujours vainqueur, ou vaincu, mais libre grâce à des promesses d'alliance avec les seigneurs locaux ou l'Etat...
Depuis l'Ile Tristan, il pille la Cornouaille entière et notamment Penmarc'h où il assiège les habitants dans l'église, près du grand autel. Ils s'y sont réfugiés (Penmarc'h étant trop étendue pour posséder des fortifications) et s'y voient massacrés. Penmarc'h ne retrouvera jamais plus sa grandeur d'antan.
Continuant à fortifier son île, qu'il renomme l'Ile Guyon, La Fontenelle commet l'erreur : il est accusé d'avoir pactisé avec les Espagnols, au détriment du royaume de France, et est cette fois arrêté, jugé brièvement et condamné à être rompu vif en Place de Grève, à Paris. On est en 1602, sa tête sera exposée au sommet de la porte de Toussaint à Rennes pendant quelques jours.
Source : L’île Tristan, finisteresud.com
On trouve une version plus détaillée, accompagnée de références bibliographiques, sur Wikipedia. Il y est notamment fait mention de son épouse, Marie Le Chevoir :
Louis-Guillaume Moreau raconte :
« Le sieur de Percevaux, seigneur de Mézarnou [en Plounéventer], (...) habitait un des plus beaux manoirs de l'évêché de Léon. (...) L'entrée de Mézarnou était alors défendue par deux petits pavillons où logeaient les gardes du château. À peine La Fontenelle eut-il fait connaître à ceux-ci son nom que (...) monsieur de Mézarnou vint le recevoir avec beaucoup d'empressement. (...) Le sieur de Mézarnou, après avoir fait entrer La Fontenelle dans la grande salle d'honneur située au rez-de-chaussée, fit conduire les gens de sa suite dans les cuisines et donna l'ordre de leur servir des rafaîchissements. La pièce (...) était éclairée par de grandes croisées de pierres, garnies extérieurement de forts barreaux de fer entrecroisés comme les grilles d'une prison. Le feu pétillait dans l'immense cheminée de la salle du manoir. Une longue table de chêne qui, suivant l'usage du temps, occupait le milieu de l'appartement, était déjà recouverte d'une nappe de toile d'une grande finesse, sur laquelle resplendissaient de superbes pièces d'argenterie et une riche vaisselle attestant la richesse des propriétaires du lieu. »
Guy Éder de La Fontenelle, trompant la confiance de son hôte, enleva par surprise Marie Le Chevoir, riche héritière, en particulier du manoir de Coadelan dans la paroisse de Prat (dans les Côtes-d'Armor actuellement) et fille d'un premier mariage de Renée de Coëtlogon, seconde épouse d'Hervé de Parcevaux, alors âgée de 9 à 12 ans selon les sources, qu'il emmena peut-être dans un couvent d'Ursulines à Saint-Malo (le fait est contesté) avant de l'épouser quelque temps plus tard, malgré son jeune âge bien avant ses 14 ans (âgée de 11 ans probablement) dans l'île Tristan.
Une gwerz, dont plusieurs versions différentes existent d'ailleurs, dont certaines collectées par François-Marie Luzel, fait allusion à ces évènements. Toutefois, un document datant de 1619, prétend que ce sont Hervé de Parcevaux et Renée de Coëtlogon qui « baillèrent prodvitoirement et livrèrent ladicte Le Chevoir de leur propre auctorité à Messire Guy Eder, sieur de La Fontenelle pour la luy faire espouser sans advis de parents ni décret de justice ». Est-ce par contrainte ou par nécessité, on ne le saura jamais. De manière surprenante, Guy Éder de La Fontenelle réussit à se faire aimer de sa jeune épouse.
Du côté des références bibliographiques, on peut citer deux travaux historiques dédiés à ce personnage :
- La Fontenelle, Seigneur de la Ligue : 1572-1602 : "Brigands d'autrefois", Jean Lorédan
- La Fontenelle, le ligueur, et le brigandage en Basse-Bretagne pendant la Ligue (1574-1602), J. Baudry
(le livre de J. Baudry est aussi disponible en intégralité en ligne)
Bonne journée.
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