Question d'origine :
Dans sa chanson "Le pluriel", (où il dit qu'il n'aime pas agir en bande) Georges Brassens dit : "L'obélisque est-il monolithe, oui ou non ?" Je comprends chaque mot, mais je ne comprends pas l'idée d'ensemble. Est-ce que c'est compréhensible ? Est-ce que ça fait référence à une question connue ? Bien à vous. Vercoquin Il dit ça dans le couplet : Pour embrasser la dam', s'il faut se mettre à douze, J'aime mieux m'amuser tout seul, cré nom de nom ! Je suis celui qui reste à l'écart des partouzes. L'obélisque est-il monolithe, oui ou non ?
Réponse du Guichet
bml_mus
- Département : Musique
Le 05/03/2019 à 15h17
Bonjour,
Il se peut qu'il y ait des références qui nous échappent mais pour nous l'affaire est entendue : de par sa forme phallique l'obélisque évoque irrésistiblement le sexe viril en majesté, ne parle-t-on pas de l'érection d'un obélisque ? Et cette colonne de pierre est bien d'un bloc - monolithe - comme son homologue charnel, qui, selon Brassens doit être suffisant, seul et sans congénères, pour satisfaire Madame.
Brassens n'a jamais fait mystère de ses goûts et dégoûts pour ce qui touche aux plaisirs de la chair.
Pour commencer ce qui se passe dans son alcôve ne regarde que lui :
"A toute exhibition, ma nature est rétive,
Souffrant d'un' modesti' quasiment maladive,
Je ne fais voir mes organes procréateurs
A personne, excepté mes femm's et mes docteurs."
(les trompettes de la renommée)
C'est une affaire purement individuelle, entre 4 zyeux et 2 autre-chose, 2 mais pas plus, voir les paroles du pluriel.
L'objet de ses désirs ne peut être qu'exclusivement masculin (2 autre-chose, pas 2 pareils)
"Supposez que l'un de vous puisse être,
Comme le singe, obligé de
Violer un juge ou une ancêtre,
Lequel choisirait-il des deux ?
Qu'une alternative pareille,
Un de ces quatres jours, m'échoie,
C'est, j'en suis convaincu, la vieille"
Qui sera l'objet de mon choix ! (le gorille)
... au risque de porter un regard désapprobateur voire méprisant sur quiconque aurait des options sexuelles différentes :
"Sonneraient-ell's plus fort, ces divines trompettes,
Si, comm' tout un chacun, j'étais un peu tapette,
Si je me déhanchais comme une demoiselle
Et prenais tout à coup des allur's de gazelle ?
Mais je ne sache pas qu'ça profite à ces drôles
De jouer le jeu d' l'amour en inversant les rôles,
Qu'ça confère à leur gloire un' onc' de plus-valu',
Le crim' pédérastique, aujourd'hui, ne pai' plus."
(les trompettes de la renommée)
mais tant qu'on "n'inverse pas les rôles", ouf, on peut bien prendre son plaisir là où on veut, et Brassens fait montre d'une certaine tolérance, voire d'une sympathie certaine pour les dames de petite vertu, ce que l'on peut appeler aussi solidarité pour les travailleuses du sexe :
"Bien qu'on les appelle des filles de joie, c'est pas tous les jours qu'elles rigolent
Les sous croyez pas qu'elles les volent""
(la complainte des filles de joie)
Le 16 juin 1976, Georges Brassens reçoit le soutien du collectif des prostituées de Paris, via une lettre le remerciant pour « ses chansons qui nous aident à vivre » (source Wikipedia)
Bref un attachement à certaines normes chez cet ardent non-conformiste qui n'a pas peur des mots, mais pudiquement. Chacun a bien droit à ses complexités, ses petites souplesses, ses petits raidissements et ses grandes raideurs. L'humour comme arme face à l'angoisse ? Car, selon Brassens (mais c'est lui qui le dit) :
"Quatre-vingt-quinze fois sur cent,
La femme s'emmerde en baisant.
Qu'elle le taise ou le confesse
C'est pas tous les jours qu'on lui déride les fesses."
(quatre-vingt-quinze fois sur cent)
Où l'on voit que même les classiques (les textes de Brassens sont aujourd'hui étudiés à l'école), sont témoins d'une époque. Les époques changent et certains points de vue peuvent vieillir. Contrairement au talent et à la poésie.
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