Question d'origine :
Bonjour,
Avec ma collègue nous étions en train de nous poser la question de l'origine de ses deux expressions : être "rasoir" ou "barbant" pour parler d'une activité ou d'une personne ennuyante.
Ces deux expressions semblent avoir la même origine, mais nous n'arrivons pas à trouver laquelle. Saurez-vous nous éclairer ?
Merci et bonne journée
Réponse du Guichet
gds_se
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 27/07/2016 à 15h45
Bonjour
Les expressions « être barbant » et « être rasoir » viennent toutes les deux de l’argot ; par glissement du terme « rébarbatif » :
Barber v. tr. apparaît relativement tard en moyen français (1397) au sens de « faire la barbe », sorti d’usage au profit de raser (XVIIIe s.).
Le sens figuré, « ennuyer » (1882), d’abord argotique puis familier, procède par synonymie de l’emploi familier de raser sous l’influence du sens de « rébarbatif ». […]
Son participe présent barbant, ante adjectivé (1907) a le sens correspondant, « ennuyeux » et a été en vogue dans la première partie du XIXe s. (cf. ci-dessous barbifier)
Barbifier v. tr., après une attestation très isolé comme intransitif au sens de « porter la barbe » (XVIIe-XVIIIe siècle), a été repris au sens de « faire la barbe à (qqn) » (1752) […].
Comme barber, il a développé le sens familier d’« ennuyer » (1889).
Ses dérivés barbification n. f. (1892) et barbifiant, ante adj. (1918 dans Proust), « ennuyeux » ont vieilli.
Barbe […]
La notion d’ennui, réalisé dans les expressions familières « faire la barbe » (1886) et, elliptiquement, « la barbe » (1881), procède probablement de « rébarbatif », employé avec un sens analogue dès le XVIIe s.
Rasant
D’après l’emploi figuré de raser, l’adjectif a développé, comme barbant, le sens figuré familier d’ennuyeux (1875, Larousse).
Raser
Le sens parallèle à celui de barber, qui correspond à ennuyer (1851), s’est implanté d’abord chez les gens du peuple, les gens de lettres et les artistes ; il peut faire allusion à la longueur de l’opération, aux propos insignifiants qui l’accompagnent.
Dictionnaire historique de la langue française / sous la direction d’Alain Rey
Rasoir adj. et n.
Se dit d’une personne ou d’une chose ennuyeuse : Il prendrait le Lanson qu’il avait dans sa petite malle et le lirait de la première à la dernière ligne. Ça lui fixerait les idées. C’était rasoir, bien sûr ! (Guérin)
Etymologie : emplois métaphoriques du mot usuel. « Ca fait rasoir » 1789 [Enckell]
Dictionnaire de l’argot français et de ses origines / Jean-Paul Colin, Jean-Pierre Mével et Christian Leclère
Rébarbatif adj. – v. 1360
Froissart ; de l’ancien français “se rebarber” “faire face, tenir tête », proprt barbe contre barbe, ou encore (P. Guiraud) de barbatus, re- correspondant à re(brousser), avec l’idée de « à contre-poil, revêche ». […]
2. (Mil. XVIIe). Difficile et ennuyeux. Voir Aride. « Etudes, sujets rébarbatifs ». Voir Ingrat (fam. Barbant)
« Voilà des mots qui sont trop rébarbatifs. Cette logique-là ne me revient point. Apprenons autre chose qui soit plus joli. » Molière, le Bourgeois gentilhomme, II, 4
Le Grand Robert de la langue française / Paul Robert
Barbant
II.− Adj., fam. Qui provoque l'ennui. Synon. pop. assommant, embêtant, rasant :
1. Roger. − Oh! ça, c'est inappréciable! Rien d'assommant comme une femme qui est là à vous tirer les paroles. Henri. − Et qui vous demande votre avis sur ceci et ça... Oh! c'est barbant!... T. Bernard, M. Codomat,1907, I, 6, p. 154.
− En partic. Se dit d'une personne qui déplaît, qui gêne, qui irrite, etc. :
2. Ce n'est pas une mauvaise fille [Albertine], mais elle est barbante. Elle n'a pas besoin de venir fourrer son nez partout. Pourquoi se colle-t-elle à nous sans qu'on lui demande? Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs,1918, p. 888.
Barbant / Centre national de ressources textuelles et lexicales
Rasoir
B. − Fam., adj. inv. Ennuyeux, fatigant. Synon. (fam.) barbant, casse-pied (vulg.); chiant, emmerdant.Quand on jouait un drame ou un opéra-comique. J'en savais assez pour juger, avec la féroce simplicité des enfants, que « tout ça était un peu rasoir » (Gyp, Souv. pte fille, 1928, p. 227).
− Empl. subst. Individu qui est très ennuyeux. Synon. raseur.Quel rasoir! (Littré).
Rasoir / Centre national de ressources textuelles et lexicales
Bonne journée
Les expressions « être barbant » et « être rasoir » viennent toutes les deux de l’argot ; par glissement du terme « rébarbatif » :
Le sens figuré, « ennuyer » (1882), d’abord argotique puis familier, procède par synonymie de l’emploi familier de raser sous l’influence du sens de « rébarbatif ». […]
Son participe présent barbant, ante adjectivé (1907) a le sens correspondant, « ennuyeux » et a été en vogue dans la première partie du XIXe s. (cf. ci-dessous barbifier)
Comme barber, il a développé le sens familier d’« ennuyer » (1889).
Ses dérivés barbification n. f. (1892) et barbifiant, ante adj. (1918 dans Proust), « ennuyeux » ont vieilli.
La notion d’ennui, réalisé dans les expressions familières « faire la barbe » (1886) et, elliptiquement, « la barbe » (1881), procède probablement de « rébarbatif », employé avec un sens analogue dès le XVIIe s.
D’après l’emploi figuré de raser, l’adjectif a développé, comme barbant, le sens figuré familier d’ennuyeux (1875, Larousse).
Le sens parallèle à celui de barber, qui correspond à ennuyer (1851), s’est implanté d’abord chez les gens du peuple, les gens de lettres et les artistes ; il peut faire allusion à la longueur de l’opération, aux propos insignifiants qui l’accompagnent.
Dictionnaire historique de la langue française / sous la direction d’Alain Rey
Se dit d’une personne ou d’une chose ennuyeuse : Il prendrait le Lanson qu’il avait dans sa petite malle et le lirait de la première à la dernière ligne. Ça lui fixerait les idées. C’était rasoir, bien sûr ! (Guérin)
Etymologie : emplois métaphoriques du mot usuel. « Ca fait rasoir » 1789 [Enckell]
Dictionnaire de l’argot français et de ses origines / Jean-Paul Colin, Jean-Pierre Mével et Christian Leclère
Froissart ; de l’ancien français “se rebarber” “faire face, tenir tête », proprt barbe contre barbe, ou encore (P. Guiraud) de barbatus, re- correspondant à re(brousser), avec l’idée de « à contre-poil, revêche ». […]
2. (Mil. XVIIe). Difficile et ennuyeux. Voir Aride. « Etudes, sujets rébarbatifs ». Voir Ingrat (fam. Barbant)
« Voilà des mots qui sont trop rébarbatifs. Cette logique-là ne me revient point. Apprenons autre chose qui soit plus joli. » Molière, le Bourgeois gentilhomme, II, 4
Le Grand Robert de la langue française / Paul Robert
II.− Adj., fam. Qui provoque l'ennui. Synon. pop. assommant, embêtant, rasant :
1. Roger. − Oh! ça, c'est inappréciable! Rien d'assommant comme une femme qui est là à vous tirer les paroles. Henri. − Et qui vous demande votre avis sur ceci et ça... Oh! c'est barbant!... T. Bernard, M. Codomat,1907, I, 6, p. 154.
− En partic. Se dit d'une personne qui déplaît, qui gêne, qui irrite, etc. :
2. Ce n'est pas une mauvaise fille [Albertine], mais elle est barbante. Elle n'a pas besoin de venir fourrer son nez partout. Pourquoi se colle-t-elle à nous sans qu'on lui demande? Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs,1918, p. 888.
Barbant / Centre national de ressources textuelles et lexicales
B. − Fam., adj. inv. Ennuyeux, fatigant. Synon. (fam.) barbant, casse-pied (vulg.); chiant, emmerdant.Quand on jouait un drame ou un opéra-comique. J'en savais assez pour juger, avec la féroce simplicité des enfants, que « tout ça était un peu rasoir » (Gyp, Souv. pte fille, 1928, p. 227).
− Empl. subst. Individu qui est très ennuyeux. Synon. raseur.Quel rasoir! (Littré).
Rasoir / Centre national de ressources textuelles et lexicales
Bonne journée
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