Question d'origine :
Bonjour,
Je me suis toujours demandé pourquoi "le foie" s'écrit avec un "e" alors que c'est masculin sachant que "la foi" sans "e" est féminin et que "une fois" s'écrit avec un "s" tout en étant au singulier. Je sais qu'il s'agit de mots avec des sens différents mais pourquoi ce choix orthographique incohérent ?
Merci.
Réponse du Guichet
gds_ah
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 24/09/2016 à 10h35
Bonjour,
L’orthographe de ces trois mots peut être expliquée par leur étymologie latine ou provençale. Nous vous laissons le soin de lire les évolutions au fil du temps de ces trois termes dans les définitions d’Alain Rey publiées dans le Dictionnaire historique de la langue française .
FOI n.f. est l’aboutissement (XIIe s.) par une série de formes intermédiaires : feid (v. 1050), feit, fei (XIIe s.) du latin classique fides « foi, confiance », « loyauté », « promesse, parole donnée », le latin chrétien a spécialisé l’emploi du vocable au sens de « confiance en Dieu » ; le mot se rattache à une racine indoeuropéenne bheidh « avoir confiance ».
FOIE n.m. est l’aboutissement (XIIIe s.) du bas latin ficatum, d’abord « foie gras », puis en général « foie », formé sur ficus « figue », ficatum est un calque du grec (hepar) sukoton, littéralement « (foie) de figues » (de sukon « figue ») c’est-à-dire « foie d’un animal engraissé avec des figues ». Le mot grec est resté longtemps connu dans les pays de langue latine et sa prononciation selon les lieux explique la variété des formes romanes issues de ficatum : par exemple, déplacement de l’accent en espagnol d’où hidago ; la métathèse des consonnes c et t (feticum) donne le catalan fétge, le wallon féte. En français, par changement d’accentuation, ficatum devient ficitum, d’où la forme fidigo (VIIIe s.), puis, par métathèse des consonnes, fidicum, à l’origine du picardfie et de la forme firie, avec changement du –d en –r (1080, chanson de Roland) ; parallèlement ficatum s’était altéré en fecatum (i s’ouvre en e), à l’origine du français feie (XIIe s.) puis foie (XIIIe s.), avec l’évolution habituelle de la prononciation oye-wé-wa. Pour Bloch et Wartburg, l’ancien français fieger « coaguler(du sang) » - plus tard figer, sous l’influence du picard fie –viendrait du type fecatum, feticum. Pour P. Guiraud, au contraire, ficatum, figatum aurait perdu tout lien avec figue –ce qui est très probable, l’engraissement des oies avec des figues n’étant que méditerranéen – et a été compris comme « sang figé », « sang moulé », par référence aux verbes latins figere « fixer » et fingere « modeler, façonner » (- figer)
FOIS n.f. est l’aboutissement (XIIe s.) par la formefeiz (v.1050 ; fin Xe s., ancien provençal vez ; cf. l’espagnol vez) du latin classique vices, nominatif et accusatif pluriel de vix « place occupée par qqn, succession » (-vice) seulement utilisé à certains cas et dans des locutions adverbiales comme (in)vicem « à la place de » puis « au tour de » - d’où l’emploi du mot en latin impérial pour « tour, fois ». Vix se rattache à une racine indoeuropéenne weik « céder » (cf. en germanique wikon « céder la place, succéder »).
Bonne journée.
L’orthographe de ces trois mots peut être expliquée par leur étymologie latine ou provençale. Nous vous laissons le soin de lire les évolutions au fil du temps de ces trois termes dans les définitions d’Alain Rey publiées dans le Dictionnaire historique de la langue française .
FOI n.f. est l’aboutissement (XIIe s.) par une série de formes intermédiaires : feid (v. 1050), feit, fei (XIIe s.) du latin classique fides « foi, confiance », « loyauté », « promesse, parole donnée », le latin chrétien a spécialisé l’emploi du vocable au sens de « confiance en Dieu » ; le mot se rattache à une racine indoeuropéenne bheidh « avoir confiance ».
FOIE n.m. est l’aboutissement (XIIIe s.) du bas latin ficatum, d’abord « foie gras », puis en général « foie », formé sur ficus « figue », ficatum est un calque du grec (hepar) sukoton, littéralement « (foie) de figues » (de sukon « figue ») c’est-à-dire « foie d’un animal engraissé avec des figues ». Le mot grec est resté longtemps connu dans les pays de langue latine et sa prononciation selon les lieux explique la variété des formes romanes issues de ficatum : par exemple, déplacement de l’accent en espagnol d’où hidago ; la métathèse des consonnes c et t (feticum) donne le catalan fétge, le wallon féte. En français, par changement d’accentuation, ficatum devient ficitum, d’où la forme fidigo (VIIIe s.), puis, par métathèse des consonnes, fidicum, à l’origine du picard
FOIS n.f. est l’aboutissement (XIIe s.) par la forme
Bonne journée.
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter