Comment fonctionnaient les puits de l'Hôtel-Dieu de Lyon ?
Question d'origine :
Bonjour,
J'aimerais en savoir plus sur l'alimentation en eau de l'Hôtel-Dieu de Lyon.
D'où provenait (et provient encore aujourd'hui) l'eau des puits dans les cours ? Étaient-ce des puits à pompe ? Quelle est cette grande barre si ce n'est celle de la pompe justement ?
Je vous remercie par avance pour votre réponse.
Réponse du Guichet
Dans l’article Les ressources en eau de la région lyonnaise à travers son histoire géologique (que vous trouverez en pièce jointe), il est dit que les puits de la presqu’île étaient alimentés par les nappes alluviales du Rhône et de la Saône.
Ce n’est qu’en 1856 qu’un service des eaux voit le jour à Lyon et se développe. Il est mis en œuvre par la Compagnie Générale des Eaux de France, crée officiellement en mai 1853. En attendant, les quelques 150 000 habitants que compte la ville de Lyon dans les années 1830, sont fort mal alimentés en eau et se contentent des sources issues des collines de la Croix-rousse et de Fourvière et des innombrables puits creusés au pied desdites collines, dans la presqu’île et sur la rive gauche du Rhône encore plus peuplée.
Nos recherches sur l’alimentation en eau des puits de l'hôtel-Dieu, dans les ouvrages de la bibliothèque sur l’histoire du Grand hôtel-Dieu, et sur l’histoire de l'alimentation en eau à Lyon n’ont donné que peu de résultats. Nous vous rapportons la principale information trouvée sur le sujet dans le document Considérations sur la salubrité de l’Hôtel-Dieu et de l’Hospice de la Charité, où nous apprenons qu’une machine à vapeur destinée à fournir de l’eau, à tous les étages, pour tous les services de l’hôpital, avait été installée dans la cour Sainte-Marie.
Grâce à cette machine à vapeur, l’eau est devenue abondante et conserve une très bonne qualité, elle provient du Rhône par filtration naturelle et s’accumule incessamment dans un puisard creusé à cet effet, jusqu’à un mètre au-dessus de l’étiage du fleuve. Épurée par son passage au travers d’un lit de gravier, cette eau est toujours limpide, fraîche en été, et d’une température suffisante en hiver pour qu’il n’y ait pas de congélation à redouter. La machine à vapeur de la force de sept chevaux et qui ne la déploie pas en entier, fait mouvoir plusieurs corps de pompe qui débitent en moyenne 2,000 litres d’eau par minute. Deux réservoirs, placés à trois mètres environ au-dessus du sol, desservent les bains et la buanderie; un deuxième réservoir contenant trente mètres cubes d’eau, placé à dix-sept mètres au-dessus du niveau du sol des cours, est destiné aux autres services: c’est de ce réservoir que les eaux se distribuent dans toutes les salles de malades, souillardes, latrines, réfectoire, cuisine, pharmacie, promenoir, etc. Le volume d’eau est consommé dans les vingt-quatre heures.
Avant la construction de la machine à vapeur, qui date de 1839, l’eau était portée dans les salles à bras d’hommes, où par le moyen de pompes placées dans les cours.
Sur le site de l’Inventaire général du patrimoine culturel de la région Auvergne-Rhône-Alpes, nous pouvons consulter une page dédiée à l'ensemble des puits de l’hôtel-Dieu. L’intérêt de cette page réside, pour nous, dans l'importance des photographies (en effet, très peu d’informations sont données sur l’histoire de ces points d’eau). On constate que les puits sont tous conçus de façon différente, mais que trois d’entre eux sont équipés d’un même balancier; ce sont des pompes fontaines à balancier. Nous en avons retrouvé l’histoire dans un article L’eau à Lyon publié sur le site des Amis de Guignol:
Le 18e siècle, est le siècle des pompes fontaines à balancier. On n'arrive toujours pas à avoir de l'eau suffisamment. La Ville veut mieux gérer l'eau des puits et éviter que tout le monde puisse y accéder n'importe comment et ainsi polluer cette eau si vitale. Il est décidé de mettre en place des pompes fontaines, ce qui va avoir pour effet de fermer le puits avec une porte en bois et d'avoir un système à balancier pour permettre de remonter l'eau. La première pompe fontaine est installée à Saint-Paul en 1721 sur la Place de la Poulaillerie.
Bonne journée