Question d'origine :
Bonjour,
J'ai découvert, sur un chapiteau d'une abbatiale, la représentation d'un orant. Il prie donc les bras / mains levé(e)s vers le ciel. Aujourd'hui, les chrétiens prient les mains jointes. Jusqu'à quelle période priait-on les mains levées ?
Je vous remercie.
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 09/07/2015 à 09h50
Bonjour,
Deux attitudes coexistent dans la religion chrétienne pour représenter les priants. Soit les mains jointes et la tête baissée soit les bras et la tête levés vers le ciel, ces deux positions sont utilisées pour représenter les orants.
L’Oratoire du Louvre donne des explications sur la signification de ces postures :
« L’Orant :
Le Christ, ou la personne sauvée est représenté en prière, dans une robe blanche de baptisé.
• Les bras ouverts dans la prière montrent l'attitude du croyant face à son Dieu: une attitude d'accueil, d'attente, de réceptivité.
• alors qu'une personne à genoux, mains jointe évoquerait plus la supplication, l'humilité devant un souverain puissant, qui pourrait décider ne nous rejeter.
La position debout évoque la résurrection, la capacité à avancer. La robe blanche évoque la pureté que Dieu choisit de nous offrir en nous regardant avec respect et bienveillance comme son enfant (comme dans la parabole du fils prodigue de Luc 15).
Le geste des mains ouverte évoque aussi la joie, le bonheur de celui qui est sauvé. »
Ces postures représentent une attitude différente vis-à-vis de Dieu mais il s’agit toujours d’un orant. Le terme orant ne désigne pas une position précise (mains ouvertes vers le ciel) mais une posture face à dieu.
La paroisse du Diois précise les manières de prier :
« Les disciples de Macaire (4° siècle) lui demandaient : « Comment devons nous prier ? » Il leur répondait : « Il n’est pas nécessaire d’user de beaucoup de paroles, il suffit de tenir les mains élevées ».
Bras levés et mains étendues évoque la louange, la joie, la recherche de Dieu qui est aux Cieux… On peut y voir la reproduction de la croix glorieuse du Christ. Le prêtre prend cette attitude dans la prière eucharistique et les fidèles parfois au Gloria et toujours au Notre Père.
C’est comme si nous dépensions toutes les forces qui nous restent pour rejoindre le Seigneur… Je veux que tous les hommes prient en tous lieux, en élevant des mains pures disait saint Paul (1 Tim. 2,8). »
Les bras levés et les mains étendues sont des gestes toujours réalisés dans la religion chrétienne.
Néanmoins, la représentation de l’orant évolue en fonction des époques, l’article Le portrait en iconographie chrétienne d’André Grabar, consultable sur Persée présente l’évolution de l’orant :
« L’histoire du portrait en orant nous est précieuse parce que, par une chance exceptionnelle, on connaît plusieurs étapes de son évolution : même formule iconographique mais significations différentes. […]
A l’origine est l’orante-symbole, telle que l’art la connaissait à l’époque impériale et qui figurait sur bien des sarcophages du IIIe siècle, les uns païens, les autres chrétiens, où elle a pour pendant le berger porteur de l’agneau puis le Bon Pasteur chrétien et gnostique.
Mais la personnification de la Piété devient vite image typologique du défunt (pour dire qu’il était pieux), et sur plusieurs sarcophages les traits portraitiques des orantes sont très accusés. La même évolution du symbole de la piété au portait d’un homme pieux, se laisse observer dans les peintures des catacombes. On y aboutit aussi à des orantes-portraits, aux traits individuels très accusés, au costume précis rendu avec soin. Troisième étape de la même évolution : tandis qu’on ne figure plus en orant le simple fidèle, ni le défunt ni le vivant, on maintient ce type iconographique pour le portrait du saint, avec préférence accordée aux martyrs. […] Bien d’autres portraits de saints composés dans l’Antiquité adoptent la même formule : c’est là un type spécifiquement chrétien du portrait antique. […] »
L’article Wikipédia sur les orants montre que cette représentation iconographique va disparaître alors que la pratique va perdurer :
« Historique :
Ce thème est courant dans l'art paléochrétien funéraire qui a pu s'inspirer de l'iconographie païenne représentant des personnages levant un ou deux bras en signe de prière. L'idée de prier dans cette position est cependant mentionnée dans l'Ancien Testament. Dans plusieurs psaumes, l'orant demande pardon à Dieu. Après l'édit de Milan en 313 qui s'accompagne d'une politique impériale favorable aux chrétiens, les images ne sont plus confinées au monde funéraire et des orants se déploient sur les murs des édifices religieux.
L'orant médiéval représente souvent un défunt. Associé au gisant, c'est l'un des éléments de décoration d'un tombeau ou d'un enfeu.
La sculpture funéraire de l'orant remplace progressivement le gisant à partir du début XVIIe siècle tandis la tombe à orant disparaît à la fin du XVIIIe siècle. »
Pour obtenir plus de détails sur les postures de la prière, nous vous conseillons de poser votre question à Cybercuré. Ce site géré par un prêtre permet de poser des questions sur l’Eglise catholique : ses sacrements, sa liturgie, sur la foi, etc.…
Pour en savoir plus :
- Les symboles sur Les catacombes chrétiennes de Rome.
- Art et dévotion du site du Louvre.
- Lettre aux évêques de l’Eglise catholique sur quelques aspects de la médiation chrétienne sur le site du Vatican.
- Essais sur l'histoire de la mort en Occident : du Moyen Âge à nos jours, Philippe Ariès.
- Les symboles chrétiens, Michel Scouarnec.
- Guide des coutumes et traditions catholiques, Greg Dues.
- Images de l'homme devant la mort, Philippe Ariès.
Bonne journée.
Deux attitudes coexistent dans la religion chrétienne pour représenter les priants. Soit les mains jointes et la tête baissée soit les bras et la tête levés vers le ciel, ces deux positions sont utilisées pour représenter les orants.
L’Oratoire du Louvre donne des explications sur la signification de ces postures :
« L’Orant :
Le Christ, ou la personne sauvée est représenté en prière, dans une robe blanche de baptisé.
• Les bras ouverts dans la prière montrent l'attitude du croyant face à son Dieu: une attitude d'accueil, d'attente, de réceptivité.
• alors qu'une personne à genoux, mains jointe évoquerait plus la supplication, l'humilité devant un souverain puissant, qui pourrait décider ne nous rejeter.
La position debout évoque la résurrection, la capacité à avancer. La robe blanche évoque la pureté que Dieu choisit de nous offrir en nous regardant avec respect et bienveillance comme son enfant (comme dans la parabole du fils prodigue de Luc 15).
Le geste des mains ouverte évoque aussi la joie, le bonheur de celui qui est sauvé. »
Ces postures représentent une attitude différente vis-à-vis de Dieu mais il s’agit toujours d’un orant. Le terme orant ne désigne pas une position précise (mains ouvertes vers le ciel) mais une posture face à dieu.
La paroisse du Diois précise les manières de prier :
« Les disciples de Macaire (4° siècle) lui demandaient : « Comment devons nous prier ? » Il leur répondait : « Il n’est pas nécessaire d’user de beaucoup de paroles, il suffit de tenir les mains élevées ».
Bras levés et mains étendues évoque la louange, la joie, la recherche de Dieu qui est aux Cieux… On peut y voir la reproduction de la croix glorieuse du Christ. Le prêtre prend cette attitude dans la prière eucharistique et les fidèles parfois au Gloria et toujours au Notre Père.
C’est comme si nous dépensions toutes les forces qui nous restent pour rejoindre le Seigneur… Je veux que tous les hommes prient en tous lieux, en élevant des mains pures disait saint Paul (1 Tim. 2,8). »
Les bras levés et les mains étendues sont des gestes toujours réalisés dans la religion chrétienne.
Néanmoins, la représentation de l’orant évolue en fonction des époques, l’article Le portrait en iconographie chrétienne d’André Grabar, consultable sur Persée présente l’évolution de l’orant :
« L’histoire du portrait en orant nous est précieuse parce que, par une chance exceptionnelle, on connaît plusieurs étapes de son évolution : même formule iconographique mais significations différentes. […]
A l’origine est l’orante-symbole, telle que l’art la connaissait à l’époque impériale et qui figurait sur bien des sarcophages du IIIe siècle, les uns païens, les autres chrétiens, où elle a pour pendant le berger porteur de l’agneau puis le Bon Pasteur chrétien et gnostique.
Mais la personnification de la Piété devient vite image typologique du défunt (pour dire qu’il était pieux), et sur plusieurs sarcophages les traits portraitiques des orantes sont très accusés. La même évolution du symbole de la piété au portait d’un homme pieux, se laisse observer dans les peintures des catacombes. On y aboutit aussi à des orantes-portraits, aux traits individuels très accusés, au costume précis rendu avec soin. Troisième étape de la même évolution : tandis qu’on ne figure plus en orant le simple fidèle, ni le défunt ni le vivant, on maintient ce type iconographique pour le portrait du saint, avec préférence accordée aux martyrs. […] Bien d’autres portraits de saints composés dans l’Antiquité adoptent la même formule : c’est là un type spécifiquement chrétien du portrait antique. […] »
L’article Wikipédia sur les orants montre que cette représentation iconographique va disparaître alors que la pratique va perdurer :
« Historique :
Ce thème est courant dans l'art paléochrétien funéraire qui a pu s'inspirer de l'iconographie païenne représentant des personnages levant un ou deux bras en signe de prière. L'idée de prier dans cette position est cependant mentionnée dans l'Ancien Testament. Dans plusieurs psaumes, l'orant demande pardon à Dieu. Après l'édit de Milan en 313 qui s'accompagne d'une politique impériale favorable aux chrétiens, les images ne sont plus confinées au monde funéraire et des orants se déploient sur les murs des édifices religieux.
L'orant médiéval représente souvent un défunt. Associé au gisant, c'est l'un des éléments de décoration d'un tombeau ou d'un enfeu.
La sculpture funéraire de l'orant remplace progressivement le gisant à partir du début XVIIe siècle tandis la tombe à orant disparaît à la fin du XVIIIe siècle. »
Pour obtenir plus de détails sur les postures de la prière, nous vous conseillons de poser votre question à Cybercuré. Ce site géré par un prêtre permet de poser des questions sur l’Eglise catholique : ses sacrements, sa liturgie, sur la foi, etc.…
Pour en savoir plus :
- Les symboles sur Les catacombes chrétiennes de Rome.
- Art et dévotion du site du Louvre.
- Lettre aux évêques de l’Eglise catholique sur quelques aspects de la médiation chrétienne sur le site du Vatican.
- Essais sur l'histoire de la mort en Occident : du Moyen Âge à nos jours, Philippe Ariès.
- Les symboles chrétiens, Michel Scouarnec.
- Guide des coutumes et traditions catholiques, Greg Dues.
- Images de l'homme devant la mort, Philippe Ariès.
Bonne journée.
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