Sarah Bernhardt
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 10/12/2019 à 18h52
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Question d'origine :
Bonjour,
On dit que Sarah Bernhardt possédait de nombreux animaux exotiques. Quels étaient-ils ?
Bonne journée
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 12/12/2019 à 16h35
Bonjour,
D’après les sources ci-dessous, la ménagerie de Sarah Bernhardt a comporté (parmi d’autres animaux, domestiques ou sauvages, moins exotiques) : un perroquet, six caméléons, des singes, un guépard, un lynx, des pumas, un lionceau, un boa et un crocodile :
« La ménagerie
Les animaux de Belle-Ile avaient un haut degré d’existence parmi la Petite Cour. Aux écuries, étaient hébergés des chiens, les chevaux Cassis et Vermouth, à l’usage du break, Pélagie, la jument réservée à la charrette d’Emile, et deux chevaux de selle. La bergerie comprenait une vingtaine de moutons que l’on tondait pour tisser une étoffe d’un blanc tirant sur le chanvre. On essaya en vain l’élevage du mouton pré-salé, si bien que le troupeau passa de vingt têtes à trois ou quatre que ma grand-mère put déclarer à l’inspecteur des impôts comme ayant un rôle purement décoratif. A la ferme, où nous allions fréquemment en promenade, il y avait également une basse-cour de poules, des lapins, des cochons, des pigeons. L’étable abritait quelques vaches. Quant au taureau, depuis le jour où il avait chargé dans un pré Louise Abbéma vêtue d’un coquin veston de toile rouge, on le changeait de pâturage selon les buts de nos promenades.
Toutes ces bêtes devaient voir arriver les animaux sauvages que Great avait l’habitude de choisir comme compagnons familiers avec un peu d’effarement. On comprend que la population de Le Palais ait trouvé que notre débarquement au début de chaque été ressemblait à une ménagerie! Certes, depuis la naissance des «petites filles», comme elle nous appelait, Great s’était privée de sespumas qu’elle estimait dangereux et de ses singes qu’elle jugeait par trop «exhibitionnistes». Outre le chat Tigrette qui mourut un été après une indigestion de gants de Suède, et une dizaine de chiens dont deux énormes danois et un chien-loup blanc, restaient tout de même quelques voyageurs assez voyants: le perroquet Bizi-Bouzou , six caméléons dont un que ma grand-mère portait sur l’épaule, et un oiseau de proie, un grand-duc -nommé Alexis évidemment et offert par un authentique grand-duc. L’oiseaux vivait solitaire dans une cage et gobait un lapereau par jour. Le grand jeu de Sarah était de le taquiner avec des «Ksch! ksch!» à travers les barreaux.
Quelques hôtes exceptionnels connurent un destin plus malheureux. Cette année-là, en Amérique du Sud, après une partie de chasse aux crocodiles mouvementée, ma grand-mère rapporta un bébécrocodile dont on lui avait juré qu’il allait dormir pendant des mois. C’était sa période. L’animal, bien empaqueté, arriva à Belle-Ile. On défit le paquet. L’un des petits chiens se mit à aboyer sous le nez du crocodile endormi... qui ouvrit la gueule et l’avala en une seconde. Pitou tua le crocodile d’un coup de fusil. On l’empailla, en guise de tombe pour le petit chien, et on l’accrocha au mur du vestibule.
Avec leboa , ce fut un peu la même aventure. Sarah avait acheté, toujours en Amérique du Sud, un énorme boa qui, toujours selon l’affirmation du marchand, s’était alimenté depuis peu et endormi pour plusieurs mois; elle l’avait fait transporter à Belle-Ile pour le mettre dans le salon et, prétendait-elle, «poser ses pieds dessus après le dîner». Mais quelques jours après son arrivée, pendant qu’on jouait aux dominos, le boa se réveilla avec une faim atroce ouvrant une gueule effrayante et gobant un à un tous les coussins du canapé. Sarah eut à peine le temps de saisir son revolver et de tuer le monstre: «de le tuer, de le tuer, là, là, au milieu des coussins!», ah! il fallait l’entendre raconter ça!
Quant à nous, les enfants, nous nous contentions amplement des lézards. Nous avions chacune notre «écurie»; les petits sauriens attachés par deux ou trois à des fils de soie vivaient une journée sur nos maigres poitrines; le soir, nous leur rendions la liberté et recommencions le lendemain... Un été, alors que les aménagements du parc s’achevaient, Great fit venir de Paris des poissons rouges et 5000 grenouilles dans des caisses pour nous ravir de leur coassement dans les cascades du jardin. Quelle pagaille quand nous avons voulu les jeter dans les bassins! Il fallut courir toute la journée pour rattraper les fugitives et les remettre à l’eau. »
Source : Muséographie Sarah Bernhardt : La dame de Belle-Ile, communauté de communes de Belle-Île en mer
« « Eh bien, Monsieur Cross, aujourd’hui, je veux deux lions. — Je vais vous montrer ce que j’ai. » Et nous allâmes dans la cour où se trouvaient les fauves. Oh ! les magnifiques bêtes ! Deux lions d’Afrique superbes, au poil brillant, la queue puissante et fouettant l’air. Ils venaient d’arriver. Ils étaient encore en pleine santé, en plein courage de révolte. Ils ignoraient la résignation, qui est le stigmate dominant des êtres civilisés.
« Oh ! Monsieur Cross, ceux-là sont trop grands. Je veux des lionceaux. — Je n’en ai pas, Mademoiselle. — Alors, montrez-moi toutes vos bêtes ! » Je vis les tigres, les léopards, les chacals, les guépards, les pumas, et m’arrêtai devant les éléphants. J’adore les éléphants ! Mais j’aurais voulu un éléphant nain. C’est un rêve que je caresse toujours. Peut-être se réalisera-t-il un jour.
Cross n’en avait pas. Alors, j’achetai unguépard . Il était tout jeune, tout drôle, il ressemblait à une gargouille d’un château moyen âge. Je fis l’acquisition d’un chien-loup tout blanc, le poil dru, les yeux en feu, les dents en fer de lance. Il était effrayant à voir.
M. Cross me fit cadeau de six caméléons de petite race, ressemblant à des lézards, et d’un admirable caméléon, animal préhistorique, fabuleux, un véritable bibelot chinois passant du vert tendre au bronze noir, svelte et allongé comme une feuille de lis et soudainement gonflé et trapu comme un crapaud. Ses yeux, en lorgnettes comme ceux des homards, ne dépendaient pas l'un de l’autre. Il jetait l’œil droit en avant et l’œil gauche en arrière.
Je fus vite ravie, enthousiasmée, de ce cadeau. J’appelai mon caméléon « Cross-ci, Cross-ça », pour honorer et remercier Cross.
Nous revînmes à Londres avec le guépard en cage, le chien-loup en chaîne, mes six petits caméléons en boîte, et « Cross-ci, Cross-ça » sur mon épaule, retenu par une chaîne d’or que nous venions d’acheter chez un bijoutier.
Je n’avais pas trouvé de lions, mais j’étais tout de même contente.
Mon personnel le fut moins. Il y avait déjà trois chiens dans la maison : Minuccio, venu avec moi de Paris, et Bull et Fly, achetés à Londres ; plus Bizibouzou, mon perroquet, et mon singe Darwin. «
Source : Ma double vie, mémoires de Sarah Bernhardt
« Nous avons vu débarquer cet été, à Belle-Île, quelques rescapés d’une arche de Noé : un aigle, cadeau d’un proche parent du tsar, unlynx originaire d’Amérique du Sud, en enfin un boa venu je ne sais d’où, auquel on a dû donner un porcelet pour qu’il se tienne tranquille durant la traversée. Sarah s’en sert comme d’un pouf pour reposer sa jambe malade. L’inconvénient, c’est qu’il adore les coussins et les dévore comme de la salade. Le jour où elle a envisagé l’acquisition d’un rhinocéros, nous avons, Suzanne et moi, ourdi un complot pour l’y faire renoncer.
[…] Elle a toujours éprouvé une sorte de fascination pour les animaux exotiques.Elle a ramené d’Amérique du Sud d’étranges bestioles qui n’ont pu survivre au climat européen , ainsi qu’un crocodile qui, lui non plus, n’a pas fait long feu boulevard Péreire, mais pour d’autres raisons : mis en appétit par les gambades du chien, il l’a dévoré. On a dû l’abattre d’un coup de feu. La dépouille empaillée de la victime trône dans le salon. Elle dit en la montrant : « C’est le tombeau de Minuccio… »
[…] Elle voulait acheter des lions. Je crus avoir mal compris.
Eh bien, quoi ? Des lions, oui… ou plutôt des lionceaux. Deux seulement. J’en raffole. Ils sont si choux…
Elle m’avoua qu’elle rêvait d’adopter un éléphanteau qu’elle nourrirait au biberon, un singe, un perroquet… Je mis ce caprice sur le compte de l’opium, mais elle avait cessé d’en prendre une fois guérie. Sarah adore les animaux, mais à sa manière : comme compagnons de jeux et comme décor pour sa jungle de la Plaine Monceau. Elle doit se prendre pour la reine de Saba en visite chez le roi Salomon. Une fois que ces pauvres bêtes ont cessé de la distraire, elle les oublie.
Pour l’heure, tel était son bon plaisir. Servante docile, je la suivis à Liverpool, pour une visite au zoo tenu par Mr Cross. Elle n’y découvrit que des lions, superbes mais encombrants et dangereux. Mr Cross lui montra des tigres, des léopards, des chacals, des pumas, des guépards… Elle tomba en arrêt devant une sorte de gros chat, un guépard d’un an, l’acheta et, en prime, reçut une collection de caméléons à la robe somptueuse. Elle confia l’un d’eux à un bijoutier londonien, le fit monter en sautoir et le promena sur son épaule. Une fantaisie, me dis-je, qui allait lui attirer de nouveaux sarcasmes de la presse parisienne…
Notre demeure de Chester Square se transforma en ménagerie. Elle y logea quatre chiens : ceux qu’elle avait amenés de Paris et ceux qu’elle avait recueillis dans le square, le perroquet Bizibouzou, le singe Darwin, et son fauve. L’ambiance de la maison devint très vite insupportable. Nous n’étions plus à Londres mais dans la savane africaine. »
Source : La divine : le roman de Sarah Bernhardt / Michel Peyramaure
« Plus tard elle eutun lionceau dans une cage située dans l’escalier. Mme Guérard l’avait suppliée de ne pas l’acheter, il sentirait mauvais. Sentir mauvais, le roi des animaux ? Jamais ! Une heure après son arrivée une odeur ammoniacale s’installait dans la maison. Sarah parut ne pas s’en apercevoir, puis au bout d’une semaine elle donna l’ordre de renvoyer le lion. »
Source : Sarah Bernhardt, Philippe Jullian
Bonne journée.
D’après les sources ci-dessous, la ménagerie de Sarah Bernhardt a comporté (parmi d’autres animaux, domestiques ou sauvages, moins exotiques) : un perroquet, six caméléons, des singes, un guépard, un lynx, des pumas, un lionceau, un boa et un crocodile :
« La ménagerie
Les animaux de Belle-Ile avaient un haut degré d’existence parmi la Petite Cour. Aux écuries, étaient hébergés des chiens, les chevaux Cassis et Vermouth, à l’usage du break, Pélagie, la jument réservée à la charrette d’Emile, et deux chevaux de selle. La bergerie comprenait une vingtaine de moutons que l’on tondait pour tisser une étoffe d’un blanc tirant sur le chanvre. On essaya en vain l’élevage du mouton pré-salé, si bien que le troupeau passa de vingt têtes à trois ou quatre que ma grand-mère put déclarer à l’inspecteur des impôts comme ayant un rôle purement décoratif. A la ferme, où nous allions fréquemment en promenade, il y avait également une basse-cour de poules, des lapins, des cochons, des pigeons. L’étable abritait quelques vaches. Quant au taureau, depuis le jour où il avait chargé dans un pré Louise Abbéma vêtue d’un coquin veston de toile rouge, on le changeait de pâturage selon les buts de nos promenades.
Toutes ces bêtes devaient voir arriver les animaux sauvages que Great avait l’habitude de choisir comme compagnons familiers avec un peu d’effarement. On comprend que la population de Le Palais ait trouvé que notre débarquement au début de chaque été ressemblait à une ménagerie! Certes, depuis la naissance des «petites filles», comme elle nous appelait, Great s’était privée de ses
Quelques hôtes exceptionnels connurent un destin plus malheureux. Cette année-là, en Amérique du Sud, après une partie de chasse aux crocodiles mouvementée, ma grand-mère rapporta un bébé
Avec le
Quant à nous, les enfants, nous nous contentions amplement des lézards. Nous avions chacune notre «écurie»; les petits sauriens attachés par deux ou trois à des fils de soie vivaient une journée sur nos maigres poitrines; le soir, nous leur rendions la liberté et recommencions le lendemain... Un été, alors que les aménagements du parc s’achevaient, Great fit venir de Paris des poissons rouges et 5000 grenouilles dans des caisses pour nous ravir de leur coassement dans les cascades du jardin. Quelle pagaille quand nous avons voulu les jeter dans les bassins! Il fallut courir toute la journée pour rattraper les fugitives et les remettre à l’eau. »
Source : Muséographie Sarah Bernhardt : La dame de Belle-Ile, communauté de communes de Belle-Île en mer
« « Eh bien, Monsieur Cross, aujourd’hui, je veux deux lions. — Je vais vous montrer ce que j’ai. » Et nous allâmes dans la cour où se trouvaient les fauves. Oh ! les magnifiques bêtes ! Deux lions d’Afrique superbes, au poil brillant, la queue puissante et fouettant l’air. Ils venaient d’arriver. Ils étaient encore en pleine santé, en plein courage de révolte. Ils ignoraient la résignation, qui est le stigmate dominant des êtres civilisés.
« Oh ! Monsieur Cross, ceux-là sont trop grands. Je veux des lionceaux. — Je n’en ai pas, Mademoiselle. — Alors, montrez-moi toutes vos bêtes ! » Je vis les tigres, les léopards, les chacals, les guépards, les pumas, et m’arrêtai devant les éléphants. J’adore les éléphants ! Mais j’aurais voulu un éléphant nain. C’est un rêve que je caresse toujours. Peut-être se réalisera-t-il un jour.
Cross n’en avait pas. Alors, j’achetai un
M. Cross me fit cadeau de six caméléons de petite race, ressemblant à des lézards, et d’un admirable caméléon, animal préhistorique, fabuleux, un véritable bibelot chinois passant du vert tendre au bronze noir, svelte et allongé comme une feuille de lis et soudainement gonflé et trapu comme un crapaud. Ses yeux, en lorgnettes comme ceux des homards, ne dépendaient pas l'un de l’autre. Il jetait l’œil droit en avant et l’œil gauche en arrière.
Je fus vite ravie, enthousiasmée, de ce cadeau. J’appelai mon caméléon « Cross-ci, Cross-ça », pour honorer et remercier Cross.
Nous revînmes à Londres avec le guépard en cage, le chien-loup en chaîne, mes six petits caméléons en boîte, et « Cross-ci, Cross-ça » sur mon épaule, retenu par une chaîne d’or que nous venions d’acheter chez un bijoutier.
Je n’avais pas trouvé de lions, mais j’étais tout de même contente.
Mon personnel le fut moins. Il y avait déjà trois chiens dans la maison : Minuccio, venu avec moi de Paris, et Bull et Fly, achetés à Londres ; plus Bizibouzou, mon perroquet, et mon singe Darwin. «
Source : Ma double vie, mémoires de Sarah Bernhardt
« Nous avons vu débarquer cet été, à Belle-Île, quelques rescapés d’une arche de Noé : un aigle, cadeau d’un proche parent du tsar, un
[…] Elle a toujours éprouvé une sorte de fascination pour les animaux exotiques.
[…] Elle voulait acheter des lions. Je crus avoir mal compris.
Eh bien, quoi ? Des lions, oui… ou plutôt des lionceaux. Deux seulement. J’en raffole. Ils sont si choux…
Elle m’avoua qu’elle rêvait d’adopter un éléphanteau qu’elle nourrirait au biberon, un singe, un perroquet… Je mis ce caprice sur le compte de l’opium, mais elle avait cessé d’en prendre une fois guérie. Sarah adore les animaux, mais à sa manière : comme compagnons de jeux et comme décor pour sa jungle de la Plaine Monceau. Elle doit se prendre pour la reine de Saba en visite chez le roi Salomon. Une fois que ces pauvres bêtes ont cessé de la distraire, elle les oublie.
Pour l’heure, tel était son bon plaisir. Servante docile, je la suivis à Liverpool, pour une visite au zoo tenu par Mr Cross. Elle n’y découvrit que des lions, superbes mais encombrants et dangereux. Mr Cross lui montra des tigres, des léopards, des chacals, des pumas, des guépards… Elle tomba en arrêt devant une sorte de gros chat, un guépard d’un an, l’acheta et, en prime, reçut une collection de caméléons à la robe somptueuse. Elle confia l’un d’eux à un bijoutier londonien, le fit monter en sautoir et le promena sur son épaule. Une fantaisie, me dis-je, qui allait lui attirer de nouveaux sarcasmes de la presse parisienne…
Notre demeure de Chester Square se transforma en ménagerie. Elle y logea quatre chiens : ceux qu’elle avait amenés de Paris et ceux qu’elle avait recueillis dans le square, le perroquet Bizibouzou, le singe Darwin, et son fauve. L’ambiance de la maison devint très vite insupportable. Nous n’étions plus à Londres mais dans la savane africaine. »
Source : La divine : le roman de Sarah Bernhardt / Michel Peyramaure
« Plus tard elle eut
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