Question d'origine :
Bonjour,
Je voulais savoir si Jean Tardieu s'était inspiré d'un auteur pour sa pièce "Un mot pour un autre"?
Est ce que des auteurs ont déjà travaillé avec ce procédé qui consiste à remplacer des mots par d'autres mots ?
Savez vous si d'autres auteurs plus contemporains à Tardieu ont repris ce processus?
Merci beaucoup pour votre réponse
Cordialement
Réponse du Guichet
bml_litt
- Département : Langues et Littératures
Le 03/07/2020 à 14h07
Bonjour,
Rappelons que la pièce « Un mot pour un autre », écrite en 1951, par Jean Tardieu, se distingue par son traitement original du langage. Les protagonistes semblent, en effet, tous touchés par un mal étrange qui leur fait utiliser des mots à la place d’autres, rendant ainsi leurs propos totalement incohérents. Les conversations restent toutefois intelligibles, car elles prennent place dans des situations stéréotypées.
Nous ne connaissons pas d’œuvre identique à la pièce de Jean Tardieu. Mais si singulière soit-elle, celle-ci n’est pas sans rappeler les nombreuses expériences sur le langage qui ont émaillé l’histoire de la langue française, notamment depuis le 20e siècle. Ainsi, la pièce de Tardieu nous semble bien s’inscrire dans une filiation, même lointaine, avec le mouvement surréaliste et son dispositif d’écriture automatique.
On pourrait également qualifier l’exercice de Jean Tardieu, d’Oulipien, du nom de l’OULIPO, l’Ouvroir de littérature potentielle, groupe littéraire fondé par Raymond Queneau, qui se donne pour objectif de jouer avec la langue. Comment ne pas penser au roman de Georges Pérec, La disparition, qui présente la particularité de ne comporter aucun e ?
Mais l’œuvre qui nous semble le plus entretenir un air de famille avec « Un mot pour un autre » est celle du dramaturge Eugène Ionesco. Et tout particulièrement, de sa célèbre pièce, La cantatrice chauve. Là aussi, les dialogues ne font que souligner l’absurdité des situations et des discours. La pièce reprend ainsi les dialogues stéréotypés d’une méthode Assimil pour apprendre l’Anglais que Ionesco pousse jusqu’au dérèglement.
Par extension, parmi les nombreuses expérimentations sur le langage existantes, nous pouvons vous signaler le recueil de poésie de Loïc Demey, Je d’un accident ou d’amour, qui se distingue par la disparition totale des verbes au profit de substantifs.
Ce qui donne, l’extrait suivant :
Depuis, ma pensée se désordre. Mon langage se confusion. D’un commencement comme ça. Je voiture Adèle jusqu’à la gare de l’Est, elle se départ chez elle, distance d’ici. Bien trop lointain. Elle m’amour, je l’énormément, mais elle s’en retour. A trois centaines de kilomètres.
Enfin, la littérature jeunesse abonde de livres et d’auteurs qui s’en donnent à cœur de joie pour inventer de nouveaux mots et tordre le langage. Nous citerons juste deux des plus connus :
La belle lisse poire du Prince de Motordu de Pef
Blaise et le château d’Anne Hyversère de Claude Ponti
Bonne journée,
Rappelons que la pièce « Un mot pour un autre », écrite en 1951, par Jean Tardieu, se distingue par son traitement original du langage. Les protagonistes semblent, en effet, tous touchés par un mal étrange qui leur fait utiliser des mots à la place d’autres, rendant ainsi leurs propos totalement incohérents. Les conversations restent toutefois intelligibles, car elles prennent place dans des situations stéréotypées.
Nous ne connaissons pas d’œuvre identique à la pièce de Jean Tardieu. Mais si singulière soit-elle, celle-ci n’est pas sans rappeler les nombreuses expériences sur le langage qui ont émaillé l’histoire de la langue française, notamment depuis le 20e siècle. Ainsi, la pièce de Tardieu nous semble bien s’inscrire dans une filiation, même lointaine, avec le mouvement surréaliste et son dispositif d’écriture automatique.
On pourrait également qualifier l’exercice de Jean Tardieu, d’Oulipien, du nom de l’OULIPO, l’Ouvroir de littérature potentielle, groupe littéraire fondé par Raymond Queneau, qui se donne pour objectif de jouer avec la langue. Comment ne pas penser au roman de Georges Pérec, La disparition, qui présente la particularité de ne comporter aucun e ?
Mais l’œuvre qui nous semble le plus entretenir un air de famille avec « Un mot pour un autre » est celle du dramaturge Eugène Ionesco. Et tout particulièrement, de sa célèbre pièce, La cantatrice chauve. Là aussi, les dialogues ne font que souligner l’absurdité des situations et des discours. La pièce reprend ainsi les dialogues stéréotypés d’une méthode Assimil pour apprendre l’Anglais que Ionesco pousse jusqu’au dérèglement.
Par extension, parmi les nombreuses expérimentations sur le langage existantes, nous pouvons vous signaler le recueil de poésie de Loïc Demey, Je d’un accident ou d’amour, qui se distingue par la disparition totale des verbes au profit de substantifs.
Ce qui donne, l’extrait suivant :
Depuis, ma pensée se désordre. Mon langage se confusion. D’un commencement comme ça. Je voiture Adèle jusqu’à la gare de l’Est, elle se départ chez elle, distance d’ici. Bien trop lointain. Elle m’amour, je l’énormément, mais elle s’en retour. A trois centaines de kilomètres.
Enfin, la littérature jeunesse abonde de livres et d’auteurs qui s’en donnent à cœur de joie pour inventer de nouveaux mots et tordre le langage. Nous citerons juste deux des plus connus :
La belle lisse poire du Prince de Motordu de Pef
Blaise et le château d’Anne Hyversère de Claude Ponti
Bonne journée,
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