Question d'origine :
Bonjour,
J'aurais voulu savoir d'où vient l'expression "rouler une galoche"?
En remerciant toute votre équipe!
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 16/09/2019 à 14h13
Bonjour,
D’après plusieurs sources, « Rouler une galoche » pourrait venir de l’expression « Rouler un patin ».
Selon La Puce à l'oreille: Anthologie des expressions populaires avec leur origine de Claude Duneton :
"Rouler un patin
[…] L’expression « rouler un patin » est signalée par G. Esnault comme apparaissant pour la première fois dans le milieu des voyous, en 1927. Elle semble ne s’être réellement popularisée parmi la jeunesse qu’à la fin de la guerre de 39-45, après avoir circulé intensément dans le monde des prisons ; c’est sans doute pourquoi on la trouve dès 1947 sous la plume de Jean Genet, lui-même ancien voyou, frais émoulu des maisons d’arrêt […]
Ces considérations n’aident guère à élucider le mystère de l’origine de cette locution incongrue : pourquoi un patin ?... L’idée de patiner –au sens artistique, ou au sens érotique ? – dans la bouche du ou de la partenaire ? Sans doute c’est ce que sent l’usager actuel, et ce qui a fait le succès de l’expression, ce n’est pas nécessairement une marque d’origine. Jacques Cellard fait remarquer que : « Le mot n’apparait qu’en association avec « rouler », et à l’époque de la vogue du patin à roulettes ». » (D.F.N.C.) Ce rapprochement recouvre assurément plus qu’une coïncidence, et il doit bien avoir existé un rapport de cause à effet – lequel ? C’est une autre paire de manches ! …
Rouler une galoche
De création encore plus récente, semble-t-il (vers la fin des années 60), rouler une galoche s’est formé comme une variante outrancière de rouler « un patin » - celui-ci étant compris comme une « chaussure » un peu distinguée. Pourquoi une galoche et pas un sabot, une espadrille ou un brodequin ? … Probablement parce que le mot, dépréciatif, à connotation rurale, fait résonance avec « le menton en galoche », imposant une image plausible fournie par la position qu’occasionne ce baiser la bouche ouverte. Il y a dans l’expression une volonté de lourdeur et de trivialité :
« Il semblait en baver pour elle, l’amoureux… Tous les dix mètres il lui roulait une galoche, et c’est qu’elle ne crachait pas dessus. » (C. Jacquin, Les caramels à un franc, 1976, in Cellard). "
Lire aussi : Le Bouquet des expressions imagées / Sylvie CLAVAL, Claude DUNETON
Enfin, voici ce qu'indique l'Académie française dans Bonheurs et surprises de la langue :
"L’origine de cette expression est des plus obscures mais on se réjouira que le nom de ces chaussures grossières, qui ne se portent plus guère, ait trouvé une forme de seconde vie. De ce double sens ont été tirés les verbes galocher , l’un ayant le sens de « faire du bruit en marchant avec des galoches », l’autre, celui de « donner des baisers goulus ». Et si on peut lire dans la Maternelle de Léon Frapié : « Je n’ai cessé d’entendre taper des pieds. Les petits, excités par le vacarme […] galochaient […] tant qu’ils pouvaient… », gageons qu’aujourd’hui, l’évolution des modes vestimentaires et des mœurs aidant, ce n’est plus avec les pieds que les plus jeunes galochent. Enfin, si le galochier, jadis fabricant de chaussures, et la galochière ont disparu, l’argot nous apprend qu’ils ont été avantageusement remplacés par force galocheurs et galocheuses, dispensateurs et dispensatrices du baiser « langue en bouche » pour reprendre les termes d’un de nos plus éminents confrères en lexicographie. "
Bonne journée.
D’après plusieurs sources, « Rouler une galoche » pourrait venir de l’expression « Rouler un patin ».
Selon La Puce à l'oreille: Anthologie des expressions populaires avec leur origine de Claude Duneton :
"
[…] L’expression « rouler un patin » est signalée par G. Esnault comme apparaissant pour la première fois dans le milieu des voyous, en 1927. Elle semble ne s’être réellement popularisée parmi la jeunesse qu’à la fin de la guerre de 39-45, après avoir circulé intensément dans le monde des prisons ; c’est sans doute pourquoi on la trouve dès 1947 sous la plume de Jean Genet, lui-même ancien voyou, frais émoulu des maisons d’arrêt […]
Ces considérations n’aident guère à élucider le mystère de l’origine de cette locution incongrue : pourquoi un patin ?... L’idée de patiner –au sens artistique, ou au sens érotique ? – dans la bouche du ou de la partenaire ? Sans doute c’est ce que sent l’usager actuel, et ce qui a fait le succès de l’expression, ce n’est pas nécessairement une marque d’origine. Jacques Cellard fait remarquer que : « Le mot n’apparait qu’en association avec « rouler », et à l’époque de la vogue du patin à roulettes ». » (D.F.N.C.) Ce rapprochement recouvre assurément plus qu’une coïncidence, et il doit bien avoir existé un rapport de cause à effet – lequel ? C’est une autre paire de manches ! …
De création encore plus récente, semble-t-il (vers la fin des années 60), rouler une galoche s’est formé comme une variante outrancière de rouler « un patin » - celui-ci étant compris comme une « chaussure » un peu distinguée. Pourquoi une galoche et pas un sabot, une espadrille ou un brodequin ? … Probablement parce que le mot, dépréciatif, à connotation rurale, fait résonance avec « le menton en galoche », imposant une image plausible fournie par la position qu’occasionne ce baiser la bouche ouverte. Il y a dans l’expression une volonté de lourdeur et de trivialité :
« Il semblait en baver pour elle, l’amoureux… Tous les dix mètres il lui roulait une galoche, et c’est qu’elle ne crachait pas dessus. » (C. Jacquin, Les caramels à un franc, 1976, in Cellard). "
Lire aussi : Le Bouquet des expressions imagées / Sylvie CLAVAL, Claude DUNETON
Enfin, voici ce qu'indique l'Académie française dans Bonheurs et surprises de la langue :
"
Bonne journée.
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