La figure de l'entraîneuse
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 04/07/2019 à 13h59
441 vues
Question d'origine :
Bonjour,
J'aimerais approfondir ma connaissance sur la figure féminine de l'entraîneuse (définition apparue en 1932). J'aimerais avoir un panorama littéraire et historique de cette figure du XXe siècle ainsi que ses héritages au XXIè siècle. Merci
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 05/07/2019 à 11h13
Bonjour,
Effectivement le terme « entraîneuse » pour désigner une « Jeune femme employée dans un bar, un établissement de nuit pour attirer les clients et les engager notamment à danser et à consommer » est attestée à partir de 1932. (source : cnrtl)
Mais il semble être employé dès la fin du XIXe siècle (1878), dans un sens plus large : d’après le Dictionnaire historique de la langue française, « entraîneuse apparaît en 1878 pour désigner une jeune femme qui « entraîne » des clients, sans doute d’après le vocabulaire du turf ; le mot s’est spécialisé au XXe siècle pour « employée dans les dancings ou les bars, pour engager les clients à danser ou à consommer » (1932). Cette valeur a exclu ensuite les emplois du masculin ; inversement entraîneur n’est plus employé avec le sens du féminin, attesté au XIXe s. (1878).
Avouons-le tout de suite : nos recherches n’ont pas été très fructueuses. Dans la plupart des ressources consultées au cours de nos recherches, la figure de l’entraîneuse est à peine évoquée, ou traitée en filigrane. Nous vous proposons tout de même quelques travaux qui nous paraissent susceptibles de vous intéresser.
Une étude fréquemment citée par les ressources consultées pendant nos recherches est celle de Paul Cressey (1932), sur les entraîneuses des boîtes de nuit de Chicago : The taxi-dance hall : a sociological study in commercialized recreation and city life.
Pour la France, nous trouvons notamment la thèse de Jean-Pierre Hirsch : Les débits de boissons dans les petites villes d'Alsace : de 1844 à1914
Le récit de Nicole Grondein, Secret et mensonge d'une identité : le douloureux parcours d'une "Franco-Allemande", évoque la figure de l’entraîneuse au lendemain de la seconde guerre mondiale.
(extrait disponible dans Google Livres)
Nous trouvons par ailleurs plusieurs références évoquant les entraîneuses au Viet Nam :
- Le renouveau des lentilles d’eau : de la prostitution à Hanoi à la toute fin du xxe siècle, Philippe Le Failler
- Cave (L’entraîneuse). Un essai de Nguyễn Việt Hà traduit par Emmanuel Poisson, Emmanuel Poisson
- La disparition de boa : un cas de péjoration sémantique en vietnamien, ou quand le pourboire français est réservé à l'entraîneuse, Sabine Huynh
Dans Beyrouth, états de fêtes. Géographie des loisirsnocturnes dans une ville post-conflit, Marie Bonte cite Kassir S., Histoire de Beyrouth, Paris, Fayard, 2003, 732 p.
D’autres références qui peuvent vous intéresser :
- Les enfants des rues et le problème du Sida au Cambodge. Parcours féminins, parcours masculins, Anne Yvonne Guillou
- La notion de prostitution. Une "définition préalable", Claude Fossé-Poliak
- Du Guide Rose au « Rainbow Flag » : la géographie du « Paris défendu » au xxe siècle, entre clandestinité et visibilité, Philippe Chassaigne
- Profession Entraîneuse, Line-up, chroniques du clubbing parisien (blog Libération)
Des récits autobiographiques :
-Maria Maria , Colette Fellous, Paul Nizon
Un livre à deux voix qui raconte l'histoire de Maria, une entraîneuse dans un bar de Rome. Autobiographie et fiction se conjuguent.
-Confessions indécentes : autobiographie d'une prostituée , Isabelle Tumson
Pendant 9 ans, I. Tumson s'est livrée à la prostitution. Elle livre le récit de son enfance et de son adolescence douloureuses et des événements qui l'ont amenée à devenir entraîneuse dans un bar, puis à faire le trottoir avant d'entrer dans la prostitution de luxe.
Nous vous encourageons à poursuivre vos recherches avec vos propres mots clés dans la base Isidore.
Par ailleurs, la figure de l’entraîneuse étant parfois assimilée à celle de la prostituée, vous pourriez aussi explorer cette piste : la BmL possède de nombreux ouvrages sur le sujet.
Pour finir ducôté de la fiction , un film et quelques romans :
• L’Entraîneuse, Albert Valentin
•Hôzuki : l'ombre du chardon , Aki Shimazaki
Mitsuko vit avec sa mère et Tarô, son fils sourd et muet, et évite de nouer des amitiés. Elle est libraire d'occasion la journée et entraîneuse dans un bar une soirée par semaine. Un jour, une femme entre dans la boutique avec sa fille. Les deux enfants sont immédiatement attirés l'un par l'autre. Mais cette rencontre pourrait mettre en péril l'équilibre fragile de la famille.
•L'ombre du chardon : Azami , Aki Shimazaki
Mitsuo Kawano, un trentenaire installé dans une vie de couple sans surprise et sans problème, croise celle qui fut son premier grand amour d'école, Mitsuko, devenue entraîneuse. Tout en gardant une approche pudique, l'auteur observe l'intimité sensuelle et amoureuse des individus.
•Rue du Pardon , Mahi Binebine
Hayat vit dans un quartier pauvre de Marrakech où règne un climat permanent de malveillance. Entourée de parents méprisants et d'une foule de personnages sordides, elle est la risée de tous parce que née avec une chevelure blonde. Pourtant, Hayat parvient à s'échapper et se relève auprès de Mamyta, une femme libre et pleine de vie, à la fois chanteuse, danseuse, entraîneuse et amante.
•Le secret du directeur , Pich
Antoine, un adolescent mineur, rencontre Nicole à l'Oasis, un cabaret où elle est entraîneuse. C'est le premier grand amour de sa vie. Trompant la vigilance de son père qui le maltraite, il s'échappe pour la retrouver. Ensemble, ils se rendent à Auch dans l'espoir qu'il puisse gagner son émancipation.
•Out , Natsuo Kirino
Dans une usine de Tokyo, quatre femmes (Masako, Yoshié, Kuniko et Yayoi) travaillent dans des conditions particulièrement dures. Elles ont aussi un point commun : leur mari boivent, les frappent, les trompent ou les abandonnent. Un jour, l'une d'elles, Yayoi, finit par étrangler son mari et l'entraîneuse d'une boîte de nuit se joint à ces femmes dans une lutte mortelle pour la liberté.
•L'empire des bas-fonds , Liao Yiwu
L'auteur croque les portraits de douze personnages issus des basses couches de la société chinoise. Du condamné à mort au candidat à l'exil, de l'entraîneuse au petit instituteur de campagne, ils prennent la parole en une quinzaine de pages chacun. Ces portraits peignent la Chine d'aujourd'hui, avec audace, mordant, humour et humanité.
•L'ombre des fleurs , Shôhei Ooka
Avec une surprenante connivence affective, le romancier peint le portrait pathétique d'une entraîneuse de bar dans le Tokyo de l'après-guerre. Amoureuse meurtrie par ses amants de passage indifférents à sa détresse, la belle Yôko est ballottée de l'un à l'autre.
•Souvenirs érotiques d'une femme vénale , Félina
A 17 ans, sa mère morte, son père dépressif et sa soeur mariée, Claudine part pour Paris où successivement elle est danseuse de peep-show, entraîneuse, comédienne de théâtre érotique et finalement prostituée, connue sous le nom de Félina. Roman érotique.
•Mort de chien , Hugo Claus
Ce soir, Mira, la belle entraîneuse du bar Mimosa, ne vendra pas son corps : une fille du bar voisin a été retrouvée assassinée. Georges, souteneur et amant de Mira, chroniqueur pour les arts plastiques pour un journal, est contrarié. Mimi, la mère de Mira et patronne du Mimosa, se confie à Puma, son chien empaillé, tandis que PJ et Frans mènent l'enquête...
• Le Locataire, Georges Simenon
(présentation du roman dans Wikipedia)
• La pendue de Londres, Didier Decoin
(présentation dans Le Point)
• L’Heure blafarde, William Irish
(présentation dans Mythologie du roman policier de Francis Lacassin)
• Adieu ma jolie, Raymond Chandler
(présentation dans Mythologie du roman policier de Francis Lacassin)
Bonne journée.
Effectivement le terme « entraîneuse » pour désigner une « Jeune femme employée dans un bar, un établissement de nuit pour attirer les clients et les engager notamment à danser et à consommer » est attestée à partir de 1932. (source : cnrtl)
Mais il semble être employé dès la fin du XIXe siècle (1878), dans un sens plus large : d’après le Dictionnaire historique de la langue française, « entraîneuse apparaît en 1878 pour désigner une jeune femme qui « entraîne » des clients, sans doute d’après le vocabulaire du turf ; le mot s’est spécialisé au XXe siècle pour « employée dans les dancings ou les bars, pour engager les clients à danser ou à consommer » (1932). Cette valeur a exclu ensuite les emplois du masculin ; inversement entraîneur n’est plus employé avec le sens du féminin, attesté au XIXe s. (1878).
Avouons-le tout de suite : nos recherches n’ont pas été très fructueuses. Dans la plupart des ressources consultées au cours de nos recherches, la figure de l’entraîneuse est à peine évoquée, ou traitée en filigrane. Nous vous proposons tout de même quelques travaux qui nous paraissent susceptibles de vous intéresser.
Une étude fréquemment citée par les ressources consultées pendant nos recherches est celle de Paul Cressey (1932), sur les entraîneuses des boîtes de nuit de Chicago : The taxi-dance hall : a sociological study in commercialized recreation and city life.
Pour la France, nous trouvons notamment la thèse de Jean-Pierre Hirsch : Les débits de boissons dans les petites villes d'Alsace : de 1844 à1914
Le récit de Nicole Grondein, Secret et mensonge d'une identité : le douloureux parcours d'une "Franco-Allemande", évoque la figure de l’entraîneuse au lendemain de la seconde guerre mondiale.
(extrait disponible dans Google Livres)
Nous trouvons par ailleurs plusieurs références évoquant les entraîneuses au Viet Nam :
- Le renouveau des lentilles d’eau : de la prostitution à Hanoi à la toute fin du xxe siècle, Philippe Le Failler
- Cave (L’entraîneuse). Un essai de Nguyễn Việt Hà traduit par Emmanuel Poisson, Emmanuel Poisson
- La disparition de boa : un cas de péjoration sémantique en vietnamien, ou quand le pourboire français est réservé à l'entraîneuse, Sabine Huynh
Dans Beyrouth, états de fêtes. Géographie des loisirsnocturnes dans une ville post-conflit, Marie Bonte cite Kassir S., Histoire de Beyrouth, Paris, Fayard, 2003, 732 p.
D’autres références qui peuvent vous intéresser :
- Les enfants des rues et le problème du Sida au Cambodge. Parcours féminins, parcours masculins, Anne Yvonne Guillou
- La notion de prostitution. Une "définition préalable", Claude Fossé-Poliak
- Du Guide Rose au « Rainbow Flag » : la géographie du « Paris défendu » au xxe siècle, entre clandestinité et visibilité, Philippe Chassaigne
- Profession Entraîneuse, Line-up, chroniques du clubbing parisien (blog Libération)
-
Un livre à deux voix qui raconte l'histoire de Maria, une entraîneuse dans un bar de Rome. Autobiographie et fiction se conjuguent.
-
Pendant 9 ans, I. Tumson s'est livrée à la prostitution. Elle livre le récit de son enfance et de son adolescence douloureuses et des événements qui l'ont amenée à devenir entraîneuse dans un bar, puis à faire le trottoir avant d'entrer dans la prostitution de luxe.
Nous vous encourageons à poursuivre vos recherches avec vos propres mots clés dans la base Isidore.
Par ailleurs, la figure de l’entraîneuse étant parfois assimilée à celle de la prostituée, vous pourriez aussi explorer cette piste : la BmL possède de nombreux ouvrages sur le sujet.
Pour finir du
• L’Entraîneuse, Albert Valentin
•
Mitsuko vit avec sa mère et Tarô, son fils sourd et muet, et évite de nouer des amitiés. Elle est libraire d'occasion la journée et entraîneuse dans un bar une soirée par semaine. Un jour, une femme entre dans la boutique avec sa fille. Les deux enfants sont immédiatement attirés l'un par l'autre. Mais cette rencontre pourrait mettre en péril l'équilibre fragile de la famille.
•
Mitsuo Kawano, un trentenaire installé dans une vie de couple sans surprise et sans problème, croise celle qui fut son premier grand amour d'école, Mitsuko, devenue entraîneuse. Tout en gardant une approche pudique, l'auteur observe l'intimité sensuelle et amoureuse des individus.
•
Hayat vit dans un quartier pauvre de Marrakech où règne un climat permanent de malveillance. Entourée de parents méprisants et d'une foule de personnages sordides, elle est la risée de tous parce que née avec une chevelure blonde. Pourtant, Hayat parvient à s'échapper et se relève auprès de Mamyta, une femme libre et pleine de vie, à la fois chanteuse, danseuse, entraîneuse et amante.
•
Antoine, un adolescent mineur, rencontre Nicole à l'Oasis, un cabaret où elle est entraîneuse. C'est le premier grand amour de sa vie. Trompant la vigilance de son père qui le maltraite, il s'échappe pour la retrouver. Ensemble, ils se rendent à Auch dans l'espoir qu'il puisse gagner son émancipation.
•
Dans une usine de Tokyo, quatre femmes (Masako, Yoshié, Kuniko et Yayoi) travaillent dans des conditions particulièrement dures. Elles ont aussi un point commun : leur mari boivent, les frappent, les trompent ou les abandonnent. Un jour, l'une d'elles, Yayoi, finit par étrangler son mari et l'entraîneuse d'une boîte de nuit se joint à ces femmes dans une lutte mortelle pour la liberté.
•
L'auteur croque les portraits de douze personnages issus des basses couches de la société chinoise. Du condamné à mort au candidat à l'exil, de l'entraîneuse au petit instituteur de campagne, ils prennent la parole en une quinzaine de pages chacun. Ces portraits peignent la Chine d'aujourd'hui, avec audace, mordant, humour et humanité.
•
Avec une surprenante connivence affective, le romancier peint le portrait pathétique d'une entraîneuse de bar dans le Tokyo de l'après-guerre. Amoureuse meurtrie par ses amants de passage indifférents à sa détresse, la belle Yôko est ballottée de l'un à l'autre.
•
A 17 ans, sa mère morte, son père dépressif et sa soeur mariée, Claudine part pour Paris où successivement elle est danseuse de peep-show, entraîneuse, comédienne de théâtre érotique et finalement prostituée, connue sous le nom de Félina. Roman érotique.
•
Ce soir, Mira, la belle entraîneuse du bar Mimosa, ne vendra pas son corps : une fille du bar voisin a été retrouvée assassinée. Georges, souteneur et amant de Mira, chroniqueur pour les arts plastiques pour un journal, est contrarié. Mimi, la mère de Mira et patronne du Mimosa, se confie à Puma, son chien empaillé, tandis que PJ et Frans mènent l'enquête...
• Le Locataire, Georges Simenon
(présentation du roman dans Wikipedia)
• La pendue de Londres, Didier Decoin
(présentation dans Le Point)
• L’Heure blafarde, William Irish
(présentation dans Mythologie du roman policier de Francis Lacassin)
• Adieu ma jolie, Raymond Chandler
(présentation dans Mythologie du roman policier de Francis Lacassin)
Bonne journée.
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