Question d'origine :
Bonjour,
Un peu partout dans Lyon, on aperçoit des plaques superposées, l'une indiquant l'ancien, l'autre le nouveau nom de la rue que l'on traverse.
A quelle époque a-t-on débaptisé et rebaptisé ainsi nos rues ?
Réponse du Guichet
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- Département : Documentation régionale
Le 03/05/2016 à 12h10
Bonjour,
La bibliothèque dispose de nombreux ouvrages sur l’histoire des noms des rues de Lyon. Dans la plupart des introductions, nous trouvons des explications sur le changement des noms des rues qui s’est opéré dans le temps.
Ainsi,
En simplifiant beaucoup, on peut distinguer plusieurs périodes.
Avant la Monarchie de Juillet, les noms sont liés à des circonstances immédiates : particularités d’un lieu, d’une personnalité de l’auteur de la mise en place. Ainsi trouve-t-on beaucoup de noms d’enseignes (Du Bœuf, Trois-Maries, Chapeau-Rouge, etc), de métiers (Mercière, Poulaillerie…), d’hommes illustres ayant participé à la construction (Port Neuville, Quai de Bondy…), de noms de saints liés aux églises ou chapelles voisines. L’anecdote domine jusqu’à la trivialité : rue de l’Enfant-qui-pisse. C’est contre elle que le maire Terme réagit en proposant de donner désormais des noms d’hommes illustres dont il faut honorer la mémoire aux rues qui doivent s’en enorgueillir. Ainsi s’engage-t-on pour ne plus la quitter dans la tendance qui jusqu’à nos jours va s’imposer dans la nomenclature. Cette personnification pose cependant des problèmes dont le principal est celui du choix. Il peut aussi, et c’est le plus fréquent, refléter les impératifs de l’époque. Sans parler des noms éphémères des révolutions françaises, liés à la Commune affranchie ou en 1848, on voit bien des modifications dues aux changements de régime ; la Troisième République fait disparaître tous les noms liés à l’Empire ou presque (nous avons toujours un pont Bonaparte et un quai Tilsitt !), mais respecte beaucoup de noms liés à la Royauté (rue Royale, rue de Flesselles). La guerre de 1914 amène des changements de noms en faveur des maréchaux Joffre, Foch et Gallieni ou des héros locaux (Professeur Gonnard). Mais la grande et dernière période de changements de noms a été celle qui nous précède immédiatement. La Libération fait apparaître dès 1945 des héros de la Résistance (Lieutenant Morel , Jean Moulin), puis l’habitude se prend d’honorer des personnalités locales, élus municipaux pour l’essentiel, pour nommer les voies nouvelles ou débaptiser d’anciennes rues. On en discutait déjà au XIXe siècle, comme on peut le lire dans le petit livre écrit parfois au vitriol par A. Steyert et intitulé en 1872 «Sur les changements de noms de rues».
L’histoire des noms est donc, autant que celle des tracés, celle de la ville toute entière.
L’utilisation des plaques de rues comme panneaux d’hommage ou de propagande ne remonte guère qu’au début du XVIIIe siècle, avec le quai de Retz et la place Louis-le-Grand. La Révolution en fit un usage systématique et outrancier qui entraîna, après elle, de nouvelles et nécessaires modifications. Dès lors, le pli était pris, et chaque changement de régime se traduisait par de nouvelles substitutions de plaques. Au début du XXe siècle, l’anticléricalisme fit un carnage de noms à consonance religieuse. Bien des noms vénérables ont ainsi disparu. Une pratique plus sage s’est heureusement établie depuis une trentaine d’années. On ne débaptise plus sans précautions et, pour attribuer un nom, on attend au moins cinq ans après la mort du « bénéficiaire » : les célébrités ont ainsi le temps de décanter.
Enfin, l’
Nous sommes en face de trois systèmes :
- le système politique, qui consiste à donner aux rues des noms qui sont en rapport avec les institutions actuelles du pays et à effacer ceux qui rappellent un autre régime ; la conséquence étant le changement fréquent des noms de rues et des mêmes rues, ce qui dépayse l’histoire et bouleverse les habitudes de toute une population
Le Conseil municipal de Lyon demanda en 1851 qu’il ne fut dorénavant donné aucun nom politique aux rues, places quais, ponts de la cité. Règle qui ne fut pas toujours respecté même après,
- le système conservateur à tout prix des appellations passées, même si elles fussent incompréhensibles,
- le système historique et local, qui s’attache à donner à une rue ou à une place le nom des hommes qui ont servi leur pays afin d’éterniser leur mémoire et de porter à la postérité le souvenir de leurs belles actions.
Pour terminer et élargir le propos, s’agissant d’un sujet sur la toponymie, nous vous proposons la lecture d’une réponse que nous avions faite et qui renvoie vers de nombreuses références sur la question.
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