Question d'origine :
S.V.P.
Dans les films et reconstitutions historiques, on voit, en France en particulier, les prêtres catholiques, portant une soutane comprenant au col, deux grosses languettes de tissu noir, bordées de blanc.
Quel est le nom de cet accessoire vestimentaire, remplacé à priori par le col romain plus simple, et jusqu'à quand fut il porté ? merci d'avance.
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 20/02/2016 à 09h49
Bonjour,
Cette pièce de tissu, se nomme le « rabat » :
« Pièce d'étoffe empesée cachant l'échancrure du col de la soutane.
À l'origine, pièce de coton ou d'une autre matière destinée à absorber la transpiration du visage en favorisant son évaporation afin d'éviter de tacher l'habit par des auréoles salines. Particulièrement fréquent en France jusque dans les années 1920, le rabat a d'abord été, au XVIIe siècle, entièrement blanc, puis fait de deux pièces de tissu noir, bordées de blanc ou de perles. Sa disparition est liée à celle du gallicanisme qui n'avait plus lieu d'être après la séparation de la société civile de la religieuse. En effet, le rabat passait pour un symbole du gallicanisme même si tous les prêtres qui le portaient n'étaient pas gallicans.
Les membres de certaines congrégations portaient le rabat blanc, comme les Frères des écoles chrétiennes ou bleu, tels les Frères de Saint-Gabriel. »
Source : Wikipédia.
Pour en savoir plus sur le rabat, vous pouvez consulter l’article du site Gallican :
« À l’origine, un élément du costume civil
Dans la première moitié du XVIe siècle apparut en Europe (essentiellement en France et dans les pays du Nord) un élément nouveau du costume civil masculin : le collet à rabat. Il consistait à rabattre le col blanc de la chemise sur le col du vêtement de dessus ; c’est de cette action que vient le nom de « rabat ».
Dans la seconde moitié du XVIe siècle, la mode du rabat se développa aussi bien à la Cour chez les gentilshommes qu’à la ville chez les bourgeois, les hommes de Loi, de Lettres, d’Église et les Réformés. Le rabat de cette époque était de dimension modeste et de couleur blanche (voir le portrait de Saint François de Sales).
Dans les années 1590, sa forme évolua : ses pointes s’écartèrent. Sous le règne de Louis XIII (1610-1643), ce modèle continua à subsister (voir le portrait de Saint Vincent de Paul), toutefois il en apparut un nouveau qui s’allongea autour du cou et sur les épaules (voir les portraits des cardinaux Richelieu et Mazarin).
Dans les années 1660, le rabat fut progressivement remplacé par la cravate qu’adopta Louis XIV. Passé de mode, il disparut des Cours européennes.
Une particularité du costume du clergé séculier français
Dès lors, il ne subsista qu’en France où il ne fut plus porté que par les hommes de Loi, de Lettres et d’Église. Chez ces derniers, il évolua encore : il s’allongea par devant en forme de deux languettes réunies par la base et bordées d’un liseré blanc. Il devenait une pièce d’étoffe à part entière qu’on attachait autour du cou et qui n’en débordait plus comme à l’origine. Il était en étoffe de laine ou de soie, ou en gaze transparente chez les prélats de Cour comme celui de Mgr Jacques-Bénigne Bossuet (1627-1704), le grand défenseur des Libertés de l’Église Gallicane.
Sous le règne de Louis XV (1715-1774), il subit une dernière évolution. Tout d’abord, il changea de couleur : il devint noir sans que l’on sache pourquoi. Pour mieux se démarquer de celui (blanc) des gens de Robe ? Ensuite, sa dimension diminua nettement : il ne faisait plus le tour du cou comme au temps du « Grand Bossuet ». Enfin, il n’était plus aussi précieux qu’au Grand Siècle : les languettes étaient en soie ou en étamine bordées d’un petit liseré blanc de toile.
[…]
La « bête noire » de certains ultramontains
Au début du XIXe siècle, l’épiscopat de l’Église de France était encore majoritairement gallican. À la fin du XIXe siècle, il est presque devenu entièrement ultramontain. C’est dans ce contexte de guerre larvée entre Gallicans et Ultramontains qu’il nous faut resituer l’histoire du rabat.
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, son port, qui comme nous l’avons vu était neutre jusque-là, fut instrumentalisé par certains ultramontains français.
Et le rabat dans tout cela ? Dans ses tournées pastorales, Mgr de Dreux-Brézé fit la chasse au rabat gallican ; cet « insolent rabat », ce « torchon gallican », cette « guenille gallicane » comme il l’appelait lui-même et qu’il considérait, ni plus ni moins, comme le dernier symbole visible des fruits de l’Église Gallicane! Dans son roman anti-ultramontain Le Curé de Campagne (Paris, Librairie internationale, tome 2, 1867, p. 311), l’Abbé Jean-Hyppolyte Michon (1806-1881), figure gallicane bien connue de notre Église, fait allusion aux réformes vestimentaires de l’évêque de Moulins.
[…]
Tous les évêques ultramontains français s’inspirèrent, à des degrés divers, des réformes radicales de Mgr de Dreux-Brézé, à commencer par son adoption du Missel romain. À Rome, on apprécia bien évidemment le zèle des évêques ultramontains français. On raconte que le Pape Pie IX (1792-1878), celui qui proclama les funestes dogmes du Concile du Vatican I, n’hésitait pas à se moquer publiquement de la « bavette » des français à chaque fois que l’un d’eux se présentait au Vatican avec un rabat autour du cou !
Si les idées ultramontaines triomphèrent en France durant la seconde moitié du XIXe siècle, les adversaires du rabat échouèrent cependant à romaniser jusqu’au cou le clergé français ! Tout d’abord, et cela ne surprendra personne, parce que les derniers représentants du courant gallican, tels l’Archevêque de Paris Mgr Georges Darboy (1813-1871) et l’évêque d’Orléans Mgr Félix Dupanloup (1802-1878), restèrent attachés et fidèles au rabat de leurs pères.[…] »
Le rabat a donc disparu en partie au cours du XIXe siècle, cependant certains abbés ont continué à porter ce vêtement.
Bonne journée.
Cette pièce de tissu, se nomme le « rabat » :
« Pièce d'étoffe empesée cachant l'échancrure du col de la soutane.
À l'origine, pièce de coton ou d'une autre matière destinée à absorber la transpiration du visage en favorisant son évaporation afin d'éviter de tacher l'habit par des auréoles salines. Particulièrement fréquent en France jusque dans les années 1920, le rabat a d'abord été, au XVIIe siècle, entièrement blanc, puis fait de deux pièces de tissu noir, bordées de blanc ou de perles. Sa disparition est liée à celle du gallicanisme qui n'avait plus lieu d'être après la séparation de la société civile de la religieuse. En effet, le rabat passait pour un symbole du gallicanisme même si tous les prêtres qui le portaient n'étaient pas gallicans.
Les membres de certaines congrégations portaient le rabat blanc, comme les Frères des écoles chrétiennes ou bleu, tels les Frères de Saint-Gabriel. »
Source : Wikipédia.
Pour en savoir plus sur le rabat, vous pouvez consulter l’article du site Gallican :
« À l’origine, un élément du costume civil
Dans la première moitié du XVIe siècle apparut en Europe (essentiellement en France et dans les pays du Nord) un élément nouveau du costume civil masculin : le collet à rabat. Il consistait à rabattre le col blanc de la chemise sur le col du vêtement de dessus ; c’est de cette action que vient le nom de « rabat ».
Dans la seconde moitié du XVIe siècle, la mode du rabat se développa aussi bien à la Cour chez les gentilshommes qu’à la ville chez les bourgeois, les hommes de Loi, de Lettres, d’Église et les Réformés. Le rabat de cette époque était de dimension modeste et de couleur blanche (voir le portrait de Saint François de Sales).
Dans les années 1590, sa forme évolua : ses pointes s’écartèrent. Sous le règne de Louis XIII (1610-1643), ce modèle continua à subsister (voir le portrait de Saint Vincent de Paul), toutefois il en apparut un nouveau qui s’allongea autour du cou et sur les épaules (voir les portraits des cardinaux Richelieu et Mazarin).
Dans les années 1660, le rabat fut progressivement remplacé par la cravate qu’adopta Louis XIV. Passé de mode, il disparut des Cours européennes.
Une particularité du costume du clergé séculier français
Dès lors, il ne subsista qu’en France où il ne fut plus porté que par les hommes de Loi, de Lettres et d’Église. Chez ces derniers, il évolua encore : il s’allongea par devant en forme de deux languettes réunies par la base et bordées d’un liseré blanc. Il devenait une pièce d’étoffe à part entière qu’on attachait autour du cou et qui n’en débordait plus comme à l’origine. Il était en étoffe de laine ou de soie, ou en gaze transparente chez les prélats de Cour comme celui de Mgr Jacques-Bénigne Bossuet (1627-1704), le grand défenseur des Libertés de l’Église Gallicane.
Sous le règne de Louis XV (1715-1774), il subit une dernière évolution. Tout d’abord, il changea de couleur : il devint noir sans que l’on sache pourquoi. Pour mieux se démarquer de celui (blanc) des gens de Robe ? Ensuite, sa dimension diminua nettement : il ne faisait plus le tour du cou comme au temps du « Grand Bossuet ». Enfin, il n’était plus aussi précieux qu’au Grand Siècle : les languettes étaient en soie ou en étamine bordées d’un petit liseré blanc de toile.
[…]
La « bête noire » de certains ultramontains
Au début du XIXe siècle, l’épiscopat de l’Église de France était encore majoritairement gallican. À la fin du XIXe siècle, il est presque devenu entièrement ultramontain. C’est dans ce contexte de guerre larvée entre Gallicans et Ultramontains qu’il nous faut resituer l’histoire du rabat.
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, son port, qui comme nous l’avons vu était neutre jusque-là, fut instrumentalisé par certains ultramontains français.
Et le rabat dans tout cela ? Dans ses tournées pastorales, Mgr de Dreux-Brézé fit la chasse au rabat gallican ; cet « insolent rabat », ce « torchon gallican », cette « guenille gallicane » comme il l’appelait lui-même et qu’il considérait, ni plus ni moins, comme le dernier symbole visible des fruits de l’Église Gallicane! Dans son roman anti-ultramontain Le Curé de Campagne (Paris, Librairie internationale, tome 2, 1867, p. 311), l’Abbé Jean-Hyppolyte Michon (1806-1881), figure gallicane bien connue de notre Église, fait allusion aux réformes vestimentaires de l’évêque de Moulins.
[…]
Tous les évêques ultramontains français s’inspirèrent, à des degrés divers, des réformes radicales de Mgr de Dreux-Brézé, à commencer par son adoption du Missel romain. À Rome, on apprécia bien évidemment le zèle des évêques ultramontains français. On raconte que le Pape Pie IX (1792-1878), celui qui proclama les funestes dogmes du Concile du Vatican I, n’hésitait pas à se moquer publiquement de la « bavette » des français à chaque fois que l’un d’eux se présentait au Vatican avec un rabat autour du cou !
Si les idées ultramontaines triomphèrent en France durant la seconde moitié du XIXe siècle, les adversaires du rabat échouèrent cependant à romaniser jusqu’au cou le clergé français ! Tout d’abord, et cela ne surprendra personne, parce que les derniers représentants du courant gallican, tels l’Archevêque de Paris Mgr Georges Darboy (1813-1871) et l’évêque d’Orléans Mgr Félix Dupanloup (1802-1878), restèrent attachés et fidèles au rabat de leurs pères.[…] »
Le rabat a donc disparu en partie au cours du XIXe siècle, cependant certains abbés ont continué à porter ce vêtement.
Bonne journée.
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