Question d'origine :
Bonjour,
Le linteau sur lequel le front du Roi Charles VIII a heurté au Château d'Amboise conserve-t-elle quelque trace ? Ce qui permettrait d'en déduire la taille de Charles VIII...
Mille Merci.
Très cordialement.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 16/12/2016 à 15h46
Bonjour
Charles VIII, né en 1470 et mort en 1498, est le dernier roi de la branche ainée des Valois et, pour l’historien Didier le Fur, il est le « fondateur d’une ère de prestige pour la France, qu’on appellera Renaissance ».
Bref, tout concourt pour faire de la mort de ce roi un drame, un moment clef de la chronologie française. Mais l’ironie de l’histoire est sans limite et Charles VIII, décédé des suites d’un choc contre le linteau d’une porte de son château d’Amboise, vient grossir la liste des dirigeants dont la mort ne restera pas dans les annales !
Car, comme le rappelle une longue tradition : « s’il y a un savoir-vivre, il y a surtout un savoir mourir » (des artes moriendi de la fin du Moyen Age à… Mr Manatane). Louis VI le Gros mort des suites d’une collision avec un cochon, Henri II et l’éclat de lance mortel, Maximilien Ier de Habsbourg et l’ingestion excessive de melon… Et Charles VIII donc.
Lisons le récit qu’en donne Philippe de Commynes dans ses Mémoires :
« Tandis qu’il était dans cette grande gloire aux yeux du monde et pleines de bonnes dispositions envers Dieu, le 7 avril 1498, la veille des Rameaux, il partir de la chambre de la reine Anne de Bretagne, son épouse, qu’il emmena voir avec lui les joueurs de paume dans les fossés du château. Il ne l’y emmena que cette fois-ci. Ils entrèrent ensemble dans une galerie, toute démolie à cause des travaux en cours, qu’on appelait la galerie de Hacquele bac, parce que ce dernier en avait eu la garde ; c’était l’endroit le plus dégoûtant du château, car tout le monde y pisait, et elle était très dégradée. Le Roi se heurta le front à l’entrée contre la porte, bien qu’il fût de petite taille ; et puis il regarda un temps les joueurs et discutait avec tout le monde […]. La dernière parole qu’il prononça jamais […] fut qu’il avait espoir de ne jamais faire de péché véniel ni mortel s’il le pouvait. En prononçant ces paroles, il tomba à la renverse et perdit la parole, et il resta en ce lieu jusqu’à onze heures du soir. C’est ainsi que ce grand et puissant seigneur quitta ce monde »…
Yvonne Labande de Mailfert précise dans sa biographie de Charles VIII que ce dernier « ne semble pas, cependant – non plus qu’Anne ou leur suite – attacher d’importance à ce faux mouvement, car il poursuit sa marche […]. Sans en être gêné le moins du monde, le roi devise avec tous ».
Enfin, Didier Le Fur dans son Charles VIII fait état des hypothèses concernant cette mort accidentelle :
« Certains parlèrent d’empoisonnement. A Milan, le bruit courut que ce roi de vingt-sept ans était décédé d’une crise d’épilepsie. Pour beaucoup d’autres, Charles serait mort d’une catarrhe provoquée par le choc qu’il avait reçu en se cognant la tête contre le fronton de la porte. Cette affirmation est sans doute la plus proche de la réalité ».
Avec ces différents éléments, on peut conclure que :
- Le roi est de petite taille et la porte aussi, sans pouvoir préciser davantage.
- Il est peu vraisemblable qu’une quelconque trace ne soit apparue sur le linteau suite au choc. Sur le site du château d’Amboise, qui évoque cet événement, il n’en est pas fait mention non plus.
Bonnes lectures
Charles VIII, né en 1470 et mort en 1498, est le dernier roi de la branche ainée des Valois et, pour l’historien Didier le Fur, il est le « fondateur d’une ère de prestige pour la France, qu’on appellera Renaissance ».
Bref, tout concourt pour faire de la mort de ce roi un drame, un moment clef de la chronologie française. Mais l’ironie de l’histoire est sans limite et Charles VIII, décédé des suites d’un choc contre le linteau d’une porte de son château d’Amboise, vient grossir la liste des dirigeants dont la mort ne restera pas dans les annales !
Car, comme le rappelle une longue tradition : « s’il y a un savoir-vivre, il y a surtout un savoir mourir » (des artes moriendi de la fin du Moyen Age à… Mr Manatane). Louis VI le Gros mort des suites d’une collision avec un cochon, Henri II et l’éclat de lance mortel, Maximilien Ier de Habsbourg et l’ingestion excessive de melon… Et Charles VIII donc.
Lisons le récit qu’en donne Philippe de Commynes dans ses Mémoires :
« Tandis qu’il était dans cette grande gloire aux yeux du monde et pleines de bonnes dispositions envers Dieu, le 7 avril 1498, la veille des Rameaux, il partir de la chambre de la reine Anne de Bretagne, son épouse, qu’il emmena voir avec lui les joueurs de paume dans les fossés du château. Il ne l’y emmena que cette fois-ci. Ils entrèrent ensemble dans une galerie, toute démolie à cause des travaux en cours, qu’on appelait la galerie de Hacquele bac, parce que ce dernier en avait eu la garde ; c’était l’endroit le plus dégoûtant du château, car tout le monde y pisait, et elle était très dégradée. Le Roi se heurta le front à l’entrée contre la porte, bien qu’il fût de petite taille ; et puis il regarda un temps les joueurs et discutait avec tout le monde […]. La dernière parole qu’il prononça jamais […] fut qu’il avait espoir de ne jamais faire de péché véniel ni mortel s’il le pouvait. En prononçant ces paroles, il tomba à la renverse et perdit la parole, et il resta en ce lieu jusqu’à onze heures du soir. C’est ainsi que ce grand et puissant seigneur quitta ce monde »…
Yvonne Labande de Mailfert précise dans sa biographie de Charles VIII que ce dernier « ne semble pas, cependant – non plus qu’Anne ou leur suite – attacher d’importance à ce faux mouvement, car il poursuit sa marche […]. Sans en être gêné le moins du monde, le roi devise avec tous ».
Enfin, Didier Le Fur dans son Charles VIII fait état des hypothèses concernant cette mort accidentelle :
« Certains parlèrent d’empoisonnement. A Milan, le bruit courut que ce roi de vingt-sept ans était décédé d’une crise d’épilepsie. Pour beaucoup d’autres, Charles serait mort d’une catarrhe provoquée par le choc qu’il avait reçu en se cognant la tête contre le fronton de la porte. Cette affirmation est sans doute la plus proche de la réalité ».
Avec ces différents éléments, on peut conclure que :
- Le roi est de petite taille et la porte aussi, sans pouvoir préciser davantage.
- Il est peu vraisemblable qu’une quelconque trace ne soit apparue sur le linteau suite au choc. Sur le site du château d’Amboise, qui évoque cet événement, il n’en est pas fait mention non plus.
Bonnes lectures
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