Peut-on dire que la base de données PERSEE est une archive ouverte ?
Question d'origine :
Bonjour,
Peut-on dire que la base de données PERSEE est une archive ouverte ? oui ? pourquoi ? non ? pourquoi ?
Merci par avance pour la réponse.
Réponse du Guichet
Les archives ouvertes sont des plateformes en ligne permettant aux chercheurs et chercheuses de mettre leurs travaux à disposition du public, sans médiation de la part d'une revue. Persée, qui pratique l'accès libre comme les archives ouvertes, n'en est toutefois pas une, car la plateforme ne publie que des contenus approuvés par des comités éditoriaux.
Bonjour,
Le portail Persée, un de nos fréquents outils de travail, se définit ainsi :
Persee.fr est un portail de diffusion de publications scientifiques, principalement dans le domaine des sciences humaines et sociales mais aussi des sciences de la Terre et de l'environnement. Son positionnement est original car il assure la diffusion de collections patrimoniales (le plus ancien document diffusé date de 1840) et il propose des outils d'exploitation similaires à ceux présents sur les portails d'édition courante (indexation au niveau de l'article, plan des documents, exports des références bibliographiques, format détachable, référencement croisé, etc.). Ouvert en 2005, persee.fr diffuse actuellement plus de 300 collections, soit plus de 700 000 documents en texte intégral et en libre accès. Le portail accueille en moyenne 30 millions de visites par an.
Le portail Persée (www.persee.fr) est une initiative publique, conçue, développée et maintenue par l'UMS 3602 Persée. C'est un service de l'Université de Lyon, du CNRS et de l'ENS de Lyon qui bénéficie du soutien du Ministère de l'Education Nationale et de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche.
Voici comment Jacqueline Nivard, de l'Ecole des hautes études en sciences sociales, définit une archive ouverte :
Une archive ouverte est un site où les documents sont en libre accès (Open access). Les chercheurs y déposent leurs articles en texte intégral dans le respect des droits d’auteur ou leurs références bibliographiques. L’expression « archive ouverte » traduite de l’anglais Open Archive, peut être employée au singulier ou au pluriel (Open Archives). On parle aussi souvent de « réservoir » ou d’« entrepôt de documents » (traduction de l’anglais Repository).
Les archives ouvertes suivent le protocole d’échange des données OAI-PMH « The Open Archives Initiative Protocol for Metadata Harvesting ». Cela permet aux moteurs de recherche spécialisés dans le moissonnage des serveurs d’archives ouvertes (harvesters) d’interroger simultanément tous les entrepôts pour une même requête.
HAL (Hyper article en ligne) est une archive ouverte pluridisciplinaire créée en 2001 par le Centre pour la communication scientifique et directe (CCSD) – par des chercheurs, pour des chercheurs – avec pour objectif le partage des résultats de la recherche. Elle propose des portails thématiques comme HAL-SHS , archive ouverte des sciences de l'homme et de la société, et des portails institutionnels. HAL « archive nationale » pour la France s’inscrit dans le mouvement pour le libre accès, défini à Budapest en 2002 et réaffirmé à Berlin en 2003.
Le protocole OAI-PMH est utilisé par Persée "pour la diffusion de ses métadonnées". Pour autant, le principe des archives ouvertes suppose que les chercheur-euses mettent eux-elles-mêmes en ligne leurs publications : c'est la "voie verte" selon le Laboratoire des sciences sociales de Grenoble. Persée, qui permet aux éditeurs de publier des sources agréées par les comités de rédaction de revues ("voie dorée"), n'est donc pas une archive ouverte au sens strict du terme même s'il relève du libre accès (open access) :
Le libre accès ne se limite pas aux archives ouvertes. Il y a deux voies possibles et une solution hybride proposée par les éditeurs :
- la voie verte (Green road) qui est le dépôt de travaux directement par le chercheur lui-même ou par une personne mandatée dans une archive ouverte comme HAL. On trouve la liste des archives ouvertes dans OpenDOAR The Directory of Open Access Repositories
- la voie dorée (Gold road) qui est la mise en ligne d’articles acceptés par les comités de rédaction sur des plateformes de revues scientifiques comme Revues.org, Persée, etc. On trouve la liste de ces revues dans le DOAJ Directory of Open Access Journals
- il existe enfin une voie hybride proposée par les éditeurs en réaction à la montée des archives ouvertes, qui suppose que les auteurs, leurs institutions ou les agences de recherche financent en amont la mise en ligne d’articles mis en libre accès.
L'enjeu de la différence entre archives ouvertes et revues en accès libre est soulignée par le billet Marin Dacos "Pourquoi il faut distinguer clairement les archives ouvertes et l’édition électronique ouverte", publié par Marin Dacos sur leo.hypotheses.org, dans le contexte de la préparation de la Loi pour une République numérique du 10 octobre 2016. La loi se proposait d'autoriser les chercheurs à mettre en ligne leurs travaux dans un délai plus court que la barrière mobile, "période de temps au-delà de laquelle un éditeur ou un comité de rédaction permet la consultation gratuite des numéros" sur une plateforme numérique, selon Cairn. Main Dacos oppose ainsi le temps court de l'archive ouverte au temps long de la revue :
La loi favorise, à côté et non pas à la place des plateformes, le développement des archives ouvertes, qui ne sont pas un lieu de labellisation ni de mise en valeur éditoriale des revues : les archives ouvertes, comme leur nom l’indique, sont simplement des lieux de dépôt d’articles. Nous ne croyons pas qu’on puisse les confondre avec les plateformes d’édition électronique que nous portons. Sinon, ce serait à désespérer du travail de structuration, de mise en forme, de diffusion et de valorisation que nous menons au quotidien, travail que connaissent, respectent et rémunèrent les bibliothèques. Ce serait aussi à désespérer du travail des équipes des revues pour produire autre chose qu’une addition d’articles : ce sont bien les numéros de revues et les revues elle-mêmes que mettent en avant les plateformes comme Scielo, Erudit, Cairn.info, Revues.org ou Redalyc.
Pour aller plus loin :
" Les archives ouvertes en France" Joachim Schöpfel, Christiane Stock, Distances et savoir, 2009, sur Cairn
"Archive ouverte HAL" sur science-ouverte.cnrs.fr
"Persée, une bibliothèque numérique par et pour leschercheurs" - Nathalie Fargier, sur hal.archives-ouvertes.fr
"Archive ouverte" sur Wikipedia
Bonne journée.