Question d'origine :
Bonjour,
Les mots de passe, quelles en sont les origines, l'historique, le principe ?
Merci.
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 07/01/2020 à 17h12
Bonjour,
Autrefois, les mots de passe étaient des mots de passage. Il fallait «bien prononcer schibboleth pour avoir le droit de passage , en vérité le droit à la vie », écrit Jacques Derrida [dans Schibboleth, pour Paul Celan].
C’estdans la Bible , livre des Juges, XII, 6, qu’est mentionné le mot schibboleth, mot qui fut choisi par les gens de Galaad pour reconnaître les gens d’Ephraïm. Les Galaadites s’étaient emparés des gués du Jourdain du côté d’Ephraïm. Quand un Ephraïmite, fuyard, demandait « Laissez-moi passer », les Galaadites le questionnaient ainsi : « Es-tu Éphraïmite ? ». Il répondait : « Non ». Alors, ils lui disaient : « Hé bien, dis schibboleth ». Et il prononçait sibboleth ; avec son dialecte particulier, il ne pouvait pas prononcer correctement, disant « sibb », pour « schibb ». Sur quoi, les Galaadites le saisissaient et l’égorgeaient. Cette prononciation défectueuse devint fatale à 42 000 Éphraïmites que Jephté fit ainsi massacrer . Jacques Derrida, qui a écrit un ouvrage intitulé Schibboleth et sous-titré pour Paul Celan, expose : « Schibboleth, ce mot que j’appelle hébraïque, vous savez qu’on le trouve dans toute une famille de langues, le phénicien, le judéo-araméen, le syriaque […].
Il a pris la valeur d’un mot de passe . On l’utilisa, pendant ou après la guerre, au passage d’une frontière surveillée ». Il explique : « sur cette frontière invisible entre schi et si, ils se dénonçaient au risque de leur vie. Ils dénonçaient leur différence en se rendant indifférents à la différence diacritique entre schi et si, ils se marquaient de ne pas pouvoir remarquer une marque ainsi codée ». [...]
Le schibboleth, avant d’être un signifiant dont le signifié est pluriel : fleuve, épi de blé, ramille d’olivier, est d’abord un mot de passe [...]
Le schibboleth recèle, avons-nous vu, une vertu au-delà de son sens, celle d’être le marqueur d’une identité, lors de sa prononciation. Le schibboleth est d’abord une parole, et une parole se prononce. Dans la manière de prononcer va résider la différence d’identité. Cela peut aller de l’erreur de prononciation au bégaiement et à l’accent partagé. [...]
Le schibboleth permet de « faire le pas », de « passer la frontière » . C’est en pouvant le bien prononcer qu’il permet le franchissement. L’essence du mot de passe est dans le « comment le dire », et pas dans le dire. La prononciation sert à reconnaître un étranger et à le soumettre aux lois de la cité, de l’institution, de la communauté. Le compagnon aura à comprendre, lors de son instruction, que le schibboleth « c’est une sorte de mot de passe, de signe de reconnaissance qui est exigé de ceux qui prétendent entrer dans le domaine qui les attire, mais qui n’est pas le leur. C’est le problème de la tolérance qui se trouve posé.
source : Bouit Delphine, « Du mot de passe au mot d’arrêt. Considérations sur l’actualité du schibboleth », Sigila, 2017/2 (N° 40), p. 51-62.
Ce terme est utilisé en Franc-maçonnerie : "Le mot sert de mot de passe au grade de Compagnon. Comme toujours, c'est le caractère symbolique du rite qui l'emporte sur le procédé de filtrage. "
source : Dictionnaire de la franc-maçonnerie [Livre] / sous la direction de Daniel Ligou aux pages 1109 et 1110.
Lire aussi :
- Miscellanées traditionnelles et maçonniques / Jean-Pierre Berthelon
- Schibboleth. Etude complète d'un mot de la franc-maçonnerie universelle / Philippe Langlet
- Dictionnaire vagabond de la pensée maçonnique / Solange Sudarskis
- Shibboleth - Planches maçonniques
Bonne journée.
Autrefois, les mots de passe étaient des mots de passage. Il fallait «
C’est
Le schibboleth recèle, avons-nous vu, une vertu au-delà de son sens, celle d’être le marqueur d’une identité, lors de sa prononciation. Le schibboleth est d’abord une parole, et une parole se prononce. Dans la manière de prononcer va résider la différence d’identité. Cela peut aller de l’erreur de prononciation au bégaiement et à l’accent partagé. [...]
source : Bouit Delphine, « Du mot de passe au mot d’arrêt. Considérations sur l’actualité du schibboleth », Sigila, 2017/2 (N° 40), p. 51-62.
Ce terme est utilisé en Franc-maçonnerie : "Le mot sert de mot de passe au grade de Compagnon. Comme toujours, c'est le caractère symbolique du rite qui l'emporte sur le procédé de filtrage. "
source : Dictionnaire de la franc-maçonnerie [Livre] / sous la direction de Daniel Ligou aux pages 1109 et 1110.
Lire aussi :
- Miscellanées traditionnelles et maçonniques / Jean-Pierre Berthelon
- Schibboleth. Etude complète d'un mot de la franc-maçonnerie universelle / Philippe Langlet
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