Question d'origine :
Bonjour,
Savez-vous comment sont déterminés le nom des variants du COVID-19 ? Nous connaissons le variant alpha, delta et plus récemment omicron.
Comment décide-t-on de les appeler ainsi ? Qui décide et quels sont les critères retenus ?
Merci d'avance
Réponse du Guichet

L'utilisation de lettres grecques pour désigner les variants du covid sont une prescription de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Bonjour,
Selon toutes les sources que nous avons consultées l'utilisation de lettres grecques (Alpha, Beta, Omicron...) pour désigner les variants du SARS-CoV-2 répond à une prescription de l'OMS de mai 2021. Les noms scientifiques desdits variants étant difficiles à retenir, les médias et le grands public avaient tendance à associer les variants avec leur lieu (supposé) de découverte, parlant de variant anglais, sud-africain, indien... ce qui n'était pas sans poser des problèmes de discrimination aux conséquences délétères :
B.1.617, B.1.1.7, B.1.351... Retenir les noms scientifiques des variants du Covid-19 s'avère être un véritable casse-tête. Mais l'OMS simplifie les choses en leur donnant aussi des noms de lettres grecques.
Des noms "faciles à prononcer et à retenir"
L'idée est d'avoir des noms "faciles à prononcer et à retenir", mais aussi d'éviter que le grand public et les médias utilisent des appellations "stigmatisantes et discriminatoires" faisant référence au lieu où les premiers cas de variant ont été détectés, a expliqué l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans un communiqué.
Aux Etats-Unis par exemple, les attaques contre les personnes d'origine asiatique se sont multipliées, Donald Trump, qui était président pendant la première année de la pandémie, ayant tout fait pour rejeter la seule faute sur la Chine, où le nouveau coronavirus a été détecté pour la première fois. Il parlait souvent du virus chinois ou de "Kung Flu" (un jeu de mot sur flu, qui veut dire grippe).
Les noms scientifiques continueront d'exister car ils fournissent des données utiles aux experts, mais l'OMS ne les utilisera plus dans sa communication quotidienne. Et l'organisation encourage vivement les autorités nationales, les médias et autres à adopter les nouveaux noms.
(Source : Sciences et avenir)
Des articles du Monde, de LCI, ou de National geographic, qui rappelle d'ailleurs que dès 2015, l'OMS avait publié un guide de recommandations pour nommer les maladies infectieuses. Car déjà les noms médiatiques de virus pathogènes faisaient résonner étrangemet les noms de la forêt de Zika en Ouganda, ou de la rivière Ebola, en République démocratique du Congo... alors que ces dénominations ne reposent souvent sur aucun élément tangible :
En réalité, les chercheurs ne savent pas réellement d’où provient le soi-disant variant sud-africain. Certes, il a été identifié pour la première fois en Afrique du Sud, mais le patient zéro n’a pas encore été retrouvé. Il est probable que l’Afrique du Sud ait été le premier pays à remarquer ce variant car le séquençage du génome lors des tests était peut-être plus important.
M. Abdool Karim explique que cette dénomination est trompeuse car ce variant s’est propagé au monde entier et se retrouve en plus grande proportion dans des pays comme les États-Unis plutôt qu’en Afrique du Sud. « Vous voyez donc pourquoi cela ne fait pas sens de l’appeler "variant sud-africain". »
Ces noms inexacts peuvent donner lieu à de réelles conséquences, telles que l’interdiction d’entrée sur le territoire américain des voyageurs en provenance d’Afrique du Sud, du Brésil ou du Royaume-Uni. Ces répercussions peuvent durer sur le long terme. La pandémie de grippe espagnole en 1918 a dévasté la planète il y a plus d’un siècle. Bien que les premiers cas aient été identifiés aux États-Unis, une grande partie du public pense encore qu’elle provient d’Espagne, puisqu’elle était principalement connue sous le nom de grippe espagnole.
Tout l'alphabet grec n'est cependant pas bon à prendre : on remarquera par exemple l'omission des lettres nu et xi. Celle-ci toujours par souci d'éviter des discriminations, celle-là pour éviter une ambiguité.
L’Organisation mondiale de la santé a justifié ce choix auprès de nos confrères d’AP, en expliquant que la lettre nu «est trop facilement confondue avec “new” [qui signifie «nouveau» en anglais, ndlr], et “xi” n’a pas été utilisé car il s’agit d’un nom de famille courant» [et précisément celui du président chinois !]. L’OMS souligne que, dès 2015, elle avait publié des recommandations pour la dénomination des nouvelles maladies infectieuses indiquant que «les termes à éviter dans les noms de maladies sont les lieux géographiques (par exemple, syndrome respiratoire du Moyen-Orient, grippe espagnole, fièvre de la vallée du Rift), les noms de personnes (par exemple, maladie de Creutzfeldt-Jakob, maladie de Chagas), les espèces animales ou les aliments (par exemple, grippe porcine, grippe du poulet, orthopoxvirose simienne), les termes renvoyant à des aspects culturels ou désignant des populations, des secteurs d’activité ou des métiers (par exemple, celui de légionnaire) et ceux susceptibles de susciter des peurs inutiles (inconnu, fatal, épidémique)».
(Source : Libération)
Bonne journée.