arbre, circuit sève, autre circuit et sirop.
SCIENCES ET TECHNIQUES
+ DE 2 ANS
Le 03/06/2020 à 08h42
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Question d'origine :
Bonjour cher Guichet.
Après consultation de Wikipédia et de sites canadiens, j'ai appris que le sirop d'érable (que j'aime) était la distillation de l' "eau sucrée" qui ne circule pas dans le circuit de sève mais dans un autre circuit de l'arbre. Actuellement les "eaux d'arbre" sont très diététiques: l'érable, l'agave, le bouleau -dont ont peut avoir l'eau bénéfique en traversant l'écorce avec une paille selon une relation qui pratique cela-.
Ma question est: Mais cette "eau" sert bien à quelque chose pour l'arbre très probablement; si on lui prend, quel désordre (majeur??) apporte-t-on? On saigne les érables continuellement depuis leur circuit d'"eau sucrée" selon un documentaire télévisé; on le saigne "à blanc"?? A qui sert cette eau à l'arbre puisque ce n'est pas pour grandir?
Merci, chère Guichetière, cher Guichetier.
Réponse du Guichet
bml_sci
- Département : Sciences et Techniques
Le 05/06/2020 à 06h50
Bonjour,
pendant cette période certains interlocuteurs du Guichet du savoir sont encore éloignés des collections de la bibliothèque, c’est le cas de votre interlocuteur pour cette question. Aussi nous vous fournirons uniquement des réponses issues de nos recherches sur Internet et sur des bases de données en ligne auxquelles nous avons accès.
En fait il n’y a pas plusieurs circuits au sens où il y aurait « plusieurs tuyaux », mais par rapport au sens de circulation de la sève. Il faut distinguer la sève brute, celle qui migre selon un courant ascendant des racines au sommet du végétal pour nourrir la plante en minéraux et autres nutriments du sols récupérés par ses racines, et la sève élaborée qui est chargée de nouveaux éléments synthétisés par la photosynthèse réalisée par les feuilles. C’est cette sève élaborée irriguant l’ensemble de la plante qui est récupérée par incision, pour l’érable comme pour d’autres végétaux. Cet extrait d’un article de l’Encyclopaedia Universalis explique très bien le phénomène de la migration de la sève et son rôle.
La bibliothèque municipale de Lyon offre à ses abonnés un accès à l’Encyclopaedia Universalis.
La sève brute
Caractéristiques
La sève brute est le grand courant ascendant qui conduit aux feuilles, aux bourgeons et aux fleurs l'eau et les substances minérales. C'est une solution diluée de sels minéraux (1 gramme par litre environ) qui contient les ions absorbés (cf. absorption végétale) et les produits de la réduction des nitrates (aminoacides et amides) par la racine. Au cours de son déplacement, elle abandonne aux territoires traversés une partie de ses éléments minéraux et s'enrichit en composés organiques, mais ceux-ci sont toujours en faible quantité (de 0,2 à 0,5 g/l) sauf exception (celle de l'érable à sucre en contient jusqu'à 8 p. 100) ; ils proviennent surtout des réserves accumulées dans les rayons médullaires du bois et utilisées à certaines saisons.
Chez les végétaux vasculaires, la circulation de la sève brute a lieu dans les vaisseaux ou dans les trachéides (gymnospermes) des faisceaux libéro-ligneux, c'est-à-dire dans le xylème (bois), comme le prouvent des décortications annulaires pratiquées sur des troncs ou des rameaux. Chez les autres végétaux, la notion de sève ne garde son sens que dans la mesure où il existe des régions conductrices plus ou moins bien spécialisées (tige des mousses, stipe des laminaires, etc.).
Mécanismes de la migration
Eau et sels minéraux circulent ensemble sensiblement à la même vitesse, les ions paraissant simplement entraînés par le flux hydrique. Cette circulation ne relève, semble-t-il, d'aucune activité physiologique, ni des vaisseaux qui sont des cellules mortes, simples tubes lignifiés, ni du parenchyme vasculaire qui les entoure, car elle n'est pas affectée par des inoculations dans les tiges de poisons (tel le sulfate de cuivre à 10 p. 100), du moins tant que ceux-ci n'ont pas atteint les organes de la transpiration. Les causes de cette circulation n'en ont pas moins posé des problèmes aux physiologistes, car il n'est pas aisé de rendre compte d'une ascension à quelque 10 ou 20 mètres de hauteur, comme cela se rencontre couramment dans les arbres.
La capillarité ne peut expliquer le transport que chez des plantes à tiges courtes (mousses) ; il se pourrait que les différences de pression osmotique entre les vacuoles des tissus assimilateurs, gorgées de produits élaborés, et celles des cellules de la racine, moins concentrées, constituent un facteur non négligeable, qui interviendrait aussi dans la circulation de la sève élaborée (cf. infra, théorie de Münch et Craft). Mais essentiellement deux causes déterminent l'ascension de la sève brute : la poussée radiculaire et la transpiration.
L'autre moteur de l'ascension est la transpiration. L'appel d'eau qu'elle crée au niveau des feuilles est répercuté tout le long des vaisseaux grâce aux forces de cohésion importantes existant entre les molécules dans ces conduits de faible diamètre ; les filets d'eau se trouvent tractés en une colonne continue, comme l'a montré Dixon (1895) en réalisant un modèle expérimental dans lequel l'évaporation à travers une plaque de plâtre simulait la transpiration ; la montée d'eau mesurée par l'élévation d'une colonne de mercure était d'environ 15 mètres. La réalité de la continuité des filets dans les vaisseaux a été confirmée par des observations modernes, en particulier par des marquages à l'iode radioactif.
La tension exercée par la transpiration, de l'ordre de 20 à 30 bars, suffit à irriguer les arbres les plus hauts. La pression exercée par la poussée radiculaire (de l'ordre de 2 bars) n'a qu'un rôle accessoire. D'ailleurs, elle cesse lorsque la transpiration est active, et chez certaines espèces (conifères) elle n'apparaît jamais. En revanche, chez les plantes aquatiques immergées (élodée, cératophylle), c'est elle seule qui est responsable de la conduction depuis les racines jusqu'aux feuilles.
La sève élaborée
Méthodes d'étude et caractéristiques
Contrairement à la sève brute, la sève élaborée est le courant, surtout descendant mais aussi ascendant, qui véhicule vers les lieux de mise en réserve ou d'utilisation les substances élaborées (d'où son nom) par les organes chlorophylliens responsables de la photosynthèse.
La méthode des incisions pratiquées à une profondeur convenable sur le tronc des arbres est la plus ancienne pour récupérer la sève élaborée : le liquide légèrement sous pression s'écoule en gouttelettes des blessures. C'est ainsi que des incisions pratiquées à la base des inflorescences des palmiers permettent de récupérer, par jour, jusqu'à 10 litres d'une sève sucrée qui, fermentée, donnera le vin de palme.
Pour éviter ces traumatismes à la plante, les physiologistes ont eu recours à des insectes suceurs de sève (pucerons et cochenilles) qui fichent leur stylet dans les tiges jusqu'au niveau de la sève élaborée ; si l'on élimine le corps de l'insecte, le liquide continue à s'écouler à travers le stylet, et l'on peut ainsi en recueillir de 1 à 2 millimètres cubes par heure.
Enfin, l'emploi de substances marquées aux isotopes radioactifs, soit par application ou par injection, soit lors de la photosynthèse, permet de suivre le devenir des composants ainsi transportés.
La sève élaborée est une solution colloïdale visqueuse, riche en substances. Ce sont surtout des glucides (plus de 90 %du résidu sec) et presque toujours du saccharose mélangé parfois à de très faibles proportions de raffinose, de stachyose et de mannose ; les hexoses (fructose et glucose) n'apparaissent que dans les tissus voisins ou dans les organes situés en fin de parcours. Les substances azotées (aminoacides et amides) constituent de 0,03 à 0,5 % du résidu sec selon les espèces, mais ce taux varie beaucoup avec les phases d'activité des plantes : il s'élève considérablement à l'automne (de deux à cinq fois) lors de la chute des feuilles, ainsi qu'au printemps lors du débourrement des bourgeons. Les formes transportées les plus courantes sont l'asparagine, la glutamine, l'aspartate et le glutamate, parfois aussi la citrulline (aulne, bouleau, charme), la glycine (lilas) ou encore des bases puriques comme l'allantoïne et l'acide allantoïque (érable).
N’ayez crainte, on ne récupère environ que 5 % environ de la sève pour faire du sirop d’érable, donc l’arbre garde encore une grande majorité du stock nécessaire à sa vie et à sa croissance. C’est ce qu’explique notamment l’auteur de cette page Internet intitulée le phénomène de la coulée de sève.
L’auteur nous apprend aussi que l’on récolte au printemps l’eau d’érable qui pourra donner ensuite du sirop d’érable. Sur une autre page du même site spécialisé intitulée facteurs influençant la qualité du sirop d’érable, il nous est expliqué que le sirop d’érable est obtenu en faisant bouillir rapidement la sève ou eau d’érable [pour en extraire l’eau].
Vous noterez aussi en lisant cette page, même si cela ne fait pas partie de votre question, que la qualité du sirop d’érable se juge à sa couleur : une couleur pâle est synonyme de qualité car la sève n’a pas eu le temps de se réchauffer avant de passer à l’évaporateur et cela limite l’apparition des bactéries. C’est toujours bon à savoir quand il faut choisir entre plusieurs marques dans le rayon l’accompagnement idéal des crêpes !
Cordialement.
pendant cette période certains interlocuteurs du Guichet du savoir sont encore éloignés des collections de la bibliothèque, c’est le cas de votre interlocuteur pour cette question. Aussi nous vous fournirons uniquement des réponses issues de nos recherches sur Internet et sur des bases de données en ligne auxquelles nous avons accès.
En fait il n’y a pas plusieurs circuits au sens où il y aurait « plusieurs tuyaux », mais par rapport au sens de circulation de la sève. Il faut distinguer la sève brute, celle qui migre selon un courant ascendant des racines au sommet du végétal pour nourrir la plante en minéraux et autres nutriments du sols récupérés par ses racines, et la sève élaborée qui est chargée de nouveaux éléments synthétisés par la photosynthèse réalisée par les feuilles. C’est cette sève élaborée irriguant l’ensemble de la plante qui est récupérée par incision, pour l’érable comme pour d’autres végétaux. Cet extrait d’un article de l’Encyclopaedia Universalis explique très bien le phénomène de la migration de la sève et son rôle.
La bibliothèque municipale de Lyon offre à ses abonnés un accès à l’Encyclopaedia Universalis.
Caractéristiques
La sève brute est le grand courant ascendant qui conduit aux feuilles, aux bourgeons et aux fleurs l'eau et les substances minérales. C'est une solution diluée de sels minéraux (1 gramme par litre environ) qui contient les ions absorbés (cf. absorption végétale) et les produits de la réduction des nitrates (aminoacides et amides) par la racine. Au cours de son déplacement, elle abandonne aux territoires traversés une partie de ses éléments minéraux et s'enrichit en composés organiques, mais ceux-ci sont toujours en faible quantité (de 0,2 à 0,5 g/l) sauf exception (celle de l'érable à sucre en contient jusqu'à 8 p. 100) ; ils proviennent surtout des réserves accumulées dans les rayons médullaires du bois et utilisées à certaines saisons.
Chez les végétaux vasculaires, la circulation de la sève brute a lieu dans les vaisseaux ou dans les trachéides (gymnospermes) des faisceaux libéro-ligneux, c'est-à-dire dans le xylème (bois), comme le prouvent des décortications annulaires pratiquées sur des troncs ou des rameaux. Chez les autres végétaux, la notion de sève ne garde son sens que dans la mesure où il existe des régions conductrices plus ou moins bien spécialisées (tige des mousses, stipe des laminaires, etc.).
Mécanismes de la migration
Eau et sels minéraux circulent ensemble sensiblement à la même vitesse, les ions paraissant simplement entraînés par le flux hydrique. Cette circulation ne relève, semble-t-il, d'aucune activité physiologique, ni des vaisseaux qui sont des cellules mortes, simples tubes lignifiés, ni du parenchyme vasculaire qui les entoure, car elle n'est pas affectée par des inoculations dans les tiges de poisons (tel le sulfate de cuivre à 10 p. 100), du moins tant que ceux-ci n'ont pas atteint les organes de la transpiration. Les causes de cette circulation n'en ont pas moins posé des problèmes aux physiologistes, car il n'est pas aisé de rendre compte d'une ascension à quelque 10 ou 20 mètres de hauteur, comme cela se rencontre couramment dans les arbres.
La capillarité ne peut expliquer le transport que chez des plantes à tiges courtes (mousses) ; il se pourrait que les différences de pression osmotique entre les vacuoles des tissus assimilateurs, gorgées de produits élaborés, et celles des cellules de la racine, moins concentrées, constituent un facteur non négligeable, qui interviendrait aussi dans la circulation de la sève élaborée (cf. infra, théorie de Münch et Craft). Mais essentiellement deux causes déterminent l'ascension de la sève brute : la poussée radiculaire et la transpiration.
L'autre moteur de l'ascension est la transpiration. L'appel d'eau qu'elle crée au niveau des feuilles est répercuté tout le long des vaisseaux grâce aux forces de cohésion importantes existant entre les molécules dans ces conduits de faible diamètre ; les filets d'eau se trouvent tractés en une colonne continue, comme l'a montré Dixon (1895) en réalisant un modèle expérimental dans lequel l'évaporation à travers une plaque de plâtre simulait la transpiration ; la montée d'eau mesurée par l'élévation d'une colonne de mercure était d'environ 15 mètres. La réalité de la continuité des filets dans les vaisseaux a été confirmée par des observations modernes, en particulier par des marquages à l'iode radioactif.
La tension exercée par la transpiration, de l'ordre de 20 à 30 bars, suffit à irriguer les arbres les plus hauts. La pression exercée par la poussée radiculaire (de l'ordre de 2 bars) n'a qu'un rôle accessoire. D'ailleurs, elle cesse lorsque la transpiration est active, et chez certaines espèces (conifères) elle n'apparaît jamais. En revanche, chez les plantes aquatiques immergées (élodée, cératophylle), c'est elle seule qui est responsable de la conduction depuis les racines jusqu'aux feuilles.
Méthodes d'étude et caractéristiques
Contrairement à la sève brute, la sève élaborée est le courant, surtout descendant mais aussi ascendant, qui véhicule vers les lieux de mise en réserve ou d'utilisation les substances élaborées (d'où son nom) par les organes chlorophylliens responsables de la photosynthèse.
La méthode des incisions pratiquées à une profondeur convenable sur le tronc des arbres est la plus ancienne pour récupérer la sève élaborée : le liquide légèrement sous pression s'écoule en gouttelettes des blessures. C'est ainsi que des incisions pratiquées à la base des inflorescences des palmiers permettent de récupérer, par jour, jusqu'à 10 litres d'une sève sucrée qui, fermentée, donnera le vin de palme.
Pour éviter ces traumatismes à la plante, les physiologistes ont eu recours à des insectes suceurs de sève (pucerons et cochenilles) qui fichent leur stylet dans les tiges jusqu'au niveau de la sève élaborée ; si l'on élimine le corps de l'insecte, le liquide continue à s'écouler à travers le stylet, et l'on peut ainsi en recueillir de 1 à 2 millimètres cubes par heure.
Enfin, l'emploi de substances marquées aux isotopes radioactifs, soit par application ou par injection, soit lors de la photosynthèse, permet de suivre le devenir des composants ainsi transportés.
La sève élaborée est une solution colloïdale visqueuse, riche en substances. Ce sont surtout des glucides (plus de 90 %du résidu sec) et presque toujours du saccharose mélangé parfois à de très faibles proportions de raffinose, de stachyose et de mannose ; les hexoses (fructose et glucose) n'apparaissent que dans les tissus voisins ou dans les organes situés en fin de parcours. Les substances azotées (aminoacides et amides) constituent de 0,03 à 0,5 % du résidu sec selon les espèces, mais ce taux varie beaucoup avec les phases d'activité des plantes : il s'élève considérablement à l'automne (de deux à cinq fois) lors de la chute des feuilles, ainsi qu'au printemps lors du débourrement des bourgeons. Les formes transportées les plus courantes sont l'asparagine, la glutamine, l'aspartate et le glutamate, parfois aussi la citrulline (aulne, bouleau, charme), la glycine (lilas) ou encore des bases puriques comme l'allantoïne et l'acide allantoïque (érable).
N’ayez crainte, on ne récupère environ que 5 % environ de la sève pour faire du sirop d’érable, donc l’arbre garde encore une grande majorité du stock nécessaire à sa vie et à sa croissance. C’est ce qu’explique notamment l’auteur de cette page Internet intitulée le phénomène de la coulée de sève.
L’auteur nous apprend aussi que l’on récolte au printemps l’eau d’érable qui pourra donner ensuite du sirop d’érable. Sur une autre page du même site spécialisé intitulée facteurs influençant la qualité du sirop d’érable, il nous est expliqué que le sirop d’érable est obtenu en faisant bouillir rapidement la sève ou eau d’érable [pour en extraire l’eau].
Vous noterez aussi en lisant cette page, même si cela ne fait pas partie de votre question, que la qualité du sirop d’érable se juge à sa couleur : une couleur pâle est synonyme de qualité car la sève n’a pas eu le temps de se réchauffer avant de passer à l’évaporateur et cela limite l’apparition des bactéries. C’est toujours bon à savoir quand il faut choisir entre plusieurs marques dans le rayon l’accompagnement idéal des crêpes !
Cordialement.
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