Question d'origine :
Bonjour,
J'aimerai avoir des informations sur l'histoire des carillons.
Quant ce type d'instrument a-t'il vu le jour et où?
Comment les beffrois ont-ils évolués sur le plan architectural?
La mécanique est-elle toujours la même depuis son invention?
En France qu'elle est la place du carillon dans le paysage musical?
Combien en trouve-t'on?
Merci beaucoup !
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 18/07/2019 à 12h24
Bonjour,
La pratique du carillon a été classée à l'inventaire du patrimoine culturel immatériel français en 2012. A cette occasion, un descriptif officiel Ministère de la Culture a été rédigé : FICHE TYPE D'INVENTAIRE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATERIEL DE LA FRANCE. En voici quelques extraits :
" Le carillon est un instrument composé d'un nombre de cloches lui permettant l'interprétation de pièces musicales des plus variées. Si, étymologiquement, le terme de carillon peut être rapproché de celui de « quadrillon » qui désigne, historiquement, un ensemble de quatre cloches, l'art du carillon n'a pu se développer que par l'existence d'ensembles campanaires plus importants, offrant des possibilités musicales très élargies.
La Fédération Mondiale du Carillon n'admet d'ailleurs de décerner le vocable de « carillon » qu'aux instruments dotés d'au moins 23 cloches en bronze accordées et jouées au moyen d'un clavier à batons.
Dans ce domaine, la France présente un parc très important d'instruments (56 répertoriés ) . On compte en effet ,sur le territoire, 30 instruments possédant de 23 à 45 cloches, 19 instruments dotés de 46 à 59 cloches, et 7 grands ensembles de 60 cloches et plus, le plus imposant d'entre eux étant le carillon de Chambéry avec ses 70 cloches.
Quelques exemples dans les différentes régions de France : Bergues (Nord) : 50 cloches ; Saint-Quentin (Aisne) : 37 cloches ; Pamiers (Ariège) : 49 cloches ; Beaune (Côte d'Or) : 23 cloches etc...).
Dans le cas d'ensembles campanaires ne regroupant qu'un petit nombre de cloches (4 ou 5), le tintement des cloches peut être obtenu par traction manuelle sur des cordes reliées directement aux battants de ces cloches. Ce jeu traditionnel se perpétue de manière très vivace dans certaines régions de France.
ex : Champignol lez Mondeville (Aude) ; Montégu (Aisne) ; Ceillac (Hautes Alpes)
De l'accroissement du nombre de cloches d'un même instrument est né le besoin de concentrer les commandes vers ces cloches, grâce à un dispositif de transmission reliant le carillonneur et ses campanes, ainsi que la nécessité de créer un modèle de clavier spécifique.
On situe vers le début du XVIè siècle, en Flandre, la naissance du premier clavier de carillon (1510). Depuis cette époque, la structure du clavier a évolué dans la perspective d'apporter à l'exécutant une plus grande facilité de jeu, une manipulation plus homogène et confortable ; mais le principe de base est resté le même : le carillonneur obtient le tintement des cloches en frappant les touches de son clavier à l'aide des poings (d'où le vocable de « clavier à coups de poings »), ces impulsions se transférant aux battants de ces cloches par l'intermédiaire d'un dispositif de transmission composé de tiges métalliques, d'équerres de renvoi et d'abrégés (comme sur l'orgue)."
Dans l'ouvrage intitulé L'art campanaire en Occident : histoire, facture et esthétique des cloches de volée : le cas français, Hervé Gouriou apporte quelques précisions quant à l'apparition des carillons :
" La musique pour carillon a suivi les aléas historiques auxquels ces grands instruments de musique furent soumis au cours des siècles. On s'accorde à dire que le principe du carillon est en lui-même fort ancien, car carillonner ne veut-il pas dire étymologiquement "jouer sur quatre cloches" ? Maisle véritable essor du carillon se fera aux Pays-bas vers les XIVe et XVe siècles, époque durant laquelle les dimensions des instruments vont aller croissant . En Belgique, les techniques d'accordage des cloches, mises au point vers 1650, font d'importants progrès dans la seconde moitié du XVIIe siècle. Mais le savoir-faire manque de disparaître durant les guerres à répétition qui sévirent aux XVIIIe et XIXe siècles en Europe, occasionnant d'une part des destructions dans le parc des carillons en activité et imposant aux fondeurs de cloches de se reconvertir en constructeurs de canons. L'un des points faibles des cloches tout au long de leur longue histoire fut malheureusement de constituer une source d’approvisionnement facile en alliages se prêtant bien à la fonte de canons. Curieusement, la science de l'accordage des cloches de carillon renaît en Angleterre au XIXe siècle et non aux Pays-Bas ou en Belgique, peu avant que les fondeurs du nord de l'Europe ne se réapproprient pleinement ce savoir-faire. La mode des carillons repart alors avec vigueur dans leurs terres de prédilection, l'Europe du Nord, toute la Flandre et le nord de la France. Mais ces contrées n'ont plus le monopole de ce type d'instruments et on en retrouve désormais de très grands et très beaux exemplaires aux quatre coins du monde, en particulier aux États-Unis, qui en abritent un très grand nombre. [...]
Compte tenu de son histoire, la musique pour carillon se répartit en deux corpus bien distincts . Il y a, d'une part, la musique propre au carillon, composée d'un répertoire de pièces intrinsèquement et initialement conçues pour cet instrument. [...] L'autre versant du répertoire, bien que peut-être moins illustre, n'en démérite point pour autant. Le carillon a lui aussi vécu la même mode que le piano au XIXe siècle. En effet, un nombre important de transcriptions d'airs célèbres composés initialement pour d'autres instruments solistes ou d'autres formations sont venues enrichir son répertoire, permettant dans le même temps aux jeunes carillonneurs de se mesurer aux difficultés d'exécution de façon progressive, avant d'aborder les œuvres ds grands maîtres flamands.
Le plus grand de tous les compositeurs de musique pour carillon est incontestablement Matthias van den Gheun. [...]
A côté de la musique pour grand carillon de concert, il existe un autre corpus, beaucoup plus particulier et aux prétentions bien plus modestes, qui reprend dans un certain sens l'utilisation étymologique du terme carillon ("sonner sur quatre cloches").
Au cours du XIXe siècle et au début du XXe siècle sont apparus un grand nombre de petits ouvrages traitant de l'usage musical que l'on pouvait faire d'ensembles de cloches de volée. Bien souvent celles-ci ne sont pas installées de façon à servir de cloches de carillon proprement dit. Mais un tel usage est toujours possible si installation s'y prête quelque peu (cloches de taille faible ou moyenne, installées de façon accessible et proches les unes des autres). "
Lire pages 299 à 305
Eric Sutter, dans La grande aventures des cloches (aux pages 110 à 120), parle des carillons de France et aborde la place actuelle du carillon dans le paysage musical :
" Après les Pays-Bas et la Belgique, la France est le troisième pays campanaire en ce qui concerne le nombres des "grands" carillons (on entend ici les instruments qui comportent au moins 23 cloches, selon le critère retenu par la Fédération mondiale du carillon). La tradition y est tout aussi ancienne que dans les pays voisins.
L'activité "carillonnante", dans le Nord de la France, remonte au XIe siècle si l'on se réfère à l'existence du carillon de l'abbaye de Saint Amand. Celui-ci avait 17 cloches à l'époque et a été étendu au fil des circonstances heureuses ou malheureuses. A partir de la fin du XVIe siècle, époque durant laquelle la recherche musicale se développa, on vit le nombre de cloches augmenter sur les carillons ; ils devaient dès lors couvrir au moins deux octaves chromatiques. Au XVIIIe siècle, plusieurs carillons disposaient d'une quarantaine de cloches.
Nous ne dresserons pas ici la liste des carillons qui existent actuellement en France carleur nombre dépasse la cinquantaine pour les instruments traditionnels, quelques centaines si on inclut les petits carillons du midi de la France (voir l'index en fin d'ouvrage). Nous renvoyons le lecteur aux ouvrages spécialisés qui décrivent les caractéristiques détaillées de chacun d'eux. [...]
Une soixantaine de carillonneurs font aujourd'hui tinter les cloches des beffrois de France . La plupart d’entre eux pratique le carillon en musicien bénévole bien que quelques-uns soient cependant rémunérés par les municipalités à l'occasion des concerts. La plupart d'entre-eux font partie de la Guilde des carillonneurs de France, elle-même membre de la Fédération mondiale du carillon. [...]
La Guide des carillonneurs de France s'attache à promouvoir les carillons dits traditionnels, c'est-à-dire les carillons dits "à coups de poings" comportant un clavier sur lequel le carillonneur frappe avec ses poings, dispositif qui permet la plus belle expression musicale et artistique. un congrès national réunit chaque année les carillonneurs venus des diverses régions de France, occasion pour chacun d'eux d'exprimer leurs talents sur l'instrument local et de confronter leurs points de vue sur l'art qui les réunit.
Chaque année également, la période estivale favorise les manifestations musicales de plein air et les carillons redoublent d'activité avec, en plus des auditions traditionnelles que les carillonneurs locaux assurent pendant toutes les festivités, des séries de récitals nocturnes, des festivals de carillons, animés par différents carillonneurs français et étrangers. Dijon, Douai, Saint-Amand-les-Eaux, Tourcoing, Carcassonne constituent actuellement les principaux pôles de ces festivités . "
Autre ouvrage qui pourra vous intéresser : Cloches : voix de Dieu, messagères des hommes / Arnaud Robinault-Jaulinaux pages 68 à 72 .
Sur le site de la Fédération mondiale du carillon, vous trouverez la liste mondiale des carillons.
Sur le site de la Guilde des carillonneurs de France sont annoncés le Congrès à Villefranche de Rouergue du 18 au 21 juillet et la Journée franco-belge de Rencontre de Carillonneurs Tournai, le 28 septembre.
Pour aller plus loin, quelques ouvrages :
- Le carillon des origines à nos jours / Jacqueline Goguet
- Les Carillons de France / Henri Garnier
- Cloches et carillons / Bruxelles : Ministère de la Communauté française de Belgique, 1998
- Beffrois et carillons : région Nord-Pas-de-Calais / textes de Frédéric Baillot, Eric Brottier, Christine Laugie-Vanhoutte, Eric Sutter
- Cloches, sonnailles, carillons en pays landais / Jean-Bernard Faivre, Vincent Matéos
- Chants des cloches, voix de la terre : carillons et traditions campanaires en Languedoc-Roussillon / Musique et danse en Languedoc-Roussillon, ARAM L-R
- Carillons et tours de Belgique / coordination et rédaction, Gilbert Huybens
- Les carillons rhônalpins / texte de Jean-Bernard Lemoine
Bonne journée.
La pratique du carillon a été classée à l'inventaire du patrimoine culturel immatériel français en 2012. A cette occasion, un descriptif officiel Ministère de la Culture a été rédigé : FICHE TYPE D'INVENTAIRE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATERIEL DE LA FRANCE. En voici quelques extraits :
" Le carillon est un instrument composé d'un nombre de cloches lui permettant l'interprétation de pièces musicales des plus variées. Si, étymologiquement, le terme de carillon peut être rapproché de celui de « quadrillon » qui désigne, historiquement, un ensemble de quatre cloches, l'art du carillon n'a pu se développer que par l'existence d'ensembles campanaires plus importants, offrant des possibilités musicales très élargies.
La Fédération Mondiale du Carillon n'admet d'ailleurs de décerner le vocable de « carillon » qu'aux instruments dotés d'au moins 23 cloches en bronze accordées et jouées au moyen d'un clavier à batons.
Dans ce domaine, la France présente un parc très important d'instruments (
Quelques exemples dans les différentes régions de France : Bergues (Nord) : 50 cloches ; Saint-Quentin (Aisne) : 37 cloches ; Pamiers (Ariège) : 49 cloches ; Beaune (Côte d'Or) : 23 cloches etc...).
Dans le cas d'ensembles campanaires ne regroupant qu'un petit nombre de cloches (4 ou 5), le tintement des cloches peut être obtenu par traction manuelle sur des cordes reliées directement aux battants de ces cloches. Ce jeu traditionnel se perpétue de manière très vivace dans certaines régions de France.
ex : Champignol lez Mondeville (Aude) ; Montégu (Aisne) ; Ceillac (Hautes Alpes)
De l'accroissement du nombre de cloches d'un même instrument est né le besoin de concentrer les commandes vers ces cloches, grâce à un dispositif de transmission reliant le carillonneur et ses campanes, ainsi que la nécessité de créer un modèle de clavier spécifique.
Dans l'ouvrage intitulé L'art campanaire en Occident : histoire, facture et esthétique des cloches de volée : le cas français, Hervé Gouriou apporte quelques précisions quant à l'apparition des carillons :
" La musique pour carillon a suivi les aléas historiques auxquels ces grands instruments de musique furent soumis au cours des siècles. On s'accorde à dire que le principe du carillon est en lui-même fort ancien, car carillonner ne veut-il pas dire étymologiquement "jouer sur quatre cloches" ? Mais
Le plus grand de tous les compositeurs de musique pour carillon est incontestablement Matthias van den Gheun. [...]
A côté de la musique pour grand carillon de concert, il existe un autre corpus, beaucoup plus particulier et aux prétentions bien plus modestes, qui reprend dans un certain sens l'utilisation étymologique du terme carillon ("sonner sur quatre cloches").
Au cours du XIXe siècle et au début du XXe siècle sont apparus un grand nombre de petits ouvrages traitant de l'usage musical que l'on pouvait faire d'ensembles de cloches de volée. Bien souvent celles-ci ne sont pas installées de façon à servir de cloches de carillon proprement dit. Mais un tel usage est toujours possible si installation s'y prête quelque peu (cloches de taille faible ou moyenne, installées de façon accessible et proches les unes des autres). "
Lire pages 299 à 305
Eric Sutter, dans La grande aventures des cloches (aux pages 110 à 120), parle des carillons de France et aborde la place actuelle du carillon dans le paysage musical :
" Après les Pays-Bas et la Belgique, la France est le troisième pays campanaire en ce qui concerne le nombres des "grands" carillons (on entend ici les instruments qui comportent au moins 23 cloches, selon le critère retenu par la Fédération mondiale du carillon). La tradition y est tout aussi ancienne que dans les pays voisins.
L'activité "carillonnante", dans le Nord de la France, remonte au XIe siècle si l'on se réfère à l'existence du carillon de l'abbaye de Saint Amand. Celui-ci avait 17 cloches à l'époque et a été étendu au fil des circonstances heureuses ou malheureuses. A partir de la fin du XVIe siècle, époque durant laquelle la recherche musicale se développa, on vit le nombre de cloches augmenter sur les carillons ; ils devaient dès lors couvrir au moins deux octaves chromatiques. Au XVIIIe siècle, plusieurs carillons disposaient d'une quarantaine de cloches.
Nous ne dresserons pas ici la liste des carillons qui existent actuellement en France car
La Guide des carillonneurs de France s'attache à promouvoir les carillons dits traditionnels, c'est-à-dire les carillons dits "à coups de poings" comportant un clavier sur lequel le carillonneur frappe avec ses poings, dispositif qui permet la plus belle expression musicale et artistique. un congrès national réunit chaque année les carillonneurs venus des diverses régions de France, occasion pour chacun d'eux d'exprimer leurs talents sur l'instrument local et de confronter leurs points de vue sur l'art qui les réunit.
Autre ouvrage qui pourra vous intéresser : Cloches : voix de Dieu, messagères des hommes / Arnaud Robinault-Jaulin
Sur le site de la Fédération mondiale du carillon, vous trouverez la liste mondiale des carillons.
Sur le site de la Guilde des carillonneurs de France sont annoncés le Congrès à Villefranche de Rouergue du 18 au 21 juillet et la Journée franco-belge de Rencontre de Carillonneurs Tournai, le 28 septembre.
Pour aller plus loin, quelques ouvrages :
- Le carillon des origines à nos jours / Jacqueline Goguet
- Les Carillons de France / Henri Garnier
- Cloches et carillons / Bruxelles : Ministère de la Communauté française de Belgique, 1998
- Beffrois et carillons : région Nord-Pas-de-Calais / textes de Frédéric Baillot, Eric Brottier, Christine Laugie-Vanhoutte, Eric Sutter
- Cloches, sonnailles, carillons en pays landais / Jean-Bernard Faivre, Vincent Matéos
- Chants des cloches, voix de la terre : carillons et traditions campanaires en Languedoc-Roussillon / Musique et danse en Languedoc-Roussillon, ARAM L-R
- Carillons et tours de Belgique / coordination et rédaction, Gilbert Huybens
- Les carillons rhônalpins / texte de Jean-Bernard Lemoine
Bonne journée.
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