Pourquoi tout est-il excessivement cher dans le monde ?
Question d'origine :
Bonjour, en allant dans une librairie, je suis tombé sur des collections de livres La Pléiades, alors certes, ils sont magnifiques, mais leurs prix aussi. De là mets venus une question pourquoi tout est il excessivement chers dans le monde. Je veux dire environ 75 euros pour un livre de la Pléiade, des fringues dépassant les 100 euros, des téléphones valant le SMIC. Alors même s'il s'agit de grandes marques (Pléiade, Apple, Nike, Adidas, Gucci, YSL...) pourquoi tout est il si cher ? Comment une somme d'argent est-elle attribuée à telle ou telle matière ? Est-ce que c'est juste, car il y a le logo d'une grande marque ? Car c'est produit à l'étranger (dans ce cas, ne serait-il pas mieux de produire localement) ?
Réponse du Guichet
Le prix se justifie bien souvent par la qualité de l'objet et le coût des matières premières. Mais à ces coûts de production on ajoute une marge qui peut être liée à la griffe du fabricant mais aussi à un alignement des prix face à la concurrence, voire à des facteurs plus psychologiques ou conjoncturels.
Bonjour,
Vous vous interrogez sur la fixation d'un prix de vente. En fonction de quels critères un entrepreneur détermine-t-il le prix de vente d'un produit ?
Le prix de vente d’un produit peut être fixé en fonction de son coût de revient (c'est-à-dire de l'ensemble des dépenses liées à sa production ainsi qu'aux frais de sa mise sur le marché) et du taux de marge que l'entrepreneur se fixe, mais aussi en fonction de la concurrence.
Voici quelques sites internet qui pourront vous aider à mieux comprendre comment se fixent les prix de vente :
- Comment fixer son prix de vente ? et Comment déterminer le prix de revient de son produit ?
- Comment fixer le prix de vente d’un produit ou service ?
- Comment fixer le prix d’un produit ?
Quelques livres :
- Le prix De l'analyse conceptuelle aux méthodes de fixation / Pierre Desmet, Monique Zollinger
- Prix et stratégie marketing / Caroline Urbain, Marine Le Gall-Ely
- Revenue management : anticiper l'offre et la demande : optimiser les prix / Patrick Legohérel, Elisabeth Poutier
- Les secrets du pricing : science et pratiques / Hermann Simon ; Stéphan Guinchard, traduit [de l'anglais] & adapté
Le prix se justifie bien souvent par la qualité de l'objet et le coût des matières premières. C'est notamment le cas des ouvrages de la Pléiade, où le prix de vente est corrélé au prix de revient car les coûts de fabrication et celui des matériaux sont beaucoup plus importants que pour un simple livre de poche. Il ne s'agit pas de feuillets collés sur une couverture cartonnée. A elle seule, la reliure représente 40 à 50 % du coût total de l'ouvrage. De surcroît, l'appareil critique est produit par des universitaires ou historiens, spécialistes de l'auteur publié, ce qui peut là aussi représenter un coût très important car ils peuvent travailler six ou huit ans sur un même volume.
L'ensemble d'une édition - travail sur le texte, appareil critique et notes de lecture, comme les traductions d’œuvres étrangères - est confié à des universitaires. «Des remarques concernant l'appareil critique nous ont appris à être plus vigilants et à diminuer le nombre de notes, qui finissaient, dans certains cas, par devenir envahissantes», admet Hugues Pradier. Les corrections peuvent, selon les volumes, demander de deux cents à quatre cents heures de travail et atteindre 250 000 francs de frais pour un volume. La chasse aux coquilles est impitoyable. Le caractère Garamont et le corps 9 n'ont pas été modifiés depuis la naissance de la collection. Le texte corrigé et saisi sur disquettes est alors confié à la fabrication, que dirige, depuis onze ans, Daniel Ingwiller. En dehors de la composition, désormais réalisée sur ordinateur, et de l'impression - les machines à feuilles plates ont été remplacées par des rotatives, il y a huit ans - la chaîne de fabrication ne déroge pas à la haute tradition. Le papier est resté à l'identique, une bible couleur chamois (en fait plus proche de l'ivoire) de 36 grammes, garanti plusieurs centaines d'années et fabriqué en exclusivité pour la Pléiade par Bolloré technologies, à Thonon-les-Bains (Haute-Savoie), et par Arjomari, dans les Pyrénées-Orientales. Sept tonnes sont utilisées pour un tirage de 10 000 exemplaires. Entre le poids du papier brut et son poids final dans les livres, on compte 20% de gâche (papier perdu) obligatoire. Le texte, une fois imprimé, est envoyé au relieur.
Les cahiers cousus et maintenus par une mousseline
Depuis toujours c'est l'entreprise Babouot, à Lagny-sur-Marne, qui est chargée de ce travail d'orfèvre, prestige de l'objet Pléiade. Le cahier des charges du relieur comporte 17 points de contrôle. L'opération initiale consiste à assembler les feuilles imprimées en cahiers de 32 pages, cousus ensuite et maintenus par une mousseline (une toile collée sur la tranche extérieure). Ces blocs dits «mousseline» passent à la pose de la couverture. Les peaux de mouton ont été préalablement teintées aux couleurs choisies selon le siècle auquel les œuvres appartiennent : vert antique, bien entendu, pour l'Antiquité ; violet pour le Moyen Age; marron Corinthe pour le XVIe ; rouge vénitien pour le XVIIe ; bleu pour le XVIIIe ; vert émeraude pour le XIXe ; havane pour le XXe. La Bible et le Coran sont habillés de gris. Les peaux découpées au cutter sur des gabarits en aluminium sont tendues sur des cartons, un feutre ayant été intercalé pour produire le moelleux et la souplesse de la couverture. Les bords sont repliés et on procède au parement des coins. Puis la dorure 24 carats est appliquée au fer; on estampe les filets et on frappe le titre également à l'or. On pose ensuite les signets, qui sont en soie tressée. On procède à l'arrondi de la tranche titre. On dépose la colle et des presses viennent enfin plaquer la reliure. Les albums sont réalisés également par Babouot, mais sur un papier couché en raison des illustrations en bichromie et quadrichromie. La reliure est recouverte d'une jaquette transparente en Rhodoïd, et, en dernier ressort, glissée dans une boîte en carton blanc et glacé qui la protège. La part de la reliure entre pour 50% dans le prix de revient d'un volume.
source : La Pléiade, une collection en or / Rabaudy Martine - L'express - 1999
Lire aussi :
Les secrets de la PLEIADE / Jacques Drillon - L'Obs 2014
Babouot, le relieur de la Pléiade / Corinne Renou-Nativel - la Croix - 2013
Visite des ateliers qui façonnent la Pléiade / Le Temps - samedi 24 août 2019
Visite de l'atelier de reliure
Quant aux smartphones, ils coutent effectivement très chers à produire. Le coût des composants d'un Iphone 13 est de 570 dollars (490 euros) auquel il faut ajouter les coûts de la main d’œuvre, de l’expédition, du logiciel, etc. Certes, la marge d'Apple reste très confortable mais la firme cherche néanmoins à s'aligner sur la concurrence. Lire cet article de Tom'guide pour mieux comprendre : L’iPhone 13 Pro est cher, mais Apple marge moins que Samsung avec ses S21
Ne nous leurrons pas, il existe aussi une stratégie de fixation des prix liée à des facteurs psychologiques. Citons par exemple la stratégie d'écrémage visant à fixer des prix élevés pour toucher une clientèle haut de gamme :
La politique d’écrémage consiste à fixer un prix élevé, le plus souvent au-delà des prix de la concurrence, afin de toucher un segment précis de clientèle à fort pouvoir d’achat.
Cette stratégie de différenciation ou de distinction permet de viser une marge confortable et une clientèle aisée. On parle de produits et services à forte valeur ajoutée, « premium » ou « haut de gamme ». Autre avantage de la politique d’écrémage : il sera possible de viser l’export puisque la structure de prix le permet.
Mais attention, cette stratégie n’est tenable que si le prix élevé est justifié par une avance technologique ou un avantage concurrentiel en terme de notoriété ou de qualité par exemple. Cela peut nécessiter des investissements importants.
Exemples : Apple, Porsche.
source : Politiques de prix : les différentes stratégies d’écrémage, de pénétration, d’alignement…
A côté de cela, la loi du marché peut influer également sur le prix des produits. Actuellement, on constate une pénurie de certaines matières premières et une hausse du prix de l'énergie qui ont pour conséquence une flambée des prix.
Nous vous laissons prendre connaissance de ces articles pour approfondir le sujet :
- Des puces électroniques au plastique : les raisons d’une pénurie mondiale
- Comprendre la flambée des prix des matières premières
- Commerce extérieur : la hausse des prix des matières premières creuse le déficit
Si les distributeurs et industriels choisissaient de répercuter l'intégralité de la hausse des coûts des matières premières sur le prix de vente au consommateur, le prix du panier moyen de courses au supermarché augmenterait de 4,7%, selon l'institut Nielsen. source : BFM Business
Même le prix de notre bonne vieille baguette de pain pourrait même prochainement augmenter !
Bonne journée.