Les enfants adoptifs de la reine Marie-Antoinette
CIVILISATION
+ DE 2 ANS
Le 06/07/2020 à 08h48
2120 vues
Question d'origine :
Mesdames, Messieurs,
la reine Marie-Antoinette d’Autriche eut adopté des enfants : François Michel-Gagné, rebaptisé Armand, Jeanne Louise Victoire, rebaptisée Zoé, Marie-Philippine Lambriquet, rebaptisée Ernestine. Je voudrais bien savoir si les enfants furent adoptés officiellement comme les enfants des souverains ou ils furent seulement particulièrement soutenus par ceux-là. Malheureusement, je ne trouve aucun document concernant ce sujet-ci. Je vous serais reconnaissante de bien vouloir m’aider à cet égard. Je vous en remercie en avance et vous salue cordialement.
Lysroyal
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 09/07/2020 à 07h37
Bonjour,
Il est en effet peu question de ces enfants « adoptés » dans les biographies officielles de Marie-Antoinette. Les éléments de réponse que nous avons trouvés proviennent essentiellement de blogs, forums, ou pages internet où les sources ne sont pas citées.
Néanmoins, nous pouvons d’ores et déjà dire que le mot adoption n’a pas le même sens à l’époque, qu’actuellement. Lorsque des enfants adoptifs sont évoqués, on précise qu’un nouveau nom leur est donné afin de « marquer le coup », mais cela s’arrête là. Par la suite, soit la reine les prend en charge et participe à leurs frais d’éducation, soit ils sont élevés avec les dauphin-e-s, comme enfant de compagnie.
Quoiqu’il en soit, son engagement pour des enfants de moindre condition vient soit illustrer la générosité dont peut faire preuve la reine, soit contribuer à une véritable propagande royale ; nous vous laisserons juge des motivations profondes de Marie-Antoinette.
Madame Campan, sa femme de chambre raconte qu’en 1776, le carrosse de la reine manque d’écraser un petit garçon : François Michel Gagné.
L'anecdote est bien connue, Marie Antoinette s'émeut, le console, le couvre de cajoleries et finit par l'emmener, bien que l'enfant ait beaucoup de peine à quitter sa grand-mère qui l'élève. Pendant tout le trajet, le petit garçon donne des coups de pieds. Qu'à cela ne tienne, la reine l'habille comme un prince, le fait dîner à sa table, l'adopte et le rebaptise Armand.
Ce site internet continue ainsi:
« La protection royale va s'étendre à toute la fratrie. Le frère d'Armand, Denis, qui manifeste des dons pour la musique, aura ainsi la faculté de suivre un bon enseignement, et deviendra en 1787 violoncelliste du roi. La reine l'aidera jusqu'à la limite de ses possibilités : en 1792 encore, elle lui envoie de l'argent pour l'assister dans sa carrière.
Les deux autres enfants de la famille, Louis Marie et Marie Madeleine Gagné, jouiront eux aussi de la prévenance de la reine. C'est ainsi que, lorsque Marie Madeleine se marie, son contrat stipule à son actif 3000 livres provenant des bienfaits qui lui ont été faits par la défunte, alors femme de Louis Capet, qui a pris soin de son entretien jusqu'à la révolution du 10 août.
Toutes ces attentions n'empêcheront pas François Michel Gagné de s'engager dans les rangs des révolutionnaires où, dans son zèle à faire oublier le patronage dont il bénéficia dans son enfance, il se montrera, nous dit Madame Campan, le terroriste le plus sanguinaire de Versailles. »
Plus loin, nous apprenons encore :
« Marie Philippine Lambriquet est née à Versailles le 31 juillet 1778. C'est la fille de Jacques Lambriquet, garçon de chambre de Monsieur, Comte de Provence, le frère de Louis XVI, et de Marie Philippine née Noirot, femme de chambre de Madame Royale. Pour arrondir les angles du caractère de sa fille Marie Thérèse Charlotte, la reine souhaite lui donner une compagne de son âge. Ce sera Marie Philippine Lambriquet, que Marie Antoinette rebaptise Ernestine, d'après une chanson à la mode de Madame Riboconi. Chaque matin, des serviteurs vont chercher chez elle la petite fille, qui passe toutes ses journées avec Madame Royale et est ramenée le soir à ses parents. »
Lorsque nous disions que l’adoption de ces enfants ne s’entendait pas au sens contemporain du terme, une nuance est à apporter dans le cas d’Ernestine : « Quand, en avril 1788, Madame Lambriquet meurt, Marie Antoinette décide d'adopter réellement Ernestine. Fait remarquable, puisque le père de l'enfant est en vie. On installe pour elle un appartement chez Madame de Polignac, la Gouvernante des Enfants de France, Ernestine reçoit les mêmes fournitures que Madame Royale et ses dépenses sont consignées dans le Registre des Enfants de France, qui n'était réservés qu'à la progéniture du roi. La petite Ernestine, âgée comme la fille du roi de dix ans, partage jeux, leçons, vêtements, tout le quotidien de Marie Thérèse Charlotte. Elles prennent leur repas ensemble, et chacune est servie la première alternativement. »
Une autre page internet nous livre quelques informations sur Zoé : « L’autre fille, Zoé, est méconnue. De même qu’Ernestine était la compagne de la Princesse, Zoé était celle du Prince Louis-Charles, le Dauphin. Comme beaucoup d’enfants, elle a disparu au cours de la Révolution. Il est possible qu’elle soit devenue religieuse. »
Enfin, un forum dédié à Marie-Antoinette, mentionne et relate l’histoire de Jean Amilcar, petit garçon sénégalais que la Reine aurait mis en pension et payé ses frais pendant un moment. Il est précisé que la reine aurait pu profiter de l’influence progressiste de son frère, l’empereur Joseph II.
Pour aller plus loin :
Marie-Antoinette : dans les pas de la reine / sous la direction de Jean-Christian Petitfils
Marie-Antoinette telle qu'ils l'ont vue: témoignages, lettres, rapports secrets, souvenirs, confidences / présenté par Évelyne Lever
Marie-Antoinette / Hélène Delalex, Alexandre Maral, Nicolas Milovanovic
Marie-Antoinette, 1755-1793 : images et visages d'une reine / Annie Duprat
Il est en effet peu question de ces enfants « adoptés » dans les biographies officielles de Marie-Antoinette. Les éléments de réponse que nous avons trouvés proviennent essentiellement de blogs, forums, ou pages internet où les sources ne sont pas citées.
Néanmoins, nous pouvons d’ores et déjà dire que le mot adoption n’a pas le même sens à l’époque, qu’actuellement. Lorsque des enfants adoptifs sont évoqués, on précise qu’un nouveau nom leur est donné afin de « marquer le coup », mais cela s’arrête là. Par la suite, soit la reine les prend en charge et participe à leurs frais d’éducation, soit ils sont élevés avec les dauphin-e-s, comme enfant de compagnie.
Quoiqu’il en soit, son engagement pour des enfants de moindre condition vient soit illustrer la générosité dont peut faire preuve la reine, soit contribuer à une véritable propagande royale ; nous vous laisserons juge des motivations profondes de Marie-Antoinette.
Madame Campan, sa femme de chambre raconte qu’en 1776, le carrosse de la reine manque d’écraser un petit garçon : François Michel Gagné.
L'anecdote est bien connue, Marie Antoinette s'émeut, le console, le couvre de cajoleries et finit par l'emmener, bien que l'enfant ait beaucoup de peine à quitter sa grand-mère qui l'élève. Pendant tout le trajet, le petit garçon donne des coups de pieds. Qu'à cela ne tienne, la reine l'habille comme un prince, le fait dîner à sa table, l'adopte et le rebaptise Armand.
Ce site internet continue ainsi:
« La protection royale va s'étendre à toute la fratrie. Le frère d'Armand, Denis, qui manifeste des dons pour la musique, aura ainsi la faculté de suivre un bon enseignement, et deviendra en 1787 violoncelliste du roi. La reine l'aidera jusqu'à la limite de ses possibilités : en 1792 encore, elle lui envoie de l'argent pour l'assister dans sa carrière.
Les deux autres enfants de la famille, Louis Marie et Marie Madeleine Gagné, jouiront eux aussi de la prévenance de la reine. C'est ainsi que, lorsque Marie Madeleine se marie, son contrat stipule à son actif 3000 livres provenant des bienfaits qui lui ont été faits par la défunte, alors femme de Louis Capet, qui a pris soin de son entretien jusqu'à la révolution du 10 août.
Toutes ces attentions n'empêcheront pas François Michel Gagné de s'engager dans les rangs des révolutionnaires où, dans son zèle à faire oublier le patronage dont il bénéficia dans son enfance, il se montrera, nous dit Madame Campan, le terroriste le plus sanguinaire de Versailles. »
Plus loin, nous apprenons encore :
« Marie Philippine Lambriquet est née à Versailles le 31 juillet 1778. C'est la fille de Jacques Lambriquet, garçon de chambre de Monsieur, Comte de Provence, le frère de Louis XVI, et de Marie Philippine née Noirot, femme de chambre de Madame Royale. Pour arrondir les angles du caractère de sa fille Marie Thérèse Charlotte, la reine souhaite lui donner une compagne de son âge. Ce sera Marie Philippine Lambriquet, que Marie Antoinette rebaptise Ernestine, d'après une chanson à la mode de Madame Riboconi. Chaque matin, des serviteurs vont chercher chez elle la petite fille, qui passe toutes ses journées avec Madame Royale et est ramenée le soir à ses parents. »
Lorsque nous disions que l’adoption de ces enfants ne s’entendait pas au sens contemporain du terme, une nuance est à apporter dans le cas d’Ernestine : « Quand, en avril 1788, Madame Lambriquet meurt, Marie Antoinette décide d'adopter réellement Ernestine. Fait remarquable, puisque le père de l'enfant est en vie. On installe pour elle un appartement chez Madame de Polignac, la Gouvernante des Enfants de France, Ernestine reçoit les mêmes fournitures que Madame Royale et ses dépenses sont consignées dans le Registre des Enfants de France, qui n'était réservés qu'à la progéniture du roi. La petite Ernestine, âgée comme la fille du roi de dix ans, partage jeux, leçons, vêtements, tout le quotidien de Marie Thérèse Charlotte. Elles prennent leur repas ensemble, et chacune est servie la première alternativement. »
Une autre page internet nous livre quelques informations sur Zoé : « L’autre fille, Zoé, est méconnue. De même qu’Ernestine était la compagne de la Princesse, Zoé était celle du Prince Louis-Charles, le Dauphin. Comme beaucoup d’enfants, elle a disparu au cours de la Révolution. Il est possible qu’elle soit devenue religieuse. »
Enfin, un forum dédié à Marie-Antoinette, mentionne et relate l’histoire de Jean Amilcar, petit garçon sénégalais que la Reine aurait mis en pension et payé ses frais pendant un moment. Il est précisé que la reine aurait pu profiter de l’influence progressiste de son frère, l’empereur Joseph II.
Pour aller plus loin :
Marie-Antoinette : dans les pas de la reine / sous la direction de Jean-Christian Petitfils
Marie-Antoinette telle qu'ils l'ont vue: témoignages, lettres, rapports secrets, souvenirs, confidences / présenté par Évelyne Lever
Marie-Antoinette / Hélène Delalex, Alexandre Maral, Nicolas Milovanovic
Marie-Antoinette, 1755-1793 : images et visages d'une reine / Annie Duprat
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter