Je souhaiterais avoir des informations sur les cariatides du 52 rue de Brest à Lyon
Question d'origine :
Bonjour cher Guichet,
Sait on pourquoi l'immeuble du 52 rue de Brest dans le 2e arrondissement de Lyon, présente deux cariatides, allégories de l'architecture et de la sculpture, inhabituellement hautes sur la façade (avant dernier étage). Qui est l'architecte de l'immeuble, pourquoi/pour qui ces cariatides ont elles été placés là ? Hommage au propriétaire ?
Merci.
Praline
Réponse du Guichet
Cet immeuble de la 2e moitié de 19e au 52 rue de Brest, sur la Presqu’île quartier Cordeliers-Jacobins est typique de la période autour du Second Empire, avec ses ornementations et notamment ses cariatides.
Cet immeuble et ses cariatides font l’objet d’un dossier descriptif et historique mis en ligne sur le site de l’Inventaire régional du patrimoine : BELLE, Véronique. "Ensemble de deux cariatides : allégories de l'Architecture et de la Sculpture, 52 rue de Brest Lyon 2e", Inventaire général du Patrimoine culturel - Région Auvergne-Rhône-Alpes - 2007
Toutefois, on notera quil n’est pas mentionné de nom d’architecte pour cet immeuble.
Le dossier fait référence à l’ouvrage de Dominique Bertin et Nathalie Mathian, Lyon : silhouettes d'une ville recomposée : architecture et urbanisme, 1789-1914 / 2008.
Page 75, une photo de la partie de l’immeuble avec les 2 cariatides est présentée en tant que témoins de la recherche architecturale des années 1846-1852.
Un article intitulé «Florilège d’ornements : 1852-1914», p. 278 à 281 précise cette période architecturale : «Le second Empire consacre le règne du décor ornemental et de la sculpture qui traduit les goûts affichés par la classe bourgeoise et l’emprise de l’art industriel.Ainsi nait un nouveau mode d’écriture pour l’architecture privée empreinte d’une ornementation très démonstrative. L’inventivité des architectes porte essentiellement sur l’esthétique des façades au détriment des plans et des dispositions intérieures. Les motifs architectoniques et le traitement sculpté ont l’aspect graphique des poncifs. Ces types d’ornements d’abord réalisés dans des blocs de pierreseront très rapidement fabriqués en ciment moulé. Si les cariatides et hermès apparaissent timidement à Lyon, dès 1850, rue Centrale (actuelles rue de Brest et Paul-Chenavard), ils deviendront plus courants après 1870. Ils encadrent les portes d’entrée, décorent l’entresol ou bien se situent sur le corps de la façade. L’architecture privée est ainsi magnifiée par cette multiplicité d’ornements qui n’est pas l’apanage des constructions exceptionnelles. Ce particularisme local prend une telle envergure que certains sculpteurs viennent s’installer à Lyon en raison des nombreuses commandes.»
A l’époque, la rue de Brest était désignée sous le nom de rue Centrale jusqu’en 1850. Nous la trouvons sur les Plans parcellaires (1861-1995) accessibles en ligne sur le site des Archives municipales de Lyon, dans le secteur 167 datant de 1864 : au n°52, de la rue Centrale nous voyons que cette propriété appartient alors à Desjardins.
En recherchant au nom de cette rue Centrale dans le Dictionnaire des Lyonnaiseries de Louis Maynard, tome 1, nous obtenons ces informations : cette rue a été ouverte dans les années 1840 sous l’administration Terme. Le percement de la rue Centrale fut effectué sous la direction des architectes Benoit Poncet et J. Amédée Savoye, avec la collaboration de René Dardel.
Dans les notes topographiques, de nombreux noms d’architectes pour les immeubles de cette rue sont mentionnés :
- l’architecte Claude-Anthelme Benoit (1794-1876) a construit un certain nombre d’immeubles dans la rue Central: les maisons Tavernier, Vindry, de Cuzieu, Duc, Théral, etc
- De même, l’architecte Pierre-Julien Pascal a lui aussi édifié plusieurs immeubles dans cette rue.
- La maison à l’angle SE de la rue Dubois est de l’architecte JJ dit Joanny Farfouillon.
- Le n°25 est dû à l'architecte René Ribollet.
- Les n°46 à 48 de la rue de Brest furent édifiés en 1855 par l’architecte Benoit Mouchon (1824-1893) à l’origine de l’immeuble dite Maison Mouchon, 1 place des Jacobins
Toutefois, rien n’est indiqué pour le n°52.
Nous interrogeons également la base de données du patrimoine français, base Mérimée, : 9 résultats s’affichent pour les immeubles de la Rue de Brest ; pour la plupart, le maitre d’œuvre est inconnu. C’est peut-être bien le cas de l’immeuble du n°52
Si vous souhaitez poursuivre votre recherche, les archives municipales de Lyon mettent à disposition les dossiers de permis de construire sur le territoire de la ville de Lyon qui regroupent notamment les dossiers déposés en mairie de 1891 à 1949 ainsi que les permis d’alignement 1791-1899 (315 WP), les taxes sur les constructions neuves (314 WP), les registres d’autorisations d’urbanisme (339 WP, 1641 WP, 1912 W, 1913 W). D’autre part, aux archives départementales du Rhône vous aurez accès aux dossiers concernant la vie des propriétés immobilières, notamment à travers les sources fiscales et notariales
Enfin, cette façade d’immeuble qui vous interpelle est également identifiée dans la base Photographes en Rhône-Alpes.