nombre min d'individus pour qu'1 espèce survive
SCIENCES ET TECHNIQUES
+ DE 2 ANS
Le 06/10/2015 à 17h42
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Question d'origine :
Bonjour, j'aimerais bien savoir si, pour qu'une espèce survive, il faut seulement deux individus? Je me pose plus particulièrement cette question avec l'espèce humaine.
Merci beaucoup d'avance, vous êtes top!
Réponse du Guichet
bml_sci
- Département : Sciences et Techniques
Le 09/10/2015 à 13h25
Bonjour,
Effectivement, à priori, 2 personnes devraient suffire pour qu'une espèce survive... au moins jusqu'à la prochaine génération et la suivante.
Nous avons relevé que :
- 50 individus suffiraient à éviter la dépression consanguine,
- 500 suffiraient à conserver un potentiel évolutif.
Sous la barre d'un total de 500 individus, la population est considérée comme ne pouvant survivre dans la nature (sauf à bénéficier de mesures proactives de protection ex situ, avec par exemple reproduction en captivité ou en milieu protégé (Ramade, 1995).
Elle a été validée par d'autres auteurs (tels que Frankham, 1995 ; Franklin & Frankham, 1998 ; Lodé & Peltier, 2005), mais
Source : Wikipédia
A la lecture de ces lignes, nous pourrions en conclure qu'il suffirait que 500 hommes et femmes survivent à un hiver nucléaire sur la Terre, ou débarquent sur une autre planète, pour que l'espèce humaine puisse la coloniser sans risque de disparaître.
1. Diversité génétique et consanguinité
2. Controverses sur la génétique, seule cause de la disparition des espèces
3. Colonisation de l'Islande et des îles de l'Océan Pacifique
1. Diversité génétique et consanguinité
La plupart des études menées ont concerné les espèces végétales et animales, sauf l'homme bien entendu, et entrent dans le domaine scientifique de la biologie de la conservation, discipline traitant des questions de perte, maintien ou restauration de biodiversité.
Les Anglo-saxons ont déterminé pour cela un indice le Minimum viable population (MVP) (en anglais), seuil sous lequel une population ne peut survivre.
Les chercheurs étudient donc le taux de croissance de population d'une espèce, ainsi que les facteurs génétiques influençant la dynamique d’une population, comme la dérive génétique et la dépression de consanguinité :
La dérive génétique correspond à la modification de la fréquence d'un allèle, ou d'un génotype, au sein d'une population, indépendamment des mutations, de la sélection naturelle et des migrations. La dérive génétique est causée par des phénomènes aléatoires et imprévisibles, comme, par exemple, le hasard des rencontres lors de la formation des couples dans le cas d'une reproduction sexuée. Les effets de la dérive génétique sont d'autant plus importants que la population est petite, car les écarts observés par rapport aux fréquences alléliques y seront d'autant plus perceptibles. Du point de vue d'un gène, la dérive génétique conduit à l'augmentation ou la diminution de la fréquence dans la population, de l'un de ses allèles.
Dans le cadre d'une reproduction sexuée, un individu qui ne se reproduit qu'une seule fois, ne va transmettre à son descendant que la moitié de ses allèles. C'est au cours du brassage génétique aléatoire, lors de la méiose que vont être transmis certains allèles et pas d'autres. Pour qu'un individu puisse transmettre à coup sûr la totalité de ses allèles, il faudrait que le nombre de descendants tendent vers l'infini. En conséquence, dans toute population, il est statistiquement inévitable que certains allèles ne soient transmis par aucun adulte à leur descendance. De plus, certains individus n'ont pas de descendance du tout. Le nombre des allèles (la variabilité génétique) se réduit donc. Parmi les allèles « survivants », certains vont voir leur fréquence originelle diminuer ou au contraire augmenter.
La consanguinité est un des facteurs impactant le phénomène de la dérive génétique.
Pour rappel, la consanguinité est le fait que deux individus, ayant une parenté assez étroite se reproduisent entre eux et obtiennent une descendance.
La consanguinité entre deux individus (personnes ou animaux) se définit comme la proportion d'allèles identiques par descendance. La consanguinité est responsable d’une augmentation de l’homozygotie, et d’une diminution de la valeur sélective des descendants (c’est la dépression de consanguinité).
La consanguinité est la probabilité que deux allèles pour un même gène soient homozygotes, car provenant d'un ancêtre commun. Le taux de consanguinité est un nombre compris entre 0 et 1, souvent exprimé en pourcentage. Il permet de constater la proximité génétique entre deux individus. Puisque chaque allèle provient d'un parent, on mesure ainsi la probabilité que les allèles viennent du même ancêtre.
De là, on définit la dépression de consanguinité qui correspond à une réduction de la valeur sélective de la descendance issue de croisement autogame consanguin par rapport à la valeur sélective de la descendance issue d’un croisement allogame.
L’augmentation du taux de consanguinité provoque une augmentation de la dépression de consanguinité. La dépression de consanguinité ne s’exprime que si il existe des croisements consanguins (et donc seulement dans les descendances de ces croisements) ou si on a une réduction brutale de la taille des populations qui va augmenter la consanguinité par dérive génétique.
La dépression de consanguinité augmente la fréquence des tares, diminue la survie et la fécondité (fitness) et diminue la productivité.
A cet égard, la pression anthropique sur la planète menace un certain nombre d'espèces, en particulier, tous les grands mammifères, commele tigre menacé d'extinction en raison d'une faible diversité génétique
Le cas du tigre n'est pas isolé, et le Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie propose un document de synthèse sur le nombre d’espèces en France inscrites sur les listes rouges.
Pour poursuivre sur la consanguinité, nous vous conseillons d'étudier ce cours de génétique des populations et son chapitre 4 sur la consanguinité proposé par Frédéric Fleury de l'Université Lyon 1.
Historiquement, la génétique était jusqu'à assez récemment, considérée comme le seul facteur limitant. Entraient en jeu uniquement les notions de diversité génétique de départ et facteur lié, le nombre initial d'individus.
Alan J. Gray, dans son article Une génétique bien gênante a précisé les enjeux et les limites de la loi du 50/500 :
La validité universelle de cette loi du 50/500 a souvent été remise en question, en particulier pour la gestion concrète des populations à protéger. Néanmoins, elle a consacré l'enjeu et la préoccupation majeure de Soulé et de Frankel : le fait que l'activité humaine a mené à une diminution de la taille des populations de certaines espèces, ce qui représente une menace à la fois sur les performances et sur les capacités à évoluer. Ils décrivirent la génétique de la conservation comme la génétique de la pénurie, et à partir de ce moment, cette discipline s'est concentrée sur les petites populations et les espèces rares, et sur les menaces qu'elles encourent.
Sandra Besson va plus loin. Pour elle, Les seuils de population viable minimum pour la survie d’une espèce seraient biaisés :
Les seuils de population viable minimum pour la survie d’une espèce seraient biaisés, d’après une étude qui suggère qu’une espèce de tortue n’aurait besoin que de 15 femelles fertiles pour assurer sa survie sur 100 ans.
Enfin, Louis Allano, Alex Clamens et Marc-André Selosse de l’Institut de Systématique, Évolution, Biodiversité (unité CNRS du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris) remettent en cause le mythe de la fin des espèces dans leur article La « survie de l’espèce », un concept obsolète (document pdf)
Le thème de la "Survie de l'espèce humaine" peut correspondre à des époques très précises de l'histoire de la conquête humaine de la Terre, en particulier dans les îles de l'Océan Pacifique (Sundaland) et de l'Islande.
Carte du peuplement de l'Océanie
Source : La Documentation française
En Islande, À la fin de l’âge de la colonisation, en 930, la population est estimée à 6 000 personnes.
source : Jón R. Hjálmarsson, History of Iceland: From the Settlement to the present day, Reykjavik, Iceland Review, 2007, 208 p. (Wikipédia)
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