Question d'origine :
Bonsoir,
Je cherche des informations sur Dominique Zumbo, sa carrière en tant que céramiste, le nombre d'oeuvres qu'il a pu exposer à l'occasion de l'exposition universelle de 1900 ainsi que toute information que vous auriez concernant ces dernières.
Je vous remercie.
Très cordialement.
Réponse du Guichet
bml_art
- Département : Arts et Loisirs
Le 03/09/2015 à 09h34
Le céramiste Dominique Zumbo fait l’objet d’un article dans l’encyclopédie en ligne Wikipédia. Nous apprenons notamment qu’il a travaillé longtemps, de 1879 à 1891, dans l’atelier Clément Massier à Vallauris. Il s’y distingue en employant des techniques particulières concernant des vernis métalliques qui produisent des reflets irisés.
Il crée son propre atelier à Fréjus en 1892, et arrive à obtenir la médaille d'or à l'exposition universelle de Paris en 1900.
L’atelier de céramique Massier existe encore. Sur son site, à la rubrique
L’ouvrage Barbotines de la Côte d'Azur : barbotine, reflets métalliques, garnissage / Maryse Bottero fait le point sur six centres importants de céramique artistique de la Côte d’Azur : Saint-Jean-du-Désert, Cannes, Vallauris, Fréjus, Monaco et Menton. Pour Fréjus, c’est l’atelier de Dominique Zumbo qui a été retenu, pour Vallauris, celui des Massier. L’ouvrage est abondamment illustré ; il contient un chapitre sur les marques et les signatures, un glossaire et une bibliographie.
Dans son introduction, l’auteur signale la participation des grands centres producteurs de céramique à l’exposition universelle de Paris, en 1978.
Un grand chapitre, p. 54-119, est consacré aux Massier, Delphin et Jérôme, à Vallauris, puis, p. 138-173, à Clément Massier, à Vallauris et à Golfe-Juan. Dans ce dernier chapitre il est noté :
« Clément se lance à corps perdu dans ses recherches, remarquablement secondé par Dominique Zumbo. Celui-ci connaît bien les émaux et les oxydes métalliques. Ensemble, ils vont faire de nombreux essais, et... bien peu de découvertes ! Cependant, leur enthousiasme ne fléchit pas. En 1881, Clément obtient un diplôme d'honneur à !'Exposition de Tours.
… en 1883, Clément Massier gagne une médaille d’or à l’exposition internationale d’Amsterdam
… en 1884, il participe à la 8e exposition de l’Union centrale des Arts décoratifs (UCAD) à Paris sur la pierre, le bois, la terre, le verre après avoir obtenu un diplôme d’honneur à l’exposition internationale de Nice
… en 1886, il participe à !'Exposition nationale industrielle et des Beaux-Arts de Marseille et présente, alors, ses premiers reflets métalliques réussis ! Dominique Zumbo est l'incontestable complice de cette victoire. Ensemble, ils sont parvenus à mélanger subtilement les oxydes et les vernis pour séparer la couleur du fond de celle des décors ; ils ont peu à peu ajouté à leurs formules initiales des métaux et autres composants précieux pour acquérir les couleurs désirées ; ils ont obtenu des décors au contour très précis, sans bavure, après les avoir tracés au stylet, ils sont arrivés à maîtriser le temps de cuisson et la réduction d'oxygène, qui sont essentiels à la réussite de l'irisation.
… en 1891, Dominique Zumbo, qui connaît ses capacités artistiques et a découvert les bases des reflets métalliques avec Clément, décide de tenter sa chance aux Arènes de Fréjus. »
Le chapitre réservé à Dominique Zumo, à Fréjus, p. 122-136, commence par une page sur la technique des reflets métalliques, puis retrace toute la carrière du céramiste, depuis son arrivée à Vallauris en 1879, dans l’atelier Clément Massier. En 1894, suite à l’obtention d’une aide de 50 francs par le conseil municipal de Fréjus, il participe à l’exposition de Lyon.
« Peu après cette exposition de 1894, et pour préserver ses découvertes, il dépose à la préfecture du Var un brevet exclusif d'invention le 6 juillet 1897, enregistré sous le numéro 265.417, pour lequel « le ministre du Commerce et de l'Industrie signe un brevet sans garantie du gouvernement ». Zumbo décrit lui-même l'innovation : « La découverte consiste dans l'application et la fixation de dessins quelconques à reflets métalliques sur les poteries artistiques de formes et de dimensions quelconques en terre cuite ». En fait, Zumbo découvre que la réussite de ses reflets métalliques dépend de « la réduction maximale d'oxygène pendant la cuisson en transformant le cuivre (qui vire alors au rouge) en une couche extrêmement mince de métal pur». On sait que Zumbo préparait ses pigments en dissolvant du cuivre dans de grandes quantités de vinaigre, selon Ronald Cooper, spécialiste en la matière. Ce vinaigre local provenait vraisemblablement du vignoble de son ami Monsieur Malato, maître Ferronnier.
Toutes les œuvres connues de Zumbo sont désormais signées, soit de ses initiales DZA (Dominique Zumbo Arènes), soit de son nom en entier et des Arènes de Fréjus.
En 1897, lors du concours international des denrées de Nice, le jury lui décerne le Grand Prix. Encouragé, « il participe au salon de la Société nationale des beaux-arts (SENA), en 1897-1898 » ; En 1898, à l'Exposition universelle de Turin, « une médaille d'or et une d'argent » lui sont attribuées ; la même année, à Londres, il remporte le Grand Prix et ses efforts sont récompensés par le titre de « chevalier des Palmes académiques pour services rendus à la diffusion de l'art ».
… Dans L'Éveil social du 15 février 1900, le journaliste A. Audier écrit : « Nous apprenons avec le plus grand plaisir que, sur la demande de notre sympathique député, Maurice Allard, le ministre de l'Instruction civique et des Beaux-Arts, vient de conférer les Palmes académiques à Monsieur Dominique Zumbo, l'artiste en céramique bien connu dans notre région… En faisant des recherches sur les peintures et les vernis anciens qui décorent les objets en céramique de l'époque romaine, qui ornent le musée, il a découvert la préparation d'un émail à reflets métalliques splendides dont l'application lui a fait obtenir, à toutes les expositions où il a pris part, les plus hautes récompenses (plus de vingt médailles d'or) et a été classé hors concours. Bien des fois aussi, étant donné sa grande compétence en céramique artistique, il a été choisi pour faire partie du jury dans diverses expositions ».
… En effet, Zumbo est récompensé et n'a pas déçu la confiance des élus : les plus hautes distinctions lui sont décernées lors de l'Exposition universelle de Paris, en 1900. C'est le couronnement de sa carrière, il est reconnu parmi les plus grands. »
Les expositions universelles étaient gigantesques. Le livre de Pascal Ory, Les Expositions universelles de Paris, mentionne que pour l’exposition en 1900 les œuvres, réparties en 18 groupes et 121 classes, émanaient de 83 000 exposants. Les documents les plus exhaustifs étaient les Rapports officiels; pour l’année 1900, Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique, par M. Alfred Picard,... T. I [-VIII]. Vous trouverez l’intégralité des rapports, gratuitement en ligne, sur le site du Cnum.
Nous avons parcouru l’ouvrage a priori le plus complet relatant la visite de l’exposition universelle de 1900, Les Beaux-arts et les arts décoratifs : Exposition universelle de 1900 / par Léonce Bénédicte, Gustave Geffroy et Jules Guiffrey. Voici ce que l’auteur, Roger Marx, remarque à l'endroit de la céramique, p. 510 :
« En France, tout au moins, la faïence n’a pas encore su rentrer en grâce. La prévention qui existe en son endroit ressemble fort à du mépris. Mettez à part M. Clément Massier, auteur de vases et de plats à reflets métalliques, je ne vois que Étienne Moreau-Nélaton pour faire œuvre personnelle en continuant dignement une tradition familiale. »
Le nom du céramiste est mentionné seulement dans l’ouvrage The Paris exhibition, 1900, 1900, éd. Art Journal, 1901.
Pour d’autres renseignements concernant Dominique Zumbo, vous pouvez contacter le musée d’Histoire locale de Fréjus qui a inauguré en 2014 la salle Zumbo.
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter