Question d'origine :
Bonjour à tous,
quel est la signification symbolique du soleil dans les différentes religions ?
Merci
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 08/04/2019 à 13h44
Bonjour,
Dans la Bible, selon la-croix.com, le soleil est également une métaphore de la distinction des élus, puis des justes :
« De fait, plus l’homme s’approche de Dieu dans la Bible, plus son visage est rayonnant : ainsi de Moïse redescendant du Sinaï, dont le visage est si lumineux (Ex 34, 29) que les Hébreux doivent le voiler. On pense surtout à la Transfiguration du Christ au mont Thabor, dont le visage « resplendit comme le soleil » (Mt 17, 2). Dans le Royaume de Dieu, l’évangéliste annonce qu’à leur tour, les justes « resplendiront comme le soleil » (Mt 13, 43). »
L’islam ne semble pas accorder beaucoup plus d’importance à l’astre du jour (au contraire de la lune en croissant, comme le remarque un article d’historia.fr). Sans doute parce que religions révélées, le judaïsme, le christianisme et l’islam ne mettent pas les forces de la nature au centre de leurs préoccupations.
Il en est autrement avec les paganismes antiques. On trouve à ce sujet un article assez bien documenté sur cndp.fr :
« Le culte du Soleil se retrouve dans toutes les religions du monde antique : les textes font parfois défaut mais les vestiges archéologiques sont nombreux en Europe.
Au Danemark, on a découvert en 1902 un disque solaire sur un char datant de l'âge du bronze vers 1 400 avant J.-C. […].
Le voyage du Soleil dans le ciel est gravé sur de nombreuses lames ou pierres mais le dessin le plus complet se trouve sur le Char du Soleil trouvé à Trundholm Bog. Le Soleil effectue son voyage grâce à des chevaux mais aussi un bateau qui, durant la nuit, lui permet de rejoindre l'Orient. Ce sont les mêmes données que l'on retrouve plus tard dans le mythe grec d'Hélios.
En Gaule, Belenos, dieu solaire, apparaît dans de nombreuses inscriptions et son culte semble avoir été important.
Dans la péninsule italique, on a mis à jour également des objets étrusques représentant le soleil comme la décoration d'un char d'apparat étrusque, Ve siècle avant J.-C.exposée désormais au musée de Saint-Pétersbourg.
[…]
Au premier siècle de notre ère se développe à Rome, probablement par l'intermédiaire des soldats revenus des campagnes d'Orient, le culte de Mithra : c'est le Soleil qui donne l'ordre à Mithra de sacrifier le taureau afin de redonner au monde la force vitale, et, après le banquet, le Soleil devenu Invictus, invaincu et invincible, repart vers le ciel dans son char solaire. »
Voici ce que dit de l’Helios grec l’Encyclopaedia universalis :
« Descendant d'Ouranos et de Gaia par ses parents, le Titan Hypérion et la Titanide Thèia, Hélios, le Soleil, est frère de l'Aurore (Éos) et de la Lune (Séléné). […]
Hélios est un jeune homme d'une très grande beauté, à la chevelure d'or. Chaque matin, précédé par le char de l'Aurore, il s'élance sur son attelage de feu, entraîné par des coursiers rapides (Pyroïs, Éoos, Aéthon et Phlégon), depuis le pays des Indiens, sur une route étroite qui suit le milieu du ciel. Au soir, il baigne ses chevaux fatigués dans l'Océan, tandis que lui-même se repose dans un palais d'or. La nuit, il regagne l'Orient sous la Terre ou encore sur l'Océan qui entoure le monde […]. Si le culte d'Hélios n'est vraiment attesté qu'à Rhodes et à Corinthe, où les jeux Isthmiques célébraient, selon Pausanias (II, i, 6), sa réconciliation avec Poséidon, celui-ci semble avoir été une divinité très populaire […].
Il est celui qui voit tout, l'œil du monde, et à ce titre il guérit la cécité d'Orion. »
(Source : universalis-edu.com)
Dans la religion Egyptienne, le soleil revêt une importance encore plus grande, puisqu’il est le symbole de la lutte perpétuelle de l’ordre contre le chaos. C’est dans ce sens, et sous le signe de la divinité des pharaons, que les Egyptiens anciens interprétaient l’alternance jour/nuit :
« Dieu égyptien anthropomorphe ou avec une tête de faucon, Rê est coiffé du disque solaire autour duquel s’enroule un serpent (uræus). Dans sa forme naissante, il peut être représenté par un veau, un enfant, ou un scarabée. Ses aspects nocturnes lui valent d’être doté d’une tête de bélier. En tant qu’ennemi d’Apopis, il peut se manifester sous la forme d’un chat.
Grand dieu égyptien d'Héliopolis, le soleil bénéficia d'une faveur grandissante au cours de l'Ancien Empire, ainsi qu'en témoignent les noms et les titulatures des rois de cette période : de plus en plus, les souverains prennent l'habitude de se donner des noms composés avec celui de Rê et le titre de « fils de Rê » est inclus dans les titulatures royales dès la IVe dynastie, fondée par Snéfrou en 2600 av. J.-C. environ. Le roi, sous l'Ancien Empire, est le seul à ressusciter sous la forme d'une divinité. Il a également le pouvoir de se joindre au dieu Rê dans sa barque. […]
Pour les morts, que le dieu-Soleil rencontre dans son voyage, l'issue est différente : « La mort est pour tout être une descente dans la réalité primordiale, mais, tandis que les élus reçoivent la force rajeunissante de l'informe et, par leur mort et leur résurrection, restent dans le cycle cosmique, les damnés ont droit à la « deuxième mort » hors de l'être dans le non-être » (Hornung). Les damnés, en faisant isefet, le mal, au lieu de maât, la norme, se sont mis hors de l'ordre du monde. Le dieu solaire n'est là que pour les élus, qu'il ressuscite sur son passage et auxquels il donne Maât, qui est nécessaire à leur existence. […] En raison de ce rôle cosmique, le dieu Rê connut ainsi une faveur particulière. La plupart des divinités l'assimilèrent, notamment Amon sous la forme d'Amon-Rê. Cette « solarisation » de la religion égyptienne fut encore renforcée par l'apparition du dieu Aton, dont la théologie devait reprendre bien des éléments de l'ancienne théologie héliopolitaine. »
(Source : universalis-edu.com)
Le dieu Rê, si important symbole de la permanence du pouvoir pharaonique, fut pourtant abandonné par le pharaon Akhenaton au XIVè siècle avant n’ère chrétienne – lequel, instaurant le culte exclusif d’un autre dieu solaire, Aton, inventa ce qui fut probablement le premier monothéisme de l’histoire. Pourtant, selon l’ouvrage Dictionnaire illustré des dieux de l'Egypte [Livre] / Ruth Schumann Antelme, Stéphane Rossini ; préf. C. Desroches-Noblecourt, il était difficilement saisissable :
« Entité abstraite, sans forme humaine, ni animale, ni végétale, ni minérale, […] Aton est énergie, une énergie agissante, omniprésente dans le cosmos, sans début ni fin […] : il existe tout simplement, de tout temps et pour tous les temps. Cette énergie pure porte en elle les possibilités infinies de création, de vie et de mort. »
L’ouvrage précise encore que le culte d’Aton (en partie imposé pour lutter contre le pouvoir des prêtres d’Amon), n’a pas survécu à Akhenaton.
Culte royal, tout à fait au centre de l’harmonie cosmique était aussi le soleil dans les religions précolombienne. Voir l’article de Claude Morin sur le site de l’Université de Montréal :
• « Chez les Aztèques
Chez les Aztèques, le soleil occupait la place centrale au sein du panthéon. Huitzilopochtli, le soleil au zénith, était le dieu tribal des Aztèques qu’il avait guidés par ses oracles dans leurs pérégrinations vers le sud. Tous les peuples conquis devaient honorer ce dieu guerrier. Son temple couronnait la grande pyramide de Tenochtitlan au côté du sanctuaire de Tlaloc, le dieu de la foudre et de la pluie, emprunté aux peuples agraires du Mexique central. Les Aztèques croyaient que leur monde avait été précédé par quatre autres univers, les Quatre soleils. Peuple du soleil, leur mission était de repousser à jamais l’assaut du néant en procurant au soleil (et à d’autres dieux) la nourriture par excellence, le sang humain. D’où des conquêtes et des guerres fleuries destinées à s’approvisionner en prisonniers à sacrifier. Les victimes devenaient des "compagnons de l’aigle", animal solaire souvent représenté dans la statuaire tenant des cœurs dans ses serres. Le soleil se trouvait donc associé chez les Aztèques à un formidable mécanisme d’expansion.
• Chez les Incas
Les Incas furent de tous les peuples précolombiens ceux qui accordèrent la plus grande place au soleil au point que les récits sur leurs origines les présentent comme les "fils du Soleil" (Inti). Précisons que le terme "Inca" désigne à la fois une tribu et la dynastie royale qui la dirige à partir du XIIIe siècle. L’une des versions du mythe raconte que le Soleil envoya Manco Capac (le premier Inca) et Mama Ocllo Huaco, son fils et sa fille engendrés avec la Lune, enseigner aux gens à vivre dans des villages et à cultiver comme si la civilisation commençait avec les Incas. Les mythes confondent souvent le créateur (Viracocha) et le soleil : tantôt Viracocha est le créateur, tantôt le créateur est le soleil. Mettant à profit l’existence de cultes solaires chez plusieurs ethnies dans les Andes, les Incas s’employèrent à les exploiter pour mieux asseoir leur domination auprès des ethnies qu’ils conquirent en l’espace de deux siècles, à la façon des Aztèques en Mésoamérique. Nous savons par exemple que les Collas établis au voisinage du lac Titicaca adoraient le soleil et que l’une des îles, celle du Soleil, abritait un important sanctuaire. C’était sans doute aussi le cas plusieurs siècles plus tôt à Tihuanaco où l’on peut encore contempler la Porte du Soleil. Les Incas firent du culte solaire et de leur langue (le runasimi ou quechua) le ciment d’un empire multiethnique immense, le Tahuantinsuyu, ou l’"empire des quatre quartiers". En se proclamant descendants d’Inti, la dynastie inca s’attribua un droit d’exclusivité sur le pouvoir. Mircea Eliade, comparant les hiérophanies solaires, avait constaté combien le culte solaire tendait à se confondre avec la souveraineté et à devenir le privilège d’un cercle, d’une minorité. Les Incas se conforment parfaitement à ce modèle.
De la même manière que la mythologie inca fait du soleil le dieu suprême, par analogie les Incas sont au sommet de la hiérarchie sociale et leur peuple domine les autres peuples. La puissance des Incas fut d’exploiter les croyances antérieures et de les radicaliser à leur avantage en créant une religion impériale axée sur les cultes du soleil et des morts. Le culte des morts avait occupé une place importante chez les peuples andins et participait du culte rendu aux huacas (nom donné aux places et objets sacrés). Les gens d’un même lignage étaient enterrés ensemble dans les champs et les montagnes que fréquentaient les vivants. Les Incas élaborèrent un imposant culte rendu aux momies des Incas morts par leurs descendants dans la lignée masculine. Les momies étaient exhibées à certaines fêtes, y compris dans le temple du Soleil à Cuzco. Chaque Inca devait accumuler de son vivant des biens qui permettraient à ses descendants de l’honorer fastueusement par la suite. Le culte des momies devint ainsi un facteur d’expansion, jouant chez les Incas le rôle que tenait la logique du sacrifice chez les Aztèques.
Représentant vivant du soleil
Vivant, l’Inca représente le soleil; il ne se déplace qu’en litière incrustée d’or et d’argent; ses sujets ne l’approchent que les yeux baissés ou un fardeau sur la tête et lui ne daigne même pas les regarder. L’or est le métal fétiche dans le rituel. C’est en sondant la terre avec une baguette d’or que Manco Capac avait uni le ciel et la terre à Cuzco (nombril) qui devint la tête de l’empire. Si les pépites d’or étaient les excréments du soleil pour les Aztèques (teocuitlatl), elles en étaient les larmes chez les Incas, ce qui justifiait sa place dans le culte solaire. La construction de l’impressionnant temple de Coricancha dépendit de la conquête de deux provinces aurifères.
(Source : umontreal.ca)
Pour aller plus loin :
-Dictionnaire des mythologies et des religions des sociétés traditionnelles et du monde antique [Livre] / [Alain Ballabriga, André Leroi-Gourhan, Arshi Pipa, Alain Schnapp... et al.] ;
-Mythologie [Livre] : mythes et légendes du monde entier
-La barque du soleil [Livre] : la mort et la résurrection en Egypte ancienne et dans l'Evangile / Eugen Drewermann ; trad. de l'allemand par Joseph Feisthauer
-Le Soleil-Dieu et le Christ [Multi-supports] : la christianisation des Indiens du Mexique vue de la Sierra de Puebla / Guy Stresser-Péan
-La légende des soleils [Livre] : mythes aztèques des origines ; traduit du nahuatl par Jean Rose (suivi de) Histoire du Mexique / André Thevet ; mis en français moderne par Jean Rose
-Viracocha, le père du soleil inca [Livre] / Catherine Escrive, Carmen Bernand
Bonnes lectures.
Dans la Bible, selon la-croix.com, le soleil est également une métaphore de la distinction des élus, puis des justes :
« De fait, plus l’homme s’approche de Dieu dans la Bible, plus son visage est rayonnant : ainsi de Moïse redescendant du Sinaï, dont le visage est si lumineux (Ex 34, 29) que les Hébreux doivent le voiler. On pense surtout à la Transfiguration du Christ au mont Thabor, dont le visage « resplendit comme le soleil » (Mt 17, 2). Dans le Royaume de Dieu, l’évangéliste annonce qu’à leur tour, les justes « resplendiront comme le soleil » (Mt 13, 43). »
L’islam ne semble pas accorder beaucoup plus d’importance à l’astre du jour (au contraire de la lune en croissant, comme le remarque un article d’historia.fr). Sans doute parce que religions révélées, le judaïsme, le christianisme et l’islam ne mettent pas les forces de la nature au centre de leurs préoccupations.
Il en est autrement avec les paganismes antiques. On trouve à ce sujet un article assez bien documenté sur cndp.fr :
« Le culte du Soleil se retrouve dans toutes les religions du monde antique : les textes font parfois défaut mais les vestiges archéologiques sont nombreux en Europe.
Au Danemark, on a découvert en 1902 un disque solaire sur un char datant de l'âge du bronze vers 1 400 avant J.-C. […].
Le voyage du Soleil dans le ciel est gravé sur de nombreuses lames ou pierres mais le dessin le plus complet se trouve sur le Char du Soleil trouvé à Trundholm Bog. Le Soleil effectue son voyage grâce à des chevaux mais aussi un bateau qui, durant la nuit, lui permet de rejoindre l'Orient. Ce sont les mêmes données que l'on retrouve plus tard dans le mythe grec d'Hélios.
En Gaule, Belenos, dieu solaire, apparaît dans de nombreuses inscriptions et son culte semble avoir été important.
Dans la péninsule italique, on a mis à jour également des objets étrusques représentant le soleil comme la décoration d'un char d'apparat étrusque, Ve siècle avant J.-C.exposée désormais au musée de Saint-Pétersbourg.
[…]
Au premier siècle de notre ère se développe à Rome, probablement par l'intermédiaire des soldats revenus des campagnes d'Orient, le culte de Mithra : c'est le Soleil qui donne l'ordre à Mithra de sacrifier le taureau afin de redonner au monde la force vitale, et, après le banquet, le Soleil devenu Invictus, invaincu et invincible, repart vers le ciel dans son char solaire. »
Voici ce que dit de l’Helios grec l’Encyclopaedia universalis :
« Descendant d'Ouranos et de Gaia par ses parents, le Titan Hypérion et la Titanide Thèia, Hélios, le Soleil, est frère de l'Aurore (Éos) et de la Lune (Séléné). […]
Hélios est un jeune homme d'une très grande beauté, à la chevelure d'or. Chaque matin, précédé par le char de l'Aurore, il s'élance sur son attelage de feu, entraîné par des coursiers rapides (Pyroïs, Éoos, Aéthon et Phlégon), depuis le pays des Indiens, sur une route étroite qui suit le milieu du ciel. Au soir, il baigne ses chevaux fatigués dans l'Océan, tandis que lui-même se repose dans un palais d'or. La nuit, il regagne l'Orient sous la Terre ou encore sur l'Océan qui entoure le monde […]. Si le culte d'Hélios n'est vraiment attesté qu'à Rhodes et à Corinthe, où les jeux Isthmiques célébraient, selon Pausanias (II, i, 6), sa réconciliation avec Poséidon, celui-ci semble avoir été une divinité très populaire […].
Il est celui qui voit tout, l'œil du monde, et à ce titre il guérit la cécité d'Orion. »
(Source : universalis-edu.com)
Dans la religion Egyptienne, le soleil revêt une importance encore plus grande, puisqu’il est le symbole de la lutte perpétuelle de l’ordre contre le chaos. C’est dans ce sens, et sous le signe de la divinité des pharaons, que les Egyptiens anciens interprétaient l’alternance jour/nuit :
« Dieu égyptien anthropomorphe ou avec une tête de faucon, Rê est coiffé du disque solaire autour duquel s’enroule un serpent (uræus). Dans sa forme naissante, il peut être représenté par un veau, un enfant, ou un scarabée. Ses aspects nocturnes lui valent d’être doté d’une tête de bélier. En tant qu’ennemi d’Apopis, il peut se manifester sous la forme d’un chat.
Grand dieu égyptien d'Héliopolis, le soleil bénéficia d'une faveur grandissante au cours de l'Ancien Empire, ainsi qu'en témoignent les noms et les titulatures des rois de cette période : de plus en plus, les souverains prennent l'habitude de se donner des noms composés avec celui de Rê et le titre de « fils de Rê » est inclus dans les titulatures royales dès la IVe dynastie, fondée par Snéfrou en 2600 av. J.-C. environ. Le roi, sous l'Ancien Empire, est le seul à ressusciter sous la forme d'une divinité. Il a également le pouvoir de se joindre au dieu Rê dans sa barque. […]
Pour les morts, que le dieu-Soleil rencontre dans son voyage, l'issue est différente : « La mort est pour tout être une descente dans la réalité primordiale, mais, tandis que les élus reçoivent la force rajeunissante de l'informe et, par leur mort et leur résurrection, restent dans le cycle cosmique, les damnés ont droit à la « deuxième mort » hors de l'être dans le non-être » (Hornung). Les damnés, en faisant isefet, le mal, au lieu de maât, la norme, se sont mis hors de l'ordre du monde. Le dieu solaire n'est là que pour les élus, qu'il ressuscite sur son passage et auxquels il donne Maât, qui est nécessaire à leur existence. […] En raison de ce rôle cosmique, le dieu Rê connut ainsi une faveur particulière. La plupart des divinités l'assimilèrent, notamment Amon sous la forme d'Amon-Rê. Cette « solarisation » de la religion égyptienne fut encore renforcée par l'apparition du dieu Aton, dont la théologie devait reprendre bien des éléments de l'ancienne théologie héliopolitaine. »
(Source : universalis-edu.com)
Le dieu Rê, si important symbole de la permanence du pouvoir pharaonique, fut pourtant abandonné par le pharaon Akhenaton au XIVè siècle avant n’ère chrétienne – lequel, instaurant le culte exclusif d’un autre dieu solaire, Aton, inventa ce qui fut probablement le premier monothéisme de l’histoire. Pourtant, selon l’ouvrage Dictionnaire illustré des dieux de l'Egypte [Livre] / Ruth Schumann Antelme, Stéphane Rossini ; préf. C. Desroches-Noblecourt, il était difficilement saisissable :
« Entité abstraite, sans forme humaine, ni animale, ni végétale, ni minérale, […] Aton est énergie, une énergie agissante, omniprésente dans le cosmos, sans début ni fin […] : il existe tout simplement, de tout temps et pour tous les temps. Cette énergie pure porte en elle les possibilités infinies de création, de vie et de mort. »
L’ouvrage précise encore que le culte d’Aton (en partie imposé pour lutter contre le pouvoir des prêtres d’Amon), n’a pas survécu à Akhenaton.
Culte royal, tout à fait au centre de l’harmonie cosmique était aussi le soleil dans les religions précolombienne. Voir l’article de Claude Morin sur le site de l’Université de Montréal :
• « Chez les Aztèques
Chez les Aztèques, le soleil occupait la place centrale au sein du panthéon. Huitzilopochtli, le soleil au zénith, était le dieu tribal des Aztèques qu’il avait guidés par ses oracles dans leurs pérégrinations vers le sud. Tous les peuples conquis devaient honorer ce dieu guerrier. Son temple couronnait la grande pyramide de Tenochtitlan au côté du sanctuaire de Tlaloc, le dieu de la foudre et de la pluie, emprunté aux peuples agraires du Mexique central. Les Aztèques croyaient que leur monde avait été précédé par quatre autres univers, les Quatre soleils. Peuple du soleil, leur mission était de repousser à jamais l’assaut du néant en procurant au soleil (et à d’autres dieux) la nourriture par excellence, le sang humain. D’où des conquêtes et des guerres fleuries destinées à s’approvisionner en prisonniers à sacrifier. Les victimes devenaient des "compagnons de l’aigle", animal solaire souvent représenté dans la statuaire tenant des cœurs dans ses serres. Le soleil se trouvait donc associé chez les Aztèques à un formidable mécanisme d’expansion.
• Chez les Incas
Les Incas furent de tous les peuples précolombiens ceux qui accordèrent la plus grande place au soleil au point que les récits sur leurs origines les présentent comme les "fils du Soleil" (Inti). Précisons que le terme "Inca" désigne à la fois une tribu et la dynastie royale qui la dirige à partir du XIIIe siècle. L’une des versions du mythe raconte que le Soleil envoya Manco Capac (le premier Inca) et Mama Ocllo Huaco, son fils et sa fille engendrés avec la Lune, enseigner aux gens à vivre dans des villages et à cultiver comme si la civilisation commençait avec les Incas. Les mythes confondent souvent le créateur (Viracocha) et le soleil : tantôt Viracocha est le créateur, tantôt le créateur est le soleil. Mettant à profit l’existence de cultes solaires chez plusieurs ethnies dans les Andes, les Incas s’employèrent à les exploiter pour mieux asseoir leur domination auprès des ethnies qu’ils conquirent en l’espace de deux siècles, à la façon des Aztèques en Mésoamérique. Nous savons par exemple que les Collas établis au voisinage du lac Titicaca adoraient le soleil et que l’une des îles, celle du Soleil, abritait un important sanctuaire. C’était sans doute aussi le cas plusieurs siècles plus tôt à Tihuanaco où l’on peut encore contempler la Porte du Soleil. Les Incas firent du culte solaire et de leur langue (le runasimi ou quechua) le ciment d’un empire multiethnique immense, le Tahuantinsuyu, ou l’"empire des quatre quartiers". En se proclamant descendants d’Inti, la dynastie inca s’attribua un droit d’exclusivité sur le pouvoir. Mircea Eliade, comparant les hiérophanies solaires, avait constaté combien le culte solaire tendait à se confondre avec la souveraineté et à devenir le privilège d’un cercle, d’une minorité. Les Incas se conforment parfaitement à ce modèle.
De la même manière que la mythologie inca fait du soleil le dieu suprême, par analogie les Incas sont au sommet de la hiérarchie sociale et leur peuple domine les autres peuples. La puissance des Incas fut d’exploiter les croyances antérieures et de les radicaliser à leur avantage en créant une religion impériale axée sur les cultes du soleil et des morts. Le culte des morts avait occupé une place importante chez les peuples andins et participait du culte rendu aux huacas (nom donné aux places et objets sacrés). Les gens d’un même lignage étaient enterrés ensemble dans les champs et les montagnes que fréquentaient les vivants. Les Incas élaborèrent un imposant culte rendu aux momies des Incas morts par leurs descendants dans la lignée masculine. Les momies étaient exhibées à certaines fêtes, y compris dans le temple du Soleil à Cuzco. Chaque Inca devait accumuler de son vivant des biens qui permettraient à ses descendants de l’honorer fastueusement par la suite. Le culte des momies devint ainsi un facteur d’expansion, jouant chez les Incas le rôle que tenait la logique du sacrifice chez les Aztèques.
Représentant vivant du soleil
Vivant, l’Inca représente le soleil; il ne se déplace qu’en litière incrustée d’or et d’argent; ses sujets ne l’approchent que les yeux baissés ou un fardeau sur la tête et lui ne daigne même pas les regarder. L’or est le métal fétiche dans le rituel. C’est en sondant la terre avec une baguette d’or que Manco Capac avait uni le ciel et la terre à Cuzco (nombril) qui devint la tête de l’empire. Si les pépites d’or étaient les excréments du soleil pour les Aztèques (teocuitlatl), elles en étaient les larmes chez les Incas, ce qui justifiait sa place dans le culte solaire. La construction de l’impressionnant temple de Coricancha dépendit de la conquête de deux provinces aurifères.
(Source : umontreal.ca)
-Dictionnaire des mythologies et des religions des sociétés traditionnelles et du monde antique [Livre] / [Alain Ballabriga, André Leroi-Gourhan, Arshi Pipa, Alain Schnapp... et al.] ;
-Mythologie [Livre] : mythes et légendes du monde entier
-La barque du soleil [Livre] : la mort et la résurrection en Egypte ancienne et dans l'Evangile / Eugen Drewermann ; trad. de l'allemand par Joseph Feisthauer
-Le Soleil-Dieu et le Christ [Multi-supports] : la christianisation des Indiens du Mexique vue de la Sierra de Puebla / Guy Stresser-Péan
-La légende des soleils [Livre] : mythes aztèques des origines ; traduit du nahuatl par Jean Rose (suivi de) Histoire du Mexique / André Thevet ; mis en français moderne par Jean Rose
-Viracocha, le père du soleil inca [Livre] / Catherine Escrive, Carmen Bernand
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